... on débarque sur des fofos, et on cherche des témoignages
Je m'appelle Marie, j'ai 28 ans, je suis illustratrice, et j
e suis atteinte de cette saleté de syndrome d'ovaires polykystiques. J'ai appris il y a peu - et je le digère mal - que je pouvais être rangée dans la catégorie des femmes infertiles. Le mot est agressif à mes oreilles, même si il ne veut pas dire "inféconde".
Je viens ici parce qu'avec mon mari nous essayons de mettre un petit bébé en route, et que j'ai besoin de soutient.
Après diverses recherches, je vois des tas de femmes qui dépriment pour des règles irrégulières, et je ne vois des conseils que pour elle (à ces filles là: on échange quand vous voulez
). Des solutions souvent uniquement pour elles également
Les tests d'ovulation ne fonctionnent même pas avec nous, les femmes victimes d'anovulation, tant nos hormones font n'importe quoi.
Pourtant nous sommes beaucoup à souffrir de ce problème.
Pour nous, aucun moyen de savoir quand on aura nos règles, aucun autre moyen que d'essayer tous les 2 jours (bonjour le tue l'amour... plus aucune spontanéité, et un ras le bol qui peut arriver vite). Si on peut avoir un cycle sous pilule ou avec du Duphaston, on n'ovule pas pour autant. C'est mon cas.
J'ai une chance ou deux par an, mais je ne sais pas quand elle tombe. Et l'absence de règles entraine des soucis de nidation. L’œuf ne "prend pas" facilement.
Le plus embêtant dans tout cela, c'est que ce problème qui m'empêche un peu de me sentir "femme" prend le dessus. J'essaye de rester zen mais parfois j'en arrive à me poser une question assez grave:
"Tu veux plutôt avoir un enfant, ou juste te prouver que tu peux en avoir?"Bref je viens ici pour papoter et trouver un peu de réconfort, je ne vous le cache pas
Autour de moi j'ai 6 ou 7 couples qui vont devenir parents cette année. C'est déprimant même si je suis heureuse pour eux. Pourtant plusieurs m'ont dit des choses comme "ç
a ne fait pas un an que tu essayes" ou des choses qui ressemblaient à "j'ai un peu galéré moi-même, attends ton tour et fais la queue comme tout le monde".
Mais ces gens n'avaient pas de problèmes. Ce n'est pas une course, mais ils font un peu comme si c'était le cas, maintenant qu'ils ont bébé en route. Si je reprends la métaphore, je me sens comme dans une voiture, prête pour une course, mais qui ne peut pas démarrer parce qu'elle n'a pas d'essence. Je n'ovule pas, moi. Essayer ne sert presque à rien à moins d'un coup de bol incroyable.
Il y a aussi cette espèce d'aura, qui rend impénétrable pour les gens sans enfants les discussions de parents ou de parents en devenir. Un peu comme les gens célibataires qui ont du mal à se sentir bien à une soirée où il n'y a que des couples. On ne m’envoie pas bouler, mais on ne me prête pas attention dans ces conversations, parce que moi, je ne suis pas mère, pas enceinte, je ne "sais pas". C'est assez flippant ce petit monde (en tous cas mes collègues/amis se comportent comme ça, j'ose espérer que c'est un cas particulier)
. Bref ça me renvoie à ma propre lose.
J'ai peur de perdre beaucoup de temps et mon moral à essayer dans le vide. Ma gynécologue me dit aussi d'attendre un peu. Mais c'est ce qu'on dit au couple lambda, parce que la plupart est trop pressée et vient se plaindre après 3 mois sans résultats. On ne peut pas dire ça à celui qui ne peut même pas vraiment commencer à essayer.
J'aurais aimé faire un message plus gai (et plus court
) pour me présenter, mais c'est un peu ce qui me définit en ce moment.
J'ai besoin de me confier, même si c'est comme ça, bêtement, sur internet.
Merci d'avoir pris le temps de me lire
Bien à vous,
Marie