Le récit en deux messages, l'accouchement lui-même, puis le reste !!!
« Ma p’tite madame, vous allez accoucher comme une fleur ! »
Plutôt rassurant le gynéco, mais parlait-il de la durée, de la facilité ? Comment une fleur est supposée accoucher ?
Quelques jours avant, je me suis prise de panique. J’avais peur d’aller à l’hôpital, j’avais peur que mon plan de naissance ne soit pas suivi, qu’on me cathéter-perfuse-péridure, j’avais peur de rester 4 jours dans un hôpital, j’étais angoissée par les sages-femmes que je ne connaissais pas, et aussi par le gynéco qui m’avait quand même suggéré que si le jour du terme, bébé n’était pas là on le ferait gentiment sortir… (sauf si j’accouchais comme une fleur avant bien sûr !). Et puis j’ai repris le contrôle, me suis soignée aux fleurs de Bach, aux homéopathies… J’ai préparé mes huiles de massage, mes granules homéopathiques pour faciliter le travail… J’ai relu mon plan de naissance, préparé mes papiers…
Et puis mercredi 17 septembre, grosse fatigue… quelques contractions assez dures mais non douloureuses. Pendant la nuit, ça continue à travailler, je me réveille souvent, mais je n’ai pas mal. Dans un rêve, on me dit que je suis en « pré-travail » et que le travail va bientôt commencer. Jeudi 18 septembre : au réveil, je raconte mon rêve à Micka, on rigole, mais j’y crois pas, pas encore, pas tout de suite… Je sais que je saurais quand le moment sera venu… Mais ce matin ça contracte quand même dur (toujours sans douleurs) et je me recouche pendant qu’Élisa est à l’école…
Début d’après-midi je raconte une histoire pour endormir Élisa. Je suis fatiguée, prête à faire la sieste avec elle. Élisa ferme les yeux, bercée par ma voix, quand au milieu d’une phrase, là, je la sens, la première « vraie » contraction, celle qui commence à faire mal… Je continue mon histoire, et une seconde vague me remplit moins de 5 min après…
14 h… Élisa s’est endormie, mais je ne suis plus fatiguée et je rejoins Micka qui se prépare pour… un entretien dans une heure. Ça y est, c’est l’heure ? Je ne sais pas encore, ton entretien, oui je pense que tu peux y aller, je gère, tout va bien et je ne sais pas si ça va continuer… Oups, une autre vague, moins de 5 min, il me faut du chaud, je saute dans la douche… Et ça continue, on chronomètre, nous sommes aux 3-4 min… Ok, Mick, pars pas, me laisse pas, c’est parti…
Les deux heures qui suivent, je vois mon chéri courir dans tous les sens pour préparer nos affaires, paradoxalement nerveux mais serein, le sourire aux lèvres qui ne descend plus. Bébé arrive… Mais moi je pleure, je ne veux pas l’hôpital mais je sens qu’il faut qu’on ne tarde pas trop, ça va vite, très vite…
Dernières mises au point pour Élisa, qui s’est réveillée et qui est contente que bébé arrive mais qui voudrais bien venir avec nous à l’hôpital… Ça me fait mal au cœur de devoir la laisser à la garderie, et le soir elle va dormir chez nos voisins…
On part. Enfin on essaie, Mick remonte 3 fois chercher des trucs, et moi dans la voiture, je contrôle chaque vague entre pensées positives, présence haptonomique et Reiki… sans oublier granules homéo toutes les 15 min. A chaque pause je suis étonnée de ne pas planer comme pour Élisa. Je reste très consciente, maîtresse de moi, je ne pars pas aussi loin que pour Élisa ou j’avais l’impression d’être droguée…
On part, chaque bosse de la route provoque une contraction, c’est dur. Je pleure, je n’accepte pas encore l’idée d’aller affronter l’hôpital, cette forteresse hantée qui me terrorise…
17 h… Arrivés à l’hôpital, Micka me demande si je veux qu’on aille faire un tour, qu’on attende. Les contractions sont trop rapprochées, je veux aller me mettre au calme, là où je vais pouvoir gérer les choses. J’angoisse, un coup de Rescue et on entre… Respire, pff…
Après passage bref à l’accueil, on monte à la mater. Dans l’ascenseur, un doute, et si le travail n’avait pas beaucoup avancé ? La sage-femme qui nous accueille s’appelle Laetitia, une petite blonde à lunettes. On lui parle de suite de notre projet de naissance. Elle commence à argumenter cathéter, on explique les raisons de notre refus, elle comprend elle accepte de ne pas en mettre !!! D’un coup la pression se relâche , je commence à avoir confiance. Elle commence à vouloir argumenter prise de sang, je l’arrête et lui dit que je l’accepte sans problème, je sens un soulagement dans l’autre camp…
Elle me demandera pour chaque chose ensuite. Elle regarde où en est le travail, je suis curieuse aussi, peur d’être déçue mais non, mon score est de 5 cm, c’est vrai que finalement mon instinct ne m’a pas lâché : ça va vite… Elle me demande si elle peut me monitorer, une petite demi-heure. Moi qui pensais bouger pendant le travail, je ne veux qu’une chose, être assise, donc ça ne me dérange pas, du moment que je n’entende pas un son. Je ponctue toujours mes contractions par l’homéo, je respire de l’huile essentielle de Menthe Poivrée pour mes nausées, Mick me masse le bas du dos avec mon huile de massage maison spécial accouchement, puis me sort un jus de fruit pour ne pas me déshydrater… Au bout de 20 min je veux aller aux toilettes on bippe la SF qui nous dit qu’après on va en salle d’accouchement…
Hum, déjà ?? Je peux à peine marcher, une vague succédant à l’autre aux 2 minutes ou moins peut-être… on m’emmène en fauteuil roulant, la SF commence à me parler pendant une contraction, je n’entend rien, je veux juste qu’elle se taise.
18 h ?...La salle d’accouchement : froide, une table au milieu, des appareils partout. On est bien loin de la chambre Avalon de la maison de naissance… Mais les femmes sont souriantes, c’est rassurant. J’ai du mal à me lever du fauteuil roulant, on me parle encore pendant les contractions, j’ai envie de leur dire de se taire, mais je suis polie alors je ne dis rien. Si j’avais su, j’aurais écrit dans mon plan de naissance de ne pas me parler pendant une contraction…
L’aide natale commence à écrire mon nom sur son ordi… La SF l’arrête, ils ont un plan de naissance… Donc pas de péri ? (regard étonné) Non, pas de péri, pas de perf. Pas de perf ? (regard déconcerté)… Elle éteint son ordi. Je parviens enfin à m’installer péniblement sur la table, un coussin avec des billes est installé, ça me fait du bien de me poser semi-assise dessus… Mais j’ai du mal à gérer les contractions, je dois m’assoir… Je me rends compte que je ne cherche pas à faire avancer le travail mais à avoir le moins mal possible. Tout le monde sort de la salle, j’ai soif et Mick me ressort un jus. On ne se pose même pas la question de savoir si on peut ou pas… Mick m’aide à gérer les contractions, il est enfin présent réellement, les cours d’haptonomie commencent à servir et je ne veux plus qu’il me laisse.
La SF revient et me dis d’un air désolé que malgré mon plan de naissance elle ne peut me laisser boire ou manger pendant le travail, avec argumentation sur les cas où il y a une anésthésie et tout et tout... J’ai encore soif alors je lui demande si je peux avoir un peu d’eau quand même, elle me dit de me vaporiser de l’eau en spray sur la langue… On se regarde avec mon chéri, croyant qu’elle rigole, mais non. J’ai plus envie de me battre avec mon plan de naissance et les recommandations de l’OMS qui résonnent dans ma tête, et je me dis que c’est pas grave, dès qu’elle repart je ressortirai le jus de fruit, mais finalement elle ne repartira pas…
Elle me demande si elle peut vérifier le col, j’accepte et le nouveau score est de 7 cm. Ouf…
Puis là elle me propose de me mettre sur le côté, car bien que je gère mieux les contractions assise, elle pense que ça avancera plus vite. On a des trucs haptonomiques pour ça aussi, alors je me place. Les vagues commencent à m’emporter plus loin du rivage, plus longtemps… Dans un souffle je lance : « Elle arrive ! » Mick me regarde, comment ça, elle ? Je ne sais pas, les mots sont sortis avant que je les pense et que je les comprenne.
La SF veut nous laisser, je lui dis de rester ça ne sera plus très long… Elle reste donc.
Toujours sur le côté, je chante, chaque vague est accompagnée d’un « ohm » qui me fait du bien, je vibre avec ma voix, j’encourage, je parle à mon bébé. Je ne crie pas, j’accompagne, j’aime ma voix, je me centre dans la présence haptonomique, avec l’aide de Mick qui fait corps avec moi. C’est beau, viens mon bébé, tu peux y aller on est là…
Je commence à vouloir pousser, déjà, ça fait à peine une dizaine de minutes, peut-être un quart d’heure que j’étais à 7, mais là je sens bébé engagé, la petite brûlure, je la sens, je me souviens, je sais, et puis je ne sais plus si c’était là où un peu avant, je crois, la poche des eaux s’est percée, inondant tout le monde. Je m’aperçois que les femmes ont mis des masques sur leur visage, me donnant une furieuse impression d’impersonnel, mais c’est pas grave, car tout le travail c’est Mick et moi qui le faisons, elles attendent, les mains gantées en l’air…
La SF insiste pour vérifier où en est mon col avant de me laisser pousser, j’ai pas envie du tout, mais elle argumente, encore, alors je laisse faire… Et puis elle me dit que je peux y aller, laisser mon bébé venir au monde, et voilà, les vagues m’emportent encore et toujours, je sens cette force incroyable qui vient du fond de mes tripes, qui me déchire, du fond de mon âme, j’y mets tout mon amour, toute ma faiblesse, je « ohme » encore pour finir dans un râle. J’aime ces sons, car je les vis, ils me résonnent encore aux oreilles…Et puis, je donne naissance.
Je te présente Milo. C’est un garçon ? Ah non, je te présente Romane. Mon homme est un comique en toute situation. C’est une petite fille. Une petite fleur. Elle a des cheveux très noirs, beaucoup. Elle pleure beaucoup. Elle est toute blanche de vernix. Elle est chaude. Elle pleure. Elle est sur moi, douce Romane. Le cordon est court, elle ne peut pas venir téter. On attend qu’il finisse de battre, et moi j’ai hâte de lui donner un peu d’amour, un réconfort après tous ces chamboulements, lui donner le sein…
Mais des nouvelles contractions arrivent, j’ai mal, je ne gère plus cette douleur maintenant que mon bébé est là. Ça va pas, j’ai vraiment mal, j’ai envie que ça s’arrête… La Sf propose de couper le cordon même s’il n’a pas fini de battre pour faire sortir le placenta. J’ai tellement envie que ça s’arrête que j’accepte. Elle clampe, Mick coupe, et puis là, me propose de tirer le cordon pour faire sortir le placenta plus rapidement… J’ai tellement envie de ne plus avoir mal et que toute le monde parte que j’accepte aussi. Mick aura à ce moment une pensée pour la SF qui nous suivait pour Élisa, qui expliquait que tirer sur le cordon pour faire sortir le placenta augmente les risques d’hémorragie… Moi je l’avais oublié, je laisse faire, le placenta sort, mais j’ai toujours des contractions… La bonne nouvelle par contre c’est pas de déchirure, pas de points…
Je veux faire téter Romane, mais la SF me demande si elle peut prélever un peu de liquide dans la bouche car le liquide amniotique est plein de méconium donc elle veut vérifier s’il n’y a pas d’infection. On accepte évidemment mais c’est dans l’estomac qu’elle envoie la sonde directe… Pas terrible, elle aurait pu nous le dire…
Enfin ma douce Romane qui ne pleure plus prend sa première tétée. Mick sort l’appareil photo. Elle restera trois quart d’heure pour cette première fois… Elle a été pesée, mesurée, non aspirée, et on ne lui a rien donné, pas de collyre ni vitamine K. Je suis fière. On a réussi, we did it…