Bébé Nature, la naissance respectée
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 Quand Claire est née...

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Loula
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Touille
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Touille
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MessageSujet: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyMer 25 Mar 2009 - 13:42

J’ai longtemps hésité quant à la manière dont j’allais raconter mon accouchement. Mon ressenti change avec les semaines qui passent et puis… j'ai vraiment apprécié les côtés un peu moins «naturels», comme la péri. Un autre point qui m’ennuie, c’est que j’ai trouvé cet accouchement violent et que je suis contente de ne pas avoir entendu ce genre de récit avant d’accoucher moi-même. Je ne veux pas faire peur aux futures mères. Je pense qu’il vaut mieux éviter les récits qui font peur avant d’accoucher. Bien sûr, c’est bien d’être consciente qu’un accouchement ça peut être difficile, que toutes les femmes ne sautent pas de joie en recevant leur nouveau-né sur le ventre, mais lire les détails c’est différent. Enfin, c’est ma manière de voir les choses, à chacune de faire ce qu’elle pense être mieux pour elle.

D’un autre côté, je suis toujours touchée par vos récits et je me rends compte maintenant du don de soi que représente leur écriture. Prendre et ne rien rendre en retour, je ressens ça comme du voyeurisme, surtout pour des sujets aussi intîmes.

Bref, tout ça pour vous expliquer mon hésitation quant à l’envoi de ce message. Faites-en ce qui vous semble bon pour vous!
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Touille
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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyMer 25 Mar 2009 - 13:46

Jeudi 5/02 11h, premières contractions. Je suis étonnée, cela fait 6 jours que j’ai 2 à 3 heures de contractions tous les soirs, mais jamais le matin. Je lis tranquillement mon Millenium en me disant que c’est peut-être pour aujourd’hui. Je sourie en pensant que peut-être que le bébé veut d’abord que je termine mon livre car il sait qu’une fois qu’il sera là, je risque bien de ne plus lire une seule ligne et il veut connaître la résolution de cette intrigue palpitante!

Midi, je prends un bain et les contractions continuent. Je sens que je ne vais pas accoucher en un quart d’heure. Bougies sur le rebords, je lis mon livre. Je me sens un peu nauséeuse.
Après être sortie du bain, je mange un bout. Mes élucubrations continuent: si j’ai faim, c’est que ce n’est pas un vrai travail. En même temps j’ai super envie de chips au sel. Hm, ça doit quand même être un signe que… Je replonge dans mon livre, ça fait passer le temps. Je prends la position penchée en avant comme préconisée par la kiné pour que le bébé se place correctement. Je sens bien que ça rend les contractions plus douloureuses, mais elles sont très supportables. Je suis zen. Je vais chercher les bougies qui se trouvaient sur le bord de la baignoire et j’en allume 4 dans le salon. Les contractions se rapprochent, presque toutes les 10 minutes, toujours pas très fortes, mêmes si elles sont bien présentes. Je mets des huiles essentielles «Naissance Harmonieuse» au creux de mes poignets régulièrement. J’aime cette odeur.

Enfin, la fin du livre, le meurtrier est démasqué: petit bébé tu peux arriver! Je m’ennuie, j’allume la tv mais il n’y a qu’un super vieil épisode d’Urgences. J’éteins et je m’assieds sur une chaise retournée.

A 15, d’un coup, une grande tristesse s’empare de moi. je le sens, je le sais au plus profond de moi: c’est pour aujourd’hui. Je suis contente car je n’avais rien ressenti pour Zoé. Je suis tellement d’avoir ce «pressentiment». D’un coup, je sens que quelque chose change: j’ai un besoin immense de pleurer, ça doit être mon cerveau qui accepte de lâcher prise. Des images me viennent, toutes empruntes d’une immense solitude. Je vois ma maman, je me sens toute petite, je me sens bébé moi-même, je voudrais qu’on s’occupe de moi. Malgré ça, je me réjouis que ça se passe à un moment où David et Zoé ne se trouvent pas dans l’appartement. J’ai besoin d’être seule.

Au fur et à mesure que tristesse s’estompe, j’ai besoin de quitter cet appartement. Je n’ai pas forcément envie d’aller à l’hôpital, je ne sais pas où j’ai envie d’aller, mais je sens que je dois partir. A 16h30, j’arrive à calmer mes larmes suffisamment pour appeler David et lui dire de passer chercher Zoé à la crèche. Maintenant j’ai besoin qu’il soit disponible à mes côtés. Je ne suis pas très claire, mais j’arrive quand même à lui faire comprendre qu’il n’y a pas d’urgence, mais qu’il faut juste qu’il soit là.

Une fois que Zoé et David sont revenus, c’est l’intellect qui reprend le dessus. Je fais pendre une lessive. David veut m’aider, mais je préfère le faire seule. David appelle ses parents pour qu’ils viennent garder Zoé. En attendant qu’ils arrivent, elle ira chez ma marraine, qui habite à 200 m.
19 h : Ma marraine, mes cousines et mon cousin nous accueillent avec un énorme sourire aux lèvres. Ca fait du bien de les voir se réjouir comme ça pour cette naissance. Moi je suis en pilote automatique. Je ne suis plus zen, mais je ne suis pas tellement nerveuse non plus. Je ne suis plus triste, mais je suis incapable de me réjouir.

Nous partons pour la maternité. David maîtrise. Tant mieux, c’était une de mes craintes. Pour la naissance de Zoé, j’aurais mieux fait d’aller à pieds tellement il s’était perdu (même pas un km de trajet!) mais ici tout va bien, même si le trajet est plus compliqué. Les consultations sont moins fortes pendant tout ce trajet, mais je sens qu’elles vont reprendre.
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Touille
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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyMer 25 Mar 2009 - 13:47

19h30: Auscultation aux quartiers d’accouchement. La sage-femme me dit que rien n’a bougé depuis la dernière visite chez le gyné: 1 doigt et le col est mi-long (c’est noté dans mon carnet de suivi). Elle m’installe dans une chambre où les contractions reprennent en intensité, mais je sens que cet accouchement va durer longtemps. Je ne suis ni triste ni stressée, je le sens, c’est tout. Je le dis à David qui écoute à peine. Nous mettons de la musique, je me frictionne le creux des poignets avec les huiles comme à la maison, mais d’un coup, l’odeur me dégoûte. Je m’installe sur le ballon.

Les sages-femmes repassent: de 1 cm je suis passée à 2 et le bouchon muqueux sort. Je le vois un peu plus tard: il est totalement transparent, c’est presque beau! Elles me disent que mon projet de naissance est accepté à 100% sauf pour ce qui est de la salle «Nature» parce qu’elle est déjà prise, mais que je peux aller prendre un bain ailleurs si je veux. On décide d’appeler la kiné mais de lui dire de prendre son temps. Je suis sous monitoring ambulatoire. Avec David on rigole du tracé des contractions: un tracé énorme alors que la contraction était de la gnognote, puis un tracé qui correspond, puis pas de tracé et une contraction et une contraction et pas de tracé. Pfff, cette technologie, c’est vraiment n’importe quoi (David est informaticien)! On remarque quand même que les contractions sont passées à 4-5 minutes entre temps, ce qui nous réjouit! On «visite» la chambre. On regarde tous les tiroirs de médicaments, compresses, les minuscules petits langes… on commence à réaliser que notre bébé va bientôt arriver et qu’on lui mettra ce lange… que les sages-femmes ont préparé 2 bracelets avec une étiquette: un bleu et un rose…

21h30: les contractions deviennent plus fortes et je commence à avoir une sensation bizarre: le bébé appuie sur mon pubis. Je sens sa tête tourner de gauche à droite et de droite à gauche. C’est désagréable et ça «chatouille». Je me place à quatre pattes et la kiné arrive avec la sage-femme du nouveau service. Elles nous proposent d’aller directement dans la baignoire, ce que nous faisons.

Dans la salle de la baignoire, il y a un décors kitshissime: on se croirait au milieu d’un lac avec des petits oiseaux. Positions diverses, ajout d’eau chaude plusieurs fois. Les contractions diminuent. Retour dans la chambre où la sage-femme me dit que je peux rentrer chez moi si je veux. Elle me parle aussi de déclenchement en me précisant qu’elle sait bien que ce n’est pas ce qui est indiqué dans mon projet de naissance mais qu’elle veut s’assurer que je n’ai pas changé d’avis. Elle voit ma tête et elle arrête tout de suite. «C’est un faux-travail» se croit-elle obligée d’ajouter. Ces mots me font l’effet d’une gifle en pleine figure. La kiné récupère l’impers et me dit qu’elle comprend ma déception, bla bla bla. Je sens que c’est super gentil, mais je n’entend plus rien. Un faux-travail? C’est impossible. Je regarde l’heure: 23h30. Ca fait 12h que j’ai des contractions sans interruption, ce n’est pas possible que ça soit un faux-travail! Je le sens au fond de moi: je suis occupé d’accoucher maintenant, pas demain, pas dans quelques jours, maintenant! La sage-femme me remet le monito (1h, pour voir), éteint les lumières et me conseille de me reposer, puisque je veux rester. La kiné retourne chez elle en insistant bien sur le fait qu’elle habite tout près et qu’il faut l’appeler sans hésiter. Les contractions continuent, mais en sourdine, comme pour confirmer le «faux-travail».

Je pleure en silence. Je suis anéantie mais je n’ai pas envie de réveiller David qui dort peut-être. Je me sens nulle, coupable, incapable. Pourquoi est-ce que je ne peux pas accoucher «comme tout le monde»? C’est quoi ce corps de merde? Si ça tombe ça fait déjà 6 jours que ce bébé veut sortir et que moi je l’empêche, que j’arrête ce qu’il a commencé!

Je finis par me calmer. Je me dis que mon corps avait peut-être besoin d’un second lâcher-prise, qu’une heure de pleurs à la maison n’ont pas suffi. Et ça ne ratte pas: une contraction me fait passer de couchée sur le côté à quatre pattes, puis une autre, puis une autre encore… je regarde l’horloge: toute les 3 minutes! Je marche, je me penche, je fais des ôôô. La sage-femme repasse, me demande si je veux qu’elle m’examine. Oui, je veux, et non je ne veux pas, je ne sais plus. Je sens que c’est encore trop tôt, que rien n’aura bougé, que ce n’est qu’un début. Verdict: rien n’a bougé. Elle me parle des différentes solutions en me disant qu’elle me trouve fatiguée (ben tiens !) mais en précisant aussi que le bébé va très très bien et qu’il n’y a pas lieu de prendre une décision précipitée. Je lui dis de revenir dans 1 heure et d’appeler la kiné. Elle change directement d’attitude et me propose un bain. A partir de ce moment-là, elle n’a plus jamais dit «péri» ou «synto», elle m’a encouragée dans le sens de mon projet de naissance.

Dans le bain, la sage-femme me fait me mettre dans des positions qui devraient accélérer le travail. Vers 2h, elle me fait à nouveau un toucher, dans le bain et, miracle, mon col s’est enfin effacé et je suis à 4. Les contractions deviennent insupportables. Je sens que ça irait mieux assise sur le ballon. Retour dans la chambre. La kiné revient et à partir de là, je ne me souviens que d’une chose: la kiné et la sage-femme qui m’encouragent alors que rien ne va plus. Je sens toujours ce bébé qui pousse vers l’avant, je sens que ces contractions sont «inutiles», que ça ne va pas dans la bonne direction. Malgré les positions, c’est toujours mon pubis qui prend tout…

Mon col est à nouveau bloqué: 6 cm. La sage-femme propose de percer la poche, qui selon elle n’aide pas le bébé à descendre. Il est tellement haut qu’elle ne sera jamais arrivé à le toucher! D’abord je refuse, j’ai trop mal et j’ai peur que ça soit pire. La sage-femme n’insiste pas. 2 contractions plus tard je lui donne mon accord: il faut que ça avance! J’ai eu peur pour rien: bizarrement, les contractions d’après la rupture n’étaient pas plus douloureuses. Mes sensations ont pourtant changé: ça y est le bébé touche (enfin!) le col. Je ne gère plus la douleur. Je n’arrive plus à faire des ôôô, je n’arrive plus qu’à dire «non». La kiné me faire dire «oui», ce qui m’aide pendant 3 contractions, puis je réclame encore la péri. La kiné et la sage-femme m’encouragent, me rappellent mon projet de naissance, mais je persiste. Elles me rappellent qu’à la fin il y a un merveilleux petit bébé. Je leur dis qu’elle peuvent l’avoir, que je n’en veux plus (vraiment, je n’en veux plus!). Je pense à ce qu’on dit sur la phase de désespérance. J’ai du mal à croire qu’on puisse être encore plus désespérée que je ne suis.

Elles appellent alors l’anesthésiste. Elles me préviennent qu’elle est froide et désagréable. Je n’arrive que très difficilement à rester assise: les contractions me poussent le dos en arrière, comme un arc à flèche qui se bande. La péri est posée mais je sens encore tout: pendant quelques contractions, je pense que l’anesthésiste n’a rien fait du tout car j’ai toujours aussi mal! Je me calme et je finis par ressentir les contractions, mais sans douleur. C’est magique!

Toucher par une autre sage-femme (aux doigts plus longs) pour confirmer que le bébé est bien fléchi. C’est oui. Ouf. Il est juste tourné avec le dos contre le mien, ça prend plus de temps et c’est plus douloureux, mais ça ira! Je commence à douter et à stresser malgré les paroles réconfortantes. La péri m’a fait me reconnecter avec mon bébé: est-ce qu’il va bien, est-ce qu’il ne souffre pas trop? Je pose mes mains sur mon ventre et je lui parle. Enfin, depuis des heures j’avais été jusqu’à oublier sa présence! J’ai peur pour lui maintenant, en plus d'avoir peur tout court.

On me propose des tas de positions qui doivent, paraît-il, aider le bébé à se retourner. Je suis un zombie, je fais ce qu’on me dit mais je suis déconnectée des autres. Je suis avec mon bébé. A chaque contraction, je souffle. La kiné et la sage-femme se demandent pourquoi: je ne devrais plus avoir mal puisque j'ai la péridurale. Moi je sens que c’est ça qu’il faut que je fasse. Assez rapidement, je ressens le besoin de pousser. Toucher. Toujours à 6… La poussée devient de plus en plus forte. Au bout de 5 ou 6 contractions où je souffle comme une malade pour ne pas pousser trop fort (pas pousser du tout, c’est impossible) et je sens que ma respiration se bloque pendant la contraction. La douleur revient, la péri s’efface. La kiné me dit qu’elle va chercher l’anesthésiste et quand elle revient, elle s’est changée, elle a une blouse de l’hôpital. Il y a un changement d'ambiance mais je ne me rends pas comtpe que c'est parce qu'on entre dans la dernière étape. C'est le changemetn de service, alors j’ai droit à un traitement de faveur: 3 sages-femmes au lieu d'une! L'anesthésiste n'arrivera jamais et après coup, j'en suis bien contente.

Re-toucher: le col fait toujours un beau bourrelet, mais le bébé pousse trop fort. Trois contractions horribles avec une main de sage-femme sur le bourrelet et le bébé est dans mon vagin. J’ai horriblement mal au sacrum (désaxé, je le saurai par la suite) mais je sens qu’une résistance est partie. Avant il y avait une peur et la douleur, d’un coup, il n’y a plus que la douleur, c’est beaucoup plus gérable. Je demande si je peux me mettre autrement que sur le dos. Quatre paires d’yeux étonnés et la réponse est unanime: «ben, évidemment!» Je me mets sur le côté, la tête butte contre mon périnée, repars. Malgré la douleur, j’aime mieux que ça se passe comme ça, pour que mon périnée se distende… Les sages-femmes m’encouragent «vous pouvez le faire», la kiné me dit de ne pas hésiter à crier ma douleur, que les autres sont là pour la réceptionner. Ca me fait du bien. Contraction, encouragements, la tête reste contre mon périnée, ça brûle mais c’est supportable, encouragements, je touche, persuadée que je pourrais sentir ses cheveux, mais je ne peux pas encore, encouragements, contraction, la tête sort, contraction, je roule sur les dos, les épaules sortent et là j’abandonne, je ne veux plus, persuadée que le bébé sortira tout seul, floup… Non, il reste coincé. Encouragements. Je n’ai plus de contractions! (en fait je pense que j’étais uniquement trop impatiente d’attendre la suivante!) Je dis aux sages-femmes de le tirer, mais il reste «coincé». Elles m’encouragent à pousser encore et là il sort enfin! Quand je revois ce film dans ma tête, c’est comme si ça avait duré des heures, que tout s’était passé au ralenti, alors que ça s’est passé tellement vite! Je me souviens avoir pensé que je comprenais les joueurs de foot, parce que des encouragements pareils, c’était vraiment génial!

Une sage-femme me pose le bébé sur le ventre. David voudrait savoir le sexe: les sages-femmes lui disent en souriant que c’est une surprise. Je suis tellement dans le gaz que je n’arrive pas à soulever ce bébé pour regarder. Finalement je me force à le faire, pour David, c’est une fille! Ce bébé s’appellera donc Claire! Elle est rouge-mauve et plein de sang. Je ne peux m’empêcher de penser qu’elle ressemble à un rôti.
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Touille
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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyMer 25 Mar 2009 - 13:47

Prélèvement du sang de cordon. Le papa le coupe. La déchirure me brûle, je ne supporte plus ce bébé sur mon ventre. Elle me laboure avec ses pieds, le cordon pend entre mes jambes, juste là où ça fait mal. Le gynéco arrive, fâché d’avoir été appelé trop tard, mais avec moi il est super doux. Claire tête ses poings et ne cherche pas du tout le sein. Elle ne le renifle pas, elle ne sort pas la langue. Ca ne m’inquiète pas mais je voudrais qu’on me l’enlève. Je ne peux plus supporter de l’avoir sur le ventre. Je résiste un peu: je me souviens que je ne voulais pas de Zoé sur mon ventre non plus mais que je l'avais gardée et que j'en avais été contente après coup. Mais ici, ce n'est plus possible, j'ai besoin d'être seule, toute seule, même mon bébé me gène. J'ai même du mal à me rendre compte que c'est mon bébé. Je finis par demander qu'on l'enlève de mon ventre. Les sages-femmes la donnent à David à contre-coeur. Je souffle même si je culpabilise en pensant qu'un bébé devrait toujours rester à proximité de sa mère après sa naissance.

J’ai mal partout et je ne supporte plus la moindre douleur. Le gyné fait mettre les étriers sur la table pour me recoudre. Rien que le froid des étriers et je me contorsionne: qu’on m’anesthésie, je n’en peux plus! Il peste contre la péri qui ne fonctionne plus. La kiné et moi échangeons un clin d’œil. Ca fait quand même un certain temps qu’elle ne marche plus!

Le placenta sort tout seul et la douleur au sacrum s’atténue fortement. J’ai toujours mal à la déchirure. Anesthésie locale: 4 piqûres horribles. Rien que les doigts du gyné sur ma peau me font bondir, alors une aiguille… Pourtant le gyné est super doux. C’est seulement au bout de 7 points de suture que je commence à vraiment avoir envie de voir ma fille. David me la montre et je la trouve tellement belle! Enfin! Elle commence à devenir «mon» bébé. Je dois attendre encore un peu que le gyné ait fini son travail et je l’ai sur moi. Je suis toujours vaseuse et un peu nauséeuse. Les sages-femmes nous laissent dans la salle d’accouchement. Cette fois-ci, Claire se met à téter directement comme une pro! La deuxième fois était la bonne. Le soleil brille… je n’ai envie que d’une seule chose: être dans ma chambre et qu’on nous foute la paix!

Après une heure de peau à peau en salle d’accouchement, nous pouvons enfin gagner la chambre. Claire restera finalement plus de 4 h en peau à peau, à téter.

Je retiens de cet accouchement...
…que je n’ai jamais autant crié de ma vie et que ça m’a fait du bien! Un vrai charetier! Bon, j'ai aussi fait des ôôô qui m'ont fait du bien, mais les hurlements faisaient bien mieux passer la douleur ;-)
…que je ne pourrai jamais plus accoucher sans accompagnement ni sans préparer la naissance en faisant un projet de naissance.
...que je fais partie des femmes à qui il faut presque 24h pour mettre un bébé au monde et qui ne débordent pas de joie juste après la naissance. Il me faut du temps pour tout.

A propos de ce projet de naissance, je me rends compte que d’écrire ce projet m’a vraiment aidée à m’approprier mon accouchement. A la limite, vu l’hôpital, ce n’était même pas nécessaire de le donner aux sages-femmes. Mettre nos envies sur papier était finalement le plus important.

En ce qui concerne la péri, je l’ai eue et je l’ai appréciée. Je ne culpabilise pas du tout de l’avoir prise (merci les séances de psy après mon premier accouchement !) C’est elle qui m’a permis de me reconnecter avec mon bébé en quittant le tourbillon de la douleur. Il m’arrive même de penser que la prochaine fois, je n’attendrai pas aussi longtemps pour la prendre… même si, en règle générale, je trouve préférable d’accoucher sans.

En ce qui concerne l’accouchement à l’hôpital, je voulais encore dire, qu’à partir du moment où la sage-femme «principale» m’a encouragée dans le sens de mon projet de naissance, je me suis sentie totalement respectée. Je ne me suis jamais sentie «patiente» dans un hôpital, mais «femme qui accouche». J’ai pu prendre des décisions qui ont été respectées. Je leur en suis vraiment reconnaissante. C'est donc possible, il y a des hôpitaux où les femmes sont respectées!
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Touille
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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyMer 25 Mar 2009 - 13:47

... et désolée pour la longueur content050
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Koikoiette
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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyMer 25 Mar 2009 - 14:34

Yahouuuuuuuuuuu Touille, quel récit ! J'ai lu chaque ligne avec intensité, je me voyais poussée avec toi (t'as le sens de l'écriture content050 ).
Je te trouve très réfléchie et posée par rapport à tes accouchements et à ce qu'ils font naitre en toi. C'est impressionnant... Quel travail sur toi-même.

Pour l'image du roti, mon mari gardera toujours l'image d'un gigot d'agneau quand Lisa est née en siège, tu me rappel des souvenirs... content050
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Perrine
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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyMer 25 Mar 2009 - 15:00

Mon dieu Touille... je suis au bureau et c'est difficile de retenir mes larmes ... Ton accouchement me fait tellement penser au mien (sur la fin) : le col bloqué à 4 cm, ouvert au doigt par la gyné (pour éviter césarienne), puis à la ventouse pour les derniers centimètres, (pas de péri, j'arrivais même plus à penser pour la demander), cette douleur, mes cris, mes implorations que ça s'arrête et puis ma fille, sur mon ventre, mon homme qui répète qu'elle est magnifique et moi qui n'arrive pas à la voir : j'ai juste envie de pleurer, je me sens vidée ...

encore aujourd'hui je culpabilise de ne pas avoir éprouvé cet amour incommensurable dès les première minutes ... il m'a fallu une ou deux heures pour réaliser pleinement que mon bb était là, et ressentir, enfin, cette vague d'amour me submerger : 2 heures, qu'est-ce que c'est dans une vie ... et pourtant ces 2 heures pèsent encore tellement sur moi quand j'y repense ...

Merci pour ton récit qui m'aide à progresser (ça y'est, je pleure derrière mon écran ), à mettre des mots sur ce que j'ai ressenti ...
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Loula
A sa place au chaud
Loula


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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyMer 25 Mar 2009 - 15:16

Quel beau récit Touille !!! Ca m'a mis les larmes aux yeux (surement ces foutus hormones de grossesse content103 ), c'est vrai que tu écris drôlement bien. 0059_G
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Selkis
Modératrice
Selkis


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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyMer 25 Mar 2009 - 15:46

J'ai les larmes aux yeux!
Quel beau récit, merci d'avoir partagé ce moment si intense avec nous! aav
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Invité
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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyJeu 26 Mar 2009 - 8:34

pfiou quel tourbillon!

Merci d'écrire que ce n'est pas une extase pour toutes les femmes! C'est important de partager nos réalités!!!

aav
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LuneRose
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LuneRose


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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyJeu 26 Mar 2009 - 8:40

Magnifique, merci Touille pour ce partage, je suis super émue aav 0059_G aau
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Coelya
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Coelya


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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyJeu 26 Mar 2009 - 9:22

Merci pour ton témoignage 0059_G
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missgege
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MessageSujet: Re: Quand Claire est née...   Quand Claire est née... EmptyJeu 26 Mar 2009 - 9:38

Touille,

Ai-je besoin de te dire que je suis en larme??? Moi aussi au bureau (décidément nos collègues vont nous prendre pour des folles content050 )

Ton récit est touchant, vrai, sincère...

Il m'aide, moi aussi, à avancer...

Tu es une maman incroyable!!!!

Bisous aav aav
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