Ça a commencé le 04 au soir. J'avais des contractions, non douloureuses et irrégulières mais je sentais que ça se préparait bien, du coup j'ai terminé ma valise (oui je sais la veille d'accoucher c'est débile).
Le mercredi (le 05) je me réveille à 07h avec des contractions douloureuses toutes les 6 min environs, je prend mon ptit déj, je vaque un peu à mes occupations. Je suis bien, je sais que le travail commence, j'ai envie de profiter de ce moment, je ferme les rideaux et les volets, et je mets les chiens dehors. Je mets de la musique que j'aime, Bob Marley sera un compagnon fidèle durant cette journée. Au bout d'1h-1h30 j'appelle mon homme pour qu'il rentre. Les contractions se rapprochent. Je prends une petite douche, je me rase les jambes et me prépare pour le départ.
Vers 10h B. arrive avec un bouquet de fleurs, on est super émus, j'ai les larmes aux yeux. Je sais que ça y est, plus aucun doute mais je ne suis pas pressée donc on décide de rester encore à la maison, on continue à écouter de la musique, j'alterne ente du repos et un peu de marche dans la maison, je n'ai pas envie de sortir, les contractions sont douloureuses mais tout à fait supportables. Je voudrait rester encore, je n'ai pas envie d'y aller mais je me raisonne et B. insiste.
Départ à la mater vers 12h30, on me fait le monito, le TV, le col est ramolli et ouvert à 2, ça fait déjà 6h que j'ai des contractions toutes les 5 min et une semaine avant j'étais déjà ouverte à 1.. Comme bébé va très bien et moi aussi, on me propose de rentrer chez moi, je peux aussi rester mais comme je ne veux pas de péri ils pensent que ce sera plus facile de continuer à la maison (et je suis bien d'accord!), la SF ne le dit pas mais je crois qu'elle se doute que ça va être long. Donc on rentre.
A la maison l'ambiance est douce, je m'installe sur le canapé ouvert avec mon ballon, parfois je sors un peu, on rigole, zhom vaque à ses occupations et viens juste voir si j'ai besoin de qqch de tps en tps. Au bout d'un moment j'ai besoin de me mettre à genoux appuyée sur le ballon, je reste comme ça 1h et ½ avec le Bolero de Ravel en boucle. Les contractions sont toujours pareilles, douloureuses mais encore si douces à la fois. Je commence à fatiguer, je m'allonge, je suis encore vraiment bien, dans ma bulle, je ressens l'effet des contractions sur le col, je suis vraiment connectée à mon bébé et à tout ce qui se passe. Mais le temps passe, les heures défilent, et rien ne bouge, toujours des contractions toutes les 5 minutes et à peine plus intenses. Je dois aller à la mater, je ne sais pas où j'en suis même si je sens que j'ai encore du temps, et B. n'est pas tout à fait tranquille. Nous allons nous promener, là les contractions deviennent plus intenses, au point de m'immobiliser, nous mettons 1/2h à faire un ballade qui dure normalement 10 minutes!
Fin de soirée je fatigue vraiment. On retourne à la mater. Dans la voiture c'est très dur, je supporte très mal d'être coincée. Il est environ 23h, la Sf m'examine et me dit que je suis toujours à 2, ça n'a pas bougé! Elle m'envoie marcher 1h, les contractions se rapprochent (enfin!) et deviennent très puissantes, mais je commence à être épuisée et le moral commence à baisser sérieusement. La SF me propose 2 options : soit elle me met en chambre et me donne un suppo et un comprimé pour ralentir le travail pour que je puisse dormir un peu, soit je rentre et on revient quand le boulot a avancé, je n'ais plus la force de repartir (les contractions en voitures c'est vraiment pas le pied) et j'ai besoin de dormir, je suis trop faible (physiquement et moralement), à ce moment làil est 3h du mat, on est le 06 juin...
Donc comprimé (atarax) plus suppo (salbumol), je commence à sombrer dans un état second, j'arrive à dormir un peu et je suis réveillée par une contraction très violente, et là je ne peux pas me retenir de hurler. A partir de là c'est flou, avec l'atarax je m'endors plus ou moins entre chaque contractions qui sont de plus en plus insupportables, je n'ai plus aucune notion du temps, j'ai mal, trop mal, et je dis souvent à Bruno que je ne tiendrais pas et que je vais demander la péri, chaque contractions me fait pousser des cris qui le terrifient. Et surtout je n'ai plus de force, je panique, je n'accompagne pas les contractions, je les refuse, je les combats, je suis complètement enfermée dans la douleur alors qu'il faudrait que je m'ouvre à elle, que je la suive, j'en oublie que tout ça c'est pour mon bébé et que c'est grâce à ça qu'il viendra enfin au monde.
Au petit matin Bruno s'en va, il a besoin de reprendre des forces, lui non plus n'en peut plus, il ne supporte plus de me voir dans cet état, il rentre à la maison en me promettant de revenir bientôt. Le travail continue, je ne comprends plus rien, je suis seule, et je n'arrive pas à appeler la sage-femme à l'aide, je ne suis pas aussi à l'aise avec elle que je le voudrais. Je m'endors toujours entre les contractions et je n'ai toujours pas la moindre notion du temps qui s'écoule entre chacune d'elles, ce pourrait aussi bien être 20 minutes qu'une seule je ne sais pas.
Enfin la SF m'examine et m'annonce que je suis ouverte à 6 cm, on peut aller en salle de naissance. Le changement de garde arrive, je commence à reprendre mes esprits, il est environ 8h, je demande à ce que l'on appelle B. pour qu'il revienne. La sage femme me dit qu'il était sur le point de partir. Je lui demande qui va la remplacer, c'est C., cette sage-femme avec qui j'ai eu les entretiens, et avec qui je me suis sentie tellement en confiance. B. revient enfin, et avec lui l'auxiliaire K. qui me prend vraiment e charge, elle me masse, me dirige, se montre ferme mais encourageante aussi. A partir de là tout a été vite, en 1 heure à peine je suis ouverte à 8 cm, je suis toujours dans le même état de refus et de panique totale, je ne crois pas que je vais y arriver mais au moins les choses avancent.
Je hurle je hurle, je n'arrête pas de dire que je n'y arriverais pas, que j'ai trop mal, que c'est trop dur, la fatigue m'empêche de bouger, j'essaie bien une fois ou deux de me lever mais je n'y arrive pas. Je reste allongée sur le côté, mais ça avance quand même.
Tout à coup les choses s'accélèrent pour de bon, j'ai l'impression que tout virevolte autour de moi, C. et K se mettent en place, je sens que ça pousse fort je hurle toujours à chaque contractions, puis la poche se rompt, j'ai l'impression d'une cascade qui jaillit avec force, et ça pousse mais je fais n'importe quoi, je suis trop paniquée, trop bloquée dans ma douleur, je sens mon bébé descendre mais je ne suis pas avec lui, je n'arrive pas à l'aider, je pousse mal, mes cris m'empêchent de bien faire, C. et K. sont très directives : « cambrez-vous, poussez, non non pas comme ça, allez-y poussez, soufflez très fort, là comme ça oui, vers le bas, cambrez-vous etc... »mais rien n'y fait Samuel descend puis il remonte, je veux me mettre à quatre pattes mais je n'arrive pas à en parler ni à le faire qaund C. me propose de changer de position pour me mettre … à quatre pattes! Et je pousse, et je crie, je m'épuise, je transpire, mais ça ne change rien, C tire sur mon périnée avec ses doigts, elle me fait mal, très mal, j'ai envie de lui mettre des coups de pieds, je lui dit mais elle continue, puis je sens une petite brulure, l'épisio...Je sens Samuel qui est là pas loin et c'est ce qui me donne les dernières forces,la tête arrive et encore quelques efforts, l'épaule passe et il est là, enfin, tout est fini...ou commence devrais-je dire. Je me met sur le dos et on le pose sur moi, il est 9h50.
Samuel est parfait, c'est ma première pensée, je suis abasourdie, épuisée, sonnée, mais il est là, il ne pleure pas, il ralouille, on sent qu'il est lui aussi vraiment sonné, et je le touche, je le caresse. Je ne me souviens déjà plus à quel point j'ai eu mal. Ce n'est pas le flash d'amour instantané, c'est le cauchemar qui est enfin fini.
La suite c'est peau à peu avec maman, puis avec papa, délivrance du placenta, nous l'avons vu c'est absolument impressionnant, un peu de couture (pas beaucoup) et puis bébé qui essaye de téter son papa alors retour sur maman et première tétée à 1h de vie, moment intense en émotion pour nous tous. Puis dodo sur le sein de maman. Puis retour à la chambre au bout de 2h environ (peut-être plus) après habillage et quelques soins (très peu comme je le voulais) pour bébé.
J'aurais eu l'accouchement que je voulais, pas de péri, pas de perfs, pas de déclenchements, ni d'accélérations, le choix de la position etc... mais je l'ai très mal vécu. Je n'étais pas préparée, et B. non plus, je n'ai pas fait de prépa parce que j'étais alitée durant la 2è moitié de la grossesse. Je n'avais aucun outil pour gérer et accompagner les contractions. La SF de nuit ne m'a pas aidé du tout et je n'ai pas su lui demander, et je n'aurais jamais du accepter les médicaments pour ralentir le travail. C. a fait beaucoup pour moi et je ne m'en serais pas si bien sortie sans elle mais l'épisio surprise après avoir maltraité mon périnée ahem... Bref, j'ai énormément de regrets, lorsque j'y pense je suis triste et je suis restée choquée longtemps.
Ce récit a été écris en deux fois, je l'ai commencé quelques jours après la naissance et je le termine enfin ce soir, un peu plus de 4 mois et demi plus tard, il m'a fallut ce temps là, peut-être de lire les naissances ici, et ce trajet en voiture ce soir qui m'a replongé (allez savoir pourquoi...) dans le trajet pour la mater et qui m'a fait revivr beaucoup de moments dont je croyais ne plus me souvenir.
Merci pour celles qui auront trouvé le courage de tout lire !
Et bonne nuit