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Idées autour des positions pour accoucher et la sexualité.
Viviana Tobi, Argentine, Tobinatal : www.tobinatal.com (partenaire SMAR Argentine)
Une femme qui connaît sexuellement son corps est en meilleures conditions pour choisir quelle position peut faciliter son moment expulsif. La connaissance de notre corps et de notre sexualité se construit de façon relationnelle par genre, dans des codes culturellement et socialement partagés.
Les premières expériences sexuelles infantiles qui se manifestent dans le bébé par le biais du plaisir oral de l'allaitement configurent donc un mode d'identification sexuelle avec le monde. Les différentes positions dans lesquelles le bébé se positionne pour téter le mettent en communication directement ou indirectement avec le regard de sa mère. Dans l'évolution des patrons de mouvement l'enfant traverse différentes positions jusqu'à trouver définitivement la position verticale qui le situe sur un plan d'égalité spatiale devant l'adulte avec lequel il commence à se comporter sur un mode chaque fois plus symétrique.
Avec les premières expériences sexuelles, qui vont de conduites auto-exploratoires ou d'auto-stimulation jusqu'aux relations sexuelles, il se construit un système de lien organisé culturellement autour d'un système de relations de pouvoir. Ceci s'exprime dans tous les contextes par le biais de différentes manifestations.
Ce que fait la mobilité corporelle à la sexualité, avec laquelle les amants changent de positions, leur permet à la fois de participer à des jeux de rôle qui - quand ils sont flexibles - donnent la possibilité de la croissance personnelle ainsi que de la croissance de couple. Quand, pour des raisons culturelles spécifiquement de genre, la femme n'atteint pas son autonomie émotionnelle, sexuelle, sociale, même économique, ses potentiels se rendent invisibles pour elle et pour les autres.
La pratique sexuelle est un miroir où se reflète clairement ce phénomène, observable dans la rigidité des changements de rôle par rapport au registre du désir, de l'excitation, de l'initiative jusqu'aux positions que le couple adopte dans son répertoire de conduite sexuelle. Ce n'est pas un hasard si beaucoup de couples peuvent seulement « le faire » avec la lumière éteinte ou si la femme est allongée dans la traditionnelle position du missionnaire.
Dans cette position la femme ne se sent pas obligée de se charger de ce qu'elle ressent (car dans l'imagination des deux elle reste la seule réceptrice et dépositaire du désir de l'autre.)
Mais la question ne se pose pas seulement pour telle ou telle position, sinon pour la possibilité de mouvement qui suppose le fait d'être connecté avec ses impulsions et ses sensations physiques et émotionnelles. Se lever ou s'asseoir ou bien n'importe qu'elle autre option verticale situe la femme dans un autre espace d'action pour lequel elle et son compagnon ont besoin d'être préparés. Disposer de tout le corps, sans se cacher, c'est accepter de se montrer à l'homme avec les actes spontanés de ce moment, au-delà des conduites cinématographiques sur les exercices sexuels.
L'intimité se construit à deux, dans un lien de paire avec la confiance de ce que l'autre peut faire, avec ce qui se vit comme vulnérable. Si nous reconnaissons que la naissance est un acte sexuel et intime, la participation qu'y aura le médecin devra respecter ce moment en prenant en compte la place hiérarchique que doit occuper la femme dans la scène de l'accouchement. L'espace qu'elle a choisi d'occuper dans son lien sexuel de couple conditionne celui qu'elle peut établir avec le médecin lors de l'accouchement.
Qui pourra passer la scène sexuelle partout et se situer depuis différentes perspectives sera plus préparée pour savoir quelle position adopter pour aborder l'expérience d'accoucher et de faire naître. L'horizontalité dans le lien avec l'équipe obstétrique sera définitivement l'unique garantie que, si elle choisi la position allongée, cela sera son choix et non de celui qui « la couche ».
Notre approche n'est pas celle de la position idéale pour accoucher, comme non plus elle le serait pour les relations sexuelles, sinon celle de la « non position », de la défense de la mobilité qui pourrait se trouver jusqu'à la quiétude.
Dans les traditions orientales il existe beaucoup d'allusions à l'importance dans la variation des positions coïtales pour la réussite de l'équilibre énergétique (illustrations de différents textes taoïstes S.VI d.c, lesquelles servent à ajuster les différents déséquilibres du corps.)
L'intéressant travail de Lakoof et Jonson (métaphores de la vie quotidienne) expose les métaphores orientales dans le langage qui donnent de la signification à notre expérience. Ainsi, heureux est en haut, triste est en bas. Avoir le contrôle et la force est en haut, alors qu'être sujet au contrôle ou à la force est en bas.
Ces métaphores ont une base physique et sociale et reflètent les différentes relations de pouvoir qui s'établissent dans les liens et qui sont présents tant dans l'exercice de la sexualité comme dans tant d'autres dimensions de la communication humaine.
Traduit de l'espagnol par Christine Peterson-Launay Texte en version espagnole :
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Sophie Gamelin
présidente de l'AFAR
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