la douleur du deuil perinatal

Cela fait un moment que j'y pense, mais j'aimerais beaucoup faire un long article avec des témoignages de femmes ayant vécu un deuil périnatal. Une fausse couche, un ivg, une img, un bébé né trop tot, ou mort in utéro, voir à la naissance. Tous ces deuils sans nom, ces morceaux d coeur qu'on nous arrachent et qu'on doit taire, car après tout "tu en auras d'autres", "c'est mieux comme ca"....
Ce que j'aimerais, ce serait la parole des femmes, ce qu'elles ont ressenti et vécu dans leur chair et dans leur coeur, la façon dont l'entourage a perçu ce deuil...
Qu'on puisse laisser notre douleur et nos cris sortir.
Et, c'est à voir, mais peut etre pouvori lire ces textes lors des journées des doulas, placées sous le signe d ela paroles de femmes...
Je rappelle que j'ai moi meme vécu 3 fausses couches, j'apporterais donc ma pierre à l'édifice. Ce sujet me tient énormément à coeur, car bien souvent, on ne nous permet pas de dire ou de vivre ce deuil. Et on porte ce bébé et cette souffrance toute notre vie.

J'ai fait une GEU, je veux bien participer.

honte à moi, j'ai oublié les GEu dans la liste, suis désolée...

Je veux bien aussi...

Pas de souci

C'est un très beau projet Claire, comme toujours tu sais parler au coeur des femmes !
J'y réfléchi, c'est vrai que c'est difficile d'en parler, je me pose encore des questions sur ce sujet
J'espère que tu arriveras à trouver des témoignages car ce sujet est très sensible et souvent tabou non?

je pense Marie, qu'il est atbou pour les autres, mais que les femmes qui l'ont vécu ont vraiment besoin de pouvoir en parler. On verra en tout cas.
Le témoignage peut prendre la forme que vous souhaitez, une lettre au bébé, l'histoire de ce qu'il s'est passé ou simplement le ressenti. Peu importe.

Je prendrais le temps de le faire... Merci Claire.

Claire a écrit:

je pense Marie, qu'il est atbou pour les autres, mais que les femmes qui l'ont vécu ont vraiment besoin de pouvoir en parler. On verra en tout cas.

Tout-a-fait vrai... Enfin pour moi...

je souhaite participer aussi Claire,peux tu me dire ce qu'il faut faire?
Cela fera un an début février que j'ai perdu mon 1er ptit bébé et même si je suis actuellement enceinte et proche de la fin de cette grossesse (bon..encore 80 jour!!),j e pense souvent à ce ptit bout que je n'ai pas eu la chance de rencontrer ,nous en avons beaucoup pleurer avec le papa et restons sur nos gardes car tout peut arriver...en espérant que cette fois-ci ,ce soit le meilleur!!

Aurélie, tu fais comme tu le sens, c'est un témoignage sur ton vécu. Tu peux écrire un texte ou tu parles simplement de ton ressenti, face à cette perte, face aux réactions des autres, ou alors, écrie le déroulement des choses. COmme tu le sens vraiment.
J'ai toujours le mail que tu m'avais envoyé à ce moment là...

voici le premier texte...

Lettre à toi


Tu es arrivé par surprise, juste deux bandes bleues et tu étais là... Et tout de suite, on nous a félicités. Tout de suite, on m’a traité comme une chose fragile. Parce que tu étais logé au creux de moi. Et tout de suite, je t’ai aimé, je t’ai su, je t’ai imaginé.

Si j’hésitais, on me disait « mais si, tu attends un bébé ! ». En ces temps là, ces temps de joie, tu étais un bébé.

Et puis, tu es parti, rêve éveillé, rêve envolé…

Tu es mort très vite au creux de moi, là ou tu aurais du grandir, là ou j’aurais du te protéger, et on a vu notre futur basculer. Plus rien n’était pareil, tout devait être réinventé. Comme avant toi. Mais l’avant toi n’existe plus, nous sommes l’après toi… Tu n’es resté qu’un peu plus de deux moi dans mon ventre, mais tu m’as transformée, tu m’as faite mère. Puis douleur…

Comment accepter, comment continuer et faire comme si tu n’avais jamais existé ?

Parce que très vite, ceux qui disaient être là pour moi ne me soutiennent plus. Ma souffrance dérange.

Il parait que c’est mieux comme ça, que c’est mieux maintenant… Mais non, c’est mieux jamais !! Comment peut-on me dire ça ??

Comment peut-on me dire que j’en aurais d’autres, moi qui suis encore emplie de toi, de ta présence, de ton amour, de tous nos rêves ?

On me disait que j’attendais un bébé, et aujourd’hui, les mêmes me disent que je dois passer à autres choses puisque tu n’en étais même pas encore un ? Ils mentaient au début alors ? Et pour eux, tu étais quoi ???

Très vite, je n’ai plus le droit de te pleurer, je n’ai plus le droit de t’aimer.

Apparemment t’avoir logée dans mon corps « que » deux mois ne me donne pas droit à un deuil puisque pour eux, tu n’es rien…

« Passe à autre chose » « arrête d’y penser » « c’est mieux ainsi, il devait y avoir un problème » « c’était même pas un bébé » « c’est bon maintenant, tu vas pas continuer avec ta fausse couche, y en a marre de ça »…
Tu n'es plus mon bébé, tu es ma fausse couche...

Mais après tout, es-tu venu ? Es-tu parti ? As-tu existé toi que je n’ai pas le droit de nommer ?? Oh, te nommer, te choisir un prénom et le dire à haute voix, t’entendre m’appeler maman… J’y ai pensé des heures durant en caressant ce ventre encore plat que nous partagions alors.

Et aujourd’hui encore, je te pleure, en silence, pour ne pas déranger… Comment leur faire comprendre que l’amour que je ressens pour toi ne s’est pas écoulé de moi avec le sang qui t’a emporté ?

pfiou

que d'émotions...

je viens de lire cette lettre sur ton blog elle m'a retournée les boyaux...
j'avais 16 ans le père venais de me laisser tomber et le bébé est parti en silence personne ne la su j'ai eu personne avec qui partager jusqu'à ce que je rencontre philippe et qu'il me donne envie de lui confier ce lourd secret. ma famille ne le sais toujours pas, je ne sais pas si ils le sauront un jour

Connais-tu ce site: http://users.swing.be/francotte/index.htm

je suis en larmes...

ces mots sont d'une telle intensité...

je suis de tout coeur avec vous...

3 ans d'attente, 3 ans a esperer que tu viennes de facon naturelle...3 longues annees. Et puis ce jour de decembre le test fut enfin positif. Mais il y a ces saignements, legers, mais presents.

Le rendez vous a l'hopital pour un test sanguin...positif. Ton pere et moi sommes aux anges. Tu a au moins 3 semaines, on me fais une echographie mais on ne te vois pas, mais tu es encore si minuscule. Mais il y a ces legers saignements.

Un deuxieme test est prevu pour voir l'evolution des hormones...et puis le verdict tombe de la bouche d'une gyneco insensible, abrupte et glacee. Grossesse non evolutive. On me fait une ordonnance pour une IMG.

Ton pere n'est pas la, il travaille loin. Je suis choquee, je ne sais pas quoi dire, je ne dis rien, je suis automatiquement cette infirmiere qui me tend une pilule, jaune je crois, je ne sais plus. L'infirmiere est froide, dedaigneuse...c'est une IMG pas une IVG. J'ai besoin de soutien mais je ne recois rien.

On me dit de rentrer chez moi et de revenir plus tard.
Rien ne se passe, je dois retourner a l'hopital, je ne me souviens plus des delais je me sens seule, perdue, j'ai peur, j'ai mal, j'ai besoin d'aide morale mais je n'ai personne. Ils sont tous loin et j'ai besoin de bras autour de moi.

Le jour du rendez vous il a neige, les routes ne sont pas deblayees et ma voiture ne demarre pas, je suis obligee d'appeler une ambulance pour qu'on m'emmene.
J'arrive a l'hopital mais je ne me souviens plus de ce qui se passe, tout est flou, comme si mon ame ne voulais pas se souvenir.
Je me revois sur le lit d'hopital, on me tend un bassin en me disant de le mettre sous moi lorsque je ressent le besoin d'aller au toilette. J'ai mal, des crampes, je ne sais meme pas si tu vis encore ou si ton petit corps est inerte. Je demande quelque chose pour les crampes et on me repond que je ne peux rien avoir. Je me sens si seule.

Tu ne sors pas de moi, alors on me renvoie chez moi en me disant de surveiller. Tu ne sembles pas vouloir me quitter ou je ne veux pas te laisser partir. Je ne sais pas.
Ton pere doit rentrer demain. J'ai mal.

Toujours rien le jour suivant, mis a part des douleurs et des saignements. Je prend des anti douleurs mais ca ne fait rien. Il est 1 heure du matin et je suis a l'agonie. Enfin a deux heures ton pere arrive. Je lui dit de m'emmener aux urgences.

La gyneco de garde est appelee, c'est une grossesse extra uterine, tu t'es love dans ma trompe gauche. Je dois etre operee en urgence.
Il fais si froid dans cet hopital. Ton pere est mort de peur.
C'est la premiere fois que je me fais operer.

Je me reveille avec l'air de thierry la fronde dans la tete. Je ne sais pas pourquoi. On me remonte, tu es parti.

J'apprendrais plus tard que ta progression a ete stoppee par des nodules dans ma trompe dus a une infection.

Mon corps t'as tue par son imperfection.

Mes parents et ton pere souffrent, alors je ne dis rien pour ne pas les faire souffrir davantage. Des autres je ne recois aucun soutien. J'en aurais d'autres. C'etait une grossesse tres jeune.
Oui mais tu a pris tellement de temps a venir en moi. Oui mais je te voulais toi aussi.

Et puis on en parle pas, ca les derange, je le sens, ils coupent court a la conversation, changent de sujets.

Mais j'ai besoin d'en parler moi, parce que je souffre de la culpabilite de t'avoir tue, parce que je souffre que tu ne sois plus en moi, parce que je souffre de ne pas t'avoir senti grandir en moi, parce que je souffre de ne pas t'avoir vu pour te dire au revoir.
Je suis sure que tu etais un petit garcon, je le sens. Je t'aime mon bebe, je t'aimerais toujours.

Aujourd'hui ta soeur est parmis nous. Elle est arrivee deux ans apres toi, a la meme epoque, fin decembre. Elle a eu la chance de choisir l'autre trompe, mais j'ai eu la peur au ventre pendant de longues semaines, jusqu'a la premiere echographie, celle ou je l'ai vue dans mon uterus. Sa vie in utero et sa naissance m'ont apporte un bonheur incommensurable, mais ont aussi fait remonter la douleur de ne pas avoir connu ca avec toi.

Tu me manques.

Une voyante a parle a ton pere avant la venue de ta soeur. Ton grand pere est venu a elle avec deux bebes, un qui n'etais pas ne, l'autre qui etais parti...Elle ne connaissais rien de notre histoire. Tu es avec lui, la haut et je sais qu'il prend soin de toi. J'ai appris que ta soeur etait en moi 2 semaines plus tard.

Je t'aime!

Ta maman.

Je suis désolée je crois que je ne pourrais pas réouvrir ce topic avant un moment, mais vos deux textes sont magnifiques et terriblement justes.
Je vous embrasse très fort.

Vos mots me font frissonner... Je ne sais pas encore quand je le ferais, en ce moment je suis fragile, mais peut-être est-ce justement le moment... ? Je ne sais pas si je suis prête à tout écrire...

Lire vos témoignages me serre la gorge.

J'ai subi une fausse couche il y a deux ans de cela. Jamais rien ne m'a fait plus souffrir que cela.

J'écris actuellement mon parcours, de mon projet parental jusqu'à l'accouchement afin que la petite fille que j'attend prenne un jour connaissance de sa conception.

Je vous fait part du passage de la fausse couche:

"...C’est ainsi que le 09 novembre 2006, le Dr B me transfère 2 embryons issus d’un double don, deux autres seront congelés.
Tout se passe merveilleusement bien, Steffou et moi sommes pleins d’espoir et de très très bonne humeur.

La prise de sang du 23 novembre 2006 indique un taux beta HCG à 508 !!
Je ne retiens pas mes larmes de joie au labo !!!

Quatre semaines plus tard, échographie chez ma gynéco, nous découvrons deux petits cœurs qui battent. Le mien est déjà rempli d’amour, et à nouveau, des larmes coulent de mes yeux, je suis tellement heureuse !

Notre bonheur prend fin le 05 janvier 2007.
Nous nous rendons alors chez ma gynéco pour une échographie.
Dans son cabinet commence l’écho, et elle cherche, elle cherche…je sens un froid intense m’envahir, nous sommes tous les trois silencieux, je retiens mon souffle.

Sur l’écran, un grand sac noir et une forme blanche flottant à l’intérieur…c’est fini.
Nous sommes effondrés.

Sur médication, je fais ma fausse-couche puis je subis un curetage le 08 janvier 2007.

S’ensuivent alors des mois noirs, et même la perspective de la prochaine tentative à mon centre de PMA n’arrive pas à me réjouir tout à fait..."

Suite à cela, je n'avais soudainement plus d'amis ni de famille...je pense qu'ils n'ont tout simplement pas su comment réagir.
Je pensais que je n'arriverais jamais plus à avoir d'enfants. J'y croyais tellement fort, je voulais ces bébés tellement fort que je me disais que rien ne pouvais déranger mon projet, et pourtant...

Mon mari et moi sommes tombés de très très haut, et je n'oublierai jamais ses deux bébés que j'aurais pu avoir.

J'ai deja ressenti le besoin de raconter la naissance de clara... faut que je trouve la force de le faire...
Ouhh le moral est en berne...
Je vous serre fort, vous toutes, mamans meurtries, en mal de vos bebes partis trop vite...

vos histoires sont tres belles

je ne sais pas si je serais raconter mon histoire aussi bien
en tout cas je vous rejoins dans votre peine