La naissance d’Elaïs
Nous sommes le 22 novembre, la journée est venteuse.
Je me lève, fatiguée, comme tous les jours. Les garçons sont surexcités…
Vers 16h, je décide de faire des crêpes pour le goûter.
La tempête fait rage dehors ; il commence à faire presque noir, je sens le vent qui souffle dans les fenêtres, la pluie qui tape violemment les vitres.
Vers 16h30, une forte contraction arrive sans crier gare, elle me surprend par sa puissance.
Toutefois, je suis persuadée que ça n’est pas pour aujourd’hui.
Je continue ma petite vie !
Cédric me voit me balancer et gémir pendant les contractions. Il vient me masser, il est sûr, lui, que c’est ce soir que nous rencontrerons notre petite fille.
Les contractions s’intensifient mais restent espacées de 10 min. J’ai l’impression que la nuit va être très longue maintenant : j’appelle mes parents et ma SF.
Il est 19h quand les garçons nous quitte. J’aspire à cette tranquillité ! Je baisse les lumières et monte le chauffage. La tempête me glace le sang littéralement.
Notre SF arrive vers 20h… en plein milieu d’une contraction que je gère très difficilement. Je suis emmitouflée dans une couette épaisse, à genoux, tête enfuie dans le canapé. J’ai froid, je me sens mal. Je ne suis pas du tout sereine et je suis épuisée : je panique.
F. viendra de suite près de moi, je pleure. On avait parlé de mes angoisses, elle comprend et me rassure : non je ne suis pas nulle, je suis parfaite… je vais y arriver.
On monte encore le chauffage. J’arrive enfin à me réchauffer.
A partir de ce moment, je perds la notion du temps, de l’espace.
Elaïs bouge tellement entre les contractions, je ne comprends pas pourquoi elle bouge autant. Je poserai la question une dizaine de fois : pourquoi elle bouge ????
Ma puce nous aide, elle se fraye un chemin. Elle est si forte. Je me dois d’être forte avec elle et pour elle.
Je suis toujours agenouillée par terre, la tête enfuie dans le canapé et je rugis, j’hurle.
Les contractions sont extrêmement violentes, elle m’irradie le bas ventre et m’atomise le dos. J’ai l’impression qu’on m’arrache le bassin du reste de mon corps. Je perds pied, je meurs, j’en suis sûre.
F. me masse sans relâche, Cédric pose le coussin chauffant sur mon bas ventre à chaque contraction. Je dois dire que ça m’aide énormément.
Je sens que ma fille pousse…elle veut sortir. Je n’ai pas perdu les eaux encore. Je sais que ça peut durer des heures encore, une bouffée de panique m’envahit. Je demande à F. qu’elle regarde la dilation du col. Elle est très douce mais j’ai trop mal… elle me dira qu’elle pense que je suis à 8 mais que le col est très mou et qu’elle a bien senti que la petite voulait sortir.
Oui, elle pousse… alors elle me répondra « pousse avec elle ! »
Je pousse, je la sens, j’hurle « elle arrive, elle arrive » mais non, elle repart.
La prochaine contraction ne tarde pas, c’est intense, cinglant. J’hurle à nouveau… je la sens qui descend. Mon vagin irradie, mes os s’écartent, elle descend doucement. Je pousse encore … voilà la tête qui sort. Je pousse une dernière fois… son petit corps sort. Il est 21h51.
Je crie « mon bébé, mon bébé, mon bébé !!!! », je ne peux plus bouger. Je suis toujours agenouillée et la tête enfuie dans le canapé. F. me la passe entre les jambes. Elle est glissante, toute chaude, si petite. Je la serre contre mon cœur et je plonge mes yeux dans les siens. Elle me regarde intensément, elle regarde son papa. Je vois flou : je suis submergée par l’émotion. Ma fille est née.
Elle se met alors à pleurer… pleurer, pleurer. Elle pleurera beaucoup pendant une demi heure : elle a besoin de me raconter à quel point elle a vécu sa naissance tout aussi intensément que moi. Je l’écoute, je la berce et je lui dis que je la comprends. Elle se calmera et nous regardera avec ses grands yeux pendant de longues minutes.
Je me rends compte après que je n’ai jamais perdu les eaux. Je pose la question à F. qui me dit que non, effectivement. Elaïs est née coiffée, avec sa poche intacte. Elle s’est rompue une fois que la petite était par terre et que tout le corps était sorti.
Nous rejoignons notre chambre tous les 3 à l’étage. Nous passerons la nuit en peau à peau, à savourer notre nouveau bonheur.
Je t’aime ma fille.
Merci de m'avoir lue