la réforme des rythmes scolaires

Oh, Jess, je te sens si mal dans ton boulot, ne pouvant pas le faire comme tu le penses, comme tu le rêves. Et si tu en souffres, pq ne pas penser à te reconvertir, plutôt que faire ce forcing qui t'épuise?
Moi, un village BBN, je signe! Mais purée, quel projet! Il faut en effet plus que nos souhaits respectifs de changements, et c'est ça qui est difficile...

Rencontrée cette aprem à la bibliothèque : une de mes instit de maternelle !
Je lui dis que je suis devenue instit mais que je vais changer pour devenir nounou.
Elle me répond :"T'as bien raison, c'est ce que j'ai fais moi. J'ai pris ma pré-retraite dès que j'ai pu et je suis assistante maternelle maintenant.
- Et ça se passe bien ?
- Ca me va très bien, si j'avais sû, j'aurais pas attendu 22 ans pour changer. Tu sais, on ne peux plus travailler maintenant, entre la mairie, les parents et la hierarchie. C'est devenu impossible ! Et tu sais il y a du travail !
- Ah ? Pourtant on m'a dit qu'il y avait plein de nounous sans enfants à garder...
-Oh tu sais les parents, ils savent choisir. Une ancienne maitresse, ça vaut de l'or ! Et puis en péri-scolaire, avec ce qu'ils nous préparent, il va y avoir du travail ! "

Cette conversation a fini de me rassurer. Mon dossier de demande d'agrément est imprimé.
Et toi Jess, qu'est-ce qui te retiens finalement ?

Hé hé, devine quoi?
Je ressens la même chose, je m'épanouie beaucoup plus depuis que je suis nounou. Je regrette moi aussi d'avoir attendu (5 ans et une tentative de suicide dûe aux conditions de travail)
Et je confirme qu'il y a des nounous sans enfants, mais que celles qui savent bosser elles ne connaissent pas le chômage.
Moi ça à duré le temps de me faire connaitre...
Il y a peu d'appels mais à chaque fois je fais partie des sélectionnées.
Les bonnes nounous trouvent toujours ^^
Et toutes m'ont choisie non pas pour mes tarifs, mais bien pour mes idéaux.

Alors, ce qui me retient :

- l'envie de rester dans le système pour avoir une chance de changer les choses (on se refait pas)
- la peur de pas trouver d'enfant à garder assez vite parce que financièrement c'est chaud (et dans mon secteur, y'a vraiment un souci, c'est dur de trouver à garder)
- mon appartement (certes, on a parqué les instruments de musique, mais il resterait plein de petits travaux à faire et c'est un F3, je ne sais pas combien d'enfants je peux prétendre à garder (le mieux serait d'en discuter avec ma propre ass mat, qui vit en appart aussi)
- la peur de ne pas savoir faire (comment faire un boulot de qualité avec plusieurs bébés ? un porte-bébé double ? )

Enfin, faut que je me renseigne sur comment ça se passe pour l'agrément.

Et surtout, j'aime mon métier, dans le principe... Ce serait un crève coeur.

Je m'interroge : me mettre à mi-temps ou me reconvertir ?

Enfin une bonne idée de la mairie de Paris, mettre en oeuvre la réforme, mais en arrêtant les cours plus tôt à 15h30, au lieu d'allonger la pause méridienne :
http://www.liberation.fr/societe/2013/02/11/decision-fin-mars-sur-les-rythmes-scolaires-a-paris_880954

Disons que ce n'est pas encore décidé, mais ça va dans ce sens-là.

Lettre ouverte à mes collègues
Voici une maman institutrice de maternelle qui résume assez bien les problèmes auxquels nous risquons d'être confrontés.
Elle s'est exprimé en tant que maman sur un blog personnel, elle a osé assumer et signer de son nom.
J'espère qu'elle n'aura pas de soucis par la suite (obligation de réserve)

celya a écrit:

Enfin une bonne idée de la mairie de Paris, mettre en oeuvre la réforme, mais en arrêtant les cours plus tôt à 15h30, au lieu d'allonger la pause méridienne :
http://www.liberation.fr/societe/2013/02/11/decision-fin-mars-sur-les-rythmes-scolaires-a-paris_880954

Disons que ce n'est pas encore décidé, mais ça va dans ce sens-là.

Le souci, c'est qu'à la mairie de Paris, ils ont les moyens. Mais dans notre commune plutôt pauvre (faut voir le peu de matériel qu'on a), la mairie ne veut pas payer des animateurs en périscolaire supplémentaires. Ca va creuser les inégalités entre communes. La solution est loin d'être simple.

je suis d'accord avec toi jess.
c'est très bien qu'à Paris ils fassent ça (mais bon, est ce que l'encadrement va être le même d'un arrondissement à l'autre? je suis persuadée que non, je suppose que les budgets varient...).
mais ailleurs?
en gros si la mairie du lieu où notre enfant va à l'école a décidé de mettre un gros budget pour l'éducation, ce sera top. Plein d'activités bien encadrées etc... (je suis un peu utopiste je crois mais bon);
Mais ailleurs? dans les petits villages avec petit budget? et dans les grandes villes de banlieue?

Sud Seine et Marne, milieu rural pas franchement favorisé. Ecole de 6 classes (plus que 5 à la rentrée), regroupant 3 villages (donc école cogérée par les 3 villages: je vous laisse imaginer les querelles de clocher, on est looooin de voir l'intérêt des enfants en premier lieu!).

On s'oriente dans l'état actuel de la réforme à un allongement de la pause méridienne (qui va donc concerner les 80 enfants de l'école qui mangent à la cantine), sous l'unique surveillance des 2 atsem, corvéables à merci.
choueeeettte!!!!


Magali - en grève aujourd'hui!

La semaine dernière j'étais à une réunion de quartier organisée par la mairie de ma ville, ils nous ont dit qu'ils ne savent pas du tout comment ils vont pouvoir s'organiser, ils n'ont pas les fonds pour payer des encadrants périscolaires supplémentaires. Des idées ont été données pour faire coïncider les entraînements sportifs et les activités extra-scolaires, mais dans ma commune la majorité des activités extra-scolaires (arts plastiques, danse... etc) sont assurées par des bénévoles, donc c'est compliqué à organiser. Bref ça va être un bon gros capharnaüm, et ce qui est sûr c'est que chez moi la réforme des rythmes scolaires ne sera pas appliquée à la rentrée prochaine

Jess a écrit:

celya a écrit:

Enfin une bonne idée de la mairie de Paris, mettre en oeuvre la réforme, mais en arrêtant les cours plus tôt à 15h30, au lieu d'allonger la pause méridienne :
http://www.liberation.fr/societe/2013/02/11/decision-fin-mars-sur-les-rythmes-scolaires-a-paris_880954

Disons que ce n'est pas encore décidé, mais ça va dans ce sens-là.

Le souci, c'est qu'à la mairie de Paris, ils ont les moyens. Mais dans notre commune plutôt pauvre (faut voir le peu de matériel qu'on a), la mairie ne veut pas payer des animateurs en périscolaire supplémentaires. Ca va creuser les inégalités entre communes. La solution est loin d'être simple.

Là vraiment ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi l'éduc nat = l'Etat ne se charge pas lui-même d'organiser ces fameuses activités périscolaires ; pourquoi le laisser à la responsabilité locale de chaque mairie ? En vertu de la décentralisation ? Du fait que c'est déjà les communes qui organisent la cantoche en dehors des horaires purement scolaires ?
Je sais je pose une question qui doit sembler bien naïve. En gros l'Etat décide que les communes se démerderont ? L'Etat décide sans fournir les moyens et les communes sont chargées d'appliquer avec leurs moyens locaux ? Encore une fois pardon pour la naïveté de mes questions.

l'état n'a même pas assez de budget pour l'ed nat (les profs, et tout et tout)

je sais pas comment ça marche au niveau maternelle et primaire, mais les colleges dépendent du conseil général.

celya a écrit:

Là vraiment ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi l'éduc nat = l'Etat ne se charge pas lui-même d'organiser ces fameuses activités périscolaires ; pourquoi le laisser à la responsabilité locale de chaque mairie ? En vertu de la décentralisation ? Du fait que c'est déjà les communes qui organisent la cantoche en dehors des horaires purement scolaires ?
Je sais je pose une question qui doit sembler bien naïve.

parce que l'état n'en a tt simplement pas les moyens!

celya a écrit:

En gros l'Etat décide que les communes se démerderont ? L'Etat décide sans fournir les moyens et les communes sont chargées d'appliquer avec leurs moyens locaux ? Encore une fois pardon pour la naïveté de mes questions.

c'est ça, t'as tt compris!!!

Les écoles maternelles et primaires sont à la charge des communes, les collèges aux conseils généraux et les lycées aux conseils régionaux.

Et oui, comme dit Mekati, l'Etat transfère mais n'a pas/plus les moyens de mettre sur la table pour que ça se passe bien. On sort un peu du débat, mais l'acte 3 de la décentralisation prévoit effectivement de nouveaux transferts de compétence avec juste les moyens financiers qui correspondent. Vous imaginez donc bien que les collectivités qui ont les moyens, mais c'est bien rare à l'heure actuelle, pourront mettre en place des choses. Les autres...

mimi a écrit:

Les écoles maternelles et primaires sont à la charge des communes, les collèges aux conseils généraux et les lycées aux conseils régionaux.

Ca je savais, mais ce que je ne connais pas c'est le détail de comment ça se passe ; donc en gros l'Etat paie les salaires des enseignants, des postes administratifs ou péri-enseignant style ATSEM, ATOS, et quoi d'autre ?

Ah non, les ATSEM sont personnel communal.

L'état paie le salaire des enseignants, et des personnels spécialisés (RASED et cie: c'est d'ailleurs pour ça qu'on en a plus, pas de sous!)

Ah et l'état payait aussi les emplois administratifs précaires d'aide aux directeurs (EVS...), c'est pour ça qu'il n'y en a plus non plus.

L'idéal serait que les profs fassent du bénévolat de 15h45 à 16h30, bien sûr ! C'est pas que je ne veuille pas bosser, mais même si on me payait, je ne le ferais pas : j'ai une vie (enfin, j'essaie). Donc, ça, l'Etat le sait bien : personne ne lui fera cadeau de cet encadrement, donc les mairies se débrouillent.

Ce que je ne comprends pas, c'est que si les mairies n'ont pas les moyens, pourquoi elles ne refusent pas massivement d'appliquer la réforme plutôt que de proposer l'inacceptable ?

celya a écrit:

mimi a écrit:

Les écoles maternelles et primaires sont à la charge des communes, les collèges aux conseils généraux et les lycées aux conseils régionaux.

Ca je savais, mais ce que je ne connais pas c'est le détail de comment ça se passe ; donc en gros l'Etat paie les salaires des enseignants, des postes administratifs ou péri-enseignant style ATSEM, ATOS, et quoi d'autre ?

Loin de moi l'idée de te faire croire que je t'ai pris pour une nouille, hein. J'avais pô bien compris ce que tu voulais savoir exactement. Donc c'est moi la nouille !

Heu mais non mimi, tu n'es pas une nouille rassure-toi. Et je n'ai pas cru que tu me prenais pour une nouille .
C'est juste que pour savoir exactement qui paie quoi (stylos-billes, papier toilette, salaires), il faut être connecté à l'éduc nat ou aux collectivités locales. Je ne suis pas au jus

En l’occurrence, stylo-bille et papier toilette, c'est sensé être la mairie.

Mais l'un et l'autre n'entrent pas dans le même budget. Le papier toilette fait partie des frais d'entretien des bâtiments municipaux, tandis que les stylos sont comptés dans les frais de scolarité.

J'ai eu des infos par une voisine qui est instit' dans un village voisin.
Ici, c'est la pause méridienne de 2h 45 qui l'emporte. La communauté de communes la plus proche engagerait des animateurs BAFA, mais quid du taux d'encadrement. Elle m'a parlé de 50 euros par enfant, reçus de l'Etat. Par mois? par an? Les impôts locaux vont augmenter.
Ma voisine travaille dans une petite école, et là, le maire demande une dérogation. La mairie n'a absolument pas les moyens suffisants pour supporter le coût de tout cela.
Et l'inspectrice lui aurait dit que dans deux ans, le gouvernement imposerait une modification des périodes de vacances scolaires, avec cours jusqu'au 14 juillet.

Et moi, je me demande. Au niveau national, les parents ne peuvent-ils pas, via des associations de parents, soutenir les enseignants? manifester contre ce projet?

Ici, des infos. et une pétition
http://www.peep.asso.fr/art-9984-la-peep-lance-un-manifeste.html

Je vais me faire taper dessus par les instits du forum, mais... je vais quand même m'exprimer.

J'entendais à la radio un prof qui disait "On est quand même pas là pour éduquer les enfants!"
Et là, mon coeur bondit, j'ai envie de hurler: " Dis donc pauvre C**, dans EDUCATION nationale, c'est quoi le mot que tu comprends pas???"
Alors bien sûr, avec du recul je comprend ce qu'il veut dire. Ces bons vieux parents défaillants qui se reposent sur les profs pour éduquer leur progéniture.
Ouais enfin bon... Education nationale quoi... et pis bon, on va leur dire quoi aux enfants dont les parents travaillent en décalé, sont absents pour raisons diverses et variées, justifiées ou non d'ailleurs, aux enfants dont les parents s’intéressent réellement pas à eux?
Pas de bol petit, c'est pas notre boulot, tant pis pour toi, tu resteras pas éduqué, c'est pas notre faute, c'est celle de tes parents...
Et on les laisse sur le carreau en se plaignant que la société va mal?

Vous pensez que j'attaque les profs? Non.

Je remet juste en cause un système qui a perdu le sens de son propos.

En entendant ce prof, je me suis mis à réfléchir. Et je me suis demandé "à quoi ça sert d'apprendre à lire, à compter, à écrire?"
A savoir se débrouiller dans la vie entre autre. Mais comment tu te débrouilles quand tu ne connais même pas les règles élémentaires de savoir vivre?
ça ne fait pas partie du programme scolaire alors que ça devrait être la base de la société.

Ils veulent une vraie réforme?
Revoyons les priorités. L'instruction c'est important, mais l'éducation, elle, est capitale.
Il ne faut plus se retrancher derrière des "c'est pas mon rôle", c'est le rôle de tous de penser à l'avenir.
Il faut que l'EN planche un peu sur ses priorités.
Savoir lire à 6 ans mais ne pas savoir se comporter en société, est ce vraiment mieux que savoir lire un peu plus tard mais comprendre la portée de ses actes?

Bref, je crois que l'EN a besoin d'une réforme un peu plus en profondeur que celle qu'on nous propose là, et qui finalement me semble plus sujet à problème que résolution.

Le souci, c'est que l'éducation EST le devoir des parents. Et que de toutes façons, nous instits, on peut se tuer à essayer d'éduquer les élèves, on se heurte à un mur car ce qui est déterminant en la matière, voire irrattrapable, c'est ce qui se passe à la maison. Ben personnellement, à force de me casser le nez contre un mur, ben oui, je démissionne un peu de ce côté là par pur désespoir, fatigue nerveuse, et surtout parce qu'il en coûte, du coup, à ma propre fille.

De l'éducation, on est bien obligés d'en faire, mais à la maison, nos élèves entendent un autre discours et des "mais de quoi elle se mêle, ta prof ?" Alors on fait quoi ?

Et personnellement, vu comment certains de mes collègues parlent à leur élèves, je préférerais que l'éducation soit le seul boulot des parents !!! J'ai pas envie que ma fille rentre avec en tête qu'elle est "bête" ou "bébé" ou qu'elle "saoule la prof".

Et moi, dans tout ça, je me pète les nerfs, j'essaie de mener à bien le programme tout en tentant de déformater et éduquer mes élèves, en m'efforçant de leur parler correctement et... Ben voilà, cette année encore, une mère d'élève veut porter plainte.

Franchement ? J'en ai ma claque ! Et oui, ce sont LEURS enfants. Pas que je veuille les abandonner, mais je ne veux pas abandonner ma fille, l'exposer à des choses qui me dépassent et je veux conserver ma santé mentale ainsi que mon intégrité physique, voilà tout. Voilà dans quel état sont les profs.

C'est sûr, va falloir réfléchir à remanier tout ça...