Un jour... un troisième ?

J'avais toujours dit que je voulais avoir 5 enfants. Ca c'était avant d'en avoir un premier. Le premier... la claque en pleine tronche... Je suis redescendue à un très rapidement, comme une grande descente aux enfers. De 'pas plus de trois', je suis vite arrivée à 'non, finalement, un c'est bien comme ça'.

Petit à petit, j'ai remonté cette chute, je la remonte d'ailleurs toujours mais la lumière s'agrandit au fur et à mesure.

Un jour, j'ai été prête pour un deuxième. C'était assez spécial. C'est venu comme ça. D'abord, on se dit que 'non, pas envie de reprendre tout depuis le début, non, pas prêt pour les nuits, pas prêt à partager, à multiplier son amour', et puis un jour toutes ces considérations s'envolent bizarrement pouf d'un coup comme ça. D'un coup, les couches sales, les pleurs, les questionnements, les douleurs des débuts, les peurs, les nuits blanches, d'un coup, c'est devenu obsolète, ridicule, presque oublié. J'étais prête pour un second.

Seulement, pas mon homme. Il ne l'était pas, il ne l'a probablement toujours pas été une fois qu'il a dit oui. Il faut dire que je l'ai tanné, je l'ai travaillé au corps durant de nombreux mois, sur les dernières semaines, c'était presque quotidien, je sentais qu'il fallait qu'on change notre trio en quatuor pour bouger, changer, avancer. Lui avait peur, était réticent et a fini par... céder.

Et puis le joufflu est né. Je me rappellerai toujours le visage de mon homme après la naissance. Son état... fermé. Alors que je lui tendais le joufflu pour la première fois, après plusieurs heures de peau-à-peau, j'ai pris rapidement une photo d'eux, et quand je la regarde, mon coeur se serre. Il a le visage fermé, inquiet peut-être, mais surtout pas le visage du tout fraîchement papa qui a le coeur en joie. Ca m'a terriblement marquée. Lors de nos incessantes disputes, je lui ai même claqué en pleine face : "tu m'as gaché ce merveilleux jour. J'étais heureuse pleinement, j'espérais t'avoir offert une vraie naissance, avec toute la magnificence que cela peut être, et toi, tu tirais la gueule". Pour apprendre alors de sa bouche, que non il ne tirait pas la gueule mais qu'il était inquiet, et qu'il avait été profondément choqué par la naissance, par la violence que ça pouvait être, par cette impression que je perdais pied, peut-être (mais il n'a pas été jusque là) aussi le spectre de la première naissance.

Pendant des mois, j'ai culpabilisé violemment. Le Joufflu s'est révélé intensif, hurleur, pleureur 24h sur 24, indéposable, inépuisable, intolérant à la moindre chose. J'étais épuisée, vidée, et mon bonheur a plus d'une fois vacillé. J'étais percluse de culpabilité. J'ai très peu demandé d'aide auprès de lui, et cela nous a valu mille disputes, parce que je finissais par craquer, par hurler pour demander de l'aide, alors qu'il n'attendait que mon signe pour accourir, puisque le Joufflu lui refusait beaucoup de son rôle de père. Je demandais très peu d'aide parce qu'au fond de moi je me battais à coup de "c'est toi qui l'as voulu ce bébé, c'est toi qui a forcé ton homme, alors tu as ce que tu mérites, tu assumes". Comme on peut être horrible avec soi parfois, comme on peut être méchante quand on est seule avec soi.

Pourtant une chose n'a pas faibli dès sa naissance, à ce petit joufflu. Une chose est restée intacte, malgré l'épuisement, malgré la fatigue, malgré un couple vacillant (mais encore vaillant  ). Il y aura un troisième. C'est dans mes tripes, et je l'ai vraiment su dès la naissance du joufflu. Notre famille n'est pas complète, il manque encore quelqu'un. Il y aura un jour un troisième enfant, et ça sera le dernier. Je pense en être presque certaine, parce que je sais que je n'aurais pas la force d'un 4e enfant. Mais même épuisée, je sais que j'aurai un troisième enfant un jour.

Malheureusement... L'homme...

Dès que le joufflu a montré ses qualités de bébé intense, l'homme fut directement catégorique. Plus d'autre enfant. Plus jamais. Plus jamais revivre l'intensité de l'accouchement, les suites de couches épuisantes et déprimantes (oui, même préparée, même avec un gros travail sur moi, le babyblues a fait sa route chez moi), plus jamais de nuits blanches, d'autant que celles du joufflu ne sont toujours pas régulières, plus jamais de couches, de tétées intensives, de pleurs continuels et inexplicables, de peurs parentales, de crises de couple qui en découlent. Mon homme a statué. PLUS JAMAIS.

Pourtant... Moi je sens bien, là, au fond de mon ventre, au creux de ma féminité, je sens bien ce petit vide qui demande à être comblé à nouveau, ce petit creux qui se prépare déjà. Je rêve d'une petite fille. Avec ce que j'ai traversé avec mes parents, avec mon relationnel avec ma mère, j'ai compris que je n'étais pas faite pour avoir une fille. Pas encore à ce moment là. Mais maintenant, mais aujourd'hui... Alors oui, je sais que je ne peux avoir aucune influence sur le sexe, mais je sais surtout qu'au fond de moi, je regretterai toujours de ne pas avoir tenté une dernière fois, une toute dernière fois. Si j'ai encore un fils... et bien je serai reine en ma demeure, et c'est que j'aurai été faite pour élever des garçons, et je m'attablerai à être une agréable belle-mère. Mais, je sens que je dois encore passer une fois par la maternité.

Notre famille n'est pas complète, et cela se ressent au fond de mes tripes. Et le plus vrai dans tout ça, c'est que petit à petit, le discours de mon homme évolue. Déjà depuis que je l'ai rassuré sur le fait de ne pas vouloir d'enfant avant l'autonomie du second (donc au moins ses 3 ans). Hé non, pas folle moi, le joufflu est trop épuisant pour que je remette tout ça en route, et puis, au jour d'aujourd'hui, j'ai moi à construire, et ça passe avant ça. Je sens que je dois d'abord combler ces vides avant de penser à celui que mon utérus laisse entendre.

Mais plus que tout, le discours de mon homme évolue, et ça, c'est juste miraculeux, surtout après les mois intenses passés ici. Oui, un jour il y aura un troisième enfant et ce jour là, notre famille sera complète.

Ooooh Saphaëlle    

Ben, voilà j'ai les larmes aux yeux.
Très très touchée par ton partage.
Cette sensation puissante, tripale au fond de toi. Et ton homme qui évolue aussi ... mmmh, c'est bon de te lire  

J'ai juste envie de te dire de prendre soin de toi, de mener à bien les magnifiques projets que tu as. Ce troisième, tu l'as au fond de ton coeur, il/elle viendra, et t'apprendra de nouvelles choses sur la femme fantastique que tu es  

Oh pfiouuu c'est vous qui me mettez les larmes aux yeux  

Oui, en me relisant, je vois que je fais une forme de bilan, en fait, j'avais au départ envie de parler de la façon dont mon homme évolue, parce que ça me touche, mais je n'arrive pas à y mettre des mots, je n'ai que le ressenti en moi.

c'est toi qui m'as mis les larmes aux yeux !
ton texte fait tellement écho au fond de moi...
et puis, il est simplement très beau  

Tu as du talent pour écrire, tes mots sont bien choisis, et sont très touchants !

C'est tellement beau, votre parcours ! Même s'il a été si difficile, il vous rend forts, et beaux ! Je suis en admiration  

Belle continuation à toi  

(J'arrête pas de mettre des cœurs dans mes postes ce soir, faut que je me calme, je déborde vraiment d'amour dis donc !  )

Saphaelle, tes posts trouvent toujours écho en moi, comme des flash de l'avenir tellement tes nos vies passent par les mêmes étapes avec un petit temps de décalage ...

L'homme qui cède, le sentiment avant même la naissance qu'on sera seule sur ce coup là, le couple sur le fil du rasoir...
Merci de partager des états d'âme, sûr que je reviendrai te relire...

     
c'est malin, j'ai les larmes aux yeux.... 
Se vide en toi, au fond de toi qu'est ce que ça me parle, tu peux pas savoir     
Moi aussi l'homme chemine, reste plus que la nature  

Vivement LE moment ou tout sera là pour la conception du petit troisième    

Que d'échos ici aussi... la solitude, la deception, mais aussi la certitude que mon homme je l'aime, et cette sensation d'un qui viendra... Moi je ne sais pas si je m'arrêterai à trois, parce que comme toi, je rêvais de cinq...
C'est très émouvant ce qui se passe pour vous, ton homme qui évolue, et ta certitude qui se confirme par la même occasion... C'est beau aussi de voir que ce temps que tu te laisses te permettra de te trouver toi d'une autre façon encore...
Tu es une très belle personne Saphaëlle, et c'est vraiment bon de te lire  

mon coeur et mon corps maternels font écho aussi à cette envie viscérale d'un troisième....mais ma raison et mon corps physique me disent que ce n'est pas raisonnable.
garde cette foi au fond de toi    et profites de tes deux premiers en attendantange clin doeil 

Hooooooooooooooooooooooooo ma belle, ça va pas de me faire toute meumeutionner comme ça ?!!!

Je le pressens bien le coup du tit troisième qui viendra peut être plus vite que vous ne le pensez !! C'est dur de penser à d'autres enfants après un bébé maussade et intense, très dur : la perspective de recommencer, d'avoir à nouveau un super intense voir un méga intense et puis se rendre compte qu'aussi ben on a pris 3,4 ou 5 ans et que le poids de l'âge est là aussi (le salo  )

Prends le temps pour toi, ce sera un merveilleux cadeau pour tes enfants présents et à venir : avoir le cran de faire face à son passé, son histoire, sans faire l'autruche ni lui tourner le dos, c'est faire face avec sérénité à l'avenir et lui tendre les bras.

Je vous souhaite beaucoup de bonheur (et de bébéS)     

Je ne sais pas quoi dire, pfiouuu je suis vraiment très émue

Cemisa, merci  

Azaële, il paraît oui, mais je n'ai ce talent que sur de très courts textes, impossible pour moi d'écrire plus long et puis en général ça décante pendant un bon moment (il suffit de voir l'irrégularité de mon blog) avant de naître. C'était un métier qui m'aurait plu, écrivain, mais le talent n'est pas assez fort. Mais merci  

Vision, j'ai remarqué ça aussi, notre chemin assez parallèle en fin de compte. Tes réflexions ont souvent nourri les miennes également  

Selkis, peut-on déjà te souhaiter "vivement Le bon moment pour un deuxième".....?  

Fille du Vent, merci, même si je n'ai jamais réussi à accepter ces compliments (pour te dire, à des périodes sombres, j'ai du les écrire pour m'y accrocher). Un jour j'arriverai à me dire que je suis une belle personne ? J'espère Pour l'instant je veux juste arriver à l'être.

Mathou, je suis dans la même situation, mon corps et ma raison me tiennent bien éveillée pour le moment, mon corps trop épuisé et pas encore remis de la grossesse et l'accouchement, ma raison me rappelle au passage de me reconstruire avant   je garde cette foi bien précieusement, en écrivant ceci, j'étais émue de voir qu'elle ne faiblit pas, mois après mois, même épuisée.

Louve, ohlala j'espère pas trop vite   mon homme est quelqu'un qui chemine trèèèèès lentement. Il n'en est qu'au début là. Oui c'est ça, il a (et moi aussi quand même) terriblement peur de refaire un bébé comme le joufflu. Il m'a d'ailleurs souvent rétorqué que si on l'avait eu en premier, on n'aurait jamais eu de 2e enfant... Et oui, le corps accuse aussi, je l'ai bien senti pour le second, je me suis déjà promis de me ménager vraiment pour un 3e.

Sapha     
C'est tellement beau, et ce "besoin" je le comprends aussi, je l'imagine très bien.

Et comme Vision je me projette un peu en te lisant, plutot dans le sens où mon homme m'impose la limite de deux aussi. Déjà, avant qu'il ne soit là. Et je me demande si j'y arriverais, si je ne vais pas ressentir ce besoin, ce vide que tu décris. Est-ce que je ne vais pas avoir besoin de me dire, que si peut-être un jour il pourra y en avoir un autre ? Même si c'est longtemps après. Même si ça reste un espoir et que ça ne se concrétise pas.
Je ne sais pas si même au delà de trois, ce vide peut un jour être comblé ou si nous sommes biologiquement conçue pour ressentir ce manque et avoir ce besoin de nous reproduire.

Mais la manière dont on voit sa famille complète... si tu as l'impression qu'il manque quelqu'un... je te souhaite de voir un jour ce petit être arriver un jour et être désiré par ton homme autant que toi, et il évolue, même si c'est doucement, il change dans ton sens alors c'est parfait.

Tu ES une femme merveilleuse, ça se sent, ça se lit, tous les enfants qui t'ont ou t'auront pour maman auront beaucoup de chance... alors un petit chanceux de plus en ce monde... ce serait merveilleux !

 

Kymie a écrit:

Tu ES une femme merveilleuse, ça se sent, ça se lit, tous les enfants qui t'ont ou t'auront pour maman auront beaucoup de chance... alors un petit chanceux de plus en ce monde... ce serait merveilleux !

 

Oui, oui, oui     
Nous, il est maintenant le bon moment  

Le message date un peu...mais je m'y suis tellement retrouvée !!!
Je jurais moi aussi que deux c'était bien assez...et puis...la vie ! Aujourd'hui je sens aussi tout au fond de moi qu'un petit troisième verra le jour. C'est viscéral. Je crois que seules les femmes (et encore pas toutes) peuvent comprendre ce sentiment, cette émotion du ventre qui appelle la Vie.
Pour l'instant mon mari n'en veut pas (mais toujours pour des raisons "rationnelles" et il évite soigneusement les raisons émotionnelles car je crois qu'elles le feraient "céder"). J'aime mon mari : je ne lui ferai jamais la guerre, je ne lui ferai jamais dans le dos, mais je lui ferai ! Ce n'est pas concevable pour moi de ne pas avoir un troisième enfant de lui : j'en serai malheureuse jusqu'à la fin, même si aujourd'hui ma vie me comble. Car ce troisième ce n'est pas pour "combler un vide" mais bien car je sens déjà se présence, je l'imagine déjà auprès de nous, comme si c'était une évidence qu'il vienne un jour, qu'il soit déjà là.
Comme je l'ai dit à mon mari : on ne regrettera jamais d'avoir eu un troisième enfant, mais si on regrette de ne pas l'avoir eu, ce sera trop tard.
Ne reste plus que son oui.