Récit naissance de Melluna (attention trèèèèèès long!!!!!)

Tout commença par une grossesse inespérée, « mon bébé miracle », comme je l’appelais, était là bien accroché et au chaud dans mon giron. Mais mes expériences passées et mes fragilités me faisaient craindre pour sa survie, alors j’ai commencé à psychoter et à peut-être trop écouter le corps médical qui considérait cette grossesse à risque à cause de mon obésité. Les ptits soucis se sont accumulés et j’arrivais au début du dernier trimestre de grossesse épuisée physiquement, émotionnellement et surtout avec la peur grandissante de l’accouchement. Je m’imaginais qu’une de nous deux ne survivrait pas à l’accouchement et comme mon bébé grandissait et allait bien en moi, j’ai fini par croire que c’est moi qui allait mourir. Et puis j’ai décidé de contacter Claire, dont j’avais les coordonnées depuis le début de ma grossesse par une amie commune, mais je n’osais pas l’appeler ou peut-être je ne savais pas comment elle pouvait m’aider, comment lui dire qu’avec un passé chargé j’avais besoin de construire ma propre histoire pour la naissance de ma fille vu que ma propre naissance me fut volée. Elle m’a écouté et a entendu mes craintes. On a pu en discuter et j’ai enfin commencé à vivre ma grossesse plus sereinement. Même si la peur resta je réussie à l’apprivoiser pour en faire mon alliée, il me fallait à nouveau cette peur de mourir pour réveiller mon instinct de survie qui m’avait déjà sauvé à plusieurs reprises depuis ma naissance. Après une menace d’accouchement prématuré et beaucoup de repos, mon bidon s’est mis fortement à contracter dès le 10 juillet et à partir de là je crois que j’ai cru chaque jour que j’allais accoucher, mais non. Et à quelques jours du terme j’ai senti que cela n’allait pas se passer comme dans mes rêves, vous vous souvenez, je rêvais que j’accouchais facilement dans la rue, sur mon lit en dormant, etc…Ma toute nouvelle confiance en moi fondait comme neige au soleil malgré le soutien de ma Doula. J’ai vu un acupuncteur pour aider la maturation du col et me déclencher, il m’a aidé même si le déclenchement n’a pas fonctionné. Et puis le terme fut dépassé et le stress n’a fait qu’augmenter : j’avais le sentiment de tout faire pour que mon bébé naisse mais quelque chose bloquait. Claire a mis le doigt dessus et j’ai fondu en larmes, il fallait que mon corps tout entier accepte de donner naissance. Et puis chemin faisant les choses ont progressé, tout doucement et douloureusement pour arriver au samedi 2h30 du mat où les contractions se sont intensifiées, et là j’ai su qu’il n’y aurait plus de marche arrière que le travail commençait. J’avais mal, mais j’étais heureuse, je me sentais capable. J’ai appelé Claire (la pauvre au milieu de la nuit) et j’ai réveillé Chéri. Je voulais qu’il évalue la fréquence et la durée des contractions car déjà je n’avais plus conscience du temps passé. A l’arrivée de Claire je commençais à perdre le bouchon muqueux et tout s’intensifiait. Je laissais les contractions m’envahir comme la houle mais je flottais toujours avec bon espoir. Et puis j’ai eu le sentiment que Claire, Denis et moi formions une sphère comme des poupées russes. J’entourais ma fille, Denis m’entourait et Claire nous entourait tous. Je garde ces heures comme un souvenir magique et précieux. Je sens encore sur ma nuque le souffle de Claire qui me chante des chants magnifiques, qui m’accompagne, les mains douces et emplies d’amour de mon homme sur mes reins pour me soulager. Les vagues sont rudes, mais je me sens forte, j’ai le sentiment de m’ouvrir aussi bien physiquement que mentalement, j’ai un sentiment de béance en moi. Et puis je ne sais pas pourquoi je repense à l’hôpital qui m’attend, j’y avais un rendez-vous prévu à 11H pour la surveillance du dépassement du terme. Et comme j’avais l’impression d’avoir beaucoup travaillé de décide de m’y rendre. Et je me prépare, le travail ralenti, je le sens mais le cache, c’est avec aisance que je descends les escaliers pour aller dans la voiture, je laisse Claire et m’en vais. En y repensant je ne comprends toujours pas pourquoi j’ai voulu y aller alors que j’étais si bien chez moi, j’y suis allée comme on va à l’échafaud, et je savais déjà que la magie s’envolait pour laisser mes peurs revenir. À l’hôpital, je fus bien accueilli, un ptit monito avec mes contractions qui sont toujours là même si moins intenses, la SF demande si j’accepte un TV, je dis oui pensant en être à au moins 4cm de dilatation, et là au drame : rien ! le col a raccourci mais ne s’ouvre que d’un demi cm ! Je suis au trente-sixième dessous, la SF me dit de me balader, d’aller manger, elle me prépare une chambre de pré-travail. Je lui demande pourquoi alors que le col ne progresse pas, elle me répond : mais madame le travail a quand même commencé, même s’il ne progresse pas à la vitesse que vous espériez, donc on vous garde.
J’ai fais un bon tour qui a eu pour mérite de faire remonter d’intensité mes contractions, et quand je suis revenue les contractions étaient toujours aussi intenses. La SF était contente pour moi, elle propose un nouveau TV car + de 4h se sont écoulées, j’accepte et là encore déception : pas d’évolution. Elle me dit qu’il va falloir aider le col car avec de telles contractions il faudrait que les choses évoluent. J’accepte car épuisée j’ai l’impression que je travaille pour rien ! Elle me met une sorte de tampon et je me ballade à nouveau. Et là oups je perds le tampon en même temps que les eaux, enfin le peu qu’il en reste !!! je remonte le signaler puis redescends pour marcher. J’embrasse chaque arbre tellement les contractions sont fortes, Denis arrive encore à me soulager mais beaucoup moins qu’avant. Claire passe nous voir je crois ou ce fut peut-être le lendemain, je ne sais plus. Et puis le temps passe, je remonte refuse le TV, me mets sur le ballon, applique le coussin aux noyaux de cerises, écoute de la musique. Je me souviens avoir dis à Denis de rentrer dormir. Je reste seule, je vais voir les SF, il est tard, je monte et descend les escaliers, j’ai mal, les SF m’ouvrent la douche (j’en prends au moins 3 durant la nuit) elles me réchauffent le coussin, une d’entre-elle me masse, me dit qu’elle me trouve très courageuse, très forte, me dit de l’appeler dès que je veux qu’on appelle mon mari ou qu’on me fasse un TV Elle me fait des tisanes sucrées pour que je prenne des forces car je n’arrive plus à manger, au matin je fais revenir Denis car je suis épuisée et je souffre trop, je veux qu’il accompagne chacune de mes contractions en appuyant de plus en plus fort sur mes reins. J’accepte un TV et toujours rien. On me fait une prise de sang, pour savoir si tout va bien. L’équipe soignante du jour est surprise de me voir encore là, ma SF de la veille s’inquiète mais je veux continuer seule avec Denis, elle accepte et puis dans l’aprem elle me dit qu’il faut que je dorme au moins 2 heures car je suis trop fatiguée pour trouver la force de continuer, elle pense qu’avec un peu de sommeil les choses peuvent s’arranger. Elle me donne un Nubain pour soulager un peu la douleur afin que je puisse dormir. Je dors 2 heures avec mes contractions mais elles sont supportables, je suis épuisée et j’appréhende de retrouver mes fortes contractions, je ne veux plus souffrir, le TV a enfin progressé je suis à 2 cm, il est 17h, je suis démoralisée et en plus la prise de sang indique une infection, laquelle je n’en sais rien. La SF me dit avoir discuté avec l’interne, il pense qu’il vaut mieux me déclencher car ils m’ont laissé faire mon travail de mon mieux mais j’ai besoin d’aide les choses n’avancent pas et malgré le Nubain je suis à bout de force. Elle me demande d’accepter aussi une péridurale car elle sait combien les contractions avec l’ocytocine sont violentes et avec l’épuisement elle pense aussi que cela ne va pas aider. J’entre donc dans cette salle où je me retrouve pour la première fois reliée en continu à leur machine, l’anesthésiste arrive, il ne sait pas si la péri fonctionnera car avec mes allergies il est obligé d’utiliser une anesthésie particulière. La première ne fonctionne pas mais l’Ocytocine si ! Je souffre trop, je lui dit de mettre la dose il me répond qu’il ne fait que ça. Il fait venir l’interne, on me refait une péri, et re-échec. J’hurle de douleur, je suis prise de soubresauts avec leur déclenchement. S’en suivent des heures d’horreur où je pleure, Denis aussi, je m’évanouie à plusieurs reprises. Je les supplie de m’ouvrir, de m’endormir, je crie que je vais mourir. Je m’en prends au personnel, je ne supporte plus leurs conseils et encouragements, je ne veux écouter que Denis. Je demande à revoir l’interne car je veux une césarienne, c’est le même doc qui avait si bien accueilli mon projet de naissance, il me dit que je sais très bien qu’on ne fera pas de césarienne car je suis capable de donner naissance à ma fille sans, et que c’est mieux pour elle et pour moi, il me dit que je m’en sors très bien, qu’il a rarement vu une « occidentale » aussi forte face à loa puissance de la naissance, et que maintenant tout ira très vite. Et il augmente la diffusion du déclencheur, il me dit que ça va aller très vite et très fort maintenant mais que ma fille m’attend qu’il faut que je me fasse confiance. Alors guidée par Denis je prends chaque contraction et je sens l’envie de pousser, je ne suis qu’à 5 cm et je pousse, je le signale et la SF me dit que personne ne m’en voudra, que si je sens que je dois pousser et bien je pousse. Je suis assise et je sens que tout s’accélère, j’ai envie de vomir, en une ½ h je me retrouve dilatée à 8, le personnel sort, je suis seule avec Denis il me dit qu’il en peut plus il faut qu’il aille faire pipi, et je lui dis : « tu ne vas nulle part :elle est là ! » je la sens passer, je sens sa tête qui sort, Denis appelle la SF, elle est surprise de voir que ma petite est déjà là, Et en une ou deux ptites poussées elle atterri dans les bras de la SF avant qu’elle ait pu finir sa phrase « maintenant va falloir pousser quand…ah trop tard !!! »sous le regard ébahi de Denis. La Puéricultrice est là aussi, on me met la petite sur le ventre ‘J’hurle : « c’est ma fille, c’est ma fille, elle est trop belle ». Le placenta sort, on me le montre ainsi que la poche de ma petite, ensuite on me fait des points pour quelques éraillures quelle horreur, elle oublie que je suis sans anesthésie ! Et pendant ce temps à mes pieds Denis suit attentivement les soins prodigués à ma puce, juste le nécessaire comme on l’a voulu. Et là je sens que quelque chose cloche, je le dis, je vois tout le monde s’affairer autour de moi, je vois de moins en moins bien, juste le temps de regarder Denis et Melluna en peau à peau, J’ai vraiment cru que ça serait la dernière chose que je les verrai et puis tout doucement je suis revenue à moi et j’ai repris des forces. J’ai pu quitter la salle de naissance quelques heures plus tard. Le lendemain j’ai pris peur en me voyant dans un miroir : les yeux injectés de sang, la peau complètement tachetée !!!!
Donc, après 47h32min d’accouchement Melluna est née à 2H02 le matin du 20 aout, OUF !

NAVREE POUR CE SI LONG MESSAGE, mais je n’ai pas réussi à faire plus court, oups !!!!

Melluna a maintenant 2mois et ça fait du bien de pouvoir enfin vous raconter l’aventure de sa naissance. Et de ma naissance en tant que mère.

Merci de m’avoir lue, surtout pour celles qui auront eu le courage de me lire en entier !!!
Bizzz
Marie

Félicitations!!!!!

Ce récit est magnifique.... que d'attente, que de douleurs, que d'intensité!
J'ai l'impression de revivre la naissance de mon premier.... les contractions intenses, régulières avec un col qui ne s'ouvre pas, un bébé qui est bien, lové dans son giron (hapto.....non?).
Une maman qui a du mal à le lacher ce petit bout.... c'est tellement précieux, une grossesse, c'est tellement rassurant de le sentir dans son ventre, bouger......
OUI, tu as été formidable, oui tu peux etre fiere de toi et de ceux qui t'ont aidé!!!

Autre chose que je trouve très émouvant: tu as écrit à 2h30 du matin! Alors que ta fille est née à 2h !!!!!!


Non ton récit n'est pas trop long..... il correspond juste à TON accouchement!

Merci de nous avoir fait partager cela.....


Karelo et ses petits anges

oufff, je suis bouleversee par ton recit, que d'emotions, j'en ai des frissons partout...
tu as ete une lionne pdt cette naissance, quel courage, je te tire mon chapeau titemaman, vraiment et bravo a ton homme pour son soutien., c'est essentiel... j'en suis toute retournee...
plein de bises a vous trois

quelle force !
beaucoup de courage, ces 3-là... une tite famille déjà soudée..

bravo titemaman
et mes amitiés au toubib qui t'a dit que tu y arriverais, c'est chouette d'en croiser 1 comme ça de temps en temps...

Marie Eve, tu sais bien combien j'admire ton chemin. Encore bravo, et bravo d'avoir pu le mettre en mot... Bravo aussi à Denis, qui a vraiment assuré lui aussi. Vous etes des parents formidables, des gens formidables, et je suis très fiere d'avir pu vous accompagner sur ce chemin...

Tu es impressionnante Marie! Ton récit est époustouflant!!... C'est magnifique ce que tu as fais! Et Denis t'a vraiment accompagné là dedans, bravo! Même si ça a du être terrible (le récit est très fort et pourtant il n'est qu'un petit reflet de l'intensité de ce que tu as vécu!) , je trouve que vraiment le gynéco a assuré de refuser la césa tout en t'accompagnant de la sorte!
Waouh... J'ai le souffle coupé!!
Bienvenue petite Melluna, quels parents formidables tu as!

Quel courage !! Quel beau récit Félicitation pour cette accouchement si long et douloureux
Pleins de douceur à vous trois Amicalement Elodie

c'est un recit tellement fort et poignant
bravo pour votre courage

wahou quel accouchement!!!
Tu as été vraiment très forte, bravo à toi, à vous!!!

OUFf... J'en ai des frissons en te lisant... Quel courage, bravo à toi pour ce cadeau que tu as fait à ta fille........

Les mots me manquent mais sache que l'émotion est là...

Vous avez été formidable! Tu as eu le courage et la force de l'amour

Magnifique...

Je viens de lire ton récit. C'était tellement poignant.
Il m'a beaucoup ému. Merci d'avoir partagé cela avec nous

Bravo, bravo, bravo
Merci pour ce récit très vrai, très émouvant.
Je te trouve tellement forte
Ta fille a vraiment de la chance

Moi je suis bluffée. Pourtant j'ai accouché 2 fois déjà mais là chapeau! l'ocytocine sans péridurale, je dis bravo!
Vive les femmes!

J'avais zappé ton récit, je suis scotchée, bluffée, impressionnée... Un seul mot: Respect

Je viens de lire ton récit (parfois je suis un peu à la masse!) Tu as été franchement courageuse. Chapeau! C'est un très joli récit, malgré toutes les difficultés que tu as eues!

merci les filles. ça me fait tout drôle de lire vos commentaires, j'ai beaucoup pensé à l'accouchement mardi car Melluna a eu 3 mois mardi, ça a été difficile mais j'en tire une petite fierté quand même. et puis on fait de la mini-gym à la maison et elle a fait du tobbogan sur moi pour attérir entre mes jambes, c'est bête mais ça m'a rappelé sa naissance, j'étais émue...
bizz