quand et comment "couper le cordon" ?

je parle ici au sens figuré bien sûr !

ma fille a 20 mois, et on est encore très fusionnelles : allaitement tjs à la demande nuit et jour, portage, cododo, elle passe peu de temps sans moi (un peu de halte garderie et un peu chez son père, mais tjs que quelques heures).

Le cododo ça commence à diminuer tout doucement depuis ces 2 derniers mois, elle dort dans son lit et dans sa chambre, et ne finit pas systématiquement la nuit avec moi (et j'avoue ça je le vis très bien !!), même si ça arrive encore régulièrement. Et il y a même quelques nuits où elle a dormi la nuit entière, ça fait du bien !

mais malgré quelques progrès d'indépendance notables, je ne me sens pas du tout avoir "coupé le cordon" avec elle, par exemple je ne pourrais pas imaginer qu'elle ne tète plus (bon on est loin du sevrage a priori, elle est encore bien accro !) ou même qu'elle reste une journée entière sans moi, car j'aurai l'impression d'avoir raté une journée à la voir vivre et évoluer, qu'elle en aura forcément souffert de pas être avec moi, et je n'aime pas l'idée que d'autres s'occupent d'elle, surtout des inconnus, mes parents sont les seules personnes à qui je fais confiance pr la garder, même + qu'à son père car lui il a encore assez de mal à bien s'occuper d'elle, je la récupère souvent ou trempée, ou gelée, n'ayant pas dormi ou autre truc du genre...

bref, vous croyez que c'est encore "normal" cette fusion à cet âge là, ou bien faut que je travaille sur ça pour commencer à défusionner de + en + ? peut être aussi le fait que je l'élève seule joue un rôle important ?! il n'y a de père qui joue le rôle de séparation justement.
parceque ma principale crainte c'est bien ça : vivant seule avec elle, c'est de former un "couple mère-fille" trop fusionnel et donc pas constructif à long terme. Et je ne voudrais pas être dans la mauvaise voie en maintenant trop longtemps cette fusion.

A la base je m'étais fixée jusqu'au sevrage (que ds ma tête je situais entre 2 et 3 ans) étant convaincue que jusqu'au sevrage naturel la fusion reste "normale" et même nécessaire pour une construction affective harmonieuse. Mais maintenant je me demande, surtout le fait que je sois seule a un peu bouleversé ma façon de voir les choses... A t'elle encore davantage besoin de cette fusion, ou au contraire c'est pas forcément l'aider....
quelqu'un m'a dit récemment : "vu que tu es seule, ne te leurres pas tu devras jouer le rôle du père et de la mère, ça sera à toi de jouer le rôle de séparation, puisque son père ne vit pas avec vous, sinon elle aura bcp de mal à défusionner.... ça va être dur pour toi de jouer ce rôle car ce n'est pas le tien normalement mais c'est un passage obligé !" et j'avoue que c'est ça qui m'a un peu perturbé !

Parcequ'en + il va bien falloir au plus vite que je me décide à travailler, et donc à la laisser à d'autres et ça je ne l'avais pas envisagé avant, mon ex étant d'accord que je m'occupe d'elle les premières années à temps plein.

merci

Bonsoir ma belle,

Nos filles ont le même âge mais je n'allaite plus, à mon grand désarroi. Quant au cododo, ma fille n'a jamais pu s'y faire... (à mon grand désarroi aussi....)
Bref....
Je rage quand elle va chez nounou (même si nounou top...)
Je ne la confie qu'à ma maman...

Ici c'est mon bébé, ma vie et on est aussi très fusionnelle....
Je travaille, mais à mi temps...le temps plein se profile et je dois me faire violence....Moi je pense qu'une maman devrait pouvoir rester avec ses enfants bien plus longtemps que 20 mois!!
Bref, pas vraiment de réponse, mais tu as tout mon soutien

Passiflore a écrit:

Moi je pense qu'une maman devrait pouvoir rester avec ses enfants bien plus longtemps que 20 mois!!

oh oui ça c'est clair !

d'autant que c'était ce qui se profilait pour moi avant la séparation, Mr qui travaille et Mme qui s'occupe des enfants, au moins les premières années. Et j'ai moi même été élevée par une maman au foyer, c'était donc mon modèle familial.
Mais là comme je vais être obligée de travailler si je veux pas finir sous les ponts.... ça me fait un gros changement en perspective, qui va bcp me couter, et j'ai du mal à le digérer et à l'organiser sereinement.... Je ne veux pas non plus me forcer, nous forcer, à défusionner trop tôt, et en même temps il me faut sans doute être un peu + réaliste et me faire violence car la réalité de mon "ici et maintenant" va faire que c'est pas trop possible autrement !

Je pense que tu as tout dit...

Citation :

et j'avoue ça je le vis très bien !!

"Ca", sous entend qu'il y a d'autres choses que tu vis mal. Et donc, que tu n'écoutes pas tes besoins, mais les besoins que tu penses que ta fille a.

Citation :

mais malgré quelques progrès d'indépendance notables, je ne me sens pas du tout avoir "coupé le cordon" avec elle, par exemple je ne pourrais pas imaginer qu'elle ne tète plus (bon on est loin du sevrage a priori, elle est encore bien accro !) ou même qu'elle reste une journée entière sans moi, car j'aurai l'impression d'avoir raté une journée à la voir vivre et évoluer, qu'elle en aura forcément souffert de pas être avec moi, et je n'aime pas l'idée que d'autres s'occupent d'elle, surtout des inconnus, mes parents sont les seules personnes à qui je fais confiance pr la garder, même + qu'à son père car lui il a encore assez de mal à bien s'occuper d'elle, je la récupère souvent ou trempée, ou gelée, n'ayant pas dormi ou autre truc du genre...

A te lire, il me semble que tu n'es pas prête TOI à couper le cordon. Hors, je pense sincèrement que tout réside là avec un enfant: que sa mère soit prête à passer le cap... Qd la mère est prête, l'enfant, qui a de formidables antennes, peut l'envisager.


Il n'y a pas de norme, juste une histoire entre une mère et son enfant.
A toi de voir quelle histoire tu veux écrire.


Tu sais, ce que tu énonces, je l'ai ressenti: ne pas me sentir prête à le sevrer, peur de la confier à d'autres, ...
Mais, notre vécu était plein de tant de souffrances physiques avec le RGO +++ et toutes les nuits sans sommeil, que j'ai craqué cet été, et mon couple aussi. J'avais envie et besoin d'être une femme, et de ne plus avoir à m'occuper de Thibaut qqs jours.
Et mes parents qui désespéraient d'avoir leur petit-fils qqs jours chez eux, ont été bien étonnés qd début août je les ai appelés pour leur demander de le garder... Et j'ai été claire, avec moi, avec eux, et avec mon fils: j'avais besoin d'un break, et lui vivrait d'autres aventures. Ca faisait à mon sens partie de son chemin aussi: voir qu'ailleurs, c'est différent. Ok, mes parents ne sont pas maltraitants, mais il y a des choses auxquelles je tiens, qu'ils n'appliquent pas: utilisation de la télé et CNV (mais ils progressent un peu). Toutefois, ces choses ne sont pas à exclure le fait qu'ils gardent Thibaut (tu vois, ce que tu expliques avec son papa, ben, perso, ça me choque: ne pas changer un enfant, c'est une sorte de maltraitance à mes yeux, idem pour le fait de ne pas respecter ses besoins de sommeil), donc, je me suis lancée. Et j'ai pris bcp de plaisir à vivre ce temps sans lui... A me retrouver moi...

La grande différence ici aussi, dans notre histoire, est ma situation: ici, c'est mon mari qui bosse bcp moins, non par choix, mais par difficultés à trouver plus de boulot, et donc, moi, je dois assumer... et bosser. Oh, d'un côté j'en souffre physiquement, mais d'un autre, j'aime tellement mon métier, je suis passionnée et Thibaut m'a ouvert les yeux sur tant de choses dans l'accueil de l'enfant... Alors, oui, je bosse, et là, on m'a proposé un poste à la fac', donc, j'ai un mois très très chargé entre mon boulot actuel et ça, + tout le matériel que j'ai à construire de retour de ma formation. Mais à long terme, Thibaut profitera de tout ce que j'apprends, dans un rêve d'IEF.
Bref, Thibaut a été obligé d'accepter de se détacher de moi, par le simple fait que ... je n'étais pas là... Et au début, j'en avais besoin, horripilée par tous ses cris, à la limite de craquer. Bref, il s'est adapté, et vraiment bien adapté. Et pourtant, oui, il a besoin de moi: je le vois, je le sais. Mais en même temps, il est très indépendant de moi, pouvant vivre qqs jours chez mes parents , où ça se passe merveilleusement bien! (je sais que mes parents me disent la vérité)

Encore une chose: on ne coupe jamais vraiment le cordon. C'est juste qu'il est plus long, permet d'aller plus loin...

Sheerazade a écrit:

Il n'y a pas de norme, juste une histoire entre une mère et son enfant.
A toi de voir quelle histoire tu veux écrire.

Oh Shee j'aurai pas dit mieux que toi


Je trouve qu'il est très difficile d'estimer "quand" car tout dépend d'une mère à l'autre. Et puis comment estimer qu'une maman est "trop" ou "pas assez" ou "tout juste" fusionnelle avec son enfant ?

Je pense que ce qu'il faut que tu fasses, c'est te recentrer sur toi, sur ce que tu es prête à faire ou à accepter, puisqu'il ne s'agit pas juste d'une évolution personnelle puisque tu dis qu'il te faudra reprendre le travail.

J'imagine combien cela doit être dur

Sheerazade a écrit:

Encore une chose: on ne coupe jamais vraiment le cordon. C'est juste qu'il est plus long, permet d'aller plus loin...

le rôle d'une maman, finement décrit ...

Cette histoire de "tiers séparateur de la fusion mère-enfant", rôle joué par le père, c'est encore un concept freudien basé comme d'autres théories freudiennes, sur la situation socio-culturelle de l'époque.
Je ne me serais pas posé cette question avant ma propre expérience, dans laquelle mon compagnon s'est occupé conjointement des soins à notre fille depuis le début, et je suis partie en laissant des bouteilles de LM à partir de 5 semaines après la naissance. Notre fille a donc toujours pu être rassurée avec une personne connue (le père) en dehors de ma présence. Avoir entière confiance en la personne avec qui est son enfant c'est primordial, on n'a pas envie de se casser la tête à prendre soin de nos petits pour que d'autres sapent le travail.
Je trouve que la peur de confier son enfant à d'autres, c'est positif, c'est ce qui permet d'apprendre à trier les personnes, d'apprendre à dire ce qu'on souhaite aux personnes qui gardent l'enfant ; il est vrai qu'il est difficile de s'imposer étant donné le rapport de force "offre-demande" défavorable aux parents, mais en réalité bon sang de bon sang, nous les parents sommes les clients des personnes qui gardent nos enfants ! Et ça les puers l'oublient complètement. Au contraire, elles se permettent de donner des leçons. Il faudrait réussir à leur rappeler que c'est le parent qui décide, par exemple, de respecter le rythme de l'enfant, et que les puers ont à respecter ce choix.
Malgré ce rapport de force il faudrait pouvoir réussir à se poser un petit peu plus en tant que client qui paie pour un service. Comment le rappeler subtilement, je ne sais pas.
Ah si j'ai une idée concernant les puers qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas, genre "votre enfant ne mange pas assez". Je pense qu'on a légitimité à leur répondre que l'enfant a déjà un suivi médical et que tout est en ordre, merci. Ou bien "Ce sujet concerne le pédiatre de mon enfant", point barre, au revoir.
Cela me paraît en tout cas plus facile à gérer avec un grand bébé qui marche, mange et commence à savoir se défendre, plutôt qu'avec un bébé très très dépendant d'un allaitement à la demande, je veux dire lorsque l'allaitement est la seule source de nourriture possible. Que l'allaitement soit à la demande lorsque l'enfant est avec la maman, ne me semble pas être un problème du moment qu'il peut se nourrir autrement hors présence de sa mère.
Une difficulté est de rester blindée face aux remarques pourries "madame machin n'arrive pas à couper le cordon avec sa fille", si à la crèche / halte-garderie par exemple, on s'incruste un peu trop longtemps que ce que EUX souhaitent, pour habituer l'enfant en douceur à ce nouvel environnement. Et aussi pour avoir un oeil sur la façon dont ça se passe.