Voici le récit de la naissance de mon dodu, mon 2e.
Prologue:Suite à une
première expérience traumatisante, je ne voulais pas raccoucher de si tôt. Mais ce bébé a pris racine dans ma bedaine sans que nous ne nous en rendions compte en avril 2011, 9 mois après le précédent accouchement. Tellement pas consciente de sa présence (pas de RDC), je ne testerais positif que le 20 juillet 2011, à 12 SA 4/7 comme me l'apprendra l'échographie de datation 2 semaines plus tard (j'étais donc rendue à 14 sa 4/7 à cette écho).
S,en suit une courte période de déni puis d'acceptation et finalement de projection pour passer au travers de l'épreuve une 2e fois malgré mes craintes...
Je recontacte donc mon accompagnante (doula) avec qui j'avais pratiqué l'haptonomie pour mon grand et qui aurait dû nous accompagner au premier accouchement. Nous sommes 18 mois et 3 semaines après le précédent accouchement. Et...
Chapitre 1:Le travail a commencé dimanche 22 janvier 2012 exactement pile au début de la star académie (on zappait et mon grand C. trouvait ça drôle on lui a laissé) soit vers 19h50, contractions aux 5 minutes dès le départ. Je saigne alors on appelle l'hôpital. C'est dû à la dilatation du col, si je suis encore capable de rester c'est préférable. Si je peux tenir une conversation c'est que je suis encore capable, on reste. Un bain vers 23h mais ça diminuait pas. Je perdais du bouchon à chaque contraction.
J'ai dormi sur mes douleurs toute la nuit, avec réveil aux 2h pour pipi surtout. C'est dur de se recentrer suffisamment ensuite pour laisser passer les douleurs et se rendormir mais j'ai réussi.
Le 23 janvier 2012, à 7h C. voulait sa tétée, 7h15 j'étais en grosses douleurs donc j'ai stoppé pour son biberon de lait+ovomaltine. Je l'ai préparé pour la nounou comme d'habitude, j'ai réveillé mon chum vers 7h45, on a chargé la voiture avec nos sacs au cas où. Je contractais encore régulièrement donc je m'arrêtais d'avancer, je me roulais en boule sur le côté gauche, mon fils et mon chum mettaient leurs mains magiques dans mon dos (je dis qu'ils m'enlèvent la douleur) puis on recommençait le ballet.
À peine embarqués dans la voiture mes contractions s'intensifient, je suis aux 3 minutes et elles durent 50 secondes et je perds la carte dans la douleur, je suis pas capable de contrôler dans cette position. C. pleure en silence derrière, sa maman a l'air mal, il va pas bien non plus.
Mon chum me souhaite bonne fête, je pleure de joie ou de peine je sais plus. En effet, ce matin, j'ai 30 ans et un boulet de canon qui veut me sortir entre les jambes...
On dépose C. chez la nounou, je sors de la voiture pour prendre la prochaine contraction debout et régler le fauteuil. C. était en larmes en quittant dans les bras de mon chum et mon coeur de maman n'a pas été capable de prendre ça, je pleure à gros sanglots.
On réembarque en voiture et on descend une rue puis une autre et juste après le viaduc, on est pris dans le trafic du lundi matin! Le soleil apparaît alors je ferme les yeux et je plonge dans mes douleurs. Mon chum appelle l'admission de l'hôpital universitaire où j'ai été suivie pour les prévenir qu'on arrive puis mon accompagnante qui en entendant mes gémissements dans le téléphone saute dans la douche et nous rejoint.
Il fait ensuite demi-tour au milieu de la route, remonte sur la première transversale et après je sais pas mais on a slalomé dans les rues et nids de poule (trous dans la chaussée) pour éviter l'heure de pointe. J'ai insulté tous les cols bleus (travailleurs de la voirie et de la mairie qui entretiennent les routes) et les nids de poule de la ville!
On est arrivés à 9h15 à l'hôpital finalement. Le garde de sécurité à l'entrée m'avance un fauteuil, je m'effondre dedans, j'ai de nouveau perdu le focus des contractions, je les prends de nouveau très mal. Le garde averti le 5e étage, celui des naissances, qu'on arrive, je suis en pleurs et la douleur me fait trembler. L'ascenseur s'arrête au 2e, au 3e puis une âme charitable avec la clé enfonce la priorité pour qu'on monte au 5e.
On arrive, mon infirmière est prête, on dépose la carte d'hôpital, elle m'installe sur le lit. Elle me déshabille pour vérifier mon col, on me parle de nubain, de plein de choses alors que j'essaye de recréer ma bulle. Je dis oui au nubain non à la péri oui à autre chose non à de l'eau, bref je ne sais plus. Je ferme les yeux en disant que je veux me calmer avant le TV. Mon infirmière tente de faire des prises de sang mais mes veines roulent et éclatent (j'ai donc 6 hématomes sur les bras) et je fais rire l'équipe pendant une contraction en disant que je le sais et que c'est pas la peine de me faire mal pour le savoir. Ils ont trouvé drôle que la douleur des piqûres surpassent celle de ma contraction.
Mon accompagnante arrive finalement et prend le relais pour que mon chum déplace la voiture, je repousse le gaz qu'on veut me mettre sur le nez à la contraction qui suit, je respire un air pur, mon accompagnante pose ses mains dans mon dos pour commencer le prolongement qu'on a pratiqué 18 mois plus tôt pour C.et jamais appliqué et hop me revoilà centrée dans ma bulle.
Chapitre 2:Je respire la prochaine contraction calmement, je sens que le monde autour de moi se calme aussi, et j'autorise le TV, j'étais à 8 cm.
Je réponds aux dernières questions ( groupe sanguin, strep B), mon dossier arrive dans la foulée et on me laisse faire le reste du travail seule avec mon conjoint et mon accompagnante.
Je gémis, certaines contractions me font vraiment hurler, d'autres je les prends en somnolant. J'essaye d'aller faire pipi, ça ne sort pas et je ne suis pas capable de prendre mes contractions autrement que couchée sur le côté droit. On monitore le coeur du bébé, il continue à aller bien alors on nous laisse tranquille.
Mon chum doit retourner déplacer la voiture, on vient nous parler de l'amniotomie (rupture des membranes) et de faire un autre TV. Je pars en panique (je souffre de dyspareunie alors les touchers c'est un viol un peu si je ne suis pas préparée) et je hurle non en tremblant et je ne suis plus capable de nouveau de prendre mes contractions correctement. Mon accompagnante négocie un délai pour que je me calme. Je reprends le contrôle, je sens que ça pousse dans mes fesses, je sais qu'on est prêt et je sais qu'ils ne veulent pas que bébé naisse avec les membranes intactes je les ai entendu en discuter avec mon accompagnante alors je donne mon ok, on les sonne. Je suis complète. On va procéder à la rupture. Je redemande de reprendre le contrôle avant. Ils attendent 2 contractions puis je donne mon go. Amniotomie (rupture de la poche des eaux) vers 11h30-11h45.
Contraction qui suit enchaîne directement sur la poussée physio et aussi incontrôlable qu'un vomissement (et je n'y croyais pas avant de le vivre) ça pousse tout seul. Mon ventre se vide de mon liquide au complet ou presque. 2-3 autres poussées physio mais bébé descend pas assez vite à leur goût je dois passer sur le dos. Je refuse, je m'étouffe sur le dos, je me retourne sur le côté gauche alors ils me libèrent et me laissent à gauche. Bébé commence à fatiguer, je me sens agressée, je perds de nouveau la concentration et je les supplie de me sortir ce bébé tout de suite. Ils veulent diriger la poussée, résultat les 5 poussées qui suivent sont inefficaces. Je redemande à trouver mon calme, mon accompagnante leur fait signe de me laisser faire, j'accepte d'écouter l'infirmière qui m'explique comment pousser. Je reprends contrôle, les prochaines poussées sont plus efficaces. Le coeur du bébé montre des signes de faiblesse, il faut que passe sur le dos pour aider avec la gravité, je demande qu'on redresse le dossier sinon je vais étouffer. Finalement je recommence à pousser en tenant mes jambes, mon infirmière coach la poussée en partenariat avec mon accompagnante qui continue à me passer une débarbouillette sur le front, à me parler pour m'encourager pendant que mon chum me touche les mains entre les contractions. Finalement je sens qu'il descend, puis après une longue poussée, je sens l'anneau de feu. Je n'ai qu'une seule hâte pousser de nouveau et à la contraction qui suit, je pousse une fois pour la tête, une deuxième pour les épaules et je récupère mon bébé. Environ 1h de poussée et bébé est né à 12h13.
Il reste sur moi en peau à peau pendant que les médecins réparent les déchirures au 2e degré causées par les poussées inefficaces. Ils font aussi l'ablation d'un kyste que j'avais dans le vagin (on aura le résultat de la biopsie au post-partum, RAS). Et j'ai compris pourquoi on parlait de délivrance quand le médecin a appuyé sur mon ventre pour aider à faire sortir mon placenta. Ça a vraiment été libérateur!
Vu mon hémorragie à C., on me garde 1h en salle d'accouchement où bébé prendra sa première tétée à 1h de vie puis transfert en post-partum où notre accompagnante ne nous suit pas.
C. est venu voir son petit frère et sa maman en soirée, il était rassuré de voir maman sourire de nouveau. Alors pour moi, c'est clair que je n'aurais pas pu ni voulu l'avoir avec nous à l'accouchement même si j'ai adoré l'avoir avec moi au début du travail. Ça reste un moment magique d'avoir eu ses petites mains chaudes sur mon dos pendant les contractions!
Voilà l'arrivée rocambolesque du petit dragon Etienne.
Épilogue:Un bel accouchement avec un seul point noir: dû à l'intensité du travail, sa rapidité, le fait que je me sois tournée sur le côté pendant que mon bassin était en position dos, j'ai eu le bassin desaxé (mon os pelvien n'était plus aligné avec mon sacrum), alors j'ai marché comme Dr House avec une canne pendant 13 jours
L'ostéo m'a aidé à remettre tout ça en place mais ça a été long et douloureux.