Pas pleurer

Pas pleurer, mais non, t’as pas mal, c’est rien, c’est pas grave !
Ces phrases résonnent encore dans ma tête.
C’est ce qu’on m’a toujours dit d’aussi loin que je m’en souvienne.
Résultat : c’est mal de pleurer, de montrer sa peine aux autres. Dans les faits, jusqu’à il y a peu (les quelques mois où j’ai commencé à travailler sur moi), je ne pleurais que très rarement. Les deux dernières fois que j’ai pleuré, c’est quand j’ai appris que ma chatte avait la leucose (j’en ai chialé toute l’après-midi en la serrant dans mes bras à l’étrangler !) et quand elle est morte, c’était il y a près de dix ans. Je ne suis pas (je n’étais pas ?) ce qu’on peut appeler un grand émotif.

Cas pratique : Je n’ai pas pleuré pour les enterrements de mes proches parents (mes grand-pères et ma belle-mère). Pour mon grand-père maternel, j’avais 22 ans. Je l’aimai bien, ce vieux tyran que tout le monde le craignait. J’étais le seul petit fils à lui tenir tête (insolent toujours). Je pense aussi qu’il m’aimait bien aussi. Je me revois à l’enterrement, tout le monde pleurait autour de moi, j’en avais les larmes aux yeux, ça venait, ça venait mais non, je me disais dans ma tête, non, tu ne pleureras pas, non, tu ne pleureras pas et ce n’est pas sorti.

La kinésio que j’ai vue la semaine dernière m’a fait un truc là-dessus pour libérer tous ces pleurs que j’avais réprimés. Apparemment, il y avait de l’émotion concentrée qui demandait à partir… C’est vraiment c*n d’empêcher les gens de pleurer, ça fait pourtant un bien fou.

Aujourd’hui, ma mère continue encore avec mes fils quand ils se font mal ou qu’ils ont un gros chagrin. Elle leur dit que ce n’est rien, ce n’est pas grave, qu’il ne faut pas pleurer. Je ne sais pas si elle ferait pareil avec une fille. Est-ce que c’est exprimer ses émotions chez un garçon qui est mal ou l’émotion elle-même qu’il faut bannir ? J’ai pas la réponse. Toujours est-il que lorsque mes enfants pleurent, même si j’ai encore du mal à avoir de l’empathie quand ils pleurent (sacré conditionnement quand même !), je ne les en empêche pas. Je les prends dans mes bras, les caresse, essaie de ne pas leur dire que c’est pas grave et qu’il ne faut pas pleurer. Ça reste pas évident de se déformater.

Intéressant d'avoir un point de vue de papa là dessus.
Je n'ai pas de réponse, mais il me semble l'avoir beaucoup entendu aussi dans mon enfance (pourtant je suis bien une fille )
Voila qui me donne envie de creuser un peu ce sujet

En tout cas ta phrase "même si j’ai encore du mal à avoir de l’empathie quand ils pleurent" m'a parlé, je n'avais jamais réfléchi à ça dans ces termes mais là tu me donnes à réfléchir...

J'ai hélas l'impression que les hommes sont "encore plus" conditionner à ne pas pleurer
Après est ce l'émotion à réprimer ou l'expression de cette émotion, j'ose espérer que ce n'est que l'expression...
Mon homme, et je pense plein d'autre n'arrive pas à pleurer (une tite larme pour la naissance de ses enfants sinon c'était il y a plus de 10 ans, quand il a faillit me perdre)....en même temps avec toute les conneries qu'on nous rabâche, faut pas pleurer, c'est rien...comment veux tu qu'ensuite on se donne le droit de pleurer????

Et moi aussi on me l'a souvent dit c'est rien, pas la peine de pleurer pour si peu
Par contre, moi je pleure quand j'en ai besoin, et ça fait un bien fou

Mais bon dans ma famille, ils sont très forts pour nier les émotions, et la famille de l'homme c'est guerre mieux

Bref, nos enfants n'auront pas c'est noeuds là à faire sauter plus tard

Moi aussi on me l'a souvent dit. Du coup, en tant que maman, quand on le dit à mes enfants, je réponds que si, ils peuvent pleurer s'ils en ressentent le besoin. Et j'explique à mes loulous que les larmes aident à évacuer la douleur, la tristesse et que si on ne pleure pas, toute cette douleur et cette tristesse reste à l'intérieur de nous.
C'est un long chemin pour ceux qui empêchent les pleurs.

Quand j'étais petite, pleurer était synonyme de bébé ("pleure pas, t'es plus un bébé") donc pour moi, les adultes ne pleuraient pas !

Maintenant, je pleure aussi rarement, mais plus le temps passe, plus je suis sensible et moins je me cache/me retient.

Pour mes enfants, ça m'horripile quand j'entends (bien que rarement) "pleure pas, c'est rien", même si c'est dit pour consoler. Donc non, pleure tout ce que tu veux, si tu en as besoin...

Tout comme toi faco. Je me rappelle en décembre, peu de temps après la naissance de notre deuxième, notre grand était bien malade. Gros rhume, bien encombré, il est tout de même allé chez sa nounou. Les glaires l'ont fait vomir 2 fois dans la journée. Avec la fatigue, il pleurait pas mal, "pour un rien" comme dit l'expression. Le soir, sa nounou devait venir à la maison pour rencontrer le petit. Lorsqu'elle est arrivée à la maison avec L., il a voulu se précipiter vers moi qui allaitait à ce moment-là, les larmes aux yeux pour se faire câliner, moucher. Elle l'a rattrapé pour le moucher en lui disant "non, ne pleure pas". Ça l'a complètement coupé dans son élan. Ceci dit, c'est vrai que pleurer aggravait la production de glaires.

Bref, même quand c'est dit pour consoler, quand tu entends ton petit qui a besoin de pleurer te dire "pleure pas moi, maman, pleure pas moi", ça fout un peu mal au bide.

C'est vrai que ça fait du bien de pleurer, de lâcher les émotions qui ont besoin de sortir, car gardées enfermées elles font une boule, pleine de noeuds et c'est pas bon, ça fait des dégâts aussi.
Il y a plus ce truc des garçons qui doivent être forts donc pas pleurer, comme si c'était une faiblesse qui ne leur est pas permise. Mais même une fille on a tendance à dire "tu es grand(e)" et ça c'est bizarre comme phrase dans la pratique collective...

Bon je reconnais qu'à un moment quand un enfant pleure, on veut le soutenir, l'épauler et juste le laisser pleurer si il en a besoin, et pourtant y'a aussi un aspect "on ne sait pas quoi en faire" et on préfèrerai faire taire ces pleurs pour se dire qu'il n'y a rien qui va mal, rien à sortir.
Un tout petit qu'il pleure c'est un peu sa façon de s'exprimer, même si là aussi, si on l'entoure bien on peut lui en éviter pas mal, mais c'est pas dans le but de le faire taire, plutôt qu'il soit bien et n'ai pas à exprimer son mal-être par des pleurs. Devancer ses besoins et inconforts.
Plus grand pourtant c'est tout autant légitime et ça aide bien à évacuer.

La semaine dernière j'en avais "gros sur le patate" comme on dit, plein de petits trucs qui s'accumulent, pas forcément un gros caillou affreux qui me tombe dessus, et ben m'isoler tranquille pour pleurer m'a fait du bien, je ne cherchais pas à être devant mes hommes déjà parce que pas envie de les tracasser avec ça, et puis je ne cherchais même pas à être entendue, c'est juste ce besoin que ça sorte, et ça fait du bien après

Merci pour ce partage

Fille ... et pourtant je connais très bien les "c'est rien, ne pleure pas", "c'est pas grave", "quelle chochotte" et plus tard "t'es vraiment trop sensible", "un monde pour rien"....

La dernière en date qui fait mal au bide : mon fils de 3 ans 1/2 qui me dit "je veux aller dans une école où j'ai le droit de pleurer si je suis triste". Oui, sa charmante maîtresse lui dit qu'à l'école on ne pleure pas, on ne réclame pas ses parents (sinon punition) car on est grand !! Grrrr ...

Ceci dit c'est un 'effort' pour moi de laisser pleurer mes enfants, j'ai tendance à consoler, à "étouffer" les larmes par les câlins ou bisous.

Arf la punition à l'école si on pleure ou réclame ses parents...c'est dur.
C'est tellement un appel de lui de demander une école qui lui laisse ces "libertés"

J'espère que L. n'a pas ce genre de menace à l'école, je ne pourrai m'empêcher d'aller en parler à la maîtresse.

P*tain... Je crois que je suis du genre a "à consoler, à "étouffer" les larmes par les câlins ou bisous" comme dit Confiance...

Bon après ça part d'un bon sentiment de vouloir soutenir et apporter du réconfort aux larmes en consolant, pour que justement l'enfant se sente soutenu, et on fait ça pour que le chagrin passe.
Je me verrai mal regarder mon fils pleurer de tristesse seul sans lui proposer mes bras et ma présence comme soutien...ce qui ne veut pas dire que je veux le faire taire à tout prix dans ses pleurs.

Mouais... mais je réfléchis et je crois qu'on a énormément tendance à proposer la sucette ou le petit doigt... Bref.
Il faut qu'on revoit ça, car oui c'est important de pouvoir pleurer (sans qu'on cherche forcément à nous arrêter)

Ah ça me rappelle pour Maël, bon la sucette il a pas été adepte, mais le doigt, trop ! Une fois j'en ai usé dans la salle d'attente de la sécu, je pouvais pas lui donner à téter. Sinon quand il avait juste besoin de cette succion en s'endormant ou chez des amis.
On verra avec ce deuxième comment les choses prennent forme

C'est naturel de vouloir arrêter les pleurs. En plus çà nous ramène à notre propre enfance. J'ai réussi à dépasser çà en les prenant dans mes bras et en les calinant en silence. Ainsi, ils se sentent soutenus et peuvent pleurer à leur aise. En général, çà ne dure pas longtemps.
Je fais pareil quand le petit pique des crises de nerfs (de plus en plus rares d'ailleurs), je le serre fort en silence. Je ne sais plus laquelle avait évoqué : "le rocher dans la tempête", je suis le rocher auquel il peut s'accrocher le temps de laisser passer et évacuer la tempête. Ce sont des moments très forts pour moi, je me sens maman jusqu'aux bouts des ongles et dans mes tripes.

C'est beau ce que tu dis Marilyne, c'est tout à fait ça, ce rôle et ce comportement que j'essayais d'exprimer. C'est fort comme sentiment.
Merci.

Le rocher c'était Fille du Vent je crois bien

J'ai eu aussi droit aux "c'est rien, pas la peine de pleurer". Ou après une gifle "pleure, tu pisseras moins".
Et je sais que j'ai aussi eu tendance à étouffer les pleurs de ma fille quand elle était plus petite,avec des bisous,avec le sein, avec une tétine... Mais faut pas trop culpabiliser (ça sert à rien à part se faire du mal), y'a toujours moyen d'inverser la vapeur. On a enlevé la tétine à 3ans en accompagnant les pleurs et la frustration (on venait de découvrir Aletha Solter).

Et maintenant la puce sait qu'elle a le droit de pleurer,que ça fait du bien. Si je lui propose un mouchoir à un moment pas opportun, elle me dit "attends maman, je n'ai pas fini de pleurer".
Et hier soir, j'arrive dans sa chambre et elle me demande de la laisser un peu par ce qu'elle veut pleurer un peu (elle venait de finir le câlin à son papa qui partait une semaine en déplacement et elle avait besoin d'évacuer sa peine).

Le "pleure, tu pisseras moins", il est rigolo mais moche à dire et à recevoir...

Oui‚ le ‹‹ pleure‚ tu pisseras moins ›› la première fois que je l'ai entendu, c'est dans ‹‹Tatie Danièle›› et là‚ j'avais aucune empathie pour cette charmante grand-mère !
Pour mes enfants‚ le souci‚ c'est qu'ils pleurent souvent ! Et comme chez moi‚ ça ne pleurait pas‚ moi je ne sais toujours pas trop comment me comporter. La plupart du temps‚ j'essaye de les rassurer façon gros cailloux comme Marilyne et ça se tasse. J'avoue aussi que parfois je leur détourne l'attention en les faisant rire ! Parce que des fois‚ en fin de journée‚ c'est en continu les pleurs quand le grand fait des misères au petit‚ quand ils sont nazes parce que pas sieste‚ quand Nino tombe coup sur coup...
Bref‚ il me reste encore pas de taf !
Déjà‚ j'ai pas mal eu les yeux rouges suite aux discussions  avec Marilyne au cours des derniers mois. Je pleurais même au travail devant mon ordinateur ! C'est pas encore tout sorti mais la Kinésio m'a dit qu'elle avait libéré une bonne partie des pleurs que je n'avais pas pu sortir par le passé.
À suivre...