Un rève, une naissance qui s'achève...

Un rève anodin, sans interet. Et d’un coup, l’angoisse : « Merde, mon bébé. Il est où mon bébé ? »
Et hop, rectification de mon inconscient et tu apparais, dans mon dos, en écharpe. « Ah, tu est là mon amour », soulagement, vague de chaleur dans mon corps et c’est le reveil….
Alors tout doucement, je me glisse dans votre chambre, tu dors paisiblement. Je te prends la main, tout doucement,et je pleure… Je pleure ces mois à me battre pour t’aimer, pour sentir dans mes trippes que « moi, sans toi, ce n’est pas possible ». Tu as 4 mois et demi et je suis ta mère.


C’est une chose de savoir que l’attachement à son enfant peut ne pas se faire tout de suite. C’en est une autre que de le vivre soi-même.
Pour ta sœur, il s’est fait tout seul, dès les premiers regards, on était chez nous, j’ai pu l’observer longtemps, elle était magnifique. J’ai pu l’apprivoiser, devenir mère a été facile, inné, presque instantané. Chacun de ses pleurs me déchirait le cœur, je n’imaginais pas la laisser, ne serait-ce que 10 minutes. Des rêves comme celui là, j'en ai fait des centaines, dès le début. Là c'est mon premier....

Alors est-ce l’hopital dans lequel j’ai du allé pour ta naissance ? La toute jeune sage-femme qui a signer la déclaration de naissance m’a dit « Un jour, si je tombe enceinte, je veux accoucher comme vous. »
C’est vrai, malgré le déclenchement, j’ai pu accoucher sans péri, dans l’eau, et je t’ai sorti de mon ventre seule pour te poser contre moi, je n’ai eu aucune déchirure, aucune complication. Elle a senti la puissance et la force de la femelle entrain de mettre au monde son petit, spectacle certainement peu commun au CHU.
Mais la douceur qui doit entourer la femme qui vient d’accoucher, l’intimité qui doit suivre cette naissance, l’a-t’elle vu ?
Non, je pense qu’elle a surtout vu le risque d’infection dans la piscine, le risque d’hémorragie, le risque que le bébé attrape froid, le risque…..
Alors vite vite, faire et agir, reprendre le contrôle de cette situation qui lui a échappé, vite clamper, vite réchauffer cette petite boule, vite aller sur la table et imposer les étriers, vite tirer sur le placenta car « il est détaché », vite frotter ce périnée avec des compresses rêches à la recherche de point à faire, vite brancher ce bébé au sein pour sa première tété.
Franchement, était-ce vraiment nécessaire, me mettre dans une position inconfortable dans laquelle il était difficile de te voir, et me faire mal, et encore me faire mal même quand je dis que ça me fait mal ? Au point de te donner à ton père (qui lui a énormément apprécié ce peau-à-peau précoce avec toi), pour en finir plus vite.
Ou peut être est-ce l’ampoule d’hormone synthétique que j’ai acceptée sentant toute la peur des sages-femmes à propos de l’hémorragie, on sait que ça coupe le flux d’hormone naturel…
La première image que l’on a de toi, la lumière est crue, tintements métalliques en fond sonore, j’ai encore les pieds dans les étriers, la sage-femme parle parle, elle te tient la tête dans une main et mon sein écrasé dans l’autre et essaye de brancher le tout. Au bout de quelques secondes, je finis par dire« On va la laisser, je vais te laisse ma puce ».
Pourquoi faut-il que ça vienne de moi? C'est pourtant évident qu’il faut la laisser trouver le sein, quand elle sera prête, surtout pour un bébé qui 25 minutes plutôt était encore au chaud dans son utérus ouvert à seulement 2 cm et qui ne respire que depuis 7 minutes. Elle est où l’urgence ?

Alors je ne leur en veut pas, mais si seulement elles avaient pu voir, d’un petit trou de souris mon premier accouchement, cette force, cette épreuve, suivi du calme, de la sérennité, de ce silence, cette pénombre entourant la rencontre d’une mère et de son petit….

Et puis 2h, seuls avec notre petite, enfin la lumière tamisée, le silence, la découverte, allongée confortablement, l’amour nait doucement… Mais il faut repartir, libérer la salle, emballer tout le monde, un petit cageot à bébé et un fauteuil roulant et c’est parti pour la visite de l’hôpital. La chambre est bien, mais je regrette déjà de ne pas être chez moi dans mon grand lit. Les tétés sont déjà difficiles, les crevasses déjà là. Le lit tout étroit en hauteur me fait flipper, tu es tellement petite que tu pourrais passer à travers les barrières de chaque coté et t’écraser au sol.
Je rêvais de te mettre nue, sur moi pendant 24h, mais j’ai trop peur de me faire allumer par la puéricultrice qui débarque sans douceur au moindre pleur pour m’aider à l’allaitement. Et de toute manière on ne va pas trainer ici, on veut rentrer dans notre petit monde confortable au plus vite. Tu as 16h de vie et on remballe tout pour rentrer chez nous.

Arrivée à la maison, ta sœur te découvre et c’est un des plus grand moments de joie pour moi, la voir elle te découvrir et t’aimer si instinctivement. Qaund elle dis que tu est "mignon", je fond. Et puis il faut dire que cette naissance m’a remplie de fierté, j’ai enquillé des tas de contractions de 10 minutes sans broncher, j’ai gérer la douleur comme une chef malgré un contexte pas favorable. J’ai accouché sans péri pour un déclenchement et j’ai même réalisé mon vœux de te faire naitre dans l’eau alors que c’est théoriquement interdit au CHU (enfin, tu as décidé que tu naîtrais dans l’eau malgré tout et tu t’es bien joué des sages-femme). Et toute remplie de cette joie, j’en oublie les moments désagréables qui ont entourés ta naissance.

Et les jours passent, on trouve notre petit rythme, je suis heureuse de m’occuper de toi, malgré un démarrage d’allaitement des plus difficiles. Et puis tu es un bébé merveilleux, peu de pleurs, très vite tu me regardes, tu me souris et l’interaction commence.
Mais très vite il faut que je me rende à l’évidence, tes pleurs ne me font pas monter le rythme cardiaque, te laisser deux heure pour un n-ième rendez-vous médical pour l’allaitement ne m’angoisse pas, être loin de toi pendant ces deux heures ne déchire pas mon cœur en deux….

Alors on travaille, ensemble toi, moi et ton père à créer ce lien entre nous deux, tout en essayant de préserver ta soeur. Les bains que je laissais à ton père pour ta sœur, je me les approprie, pour revivre cette douceur de ta peau contre la mienne trop courte à la naissance. Et je te masse, et je te porte, et je joue avec toi de longs moments allongée par terre, tu dors tout près de moi, et quand je danse avec toi je te sens t’abandonner en toute confiance contre ma poitrine.
Ton père est génial, il fait tout le reste, le linge, la bouffe, le ménage et les courses, la grande soeur et même les nuits où j’ai trop mal au sein et les endormissements difficiles c’est lui qui gère. Il entend ce que je ne dis pas, et me soutient quand j’arrive à en parler. Et pendant que je travaille à t’aimer et à accompagner ta sœur du mieux possible, il est là, à rendre ça possible.

Et puis je regarde des photos de ta naissance… Tu étais tellement belle, je ne m’en suis même pas rendu compte. Les deux premiers mois de ta vie restent dans une sorte de flou. J’ai souvent eu l’impression que ça y est, c’était bon, et une grosse difficulté ou une nuit bien pourrie me faisait replonger. Et ton père, encore et toujours là pour s’occuper de toi, pour me soutenir, pour croire en nous et nous aimer.

Ta soeur m'a fait mère et m'a donné la force d'être sure de moi. Toi tu balance toutes mes certitudes et remets tout en question.
Mais je m’en fous, aujourd’hui j’ai rêvé de toi, tu es dans mon cœur, dans ma tête, dans mon corps, je peux te contempler tous les jours, m’émerveiller chaque heure et il me reste toute la vie pour t’aimer à la folie.
Je suis ta mère et ça personne ne pourra jamais me l’enlever. Aujourd'hui, j'ai envie de le crier à la terre entière, mais je préfère te le murmurer au creux de l'oreille quand tu t'endors en tétant tout contre moi: Je t'aime

ouh florie tu me tires les larmes de bon matin! 
purée te lire me retourne le bide, c'est si beau, si juste, si introspectif, et si triste à la fois!
je ne connais pas ce ressenti, donc aucun conseil à te donner,
juste envie de te faire un gros câlin , de te dire qu'à te lire, tu/ vous semblez sur la bonne voie...
gros bisous à vous jolie famille       

Florie, j'ai pas de mots...  

Viens là                  

Merci pour ces mots déposés...

    

Pfiou... C'est fort, c'est beau, c'est votre histoire, une belle histoire malgré les difficultés.   

juste
tes mots sont magnifiques, et si pleins d'amour...

Florie, j'ai pleuré comme une madeleine en lisant ce magnifique récit, je trouve ça extraordinaire d'arriver à poser des mots si justes sur des sentiments aussi ambivalents...
Merci mille fois pour ce post si beau et plein de tendresse  

Ton recit, si bien écrit, si sincère, si doux, me bouleverse   
C'est vraiment un très beau texte que ton enfant sera heureux de lire. Bravo de mettre ces mots.
J'aimerais que ton texte soit lu en maternite, ces moments succédants la naissance sont tellement cruciaux.
Beaucoup de bonheur à vous   

Oh Florie... Je pleure... Je suis heureuse, je te sens si sereine, si apaisée... mais tu remues tant de choses en moi...

Si je peux te rassurer pour la suite, j'ai mis du temps a aimer mon premier, à l'aimer vraiment de tout mon corps, de tout mon être. Mais de mes deux aînés, c'est lui que je comprends vraiment. Lui pour qui je trouve les mots justes, avec qui d'ailleurs les mots sont presque inutiles. Il a 13 ans, il devient un homme maintenant et c'est une indicible fierté. C'est mon fils.

Comme je suis émue ma belle ! Moi aussi je pleure. Je ne trouve pas les mots, alors je te fais un gros calin, de tout mon coeur !

Ton témoignage est incroyable, je le trouve très touchant et très beau !

Merci d'avoir partagé ça !

Merci pour ce partage Florie.
  
Je nous reconnais partiellement mon fils et moi. Tes mots m'aident à comprendre certaines choses. Je vais continuer à y penser pour avancer...
Merci pour cette jolie lumière si touchante !

Beau retour sur toi, sur vous. Et bel hommage au papa !

Des larmes, des frissons, et encore des grosses et chaudes larmes sur mes joues,
tu viens d'écrire tout ce que j'avais enfoui au fond de moi,
ne voulant pas l'admettre, ne voulant pas le dire ni me l'avouer

L'hôpital m'a volé moi aussi cette intimité qui aurait dû être qu'à nous, il a brisé l'élan d'amour qui aurait du naitre parce que ma tete était ailleurs, a réfléchir comment protéger mon petit de toute les hostilité dans ce lieu, réfléchir comment nous enfuir vite... très vite... punaise Florie comme je comprends ce que tu ressens....

pour moi ce sont les 6 premiers mois de mon fils que j'ai perdu, et je m'en veux terriblement. encore aujourd'hui des fois je le regarde et je me demande? ce bébé est-il vraiment à moi? et puis au bout de quelques secondes je sens mon coeur battre la chamade... mais ces quelques secondes n'auraient pas dû être

Je te sers bien tendrement dans mes bras ma belle                        

Merci pour vos mots les filles   Et vos pleurs, j'éspère qu'ils ne sont pas de tristesse   
Je crois que j'ai pleuré tout le long de l'écriture, et maintenant je suis pleine de joie   

Ca fait quelques mots que je veux écrire tout ça, car si un jour elle se pose des questions, je voulais qu'elle trouve des réponses sincères et non déformés par le temps. Mais je ne voulais pas écrire quelquechose qui lui ferait mal, je ne trouvais pas les mots.
Et ce matin, les mots sont venus tout seuls, alors j'ai tout laissé en plan et j'ai écrit... Ca m'a fait beaucoup de bien.

Jess40, je suis désolé de remuer tant de choses, mais tu sais, ces premiers mois ne sont pas perdus, ils ont permis de construire le maintenant et c'est ça qui compte, la culpabilité n'y a comme souvent pas sa place   

Zest, si ça peut te faire avancer   

J'hésite à faire parvenir ce récit aux SF qui étaient là, mais je ne voudrais pas qu'elles le prenne comme une attaque ou une critique. Je connais les contraintes du milieu hospitalier, et aussi les risques et les peurs (et puis là c'est le CHU de Grenoble, donc elle doivent voir passer toutes les grossesses pathologiques du département...)

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J'ai bien essayé de les contenir, parce que mon petit loup joue juste à côté de moi, mais les larmes ont décidé de venir brouiller ma vue. Ton récit prend aux tripes, et même si j'ai pas vécu les choses de la même manière, je ne peux pas m'empêcher d'y déceler un écho de mon propre ressenti.

Marilyne a écrit:

Et bel hommage au papa !

Oui, il assure grave l'homme     

  Oooh ma belle, je pleure, je pleure en te lisant. (Pourtant je voulais aussi contenir l'émotion parce que la puce est à côté, mais impossible.) Tout ça tu me l'a raconté en grande partie mais là, de lire toutes tes tripes dans ce texte, tout ton cœur et tout ce que je n'imaginais pas bien sur les heures qui ont suivi la naissance de ta petite poupette et qui ont pu engendrer tout ça...

Ce que tu écris est tellement émouvant, tellement sincère !!!      
Je me demandais comment on pouvait dire à son enfant que l'attachement n'est pas venu tout de suite, comment on pouvait lui dire qu'une maman peut devoir se battre pour aller à sa recherche, comment on pouvait lui dire la vérité sans que ce soit "méchant"... tu viens de le faire et ton récit ne déborde que d'une chose : d'amour !!!!!! D'un amour vrai et puissant...
Nom d'un petit bonhomme... que c'est beau.

Merci pour ce magnifique partage      
J'ai eu le coeur serré tout le long du récit et les larmes aux bords des yeux   
C'est tellement vrai, tellement sincère ce que tu écris, j'imagine à peine ce que tu as du traverser    

Et ton homme, franchement chapeau bas     

Je te souhaite que cet amour grandisse, grandisse, grandisse     

Florie, à te lire, je réentends les paroles de ma SF, et d'autres SF. Quel que soit l'accouchement, c'est la façon dont on le vit qui fait toute la différence! Moi, je pense vraiment que ton écrit pourrait être envoyé au CHU, elles liront, et en feront ce qu'elles voudront, mais tu auras dit. Ca peut être bénéfique, une étape de plus, à toi de voir.   

Kymie a écrit:

Je me demandais comment on pouvait dire à son enfant que l'attachement n'est pas venu tout de suite, comment on pouvait lui dire qu'une maman peut devoir se battre pour aller à sa recherche, comment on pouvait lui dire la vérité sans que ce soit "méchant"... tu viens de le faire et ton récit ne déborde que d'une chose : d'amour !!!!!! D'un amour vrai et puissant...

Florie, ce que tu écris résonne en moi, qui ai eu (et ai encore) des difficultés d'attachement à mon bébé, in utero déjà et je flippe, je flippe, le grand jour approchant, d'avoir des difficultés à m'attacher à lui. J'espère pouvoir trouver les mots comme toi, pour l'aider lui...

    

Très émue aussi par ton texte...

florie a écrit:

C’est une chose de savoir que l’attachement à son enfant peut ne pas se faire tout de suite. C’en est une autre que de le vivre soi-même.

Je ne peux qu'imaginer à quel point ce doit être difficile à vivre, surtout quand l'attachement s'est fait tout seul la première fois.
Je salue ta force et ta ténacité pour mettre ce lien en place. Vous avez fini par y arriver
Et bravo à ton homme pour son soutien indéfectible...

Merci également d'avoir osé témoigner de ce passage.
Et puis je trouve que c'est un sacré message d'espoir pour toutes celles qui traverseraient ce genre de difficultés, avec des pistes pour aider à instaurer ce lien d'amour.  

Merci Flori pour tes mots, ça rappelle à certaines (dont je fais parti) qu'être maman n'est pas toujours inné, qu'il faut du temps parfois et que tout cela est normal, humain   

Bouleversant, sublime, je pense que ton témoignage va servir de "miroir" aux mamans qui ont connu cela et que ça leur fera beacoup de bien de te lire, qu'elles ne se sentent plus "coupables" que oui ça arrive.Bravo, ça a pas du e^tre facile pour toi de l'ecrire en plus ce texte si poignant.