zia Gardienne du Temple
Nombre de messages : 2953 Age : 47 Localisation : Région Grenobloise Date d'inscription : 22/06/2008
| Sujet: Re: La naissance de mon ptit loup - récit en page 2- Mar 10 Fév 2009 - 14:47 | |
| Enfin, je termine le récit (super long) de la naissance de Tiago... Je regrette d'avoir mis autant de temps à l'écrire car déjà mes souvenirs s'émoussent... Nous sommes le 22 décembre, le grand jour, c’est demain, mais pourtant sur le portable de ton papa, on reçoit un message de la clinique, il est 10h30 et ils s’inquiètent de ne pas nous voir arriver. Je ne comprends pas, pourtant on avait bien convenu du 23 décembre, pas le 22. La sage femme que j’ai au téléphone me laisse entendre que j’ai mal noté la date. Impossible, cette date, c’est moi qui l’ai choisie et je sais pourquoi, c’est l’anniversaire de Tata Gaby, et c’était pour lui faire un clin d’œil que j’avais choisi cette date. Ca ce peut pas en être une autre, en tout cas, ça ne peut pas être une autre date pour un déclenchement, je n’en veux pas d’autre, sinon, je préfère encore attendre que tu pointes le bout de ton nez à la date qui te convient. Donc, on convient que je reviens bien le 23 décembre à 8h30.
On part se balader à la montagne avec ton papa, on a profité de ce dernier jour où tu es dans mon ventre pour se gorger de belles images, de beaux paysages enneigés, de bon air pur, toutes ces choses auxquelles je pourrai me raccrocher quand la tempête viendra. La journée passe super vite, limite si j’avais vraiment conscience que tu seras bientôt dans mes bras. Nous sommes le 23 décembre, ça y’est c’est aujourd’hui que tu vas naître. C’est un peu étrange de choisir la date de ton arrivée parmi nous, mais j’avoue que je suis heureuse de savoir qu’il n’y aura plus longtemps avant de te serrer dans mes bras. J’ai essayé toutes sortes de choses pour que tu viennes de toi-même, mais tu devais te sentir trop bien dans mon ventre pour avoir envie de quitter cet endroit douillet et rassurant. Cette nuit, je n’ai pas très bien dormi, comme les autres nuits d’ailleurs, je n’arrive plus à trouver de position pour dormir, et j’ai des contractions qui me réveillent. Je tourne en rond, alors vers 6 h, je me lève, je prends un bain… le dernier avec toi dans mon ventre. Je caresse mon ventre et te parle, tu me donnes des coups, ça me faire rire car dans pas longtemps tu seras sur mon ventre et je verrai enfin ta petite tête. Je prends un petit déj léger, un thé et des céréales, car je n’ai pas super faim. On se met en route et on arrive à la clinique à l’heure demandée. Il est 8h30. Je vais faire mon inscription comme on va se faire enlever une dent de sagesse, ça me fait un peu bizarre, mais bon, tu es bientôt là, alors qu’importe. On arrive dans le service de la maternité, une puéricultrice nous ouvre et nous prévient qu’on nous envoie la sage femme. On ne patiente pas longtemps quand apparaît un jeune homme qui se présente en nous disant qu’il va s’occuper de nous… sur le coup, je ne réalise pas que la sage-femme, c’est LUI. Il nous envoie au vestiaire pour nous changer. Helder enfile sa super tunique bleue, des chaussons et une jolie charlotte. Moi, je peux mettre la tenue que j’avais prévue. J’ai une chemise de nuit rose et un pull et mes chaussons. Ensuite, on se sépare car chacun a son entrée pour accéder à la salle d’accouchement, je suis Jean-Philippe. C’est ainsi que s’appelle notre sage-femme. Sur le coup, je ne réalise toujours pas que c’est lui qui va passer cette fabuleuse journée à nos côtés. Et puis on rentre dans la salle, il est 9 h. J’ai quelques contractions, mais c’est de la gnognotte comparé à celles que j’ai pu avoir certains jours, alors je me demande un peu comment tu vas pouvoir arriver si le travail ne se met pas plus en route. J’ai toujours le secret espoir que la nature reprenne le dessus et que ta naissance puisse se faire naturellement, physiologiquement… Jean-Philippe nous montre notre salle et nous invite à nous installer comme on veut. Je sors mon attirail de petites choses que j’avais amenées, mon baladeur MP3 pour chanter mes sons, des granules homéopathiques pour chaque phases, chaque situation, mon flacon de rescue, un petit flacon d’huile parfumée aux huiles essentielles, … Pour l’instant, je n’ai besoin de rien de tout ça, je veux juste que les choses commencent. Alors à 9h30, le monitoring est branché et j’ai droit à ma perf d’antibio pour le strepto qui est toujours bien là, malgré mes tentatives pour m’en débarrasser. Vu que c’est la procédure, Jean-Philippe me demande très gentiment si il peut m’examiner quand je me sentirai prête. Ca me fait bizarre qu’on me demande la permission, car pour Lucie, personne ne me demandait jamais mon avis et souvent comme je ne m’y étais pas préparé c’était douloureux. Premier touché, le col est toujours long mais bien mou, ouvert à deux doigts. Je suis contente, non pas du résultat, mais de l’examen en lui-même. Je n’ai rien senti, pas comme avec certaines gynéco ou sage-femme qui sont vraiment des brutes. Peut-être que ça vient du fait qu’il a des plus grandes mains et par conséquent que ses doigts trouvent plus facilement mon col.
Au bout d’une demie heure de monito pendant laquelle je me repose en sirotant de la tisane de sauge et de feuille de framboisier (en cachette, car je ne suis pas sensée boire), le constat est que j’ai bien des contractions, régulières, comme des vaguelettes mais qui ne font pas vraiment avancer les choses rapidement. Or, là, on est là pour que les choses avancent, ben oui, c’est le but d’un déclenchement. Alors à 10 heures, Jean Philippe me pose la perf de syntho, il veut commencer tout doucement, voir comment le travail évolue et si ça démarre bien me supprimer la perf si ce n’est plus nécessaire. Progressivement, on augmente les doses parce que mes contractions ne sont pas vraiment fortes, il m’examinera vers midi si je suis d’accord. En attendant, il me met un monito sans fil pour que je puisse bouger plus facilement. La perf ne me gène pas plus que ça, les fils sont longs et je peux me balader dans la pièce et le couloir avec donc, ça va. Pendant deux heures, je vais alterner marche, ballon et lit pour mobiliser à fond mon bassin et permettre à mon petit bonhomme de bien s’engager. J’ai de plus en plus de contractions et elles commencent à être de plus en plus fortes, je suis contente. Pour le moment, je n’ai pas mal. J’accueille les contractions avec joie, j’ai tellement envie qu’elles fassent leur travail que je les aide au mieux que je peux. J’ai envie de faire des sons en écoutant mon MP3 mais manque de bol, il ne fonctionne pas. J’ai les boules, j’avais tellement envie d’écouter cette musique et je ne me sens pas capable de faire de sons sans elle. Tant pis, je demande à Helder de me masser avec l’huile, ça sent super bon. Jean-Philippe passe régulièrement voir comment je vais. Il a éteint les lumières, il y a juste une lampe qui éclaire doucement et il m’apporte un lecteur CD pour écouter mon cd des « baleines ». J’ai bien fait de l’emporter, j’avais hésité, pensant que je ne l’écouterai pas vu que j’avais mon MP3… j’ai bien fait. J’ai demandé à Jean-Philippe si je peux me passer de monito. Il voudrait bien, mais vu qu’on m’injecte des produits, il veut pouvoir surveiller les contractions et le cœur du bébé, c’est la procédure. Il me propose de l’enlever une demie heure, puis de le remettre une demie heure et de recommencer comme ça si tout va bien, mais que quand la gygy sera là, il sera obligé de me le remettre car il va se faire taper sur les doigts. Ok, ça me convient comme ça. L’atmosphère est zen, on entend les vagues, le cri des mouettes, le chant des dauphins, et ça sent bon, alors je me laisse aller à suivre mes contractions, j’ai l’impression que malgré la perf, malgré le monito, je suis dedans. C’est sur que ce n’est pas l’accouchement que j’avais imaginé, pas ce dont j’avais rêvé. Mais pour cet accouchement dont je rêve, je le sens maintenant, je n’étais pas encore prête. Il est midi, Helder est allé manger vu que je gère bien la situation. Jean-Philippe passe m’examiner, et le col n’est qu’à 2… je m’y attendais un peu, je sens bien que malgré ma bonne volonté, mon bébé lui n’est pas pressé, il est encore très haut et je sais que ces contractions ne sont pas de celles qui vont vous faire accoucher dans les minutes à venir. On augmente encore un peu les doses pour voir si les choses s’activent un peu plus. Je commence à bien sentir les contractions, elles sont plus fortes. Je bouge autant que je peux, prend des granules, et de la tisane. Je grignote un petit bout de barre de céréales (en cachette toujours, mais ça me fait rire !!!). La gynéco doit passer vers 14h, finalement, elle arrivera à 15h. C’est elle qui m’examine. J’ai les boules, j’aurai préféré que ça soit Jean-Philippe, il est bien plus délicat. Elle me fait mal car je sens bien qu’elle a du mal car mon col n’est qu’à 2 est que mon bébé est super haut. Ca n’avance pas, je ne suis toujours dilatée qu’à 2. Elle me propose deux choix, soit elle me renvoie à la maison et on recommence un autre jour, soit elle me perce la poche des eaux. Hors de question que je rentre à la maison, elle a voulu le déclenchement et ben on va le faire, sinon ça n’a pas de sens. Et puis au fond de moi, je sais que tu es en route, ça fait depuis des heures que j’ai commencé le travail et même si ces contractions n’ouvrent pas franchement la voie, je sais que tu es en chemin… je n’ai pas envie de faire demi tour. Pas envie de repartir à la maison une fois de plus sans toi. Je me sens prête à t’accueillir alors, j’accepte qu’elle perce la poche. Je sais que les contractions seront plus douloureuses, que le poids de ta tête sur mon col va faire avancer les choses, alors je me dis qu’il ne reste plus longtemps et que cette course de fond va commencer à s’accélérer un peu. Alors à 15h, la gynéco sort son matériel et perce la poche. C’est horriblement douloureux, elle me fait mal, m’appuie sur le ventre, je cris et j’ai envie de pleurer… mais je tiens bon, après tout, c’est moi qui ait demandé, on aurait aussi bien pu rentrer à la maison… Je me concentre à nouveau, je sens les contractions, bien plus fortes, bien plus douloureuses, alors je commence à gémir des sons.
Helder est un soutient pour moi, à chaque contraction je me suspends à son cou en faisant des des OUUUUU et des AAAHHHH. C’est loin de l’accouchement dont je rêvais il y a quelques mois, mais j’essaye de me laisser aller pour t’aider à faire ton chemin.
Les contractions sont de plus en plus rapprochées et de plus en plus douloureuses.
J’ai l’impression d’être au milieu d’une tempête, que la houle se déchaîne et que je vais sombrer au fond de l’eau. Ca doit être la phase de désespérance. Je sais que je vais demander la péridurale, j’avais prévenu ton père que ça arriverai et qu’il faudrait qu’il me retienne car ce n’était pas ce que je voulais. On avait convenu que je devrais lui demander au moins trois fois pour qu’il appelle l’anesthésiste.
Au bout d’une heure je demande une péridurale, une fois… il me regarde, il voit bien que ce n’est pas la peine que je demande trois fois, je suis à bout de forces, je ne suis pas dans mon élément, je ne me sens pas à l’aise pour aller au-delà.
Il est 16 h 30, l’anesthésiste me pose la péridurale et vers 17h je me sens enfin mieux. Je sens les contractions encore, mais plus comme si c’étaient des petites vagues.
17h30, le monito indique que tu ne vas pas très bien, syntho fait trop d’effet, tu ne supporte pas bien les contractions, alors on fait une pause, on arrête la perf et on va voir si « mes » contractions sont plus supportables pour toi. Le travail a un peu avancé, je suis dilatée à 4. Ce n’est pas très rapide, mais ça avance. Je me repose entre les contractions, ça fait du bien de savoir que tu seras avec nous dans quelques heures. A 18h30, Jean-Philippe me propose de regarder où on en est, je me sens bien, je sais que ça avance, alors on patiente encore un peu. Je commence à ressentir de nouveau les contractions bien fortes, je n’arrive plus à me concentrer pour les accompagner, il est 19h10. Je demande à Helder d’appeler Jean-Philippe pour qu’il vienne. Il n’y a plus de produit dans la péridurale, il propose de m’examiner et en fonction il m’en remettra une dose. Jean-Philippe m’annonce que je suis entre 6 et 7. J’ai droit à une petite lichette de produit pour calmer la douleur. Je suis contente, ça avance, tranquillement, mais il me dit qu’à moins d’un accouchement express, ça ne sera pas lui car sa garde fini à 19h45. Ah non, ça ne va pas, je ne veux pas que ça soit quelqu’un d’autre. Je commence à paniquer, je ne veux pas que ça soit quelqu’un d’autre. Il m’a accompagné, nous a accompagné toute la journée, il a fait tout son possible pour que cet accouchement se passe au mieux pour moi, je n’ai pas envie que quelqu’un d’autre vienne pour « terminer » notre travail. Alors, je ferme les yeux, je me concentre très fort, et je t’implore, petit bonhomme, de bien vouloir te mettre en route, tout de suite, maintenant, immédiatement. Il faut que ça soit Jean-Philippe qui m’accompagne, sinon, j’aurai vraiment l’impression d’avoir gâché cet accouchement, de n’avoir pas pu faire comme j’avais envie, d’avoir loupé le peu de continuité qu’on a pu avoir. Tu m’as entendu, tu es en chemin, je le sens. A 19h20, Jean-Philippe repasse pour voir si tout va bien et pour nous dire au revoir car il n’aura peut-être pas le temps de passer d’ici la fin de sa garde. Et là, il voit que c’est parti, j’ai des belles contractions, il me demande à nouveau s’il peut m’examiner car il a l’impression que ça pas tarder, je suis à 8… Si ça continue comme ça, il propose de rester avec moi jusqu’à la fin de sa garde, et de faire du rabe pour être là pour ta naissance ! Quel soulagement ! Un quart d’heure plus tard, j’ai besoin de pousser !!! Il me propose d’y aller. Les contractions arrivent, je pousse en serrant la main de ton papa très fort. Je les sens bien, la péridurale n’a plus aucun effet. La gynéco arrive à 19h50, elle s’installe. Ton papa est à ma gauche, il me soutient et Jean-Philippe est de l’autre côté. Je vais pousser pendant trois contractions, et te voilà !!! Il est 20h04. Tu sors, tout couvert de vernix, on te pose sur mon ventre. Je suis toute émue, te voilà, Tiago, mon fils. Je suis heureuse. Ton papa coupe le cordon. Te voilà parmi nous. On nous laissera une heure pour faire ta connaissance, et puis quelques examens et on te repose à nouveau sur moi, tout nu, contre ma peau, tu trouveras bien vite le chemin de mon sein et te voilà déjà à téter goulûment. Je te respire, j’enfouie mon nez dans ton coup et hume ton odeur, j’ai l’impression d’être une maman animale, de te reconnaître… tu es mon petit, je t’aime déjà très fort.
Dernière édition par ziagora le Mer 11 Fév 2009 - 5:53, édité 1 fois | |
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