Tout commence dans la nuit du 7 au 8 mai, le soir j’ai une perte rosée assez importante et je me dis que c’est peut etre un peu de liquide amniotique, ou alors le col qui commence à travailler. Je sens que c’est pour très bientôt.
Une heure plus tard, une première contraction, moi qui n’en avait pas eu depuis le début de la grossesse, je la trouve déjà très douloureuse, et je dois me lever pour me sentir mieux. Très vite une deuxième puis une troisième, à chaque fois un peu de liquide coule en même temps et j’alterne entre les toilettes et la chambre.
Mon mari commence à comprendre que c’est pour aujourd’hui et très vite il me propose de me faire couler un bain. Je me plonge dans l’eau chaude, et dans les contractions, spontanément ma respiration devient plus ample et j’essaie de suivre ces contractions. Quand la contraction arrive, je me retrouve debout en appui contre le mur puis me replonge dans
l’eau dès que possible. Je caresse mon ventre en pensant que c’est probablement le dernier jour ou je peux encore sentir bébé de cette facon.
Les contractions sont très rapprochées depuis le début, toutes les 3 à 5 minutes et déjà difficiles. Je veux savoir ou en est mon col et c’est mon mari qui m’examine, il pense 2 à 3 cm et la je me dis que jamais je n’y arriverai si j’ai déjà tellement mal, j’ai peur mais il me rassure.
Au bout d’une demi heure, je ne supporte plus d’être dans cette baignoire trop petite et je décide d’en sortir, et là chaque contraction m’oblige a pousser contre un mur ou a me suspendre au cou de mon mari et je commence a gémir, ca me soulage beaucoup.
Très vite nous décidons d’appeler la maternité pour dire qu’on arrive, j’avais prévu de faire une grosse partie du travail à la maison mais l’intensité et la fréquence des contractions nous font penser que cela risque d’être rapide.
Je laisse mon mari gérer la partie logistique et je continue à pousser les murs à chaque contraction. Enfin nous partons et les 20 minutes de trajet me paraissent interminables, je mords le dossier avant à chaque contraction.
Enfin nous arrivons, la sage femme qui nous accueille est la sage femme libérale qui travaille en plateau technique (R .M., que j’avais contacté et qui avait déjà beaucoup d’accouchements prévus pour ma DPA, la preuve !). Elle me dit qu’elle espère que je ne voulais pas la salle nature, je lui réponds que si mais que c’est pas grave, elle constate que le travail a déjà l’air intense et m’installe dans la salle d’examen.
La sage femme qui va nous accompagner pendant l’accouchement arrive, elle s’appelle Juliette, elle parle d’une voix très douce, me pose quelques questions puis me dit qu’on va faire un monitoring de 30 minutes, le toucher vaginal montre une dilatation de 3 à 4, ca a bien avancé durant le trajet. Je m’allonge pour le monitoring mais je ne supporte pas alors elle me propose de rester debout ou sur un ballon, je continue à me suspendre à mon mari à chaque contraction, au lieu de gémir elle me propose de faire des sons graves, des ohhhhhhhhhh, afin d’aider les contractions à faire leur travail. Nous continuerons tous les 3 à faire ces sons jusqu’à la fin. Elle me pose un cathéter puis à la fin du monitoring me propose de prendre une douche (le bain n’est pas autorisé car poche des eaux déjà rompue), elle nous laisse seuls dans cette salle de bains et je m’installe sur un siège dans la douche. Je me lève à chaque contraction et nous continuons à faire des sons graves, je passe l’eau très chaude sur le ventre, je me sens bien entre les contractions et je commence à entrer dans ma bulle, je parle peu. Au bout d’une heure, les contractions sont montées en intensité et je commence à avoir envie de pousser, je ne veux plus rester dans cette douche, je dis à mon mari que j’y arriverai pas, que je veux une péridurale, ça fait trop mal, il me dit que je vais y arriver, que c’est bientot la fin, on se donne une heure pour voir mais il me dit que je dois être en phase de désespérance.
on appelle la sage femme, qui nous emmène dans une salle d’accouchement, où elle a installé des tapis au sol, un ballon.
Je lui dis que j’ai envie de pousser mais je veux qu’elle vérifie la dilatation du col, elle me dit que ce n’est pas nécessaire, je dois sentir bébé qui commence à descendre mais j’ai besoin d’être rassurée, elle m’annonce 9-10, je me sens soulagée, bébé arrive.
La commence la descente de bébé, je me sens écartelée à chaque contraction, cette douleur sur le coccyx est insupportable, je continue cependant à faire des sons graves suspendue à mon mari ou à la sage femme. Je lui dirai plusieurs fois que je ne vais pas y arriver mais elle m’encourage et me dit que je me débrouille très bien, que le travail avance vite.
Elle me propose plusieurs positions pour aider bébé à progresser, je passerai quelque temps à 4 pattes appuyée contre un ballon, puis sur le côté en m’étirant à chaque contraction, des bouillottes chaudes sur le coccyx me font un bien fou, mais j’ai du mal à ne pas crier et à canaliser l’énergie sur les sons graves, j’ai besoin d’hurler à chaque contraction.
La douleur change encore et je sens que bébé est descendu, la sage femme me propose une position accroupie, je me soutiens à une barre et suis soutenue par des écharpes sous les bras, je me détends entre chaque contraction entre les bras de mon mari, assis sur un ballon derrière moi.
J’ai perdu la notion du temps, j’ai l’impression qu’elle refait un doppler fœtal toutes les 5 min alors qu’il s’est écoulé beaucoup plus …enfin on me dit qu’on voit les cheveux de bébé, qu’il n’est plus très loin, l’envie de pousser devient encore plus forte, mais je sens une brulure a chaque contraction, je sais que je dois aider mon bébé à franchir ce dernier passage et malgré cette brulure je pousse, la sage femme me propose de toucher la tête mais je n’en ressens pas l’envie, après 2-3 poussées je vois la tête qui commence à sortir, je demande si à la prochaine poussée elle sera complètement sortie, elle me dit que oui, la dernière poussée est libératrice, la tête sort et les épaules suivent, j’attrape bébé entre mes jambes et le pose sur mon ventre, il me parait tellement léger, il pousse un petit cri mais ne pleure pas, il est magnifique et nous regarde déjà intensément. La sage femme nous laisse tous les 3 dans la salle très peu éclairée.
On a du mal à réaliser tout à fait que ça y est, nous y sommes arrivés, tout a été tellement rapide en fin de compte !! (6h en tout)
Peu de temps après je ressens encore l’envie de pousser, le placenta sort en entier. 1h plus tard, la sage femme vient vérifier si j’ai besoin de points ou non, mais je n’ai que quelques éraillures et une petite déchirure interne qui ne nécessite pas de points.
Aucun soin au bébé ne sera effectué, en dehors de la pesée et de la prise de sa température.
Beaucoup de personnes m’avaient conseillé cette maternité et je ne regrette pas d’avoir fait quelques km de plus pour être respectée et écoutée.