Bah moi je veux bien m'y coller pour l'histoire d'un bel accouchement à l'hôpital, même s'il ne s'est pas passé en France. Mais malgré ce bel accouchement qui m'a réconcilié du premier, je souhaite pouvoir accoucher à mon domicile pour un éventuel 3eme!
Attention...c'est long
Cette journée là, vendredi 23 novembre s'annonce un jour comme les autres...Pas de signes annonciateurs, pas de contractions douloureuses, rien de rien...
C'est ma DPA, mais je n'y crois plus vraiment...Ce ne sera pas non plus pour aujourd'hui...
Le soir, je prends le bain avec Anaé, et j'ai l'impression de perdre un peu de liquide, c'est chaud...mais bon, je suis dans le bain, difficile d'être sûre.
En sortant du bain, ça commence à couler davantage mais pour le moment je reste encore sceptique...Je mets une grosse serviette hygiénique et là l'écoulement s'intensifie selon les mouvements...Peu à peu le doute fait place à une certitude...Notre rencontre avec Lola est proche, youpii!
Je téléphone à mon accompagnante et lui fait part des derniers développements. Pour elle, j'ai encore le temps de voir venir même s'il s'agit d'une perte de liquide. Je peux attendre demain matin. Je lui parle des risques d'infections et elle me dit que là ou ça risque peut-être le moins c'est bien la maison. Bref, pour le moment pas de précipitations...Mais elle me dit aussi que si les contractions n'apparaissent pas d'ici là, ils me déclencheront surement et les contractions risquent d'être plus difficiles à gérer...Hmmm, ça fait pas mon affaire ça! Intérieurement, je parle à Lola...Cocotte, là faut que tu m'aides un peu...fais moi un signe ma puce, c'est l'heure!
Une heure plus tard, les premières contractions commencent...Pas régulières et pas très douloureuses...Mon appel a-t-il été entendu? Merci ma tite Lola!
Je rappelle Dominique pour la tenir au courant. Elle est ravie de voir que les choses se précisent et me conseille de prendre un bain d'au moins 30 minutes pour s'assurer que les contractions sont du vrai travail.
Il est 21h, Pat et moi décidons d'aller au lit et de voir venir...A peine couchée, les contractions deviennent de plus en plus régulières...10, 8 puis 5 minutes...
Je décide de tester le bain...Les contractions continuent, régulières comme un métronome...
30 minutes plus tard, je sors du bain. Je continue à avoir des contractions, la douleur commence à s'intensifier...Je perds encore du liquide, et je décide de prendre quelques contractions assises sur le bol de toilettes.
Je ferme les yeux, je me détends entre chaque contraction. Je la laisse venir...C'est une vague..Je la sens arriver, elle monte et déferle dans tout mon corps...Je vois le visage d'Anaé...Ma Biboulette, donne moi le courage de donner la vie une seconde fois, sans aide. Je veux le faire pour toi et pour ta soeur. Je suis capable. Encourage moi, j'ai besoin de toi. Son sourire m'inonde et me calme durant la vague. Ma fille dort à côté mais elle est avec moi. Et sa petite soeur va bientôt nous rejoindre....
Vers 23 heures je décide d'appeler Dominique. Les contractions sont régulières depuis deux heures, la douleur augmente, je sais que c'est pour cette nuit. Elle me demande de la rappeler une fois rendue à la maternité, que j'appelle en suivant pour les prévenir de mon arrivée...Nous récupérons les valises, et nous partons tranquillement. La nuit est froide, très froide, je donne naissance à chaque première neige ça a l'air!
23h30, départ pour la Maternité.
Sur la route, les contractions sont plus difficiles à gérer...les sursauts à cause des trous dans l'asphalte, les virages, tout amplifie la douleur...Ouf, Anaé reste avec moi...Lola accroche toi, ça s'en vient.
Nous arrivons à minuit. J'ai des contractions dans le stationnement, le gars de la sécurité me regarde un peu désemparé. Pourtant je dois pas être la première femme enceinte à contracter dans un stationnement d'hopital! Je contracte encore dans le sas d'entrée, une chance que Pat est là! Il me soutient, j'en ai besoin là!
Arrivés à la Maternité, on m'envoie dans une salle. Il fait tellement froid que je tremble de partout. On demande aux infirmières de monter le chauffage mais apparemment c'est un système central et elles ne peuvent rien faire. Il y a un problème et ils vont appeler un réparateur...Ouais c'est bien le moment!
On s'installe tranquillement, je sors mon CD de musique d'ambiance, je tamise la lumière...L'infirmière s'appelle Julie, elle est gentille. Elle me demande d'enfiler la jaquette, évidemment je refuse et lui dis que je préfère porter mes propres vêtements...Ça négocie un peu, elle me dit qu'en cas d'urgence, il faudra couper et que ma chemise sera perdue. Je lui réponds qu'elle est vieille et que je la gardais juste pour l'accouchement...Je lui donne mon plan de naissance. Elle le lit attentivement. Elle l'emmène pour que la résidente le lise...Apparemment, tout est correct, mon plan n'a rien d'extravagant...
Par contre elle m'annonce que je suis positive au strepto B donc je vais devoir recevoir un antibio par intraveineuse...Nooon, je veux pas qu'on me branche! J'ai un pincement au coeur en entendant ça mais elle me rassure, ça ne durera qu'une demi-heure ensuite on me débranche. Ouf!
Les contractions se poursuivent...Vers 1 heure la résidente et l'externe arrive et on me vérifie le col...Je suis dilatée à 4..cool, mes contractions ont été efficaces jusqu'à maintenant...Mais le plus dur reste à venir!
Patrick appelle l'accompagnante pour lui donner les dernières nouvelles. Elle se met en route.
Je demande le ballon, je m'accôte sur le lit avec des coussins et j'en passe quelques unes ainsi. Patrick me masse le bas du dos...Ça fait maaaaaal! J'ai l'impression de m'ouvrir en deux, ça appuie sur l'anus, c'est vraiment spécial, je sens bébé descendre. J'encourage Lola à venir. Nous sommes une bonne équipe, vas-y ma Lola, maman t'accompagne allez, viens me rejoindre! Ça me fait du bien de penser à elle. Je souffre, oui, mais pour une sacrée bonne cause! Julie l'infirmière passe aux 30 min pour vérifier le coeur de Lola durant les contractions. Tout va bien, le coeur bat très bien et de façon très régulière.
Je me déconnecte entre deux contractions, je fais le vide, je m'endors presque, c'est assez incroyable comme les endorphines durant l'accouchement peuvent être puissants! La musique joue bien son rôle.
L'accompagnante arrive, je la remarque à peine tellement je suis dans ma bulle. Je gémis, je parle, je chante, je fais tout ce qui me passe par la tête. Patrick s'affaire à me masser à chaque contraction...
Deux heures plus tard, j'ai envie d'uriner, l'accompagnante me suggère de prendre un bain bouillonnant pour changer le mal de place, elle va en faire la demande auprès des infirmières. Pour le moment, on m'a laissé pas mal tranquille...Je suis sur les toilettes, mon envie d'uriner bien présente mais rien ne vient...Par contre, je sens que ça pousse étrangement vers le bas...Je me relève et au moment de rejoindre Patrick...Plouffffff je perds tout le reste des eaux et immédiatement une envie de puissante de pousser m'envahit...C'est complètement incontrôlable, je ne maitrise pas mon corps...J'en fais part à la résidente qui vient d'arriver. Elle commence un peu à paniquer...On va vérifier votre col avant d'aller dans le bain alors, c'est pas le temps d'accoucher dedans!
Là elle m'examine et stupeur, je suis dilatée complètement et la tête du bébé arrive! Branle bas de combat, elle me demande de ne pas pousser tout de suite (facile à dire!) et elle part chercher le reste de l'équipe, on sort les instruments, on enlève le bas du lit, on sort les étriers...A leur vue, je commence à rouspéter, non pas la position gynécologique...Désolée madame on n'a plus le temps là...oui mais moi je veux pas accoucher comme ça...Finalement je me penche sur le côté, je n'ai plus qu'un pied dans l'étrier, l'autre c'est l'infirmière qui me tient. Une contraction s'en vient, intense, puissante, ouf, je veux pousser, je ne suis plus rien qu'une poussée, Lola et moi, ensemble, bientôt elle sera parmi nous...Ces poussées sont efficaces la tête commence à apparaitre...Entre deux contractions, je me relâche totalement, je ferme les yeux, je concentre toute mon énergie sur la poussée suivante. Les infirmières essaient de me diriger mais mon corps sait ce qu'il a à faire, mieux que personne. Je prends mon temps...Oh une autre contraction...Après moins de 15 minutes, j'entends la résidente me dire, madame venez chercher votre bébé...Hein quoi déjà???!! Sans réfléchir j'ouvre le yeux et je tire ma petite fille de moi. C'est une sensation complètement folle, je la vois et je la sens encore à l'intérieur, ce sont les dernières secondes de sa vie intra-utérine, c'est une séparation douloureuse et heureuse à la fois, je la pose sur moi, elle est là pleine de vernix et tout plein de cheveux collés, je la trouve minuscule!!!!! Je réalise à peine, tout est allé si vite! Ma petite Lola pousse son premier cri, elle est encore rattachée à moi par le cordon car j'avais demandé qu'il cesse de battre avant de le clamper. Ils ne pouvaient pas à cause des prélèvements, mais ils l'ont laissé battre le plus longtemps possible pour que Lola récupère le sang qu'il contient. J'ai appris plus tard qu'elle avait un tour de cordon autour du cou, mais rien de dramatique vu qu'il était très long. Papa coupe enfin le cordon. C'est fini. Lola est parmi nous... J'ose à peine imaginer ce qui vient de se passer.
J'ai eu un accouchement merveilleux, au-dela de ce que j'avais imaginé. Une espèce de fierté maternelle m'envahit...J'ai fait ça toute seule comme une grande, j'avais donc raison de faire confiance à mon corps et en mes capacités à donner la vie. Je suis plus qu'heureuse à cet instant précis. Y a pas de mot assez fort.
Lola grogne un peu et commence à chercher mon sein, qu'elle trouve quelques instants plus tard et qu'elle attrape comme si elle s'était préparé durant des semaines pour cet instant! L'accompagnante n'en revient pas comment elle tête bien. Elle me félicite. Elle est fière de moi. Patrick est encore sous le choc de la rapidité, il m'embrasse...Je sens toute son admiration pour ce que je viens d'accomplir, non...pour que que NOUS venons d'accomplir, Lola, Anaé, papa et moi.