Comme suggéré par Claire, je vous retranscrit le récit de mon accouchement. Avant toute chose, je voudrais spécifier quelques points :
Comme je l'ai évoqué lors de ma présentation, j'ai accouché en maternité en Belgique suivie lors de ma grossesse par une gynécologue obstétricienne peu humaine, avec une péridurale inefficace (pour mon plus grand bonheur j'ai pu vivre, malgré la douleur, mon accouchement!), des hormones de synthèses (ocytocines), sans le droit de boire quoique ce soit (!!!), et enfin une épisiotomie à mon humble avis tout à fait inutile (mais bon, ça va plus vite pour le gynécologue hein!!!).
Un an après mon accouchement, je peux dire que je ne regrette pas cet accouchement, j'ai accepté, il fait partie de notre histoire, même si pour le prochain bb je ne ferais rien de tout cela (hormis accouché bien entendu content093 ). Je suis très déterminée à faire un projet de naissance, suivie par une sage-femme et accoucher soit à domicile (mon mari est très emballé !) ou dans une maison de naissance - nous avons la grande chance d'en avoir en Belgique.
Malheureusement, j'étais une fois de plus peu informée, pensant qu'il était "normal" d'accoucher de cette façon hypermédicalisée. Cela avait un côté rassurant et il faut dire ce qui est l'inconnu fait peur...
Enfin, je tiens à préciser que j'ai écrit le récit de mon accouchement huit jours après la naissance de ma fille...Bonne lecture !
Jeudi 22 avril : en me levant je m’aperçois que j’ai des pertes plus importantes et différentes. Pas de doute, pour moi, c’est le bouchon muqueux…Je suis impatiente et surexcitée à l’idée que quelque chose va bientôt se produire mais quand ? Je savoure ces derniers jours avec mon gros ventre et mon bébé que je sens si bien…La fin de grossesse est proche, l’accouchement et la rencontre sont imminents, je le sais, je le sens…
Vendredi 23 avril : Rendez-vous avec ma gynéco à 9h15 à qui je fais part, avec une certaine fierté, que je pense avoir perdu le bouchon muqueux la veille…Sceptique, elle m’examine et me dit : « mais votre col n’est ouvert qu’à un petit doigt… »
Moi, je sens dans mon corps que « ça » travaille et que les choses ne devraient plus tarder.
12h00 : monitoring dans l’après-midi qui révèle de petites contractions que je ne sens même pas ! Rien de régulier, elles sont anarchiques .La soirée se passe mais les contractions se font plus présentes et de plus en plus ressentir…j’ai des petites douleurs dans les reins…
Nuit plutôt agitée : je me réveille à plusieurs reprises mais les contractions restent toujours gérables. Les choses se précisent.
Samedi 24 avril : les contractions sont toujours là espacées de 7-8 minutes parfois 10. Je décide de ma reposer toute la journée et d’attendre qu’elles se déclarent de façon franches et régulières…je commence a vraiment avoir mal et j’utilise ma respiration. Je suis plutôt zen et tellement heureuse de savoir que d’ici peu je ferais la rencontre tant attendue avec un petit être né de notre amour. Lorsque je me lève du lit, j’ai mal, je respire, pffff et me tiens aux murs de la salle de bain…là, j’ai très envie qu’elles se rapprochent…mon cœur bat vite, je sais au fond de moi que c’est pour bientôt…Un sentiment de peur et d’excitation m’envahit, je verse une larme à l’idée de vivre les derniers instants de femme enceinte…malgré certains désagréments de grossesse, je me sens belle d’être bientôt Maman.
17h30’ : j’ai toujours mal et mes contractions sont bien là, j’en suis sûre, c’est un pré-travail et le vrai est imminent…je demande à mon chéri d’aller faire une vérification à la maternité même s’il est probable qu’on me renvoie puisque mes contractions ne sont pas assez rapprochées…Col effacé à 80% et ouvert à un bon doigt…Rien que ça, je suis déçue mais je suis prête à patienter, après tout ce n’est pas quelques heures qui feront la différence après ces semaines de découverte et de bouleversement. Dans le milieu médical, il appelle cela un « faux travail », je trouve le terme bien moche : d’une part, j’avais aussi mal que pour le « vrai » travail et d’autre part, je pense que le terme « pré-travail » est plus juste, le corps et plus précisément l’utérus s’entraîne pour le grand marathon qu’est de donner la vie.
La douleur étant bel et bien là, je suis en train de douter et me demande ce que vont être les « vraies » contractions alors…La sf semble étonnée que j’ai déjà « si mal » . Je lui explique donc que mes contractions se font ressentir surtout dans mon dos et non dans le ventre…que j’ai un problème de lombalgie sacro-iliaque (je souffre donc d’une excroissance au niveau du sacrum et de la dernière lombaire L5 et j’ai un bassin surelevé du côté droit)…suis mal foutue de l’intérieur moi
Couchés vers 1h30’ du matin après un bain de relaxation, les contractions se rapprochent…mon chéri s’endort et moi je décide de chronométrer…2h30’ c’est parti, elles sont là bien régulières, je n’ose pas y croire...je me répète de ne pas m’emballer ! Et pourtant un mélange de joie, de nostalgie et d’un tas de sentiments indescriptibles se mêlent dans ma tête : nous serons parents d’ici quelques heures, jamais plus rien ne sera comme avant !
Vers 5h30’, je décide de réveiller mon chéri qui se rendort (avec le « faux travail » de l’aprem et l’impatience des dernières semaines, il n’ose plus y croire le pauvre !). Je réitère : « Amour, c’est le moment, j’en suis sûre… ». Et nous voilà parti, direction maternité.
6h30’ : Arrivée sur place. J’attends encore ½ heure dans la voiture, on regarde le temps entre les contractions (ben, oui, c’est notre 1er bébé). On monte par les urgences, une sf vient nous acceuillir, je lui dit que je contracte depuis 2h30 cette nuit…elle m’examine : col effacé, ouverte à 3. Vous êtes en travail Madame, on vous garde…je plonge dans le regard de mon homme, je pleure doucement…en silence. Je suis si heureuse ! On m’installe en salle de travail, me branche au monito. On me demande si je souhaite la péridurale, je dis que je ne suis pas contre mais que tant que c’est possible et gérable au niveau douleur, je vais faire sans…
Je marche, je respire, je prends un bain bulle (il tombe en panne 10 minutes après) pendant une heure…il est 9h30. Re-exam : col ouvert à 4 petits cm…pffff suis déçue. 10h30, re-exam : col toujours au même stade…Je me résigne, j’accepte la péri afin d’accélérer le travail…on m’installe un baxter pour l’hydratation, 10h30’la péri est posée, je n’ai rien senti. On me dit que le travail pour un premier c’est approximativement 1 cm pour 1 heure.
Début d’aprem, vers 13h, col dilaté à 6 malgré une augmentation des doses de syntron ( ?), le travail est lent…très lent. Mon amoureux est à mes côtés durant tout le travail, je lui parle et m’apaise, nous sommes si heureux. Seulement, une heure plus tard, re-exam, le col ne bouge presque plus et la péri n’agit plus, je ressens à nouveau les contractions mais de façon aigues et violentes, je ne comprends pas…je pousse sur le « bolus » afin d’avoir une dose mais en vain…j’ai vraiment mal et ma respiration est indispensable pour supporter ces douleurs dans le dos…je crois savoir ce qu’il se passe. Bébé en descendant dans le bassin fait bouger mon fameux sacrum (ma douleur chronique depuis 6 ans !) et la péri ne peut agir à cet endroit, ce que confirme l’anesthésiste qui revient pour voir si elle doit remettre une dose…après 15 minutes de discussion et un test sensitif (qui vérifie que la péri fonctionne), elle me dit qu’elle ne peut rien faire pour endormir mon dos, le bébé doit descendre et donc je me résigne avec une certaine déception. Maintenant, il va falloir gérer cette douleur…chaque contraction et avancée de bébé me fait ressentir que mon cocxys est mal foutu et mon bassin de travers !
La nature étant assez bien faite, le bébé arrive quand même à s’engager et progresse doucement mais sûrement…Aucune souffrance fœtale pendant le monito et c’est tout ce qui m’importe. Vers 17h, je suis dilatée à 7 cm…pfffff que c’est long, je suis si fatiguée, cette respiration me prend tellement d’énergie que je ne fais presque plus que ça…J’ai du mal à communiquer avec mon homme, je suis tendue tellement je ressens ce qu’il se passe et désespère que les choses n’avancent pas plus vite. Dilatée à 8 les contractions sont très rapprochées, très intenses et régulières, je sens la douleur, que je vis…Mais mon bébé est vraiment très proche de nous.
Vers 18h, je suis toujours à 8, ½ heure plus tard, ma gyné est là, je commence à ressentir de façon très intense l’envie de pousser mais je ne suis qu’à 9 !!! Je suis vraiment TRES fatiguée, n’ai aucun répit…et c’est là qu’on se rend compte qu’on soupçonne bien souvent nos propres ressources intérieures. Je décide, afin de permettre à mon fichu col de se dilater, de faire une concentration psychologique en m’isolant dans une « bulle », ce que j’arrive tant bien que mal à expliquer à mon homme impuissant qui comprend tout de suite que j’ai besoin de lui, d’entendre sa voix mais que je dois m’isoler psychologiquement afin de supporter la douleur…De sa voix tendre, il me parle, m’asperge d’eau, me caresse, m’encourage,…qu’est-ce que je l’aime !!! (et qu’est-ce que j’ai eu soif !!!!)
Mes yeux se ferme, je rentre dans un tunnel et là mon imagination se met en route : je suis dans un endroit de mon enfance à la mer du Nord, et je me promène en m’arrêtant dans les magasins de ma tendre enfance…Je visite tout Middelkerke…Je me promène encore et encore, je mange même une barbe à papa chez le marchand de gaufres…Re-exam de ma gyné : je suis à….9,5cm…j’ai TRES TRES TRES envie de pousser, je n’en peux plus…elle me dit qu’il ne manque vraiment pas grand-chose pour pouvoir pousser mais qu’il faut quand même encore un peu attendre. Mais moi je n’en peux plus d’attendre alors je pousse quand même un peu !!!! Je veux pousssssssssser MOI !!! Elle me dit : « allez, on va essayé…mais je n’y arrive pas tout à fait, je suis desespérée, j’ai l’impression que jamais je n’accoucherais, je sens effectivement qu’il faut encore un tout tout petit peu de patience pour que la poussée soit efficace. Une ½ plus tard, la sf me demande de me mettre à 4 pattes afin que le col soit à 10. Dans un dernier effort, mon amoureux et la sf me redresse, je reste quelques minutes dans cette position et là…une TERRIBLE envie de pousser revient 3 fois sur une contraction d’une minutes, je crie que je ne peux plus attendre…pfffffff .Elle m’examine : « madame, vous allez pouvoir pousser… » Wouhhhhhhhh, je pleure, je pousse un petit cri animalier de bonheur et lui dit MERCI…et là direction salle d’accouchement où les choses se précipitent (vous pensez j’ai attendu ce moment plus de 17 heures…enfin devrais-je dire 9 mois !?) et là je pousse en donnant toute mon énergie…Je suis en train de donner la vie, de mettre mon bébé au monde, je suis la plus heureuse des femmes malgré la douleur. Monsieur, venez, on voit ses cheveux, vous voyez…Je sens mon bébé qui descend, je suis hyper concentrée, chaque contraction est bénéfique dans ma poussée….et en 9 poussées et un petit coup d’épisio (que j’ai également senti mais franchement rien du tout hihi par rapport au reste), je sens la tête qui sort et ça me soulage…….dans le corps et dans la tête. Ensuite, les épaules et le reste de ce petit corps, chair de ma chair, qui passe à travers moi comme une fleur qui s’ouvre et se déploie, mon bébé est là…on me la pose sur le ventre et là premier regard, nous sommes tombés d’amour devant cette si petite chose qui est passé de ce monde aqueux à celui d’air…Ca y est je suis Maman pour la Vie !!! La gyné me demande de pousser pour le placenta…c’est la délivrance (quel joli terme !), elle me recoud Aïe, je le sens mais je n’arrête pas de suivre du regard mon bébé avec mon homme qui suit partout les sf qui s’en occupe.
Amandine a donc vu le jour dimanche 25 avril à 19h41’, elle pesait 3.850 grammes et mesure 50.5 cm et nous formons une petite famille remplie de bonheur et de sentiments inexplicables depuis 8 jours…L’allaitement est une véritable réussite et nous sommes fous d’amour pour elle.