Naissance d’ALoïs
L’échographie calculait la date du terme pour le 4 Avril, je le préssentais autour du 28 Mars, on m’avait prédit un accouchement le 17 mars au plus tard... et effectivement le dimanche 16 je me réveille et passe la matinée avec des contractions toutes les demi-heures... puis ça passe. Le Lundi je passe ma dernière journée seule avec Malik (Loïc travaille et rentre quand même plus tôt). Malik est charmant tout se passe à merveille. Nous faisons une grande promenade tous les deux... sans contraction à l’horizon.
Mardi je retourne travailler, j’ai une stagiaire à encadrer. Loïc a une formation à Paris en fin de semaine, partira-t-il, oui, non, nous prendrons la décision au dernier moment...
J’ai quelques contractions Mardi et Mercredi, je sais que je peux accoucher là ou bien attendre dimanche... comme il n’y a rien de concret Loïc par Jeudi matin après très longue réfléxion. Il est convenu que je dois l’appeler au moindre signe (il y a presque 3 heures de route).
Jeudi soir une copine qui garde souvent Malik vient m’aider. Soirée DVD, RAS dans la journée.
Vendredi soir, c’est la Marraine de Malik, Claire, qui arrive et restera jusqu’au dimanche midi. Dans la journée aucun signe avant courreur, même moins qu’en début de semaine, je sais que ce n’est pas le monent, ce serait trop compliqué et stressant vu que Loïc n’est pas près de moi. Il suit sa formation (sur la périnatalité...!!) le téléphone dans la main prêt à rappliquer le plus vite possible. Il rentrera de toute façon Samedi soir et loupera la dernière demi-journée.
Samedi matin, nous partons faire le marché avec Claire et Malik. Il fait beau, je ne travaille plus, c’est ma première vraie journée de vacances.
On couche Malik pour la sieste et je reprends ma tisane de feuilles de framboisier que j’avais abandonnée les deux derniers jours, pour me convaincre que ce ne serait pas ces jours-là !
Sieste devant les 101 Dalmatiens, je finis la deuxième manche de la petite brassière que je tricote. Je me sens plus légère au fur et à mesure que le temps passe, Loïc revient ce soir. Les tiraillements de fin de grossesse se font à nouveau sentir gentiment, je les laisse venir. Je suis vraiment soulagée quand Loïc rentre à 21h30, lui aussi...
Bon repas, bonne soirée, nous sortons les viennoiseries congelées (les parents de Loïc sont boulanger-pâtissier, il y a toujours des réserves dans le congélateur au cas où...) pour le petit déjeuner de Pâques, et on se couche tranquillement à minuit et demie.
A 2h, je suis réveillée par des douleurs intenses dans le bas du dos, je décide d’aller aux toilettes histoire de libérer un peu de place. Au moment où je passe à 4 pattes pour me lever (nous dormons sur un futon), je sens un liquide couler, je m’attends à ce que ce soit la poche des eaux qui se fissure... mais c’est du sang. Je réveille Loïc et lui demande d’appeler la sage-femme, Joëlle, et je file aux toilettes. Au téléphone, Loïc reste très calme ce qui déconcerte un peu Joëlle, elle demande à me parler pour avoir des précisions sur ce qui se passe et sur l’imminence de sa venue.
Elle me dit que le sang vient probablement du col et demande si on veut qu’elle vienne tout de suite (elle a presque 1h de route). Je suis convaincue que la naissance sera rapide et depuis que je suis debout je sens des contractions assez fortes et régulières, je préfère qu’elle vienne vite.
Je retourne dans la chambre, m’assieds sur le ballon pendant que Loïc finit d’installer les draps sur notre lit. Claire nous rejoint le regard flou... Pendant que mes contractions passent sur notre lit, Loïc requisitionne le canapé-lit du salon où Claire dormait, pour y installer une bâche fine et un drap. Ils réaménagent un peu le salon pour que je puisse circuler à mon aise au besoin. Claire est un peu perdue, ce n’était pas vraiment prévu qu’elle soit là... elle ne sait pas quoi faire pour se rendre utile. Loïc, la voyant démunie, lui confie la délicate tâche de nous préparer un gâteau au chocolat.
Il finit de préparer le salon, fait couler un bain et sort ses huiles essentielles pour me les faire choisir, ce sera la synergie “Accouchement harmonieux” de Pranarôm celui que j’avais déjà utilisé pour la naissance de Malik. Curieusement les huiles pures me conviennent moins que celles mélangées...
Pendant ce temps, je suis dans la chambre et je m’aperçois que je suis toute tremblante d’excitation, je ressent fort les contractions... J’essaie donc d’entrer dans ma bulle, de me concentrer pour “faire le plein d’endorphines”. Je commence à me faire un Reiki pour me poser... Je dis à Loïc d’arrêter le bain, je n’irai pas dedans, les contractions dans le dos sont trop désagréables pour que je puisse rester assise ou allongée dans une baignoire. Vers 2h30 je rejoins Loïc et Claire dans la cuisine, et je sens l’odeur exquise du gâteau au chocolat en train de cuire, ce qui a le meilleur effet relaxant au monde. Ça me réjouit, je me sens bien et détendue d’un seul coup...
Plus sereine, Claire ne trouve pas encore sa place et propose d’aller dormir dans la chambre de Malik quand le travail s’intensifiera. En attendant on s’installe dans le salon et Joëlle arrive. Elle s’installe avec nous, par terre, et me demande si je veux écouter le coeur du bébé. Je lui réponds que je viens de le sentir bouger, donc pas besoin de me rassurer, elle me fait confiance...
Les contractions passent, je suis à genoux par terre, appuyée sur le ballon, puis je décide d’aller sur le canapé, je continue de saigner et je préfère être sûre de ne pas salir la moquette... C’est un canapé futon, donc je suis au ras du sol quand même !
On discute entre les contractions, de choses et d’autres, d’accouchements, de médecines douces... Claire trouve sa place petit à petit, je garde mon pantalon malgré les saignements pour ne pas qu’elle se sente gênée. Les voix se taisent quand les contractions arrivent, puis la conversation reprend. Loïc me masse le dos avec les huiles, ça me fait du bien... Je lui interdis d’enlever ses mains. Les volets sont fermés, la lumière est tamisée, je n’ai aucune idée du temps qui passe, et je m’en fiche... Je sens juste les contractions qui s’intensifient et que j’accompagne, et cette présence chaleureuse et discrète de Loïc, Claire et Joëlle, qui sont là pour moi, suivent les contractions dans une grande sérénité...
Je perds de plus en plus de sang, je commence à ressentir les premières envies de pousser... J’ai envie de changer de position, j’ai mal aux jambes. Je m’allonge mais c’est terrible, assise c’est impossible, je reviens donc très vite à ma position 4 pattes. A chaque contraction, il y a un flot de sang, Joëlle nous rassure, le placenta est sûrement antérieur, le travail est franc et rapide, c’est impressionnant mais sans gravité. Devant la force des contractions, j’enlève finalement mon pantalon. Claire me demande si je veux qu’elle parte, je lui dis que sa présence ne me dérange pas. Elle reste donc et c’est très bien comme ça.
J’amuse beaucoup Joëlle car je commente l’avancée du travail et mes sensations au fur et à mesure : “Allez mon Bébé, viens vite... doucement doucement ça doit pas aller trop vite.... je commence à en avoir marre... c’est bon signe ça veut dire que c’est bientôt fini...” Je regarde mon ventre qui diminue à vue d’oeil : le bébé est tout au fond de moi, je sens quand sa tête s’est engagée dans le bassin, c’est rigolo de voir mon ventre si mince alors que le bébé est encore dedans !
Je me mets sur le côté, j’ai besoin d’étirer mes jambes et les poussées sont fortes maintenant. Loïc s’installe à mes pieds et me sert d’étrier en maintenant ma jambe droite en l’air. Joëlle se met en face de lui. Claire reste à ma tête et me tient la main pour que je puisse tirer desus et m’étirer pendant les poussées. Je demande l’heure, il est 5h13. Je venais de me dire que le bébé naîtrait probablement vers 6h, c’est un chiffre rond, à l’aube, ça nous laisserait un peu de temps avant le réveil de Malik... Les poussées s’enchaînent, j’ai parfois du mal à rester concentrée sur chacune d’elles, mais quand je ne le suis pas je ressens vivement la douleur. Je parle au bébé, j’en ai marre maintenant, il est temps de passer aux choses sérieuses ! Et là tout s’enchaîne : tout à coup, sur la fin d’une contraction, la poche des eaux explose sur le pantalon de Loïc, le liquide est clair, tout va bien. Contraction suivante, je m’ouvre en me basculant presque sur le dos ma jambe vers Loïc : la tête arrive et sort, puis l’épaule dans la foulée ! Je sens une grande brûlure, ça tire fort, je râle, ça fait mal, et puis tant pis, il faut bien que le bébé naisse, c’est là qu’il faut s’effacer et lâcher prise...
Loïc voit la tête sortir et pensait l’acceuillir... sa bouche et son nez sont pleins du sang du placenta, c’est impressionnant, une peur panique l’envahit, il ne bouge pas et regarde cette tête toute bleue couverte de sang sortir face à lui, les mains de Joëlle appairaissent dans son champ de vision et accompagnent le passage du Bébé qui se met aussitôt à crier...soulagement intense pour Loïc...
De mon côté, je tends les bras vers mon bébé et le pose sur mon ventre. Il est effectivement couvert de sang mais ouvre les yeux et respire bien. On essuie un peu son visage avec un serviette, et il reste tout contre moi, c’est le Bonheur, tout est fini... il est 5h30.
Joëlle tire légèrement sur le cordon, me demande si je sens le placenta soritr, me masse le ventre. Un peu surprise, je la sens attentive, apparement il faut qu’il sorte rapidement vu le sang qui a coulé. Je sens qu’il va sortir vite. Une petite contraction plus tard et le voilà sorti. Elle le pose dans un plat à côté de nous et l’examine attentivement, il est entier.
Tiens au fait... c’est une fille ou un garçon... aucun de nous ne sait et on n’a pas envie de déranger le Bébé. Quelqu’il soit, ce sera Aloïs. Le Bébé a choisi son prénom il y a quelques semaines. On se resout à retourner Aloïs pour voir, c’est une fille, comme on le préssentait depuis le début de la grossesse.
Après la première têtée, je confie Aloïs à Joëlle, pour les “examens”, elle pèse 3 kilos tout rond. On ne la mesure pas, ça attendra, pareil pour le bain. Loïc l’habille le temps que j’aille prendre une douche rapide (je suis couverte de sang, c’est pas très agréable), ils mettent aussi dans un sac poubelle les draps et bâches tachés, remettent le canapé en position... et installent la table pour le petit déjeuner. On s’aperçoit que le jour se lève, c’est très agréable, Malik dort encore. Je pensais que sa présence me gênerait, même s’il dormait, mais j’ai trouvé tout naturel de le laisser dans son lit, et s’il se réveillait Claire serait allée s’occuper de lui...
Nous préparons le petit déjeuner : viennoiseries, gâteau au chocolat, tartines de confitures,... Joëlle est un peu surprise de tant de victuailles. Notre Fée Clochette a pointé le bout de son nez le jour de Pâques... il faut le fêter dignement!
Malik se réveille vers 7h30, Loïc va le chercher dans sa chambre et lui annonce que pendant la nuit sa petite sœur est née. Il fait le signe du Bébé et pointe son doigt en direction du salon. Je suis assise sur le canapé, Malik entre, regarde Aloïs, nous fait le signe Bébé puis se dirige vers la cuisine en nous faisant celui Manger... “Ben quoi, ma petite sœur est née, je vais pas pour autant faire diète, quand est-ce qu’on mange?”
On prend le petit déjeuner tous ensemble, Aloïs au sein. Toute la petite famille avec Claire et Joëlle autour de la table après ces heures magiques et finalement si ordinaires dans la Vie d’un foyer...
(Récit à 4 mains, Aloïs au sein)
Cela fait maintenant 10 jours, on reste sur notre petit nuage...