L'accepterais-je un jour...

Je vais essayer de faire court ( vous allez voir ça !)...

Pour résumer ma grossesse, tout s'est bien passé, sauf (il y a toujours un "sauf") ces deux amniocenthèses qui pourraient faire l'objet d'un autre post (je vais déjà faire long je pense, donc pas la peine d'en rajouter...). Pas de nausées, pas de contractions jusqu'au jour J, tout s'est bien passé.

Le vendredi 16 septembre donc, à partir de 19 h, commencent quelques contractions... c'est donc ça les contractions ? On dirait plutôt des douleurs de règles hummm à suivre... Les douleurs se font de plus en plus régulières, toutes les 10 min environ, mais comment être sure que ce soit le bon moment ? Vers 20h00, on finit de poser la porte de la chambre de mon petit loup (il sera tombé pile poil celui là ), on regarde la télé, vers 22h00, je commence vraiment à me poser des questions et flac un truc bizarre... le bouchon muqueux et de l'eau ! Pas en grande quantité mais en fleau continu.

On part donc à l'hosto, 1/2 h de route sous la pluie et avec un chéri hyper stress (ça leur fait tous cet effet là je crois lol). On arrive là-bas, punaiseuhhhh ça commence mal, la gynéco de garde est mon ancienne gynéco (j'ai changé car malaimable et brusque au toucher...). Elle n'a pas changé, je fais des bonds sur la table tellement elle me fait mal lorsqu'elle m'ausculte (chose inacceptable, mais bon, ce n'est pas le sujet une nouvelle fois...). On a bien fait de venir, dilatée à 2, fissure de la poche des eaux, il est 23h.

On me place en chambre... lavement (hummm très agréable... ironique bien sur !). Les contractions s'intensifient doucement, je gère, je gère...
Vers 2 heures, je sonne car ça commence à faire mal. On m'emmène en salle d'accouchement (elle vient de se libérer), on me propose la péri, je dis "oui"... Dilatée à 3 environ, l'anesthésiste arrive et me pose la péri vers 3 heures, difficilement mais bon, on y arrive...
Je ne trouve pas une grande différence avec péri, mais bon, je suis tellement tétanisée de peur que je continue à gérer... malgré tout.
On me perce la poche des eaux vers 4 heures, pour faire avancer les choses...

Les heures passent, à 6 heures, dilatée à 6, ça avance vraiment très doucement, la sf (très gentille) m'annonce le changement d'équipe. Entre temps, l'anesthésiste est venu me rajouter une dose de péri, j'ai toujours très mal... La nouvelle sf, assez sèche, me dit de dormir... heu comment je fais alors que j'ai malllllllllllll...

Il est 10 heures, dilatée à 8, on me met sur le côté... on me remet sur le dos, on me balance du cyntocinon à fond (pas sure de l'ortho là ouh là ), cela fait 8 heures que je suis sur cette foutue table, sans pouvoir bouger, boire (j'ai une soif !)... je suis perfusée de partout...

A 12h, toujours à 8, le gynéco de garde commence à parler de césa... j'en pleure... mais la sf m'ayant dit que ça pouvait durer jusqu'à 18 h comme ça (et avec l'air de dire, vous l'avez voulu alors vous plaignez pas ), je commence à me dire que c'est "peut être" la meilleure solution... et je souffre toujours...

On me prépare, me rase, on me pose la sonde urinaire, on m'emmène au bloc, je dis au-revoir à mon homme (qui m'aura soutenu du mieux qui pouvait... le pauvre), je suis morte de trouille et heureuse à la fois, je vais voir mon petit garçon !
L'opération commence, ouahhh ce n'est pas douloureux, mais franchement désagréable, je sens apparemment "trop" bien ce qui ce passe, on me parle d'anesthésie générale, je dis non "je veux voir mon bb" ! ça y est, je l'entend pleurer, je l'aperçois, je pleure de joie, c'est un moment tellement fort... et pouf plus rien, je suis endormie.

Je me réveille une fois tout terminé, je peux enfin prendre mon petit amour dans les bras, c'est intense, incroyable, la plus belle aventure de ma vie commence enfin...


Je serais restée deux heures endormie, mon fils a été mis en couveuse après un court passage dans les bras de son papa. Mon allaitement a été dur à mettre en place, la montée de lait tardive, et j'ai du me battre pour que l'on ne donne des compléments à Antonin "qu'à la tasse".
J'étais devout le lendemain, trop pressée de pouvoir m'occuper de mon fiston, les suites de couches se sont bien passées, je n'ai pas trop souffert, je me suis vite rétablie... enfin physiquement...

La douleur morale est venue après, tout en douceur... pourquoi, pourquoi cette impression d'avoir sauté une étape, être incapable de dire que "j'ai ccouché", que "j'ai donné la vie"...
Cette sensation d'avoir été spectatrice et non actrice de mon accouchement...
J'ai demandé le compte rendu de ma césa, tout du moins celui qu'a reçu mon médecin traitant... En fait, j'étais dilatée à 9... si près du but...

Ce que je réalise aujourd'hui, c'est que je suis arrivée à l'hopital angoissée, apeurée, et rien n'y personne n'a su le voir, me venir en aide, m'accompagner à accompagner les contractions au lieu de les retenir, à tout prix... je ne sais combien de touchers vaginaux, des heures sur une table sans pouvoir bouger, boire, manger...

Ce qui est sure, c'est que pour mon deuxième bibou (je ne suis même pas en essai mais j'y cogite déjà lol), les choses se passeront différemment. Je n'ai malheureusment pas de sf qui pratique l'accouchement à domicile par chez moi, ni même de doula, à mon grand regret, mais je compte bien au moins présenter un projet de naissance, en espérant que mes souhaits seront pris en compte...

J'oubliais... mon "petit" loup faisait 4kg020 et 51 cm

Merci à celles qui auront eu le courage de m'avoir lu.
Bénédicte

peut-être que sans l'accepter tu pourras commencer par "vivre avec".

beaucoup de courage, écrire est une bonne manière d'appréhender toutes ces émotions.

connais-tu césarine ? (le site d'information, et le forum ?)
je suis persuadée que tu pourais trouver du soutient et des pistes pour accepter, gérer, digérer....

Antinéa (bi-césarisée)

j'ai des frissons partout !

en tous les cas bravo ... tu as déjà fait un beau chemin ... la suite sera acceptation et beaume ... bon courage

En te lisant, je mesure la chance immense que j'ai eue d'un accouchement respecté pour mon aîné.

Comme toi, je suis restée 3h bloquée, à 7 de dilatation, plus rien n'avançait. Le liquide amniotique se teintait de méconium. Le bloc était prêt pour moi, le monito guettait la moindre souffrance foetale. Mais l'équipe présente m'a accompagné jusqu'au bout, m'encourageant à changer de position (même sous péri), me soutenant avec empathie (l'idée même d'une césa me terrifiait)...
Kaëlann est né par VB, avec les cuillères et une belle épisio.

Ta douleur est vive, il est dur d'accepter ce que tu as vécu, mais tu es consciente de ce que tu veux, et tu vas te construire pour le prochain un magnifique accouchement, je n'en doute pas!!
Courage...

Ouaouh. Je suis sans voix. J'ai l'impression que tu as deja pas mal de recul par rapport a ce qui s'est passe dans ta facon d'apprehender le futur. Je t'envoie plein de force pour apaiser tes souvenirs.

Merci de nous confier ce récit, douloureux en core pour toi, et je comprends!

Tu n'es absolument pas "coupable" d'avoir donné la vie de cette manière. Comme tu le dis très bien, personne n'a trouvé les mots justes pour t'aider au moment où tu en avais besoin mais où tu n'étais plus en état de formuler des demandes ou de réfléchir!

Bravo pour ta force, pour le chemin parcouru dans ta réflexion . Je te souhaite de vivre une naissance plus respectueuse pour un 2ème bb

Nous sommes nombreuses à avoir vécu les "suites" de césa comme tu le décris...
Comme te l'a dit Antinéa, il va falloir vivre avec cette histoire, "digérer" ce traumatisme.
Le temps et le fait d'en parler à des personnes compréhensives aident bien.

Ma césa date de plus 3 ans et c'est seulement maintenant que j'ai pu écrire son histoire de naissance à ma fille... mais ça m'a fait beaucoup de bien de coucher tout ça sur le papier. Une piste pour toi peut-être?

Salut Bénédicte

Dilatée a 9 et cesarisée... tu sais pkoi ou tu attends le compte rendu (j ai pas compris su l avais eu ou pas... desolée)?

Bon.. moi, j'etais a plus de 8 quand j'ai été cesarisée sous anesthésie générale.. Donc la situation me rappelle vaguement un truc ;)

Le plus dur, dans mon cas, ca a été:
- les 3 heures d'absences pour mon fils (deux heures pour toi)
pendant lesquelles je n'etais pas là pour accueillir et en meme temps surveiller le corps médical.
- la banale reflexion " tout va bien c est l essentiel".

Presque 2 ans après, j'ai digéré [je crois (meme si parfois ma cicatrice me démange et bourgeonne intempestivement pour redevenir normale)].
J'explique, encore et toujours, que je n'ai pas accouché, mais aujourd'hui ces mots n'ont plus la meme rancoeur, ils ne sont qu'explicatif, je rappelle aux gens qu'il ne faut pas banaliser cet acte médical fait souvent à la va vite et pour des raisons peu justifiées.
Et puis, je retiens d'autres mots, ceux prononcés par Casou un jour "c'est quand meme toi qui a donné naissance a Ulysse en le portant 9 mois..." Et je retiens ca....

Si tu en éprouves le besoin, va voir Césarine (j'abonde dans le sens de Antinéa cette fois)...
Pour ma part, ca ne m'a que peu aidée, parce qu'en écoutant les autres, dont Antinéa et Maggot, je me suis rendue compte qu'une partie du chemin etait deja faite. Mais je suis sure que pour beaucoup c'est un véritable soutien.

Maintenant, tu as le deuil de la naissance par voie basse à faire. C'est un deuil comme les autres, surtt si tu avais de grand reves pour cette naissance. Tu y arriveras. Ca te prendras peut etre 1 an, peut etre 2, peut être 5. Mais c'est aussi cette démarche qui t'aidera lors de ton accouchement suivant.

Si je peux te donner un conseil, essaie de trouver un ostéo ou une SF un peu 'nature". La mienne m'avait fait refaire le chemin de naissance de mon fils. Elle m' arrachée mes premieres larmes. Et a entamé et quasi terminé le deuil de mon accouchement en meme temps... Si tu veux, en cherchant, tu retrouveras un post la dessus. Ca a aussi aidé Ulysse.

Courage et bise
Delf

Merci de nous livrer ton histoire...

Je suis trop émue que pour t'écrire autre chose... Cela me bouleverse...

Moi aussi je suis toute émue.
Ce qui est important, c'est que tu réalises ce qu'il s'est passé, tu n'es pas coupable, tu ne savais pas et personne n'était là pour t'informer.
La plupart des gens qui m'entourent diraient: "c'est bien, les médecins ont fait ce qu'il fallait. Ils ont sauvé mon fils..."
Tu as une autre vision des choses et c'est ça l'important.

je ne sais pas quoi dire. juste que jes suis trés émue et que je te souhaite le meilleurs pour le future: accouchement pour un deuxième et dueil de celui là.

Je te souhiate un accouchement meilleur pour ton prochain bébé. Je n'ai pas été césarisé mais ma belle soeur a vécu une histoire similaire à la tienne. Et elle à mis très longtemps à faire son deuil. (je ne sais pas si elle a vraiment digeré sa césarienne). Peux être auras-tu le plaisir de papoter avec elle car elle est membre sur le forum (si elle trouve le temps de lacher son travail). En tout cas bon courage à toi.

Ton histoire m'a tellement emue...
La peur, l'angoisse face au corps médical. On t'empêche de bouger, on te fait des TVs..
Ecrire ici est déja un premier pas très important, moi ça m'a beaucoup aidé, même si mon histoire est différente de la tienne.
Pourras-tu l'accepter un jour? "Accepter" peut-être pas, mais tu pourras donner une place à cette naissance, oui.
C'est toi qui l'a porté, c'est ton enfant, c'est toi qui l'a mis au monde.
bisous

A défaut de "l'accepter", je pense que je commence à vivre avec, d'une part, parce que je n'ai pas le choix de toute manière, et de l'autre, parce que je ne veux pas non plus ressasser ça à chaque fois que mon regard se pose sur mon fils.

Ce qui est sur, c'est que j'en ai passé des heures à y penser, à me poser des questions, à revivre cet "accouchement"... Au début, j'ai beaucoup culpabilisé, car en effet, je pense que c'est ma peur qui a tout bloqué et a abouti à cette césarienne.

Mais au final, ce qui me mine surtout, c'est de voir comment sont traitées et accueillies les femmes qui sont sur le point de mettre au monde leur enfant. Ce qui pour elles est un jour unique n'est qu'un simple jour de travail pour le personnel médical, qui n'a d'autre but que "tout le monde aille vite et bien", donc on choisit les solutions de facilité, on n'est pas à l'écoute de la patiente, mais plutôt à décompter les heures et les difficultés encourues.

Finalement, je pense que j'en ai fait mon deuil, puisque je ne suis même pas encore en essai bb2 que je pense déjà à "ce que je veux et ne veux pas" pour mon prochain accouchement.

Ce qui est sur, c'est que je serai plus forte, mieux préparée, mieux affirmée !

Merci à toutes pour vos gentils mots

J'en suis au même stade que toi.
Sauf que je me dis que j'attendrai d'avoir envie d'un autre enfant, et pas seulement de vivre un accouchement "respecté" qui me réconcilerai avec moi-même.
Courage pour ce long cheminement, c'est dur, mais on découvre pleins de choses sur soi-même en vivant un évenement traumatisant (triste d'écrire ça pour la naissance de son premier enfant, mais c'est comme ça que je le ressens)

lumière a écrit:

J'en suis au même stade que toi.
Sauf que je me dis que j'attendrai d'avoir envie d'un autre enfant, et pas seulement de vivre un accouchement "respecté" qui me réconcilerai avec moi-même.
Courage pour ce long cheminement, c'est dur, mais on découvre pleins de choses sur soi-même en vivant un évenement traumatisant (triste d'écrire ça pour la naissance de son premier enfant, mais c'est comme ça que je le ressens)

je me retrouve un peu dans ce que tu dis aprés mettre sortir de ma dpp!
je voulais à tout prix un 2ème.
mais je ne voulais pas de bébé. je voulais me rattraper sur tout ce que j'avais louper et me prouver que je pouvais y arriver.


tu sais bénédicte, j'ai donc fais une depression post partum, et moi aussi je m'en veux. je ne sais pas si c'est comparable.

mais j'ai l'impression de m'être volé la première année avec ma puce.
j'en veux au corps médical d'avoir banalisé trop de truc. j'ai du faire tout toute seul pour m'en sortir. et depuis que j'en suis sorti je dois vivre avec et avec ma culpabilité.

aprés avoir guérit, j'étais quand même épuissé mais comme j'étais redevenu forte je me suis entourée d'autre professionel autour de moi.
j'ai changé de pédiatre pour aller voir un généraliste qui lui n'a pas parler de ma fatigue comme de qlq chose de banal chez les parents (oui ça l'est! on est tous crevé!) mais qui a pris le temps de m'écouter et de me dire que j'avais le droit d'en avoir marre aprés 14 mois de ne pas dormir!
il ne m'a pas parler comme un médecin mais comme un père de 3 enfants qu'il ai.


ça change tout! et je suis persuadé que plus de gens comme ça autour d'une jeune maman pourrait éviter plein de catastrophe, au lieu de culpabilisé , de juger, de faire son job! c'est pareil pour l'accueil d'une futur maman le jour j!

moi je fais mon job! et je suis hotesse de caisse! pas du tout comparable niveau responsabilité je trouve.

Julie a écrit:

j'en veux au corps médical d'avoir banalisé trop de truc. j'ai du faire tout toute seul pour m'en sortir.

enfin j'ai vu un psy super à mon écoute. mais si j'avais pas eu de déclic par moi même pour demander à la voir, j'en serais toujours au même point!

merci au psy quand même il m'a bien aider le pauvre

Tout d'abord, je voulais vous rassurer, je ne veux pas simplement "un prochain accouchement dans le respect" pour me réconcilier avec moi-même, je veux avant toute chose un 2ème bb (ça commence sérieusement à me travailler d'ailleurs hummm patience !).

Tu sais Julie, avant d'avoir Antonin, j'ai moi aussi traversé un moment de dépression... qui j'ai eu beaucoup de mal à identifier d'ailleurs, car cela se manifestait uniquement par des nausées permanentes et un dégoût de la nourriture (- 7kgs en 6 mois). Mon médecin généraliste de l'époque, à part de me dire qu'elle voyait de plus en plus de cas comme ça, et me refourguer une pharmacie ambulante "à chaque fois que je mangerai un peu lourd" (genre une pizza vous imaginez ?), n'a pas su déceler le problème.
Il a fallu que ce soit moi qui redemande à passer des examens pour être sure que ce soit bien psycho... J'ai bien évidemment changé de toubib. Celle que j'ai vu et qui est toujours mon médecin aujourd'hui a pris le temps de m'écouter, m'a fait repasser les examens (tous négatifs bien entendu) et m'a alors dirigé chez une psy.

Je n'avais que 22 ans à l'époque, mais le problème est toujours le même. Beaucoup de médecins sont des épiciers et ne pensent qu'à prescrire, pour l'écoute il n'y a malheureusement plus personne. Et en plus, ils ont beaucoup de mal pour la plupart à passer la main quant eux sont impuissants à résoudre un problème.

J'imagine combien cela a du être dur pour toi, je sais ce que c'est que de se dire "mais j'ai tout pour être heureuse, alors pourquoi suis-je aussi mal ???".

Ce qui est fou, c'est que si l'on n'a pas la volonté de s'en sortir, ce n'est pas les médecins qui nous aideront !

Coucou Béné !

Bon je ne vais pas te ressortir tout ce que je t'ai deja dit ! Tu sais ce que je pense de tout ça, et ce que je pense de tous ces protocoles hospitaliers !

juste te faire un tit coucou et et dire que je suis heureuse de te retrouver ici !

d'ailleurs cette photo me dit quelque chose, je crois bien que je l'ai dans mon album ... ;)

gros bisous !