Je me suis replongée dans le récit de la naissance de Louis (appelé "Papillon" pendant la grossesse), et j'ai eu envie de le partager ici...
Euh... c'est long
Mon petit amour,
Comment te raconter ce moment merveilleux qu’a été ta naissance… Comment te dire ce que j’ai ressenti en cette seconde où tu t’es doucement posé sur mon ventre, mon petit Papillon…
Quand la faire débuter, cette naissance ? A la première contraction douloureuse ? Tu avais commencé ton voyage bien avant. Tu étais avec nous depuis 9 mois, et même bien plus que ça…
Ta naissance, elle commence quand ton papa et moi avons désiré ta présence. Nous rêvions tellement de toi que nous étions prêts à faire tous les efforts nécessaires. Pendant trop longtemps, j’ai cru que je n’en serais pas capable, que je n’aurais pas la chance de te connaître. Et puis, tu nous as fait la plus belle des surprises, tu es venu tout seul, quand tu l’as décidé.
(J'ai de l'endométriose; Louis s'est installé lors du dernier cycle avant de passer aux iac)Notre grossesse a passé tellement vite ! Je n’arrive pas à croire qu’elle a vraiment duré 9 mois. Les dernières semaines, les derniers jours ont été très bizarres. J’alternais entre l’impatience de te rencontrer, le désir de profiter de ces derniers instants de toi en moi, la peur de te chambouler avec un déclenchement. Au creux de moi, tu avais commencé ton voyage, tout doucement, en avançant petit à petit, et tu continuais à te faire beau pour venir à notre rencontre.
Autour de nous, tout le monde y allait de son pari, ou de sa demande : pas trop tôt, pas trop tard… et tu les as tous écoutés.
Ce lundi 27 avril, c’était la date théorique de ta naissance. Depuis 2 ou 3 semaines, je sentais que tu travaillais, tu poussais, préparais ton chemin. L’après-midi, nous avons passé un monito, comme demandé par le médecin, pour savoir comment tu allais. Tu étais en forme, j’avais des contractions, mais elles n’étaient pas douloureuses. Je me sentais bien, je pensais devoir attendre encore quelques jours. Le soir, nous avons soupé, puis regardé la télé, en te parlant, comme d’habitude.
Et à 23h, d’une minute à l’autre, tout change. Je sens une grosse contraction, douloureuse. Puis une autre, 5 minutes plus tard. Puis encore une autre. Je ne m’attendais pas à ça. Je pensais que les contractions seraient plus espacées, puis se rapprocheraient, me laissant le temps de m’y habituer. Je ne sais pas quoi faire. Je m’installe sur mon ballon, puis sur le canapé, j’essaie de lire un peu. Je prends une douche bien chaude. Nous terminons de préparer la valise, en nous demandant si c’est réellement le grand jour. Et puis nous comprenons que ce n’est pas un faux travail, que tu arriveras ce jour-là, et vers 2h du matin nous partons pour la maternité.
Arrivés là, il nous faut attendre un peu avant que je sois examinée : un autre bébé est en train de pointer le bout de son nez. Je marche de long en large dans la pièce, je m’appuie contre la table pendant les contractions, ton papa me parle doucement. Le monito montre ensuite que les contractions sont bel et bien là, et la sage-femme me dit que mon col est à 2.5. A cet instant, j’ai un petit moment de découragement. 2.5, seulement ? C’est à peine plus que la semaine précédente, alors que ça contracte depuis bientôt 4h. (à partir de ce moment-là, ta maman a été malade pendant pratiquement tout le travail, mais chuuuuuut, n’en parlons pas)
Je me change, on m’installe dans une salle de travail, la sage-femme me fait couler un bain. Les contractions me font très mal, et je ne les supporte que penchée en avant, à 4 pattes. J’ai beaucoup de mal à changer de position, à aller de la salle d’examen à la salle de travail. On me fait une prise de sang et pose une perfusion, au cas où, et la sage-femme en profite pour m’injecter du primpéran… mais il ne fera pas beaucoup d’effet. Ton papa reste derrière moi, il me parle et me masse le bas du dos; ça me fait un bien fou.
Vers 5h, j’arrive enfin à me relever, on vérifie de nouveau mon col : il est à 5. Tu travailles bien, mon ange ! Je me déshabille et j'entre difficilement dans le bain, enfin ! Mais j’arrête très vite les bulles, je les trouve trop violentes. J’en avais pourtant tellement rêvé, de ce bain à bulles, durant les dernières semaines de notre grossesse. Je passe une heure dans le bain, toujours penchée en avant, appuyée sur le rebord de la baignoire. Ton papa ajoute régulièrement de l’eau chaude, ça fait du bien. Parfois, la sage-femme vient me demander de me redresser, ou de me coucher sur le dos, parce que le capteur posé sur mon ventre ne reste pas en place quand je suis penchée vers l’avant. C’est très désagréable, ça fait fort mal, mais je sais que c’est nécessaire pour s’assurer que tu vas bien. Quel soulagement quand je peux enfin reprendre « ma » position !
Au bout d’une heure, je sors du bain, et… je plante là ton papa pour retourner me blottir sur le lit de la salle de travail. Il me rejoint vite, et recommence à me masser le bas du dos. Plusieurs fois, on me propose de m’installer sur le ballon, mais je n’arrive même pas à envisager de bouger. Me redresser et descendre du lit me semble insurmontable. Après un moment (1/2h ? j’ai perdu la notion du temps), la sage-femme me demande de faire un effort, d’aller sur le ballon, et surtout de ne plus me pencher en avant : elle a besoin que ton papa tienne bien le capteur sur mon ventre, pour entendre ton cœur. Je reste donc assise sur le ballon, je me laisse aller en arrière, m’appuyant sur ton papa, qui ne peut donc plus me masser.
Les contractions sont de plus en plus fortes et rapprochées, et je commence à perdre un peu pied. Je gémis. Je me dis qu’une petite nature comme moi n’aurait pas dû se mettre en tête d’accoucher sans péri. J’ai l’impression que je ne tiendrai plus longtemps, et je me dis vaguement que je dois approcher des fameux 8cm, quand on réclame à corps et à cris la péridurale. Ton papa décide de me laisser reprendre la position qui me convient et de me masser de nouveau, au moins pour un moment ; le capteur est resté en place assez longtemps. C’est à ce moment là que Sylvie arrive (et vu ma position, je la reconnais... à ses chaussures). Elle me dit de bien respirer, de ne surtout pas retenir ma respiration ; et je me calme un peu.
(c'est une copinette d'un autre forum, sf dans cette maternité, et que l'on avait rencontrée à l'occasion d'un atelier portage)Une autre sage-femme vient me demander de me coucher sur le lit pour vérifier de nouveau mon col. Quand je me lève, on s’aperçoit que j’ai perdu les eaux sur le ballon ; je ne l’avais pas senti. Elle m’examine et m’annonce que je suis à dilatation complète, mais qu’une seule des deux membranes est en fait rompue. Elle me demande si je préfère laisser la seconde se rompre naturellement, ce qui peut prendre encore une heure, ou la percer, ce qui devrait m’amener à pousser dans une dizaine de minutes. 10 minutes, mon cœur, tu te rends compte ? J’hésite un peu… Je ne voulais pas d’une rupture des membranes, nous l’avions précisé dans notre projet de naissance… Mais je prends alors conscience que depuis quelques minutes, je commence à avoir un peu envie de pousser. Ton papa et moi décidons alors de la laisser percer la poche… et tout le monde se prépare pour ta naissance. Il est 8h.
La poche est percée, et je commence à pousser. J’ai un peu de mal à assurer 3 poussées sur chaque contraction, mais ton papa, les sages-femmes et la gynécologue m’encouragent. Petit à petit, tu te rapproches, elles voient tes cheveux. Quand ta tête commence à dépasser, elles me proposent de te toucher, mais je n’ose pas. Je sais que si je te touche, si je te vois, je vais fondre en larmes, et j’ai peur de ne plus arriver à pousser. Ton papa te voit, lui, et il m’encourage encore plus. On me dit aussi que tu ne vas pas pouvoir rester beaucoup plus longtemps entre deux, qu’il faut que je t’aide à sortir, sinon il faudra sans doute utiliser la ventouse. Je serre les dents, je me mords les lèvres, et je pousse encore plus fort (une fois dans notre chambre, je m’apercevrai que j’ai la lèvre supérieure bleue et la lèvre inférieur gonflée, à force de les mordre…). Sur une poussée, ça commence à me brûler, très fort. On me prévient que je devrai arrêter de pousser quand ta tête sera totalement sortie, pour vérifier que tout va bien. Et soudain, tu es là. A peine ta tête sortie, tout ton corps a suivi, plus vite que je ne le pensais. Il est 8h47, et tu te poses doucement sur mon ventre, mon Papillon. Je te vois pour la première fois… tu es magnifique. J’ai envie de te couvrir de bisous, d’apprendre par cœur le moindre bout de ta peau. Nous restons un moment en peau à peau, tu explores un peu mon sein mais tu ne tètes pas encore. Ton papa prend les premières photos de toi.
On t’emmène ensuite pour les premiers soins, suivi par ton papa. Après quelques minutes –une éternité – il revient me dire que tu mesures 50cm et pèses 3kg350. Il repart près de toi pendant que l’on t’habille, et que l’on s’occupe de moi.
Quand vous revenez, on m’installe dans un fauteuil roulant, on te dépose dans mes bras, et Sylvie nous emmène dans notre chambre. Nous voilà à trois. Après t’avoir tellement espéré, après t’avoir porté, senti, rêvé, parlé pendant 9 mois, notre nouvelle vie commence enfin…
Aujourd'hui, tu as 12 jours, et nous sommes à la maison depuis une semaine. Chaque jour, je me demande comment il est possible de t'aimer encore plus que la veille. Chaque jour, je me demande comment nous avons pu vivre sans toi, comment un petit être aussi parfait a pu naître de moi. Demain, ce sera ma première fête des mères, celle que j'ai attendu si longtemps...
A refaire? Je ferais de nouveau un projet de naissance : il a été bien reçu, et pas une fois on ne m'a proposé la péri. Par contre, je voudrais m'imposer un peu plus dans les derniers moments : rester à 4 pattes pour la poussée, qui aurait peut-être été plus facile ainsi. Mon homme me tenait un genou, mais sans doute moins fermement que la sf de l'autre côté, ce qui fait qu'à la fin de chaque poussée, je me retrouvais en biais, et je me demande si ça n'a pas un lien avec le fait que mon coccyx a vachement morflé, j'ai eu mal pendant des semaines. On avait aussi envisagé de demander la salle nature (ballon, tabouret, "corde"), mais sur le moment, comme je n'étais bien qu'à 4 pattes, on n'y a même plus pensé en fait...