Culpabilité parentale

Pfiouuuuu qu'elle est dure cette fin d'année scolaire...

Avec mon homme on a lu plein de trucs... sur la parentalité bienveillante, la communication non violente, des études sur le cerveau des enfants... et ça se résume très bien par une phrase qu'il m'a dite ce soir: "aaah... cette fin de journée où tu te sens comme un gros caca...".

On voit que c'est un peu difficile pour eux pour le moment... un mélange de fatigue, de marre de l'école, de l'arrivée de la petite soeur... Du coup on a des crises un peu sans arrêt et pour tout.

Ma fille, elle veut de l'attention, et elle a forcément choisi les pires moyen d'en avoir: elle est autoritaire (crie sur son frère, le dénonce, lui fait la morale, nous donne des ordres...). Hier, par exemple, je lui avais promis de finir son album photo avant le soir. J'avais juste à glisser les photos dans l'album mais bon, faut bien s'arrêter pour faire à manger, allaiter bébé... J'ai eu plein de remarques dont la dernière: "je n'ai toujours pas d'album photo fini", dit d'un ton... super blessant. Elle est très centrée sur elle-même, genre elle offre un dessin à son papa pour sa future fête puis le prend et découpe dedans parce qu'elle l'adore et qu'elle veut en faire ce qu'elle veut. Elle compare beaucoup, veut la même chose que son frère, exactement, genre si je lui ai dit "bonne nuit mon coeur", un "bonne nuit mont lapin" peut déclencher une crise et des hurlements... Et elle surjoue beaucoup, en faisant des crises pour des trucs vraiment WTF ("naaaaaaaaaan je veux pas mettre un t-shirt sous ma belle robe pour éviter le coup de soleil, je cours toute nue dans la maison en hurlant noooooon et en me protégeant avec les bras comme si on allait me battre avec ce t-shirt").
Et le truc qui nous rend fous, et qu'elle a donc aggravé puissance mille parce que je ne peux PAS laisser passer: elle est hyper sexiste.

Son frère a eu droit à "non tu ne t'assieds pas à côté de maman, les garçons ne peuvent pas se mélanger avec les filles". Il est une fois rentré à la maison super triste parce qu'elle lui avait dit que seules les robes de fille faisaient de la magie, et que les garçons non, et que lui ne pouvait que jouer le bébé, etc. Depuis, on lui a appris le concept des super héros, ça va un peu mieux, mais elle classe toujours les gens par genre ("ah les filles sont devant et les garçons derrière, ça c'est un jeu de garçon, ...). Bon, c'est de son âge, mais ça a pris des proportions dingues. Genre chez son papy, je profite de l'occasion pour lui dire "tu vois, tu disais que les filles et les garçons ne pouvaient pas se mélanger, pourtant tu aimes bien jouer avec papy hein, c'est chouette d'être tous ensemble!" ben son visage s'est décomposé, est devenu super fâché et elle m'a dit "je veux rentrer à la maison").

Mon fils, c'est "tu ne peux me forcer à rien faire", que ce soit s'habiller, monter dans la voiture, descendre de la voiture, manger, ramasser un truc qu'il a balancé par terre.... RIEN. On demande, on fait de l'humour, on explique ce qui va suivre de chouette si il le fait (ben allez quoi, si tu montes pas dans la voiture on peut pas aller voir papy...)., on menace, on crie... Et on finit par devoir le forcer, il hurle et puis vient nous voir avec un air vraiment désespéré en disant "je suis triste, maman/papa il a crié/m'a forcé/...".

Et nous ben... on a appris à repérer que ces crises, c'est parfois juste dû à l'âge mais aussi pour le moment à autre chose, un besoin d 'attention, un sentiment d'injustice... On a lu ce que les cris font aux enfants, ce que gnagnagna à l'âge adulte...

Et quasiment non stop, on se sent vraiment, mais vraiment, comme des gros cacas...

On est conscients d'en faire une tonne, d'être quand même super attentifs comme parents même si pas parfaits, de mettre en place une tonne de trucs pour arranger cette situation, de faire plein d'efforts et de prendre vachement sur nous, mais au final on se sent nuls...

Mon homme, il bosse avec des ados toute la journée (prof), c'est la fin d'année, ils vont avoir 15 ans, la plupart sont infects en cette fin d'année.... ça lui bouffe sa patience et quand il rentre il culpabilise encore d'avoir donné un peu de cette patience à son boulot, et puis les enfants lui usent le reste de patience et le matin il n'en a plus pour ses élèves et c'est une chaîne sans fin de culpabilisation...

Moi je passe mes journées à m'occuper de bébé et, quand elle lit, soit à me détendre un peu soit à lire, le forum, des articles, etc... et j'ai l'impression que quand ils rentrent je devrais assurer à fond mais c'est forcément pas le cas.

J'ai l'impression que derrière chaque petite crise où on a finit par s'imposer, on leur fout en l'air leur vie d'adulte, etc. alors qu'on sait clairement que c'est pas le cas.

On voudrait ne plus subir toutes ces crises et en même temps, on est conscients qu'ils sont petits, que des crises il va  en avoir encore, et qu'on ne peut pas toujours faire comme eux ils veulent, parce que ce n'est pas leur rendre service...

Là comme c'est la fin d'année, mon homme a des aprem et des jours de libres, on pensait en profiter à fond, genre on a un abonnement à un parc animalier qui fait de la protection d'espèces en voie de disparition et tout, ben au final... on a décidé de profiter de ces jours pour essayer de remettre la famille à flot, de fournir à chacun des moments rien que pour lui: demain, école buissonnière après-midi, mon fils chez son papy et ma fille avec nous à ce parc. C'est elle qui choisit l'itinéraire et, pour lui apprendre aussi à penser aux autres, elle a pour mission de ramener un souvenir à son frère. Jeudi, on fait le contraire. Et vendredi, ben ce sera école pour les deux et à NOUS d'aller manger un bout ensemble, promener un peu avec bébé, pour récupérer de l'énergie dépensée.

Et comme dit mon homme, on espère qu'après ça on aura enfin l'esprit tranquille, l'impression d'avoir donné assez à chacun que pour démarrer les vacances l'esprit tranquille, en prenant des moments pour nous dans la journée sans culpabiliser.

Désolée, j'ai fait une méga tartine, mais pour le moment on finit tous les deux nos journées comme deux vieilles chaussettes, on voudrait juste un peu de soutien, des témoignages...

Bon à côté de ça on vit pas un enfer hein, on a des chouettes moments, des grosses victoires ("maman, j'ai dessiné sur la table je ne pouvais pas, tu peux me donner une éponge que je nettoie?"), on a installé le jardin pour pouvoir y faire restaurant (merci Mond'dou!), ce qui les amuse, salit moins la maison à l'heure des repas et détend tout le monde puisqu'on profite du beau temps, on a réinstallé nos consoles pour se distraire un peu, on avance bien dans le désencombrement de la maison, on est de mieux en mieux organisé pour garder la maison rangée sans trop en faire... Mais nos sensations en tant que parents ben, on se rend compte que pour toute l'énergie dépensée, le résultat est plus que déçevant puisque tout ce qu'on se dit c'est qu'on n'est pas "assez"...

Pfiouuu ma belle on sent bien que vous n'en pouvez plus de vous sentir pas assez ceci, trop cela, et franchement je te comprend trop parce que j'ai passé ces deux dernières années (grosso-modo) à faire la même chose. Et puis un jour, j'ai fini par intégrer que non, je ne serais JAMAIS la maman parfiate et idéale que j'avais en tête quand je suis tombée enceinte, que oui, j'avais mes limites et que je pouvais demander à mon fils de les respecter sans qu'il devienne un adulte totalement névrosé, que oui, j'avais le droit de hausse rle ton quand il dépassait les bornes (les miennes!), que non, c'est pas cool quand je sort de mes gonds et que je lui crie dessus mais que bah je suis juste humaine et pas programmée (surtout vu la famille d'où je viens ahem) pour être toujours zen et pour chuchoter, que oui, j'ai des failles, des lacunes (grosses comme le grand canyon parfois) mais que bah c'est moi et que, tout comme je dois m'efforcer d'accepter mon fils tel qu'il est et lui permettre de s'épanouir, il doit lui aussi se faire à l'idée que je suis ce que je suis.
Je continue à essayer de faire de mon mieux bien sur, à suivre les préceptes de bienveillance auxquels je crois mais quand j'ai du mal je l'accepte parce que je ne suis pas une machine, les dialogues entre moi et mon fils ne sortent pas tout droit du dernier bouquin de filliozat, et quand on a un gosse en face qui est pas du tout réceptif à ce qu'on essaye de dire en restant bienveillant, ça peut arriver de pas y arriver quoi.
Moi je te lis depuis longtemps et je sais que vous faites tout ce que vous pouvez et de votre mieux, et non vous ne pouvez et devez pas obligatoirement faire toujours ce que veulent vos enfants, quand ils le veulent etc... je ne suis pas pour frustrer les enfants volontairement, au contraire, mais parfois eux aussi doivent s'adapter, on ne peut pas sans cesse être en vigilance pour nous adapter à eux, c'est humainement impossible.
Mon credo en ce moment c'est l'idéal, ce truc qu'on ne peut JAMAIS atteindre, c'est bien quand ça te motive, mais quand ça t'écrase et te fait te sentir un "gros caca" laisse le de côté, reviens à toi, ce que tu es, où tu en es ici maintenant avec tes capacités et tes limites, le point de départ quoi, pour mieux repartir.

Allez moi aussi j'ai fait un gros pavé et je vais même pas me relire, jte fais des calins et... t'es une super maman n'en doutes pas, pour t'avoir souvent lu ici, j'en suis certaine