Bonjour, bonjour
Voici un récit de naissance qui arrive avec un mois de retard, puisque Yaël est né le 23 mai 2013 et je trouve enfin le temps de me poser pour vous raconter son arrivée.
Tout d'abord je voudrais remercier toutes celles qui m'ont soutenues pendant ma grossesse, j'avais posté pour parler d'un problème qu'on avait rencontré (asymétrie ventriculaire cérébrale) finalement tout est rentré dans l'ordre après un IRM hyper stressant et un accompagnement médical mitigé.
Décidément, ce petit bout avait décidé de jouer avec nos nerfs puisqu'il devait naître (selon les médecins) le 20 mai. Le jour dit, comme aucun signe annonciateur de la naissance, mon homme et moi nous rendons comme prévu à une visite de contrôle à la mater.
Bilan, un monito parfait, une écho parfaite, bonhomme a encore pas mal de liquide, il est dans les starting block mais toujours pas décidé. La sage femme qui m'ausculte me déprime pas mal en me disant que mon col est légèrement ouvert mais que ce n'est pas très concluant puisque ça fait un mois qu'il est comme ça.
On me dit de revenir pour une autre surveillance 48h plus tard et puis si rien ne se déclenche sous 5 jours c'est le déclenchement.
J'en profite pour demander si c'est possible d'envisager d'attendre plus longtemps si tout va bien. Réponse négative totale ! C'est le protocole de l'hôpital, pas de traitement de faveur, impossible.
Dommage, jusque là j'étais très contente de la mater qu'on avait choisis parce qu'elle était vachement physio mais pour ce qui est des dépassements de terme apparemment c'est intraitable.
On rentre à la maison, comme toujours depuis un mois je monte les 6 étages à pieds pour aider ce bébé à se décider. Je fais un peu la tronche, je crois que K. ne comprend pas pourquoi le déclenchement me fait si peur, pour lui tant que bébé arrive en bonne santé c'est tout bon.
Je lui explique (en m'énervant un peu, les nerfs et la déception obligent) que je me sentais nulle de ne pas réussir à accoucher naturellement, que le déclenchement apporte souvent beaucoup plus de complications et que ça allait un peu à l'encontre de tout ce qu'on avait prévu pour cette naissance (haptonomie, chant prénatal, yoga etc...)
Il me dit que peut être que je ne suis pas prête à accoucher parce que je suis trop heureuse enceinte. C'est vrai que j'ai peu de désagréments de fin de grossesse, j'ai la pêche, j'ai pris peu de poids, et je me sens bien...
Le lendemain, toujours rien... Là c'est la crise, la grosse chûte nerveuse, je passe la matinée à pleurer toute seule (K. est au travail.) je broie du noir.
Finalement après la crise de larmes, je me ressaisis, je me sens un peu mieux et finit par accepter l'idée du déclenchement avec bonheur, je dis à mon bébé que si il ne vient pas c'est parce qu'il veut nous laisser le temps de lui trouver un prénom (et oui on hésite encore !!!)
Le lendemain, jour du contrôle à la mater, je ressens des contractions qui picotent, je dit à K. que j'en avais jamais eu des comme ça. Il sourit et me dit que c'est au moins la 15ème fois que je lui dit ça depuis le début de la grossesse. Peut être mais là j'ai vraiment l'impression que c'est pas pareil !
Au contrôle, monito toujours parfait, écho toujours parfaite, l'interne m'explique comment se déroule un déclenchement.
Elle me fait un toucher vaginale et me dit qu'elle trouve mon col très favorable à un déclenchement, ouvert à l'orifice interne à 2 ! Elle me remonte le morale celle là !
Je repart de la mater avec le sourire aux lèvres, en plus il fait beau !
Je suis tellement dans mes pensées que je rate mon arrêt de métro, deux fois... résultat 30 min de marche pour rentrer chez moi, pas envie d'attendre le métro dans l'autre sens, je me dis que c'est ma dernière tentative pour déclencher l'accouchement naturellement.
Arrivée chez moi je me cale dans mon lit devant un film.
Il est 17h et les contractions qui picotent reviennent.
J'en informe K. qui me dit de chronométrer, de toute façon il ne rentre du boulot qu'à 19h donc si j'en ai encore quand il rentre on pourra aller à la mater.
17h30 les contractions sont éspacées entre 7 et 5 min c'est normal que ce soit pas très régulier ?
Ma belle mère me téléphone, pas facile de maintenir une conversation pendant les contractions.
18H30 je vais me préparer une tisane, les contractions sont à 4-5 min j'arrête de chronométrer, de toute façon je les sens bien ces petites coquines !
Je me met à danser dans la cuisine, ma chienne me regarde avec perplexité je lui dis en chantant que si je danse c'est que je suis en train de faire un bébé, elle a l'air contente !
Je me fait couler un bain, ça fait du bien, j'ai mal mais je suis tellement euphorique que je ne m'en rend pas encore compte. Je n'arrive même pas à croire que c'est commencé. Je n'arrête pas de me répéter que ce n'est qu'un faux travail.
Je commence à faire des vocalises comme on a vu au chant prénatal, ça et le bain annihilent presque complètement la douleur. Je me sens bien dans l'eau presque bouillante. Je parle à mon bébé, je me sens animal, vivante, heureuse.
19H30- mon homme rentre, il me demande où ça en est, je lui dit d'attendre que je chante pour chronométrer, il compte 2-3 min entre les contractions. Mais maintenant que c'est l'heure de partir, je ne veux plus, je ne veux pas aller à la mater, je suis bien dans ma bulle et j'ai trop peur de me déplacer pour rien. Oui oui je crois encore que c'est un faux travail. C'est K. qui insiste pour que je sorte de la baignoire.
Là j'accuse le coup, la douleur debout, hors du bain, est bien plus forte, parler avec K. m'oblige à sortir de cette bulle, les contractions sont de moins en moins supportables.
20h on part pour la mater, la voiture est une torture mais je continue à déconner car je suis très heureuse, je ris d'avoir mal, je fais des blagues, mon homme est heureux et tente d'avoir tous les feux verts !!! Je ne m'en suis pas rendu compte mais il a préparé plein de choses, des thermos de tisane de feuilles de framboisier, de l'homéo, une clé usb avec un petit poste radio pour la lire.
Trop fort mon bonhomme !
20h15 Sur le parking de la mater je m'accroupis en criant à K. de se grouiller, un homme passe sur le parking et me sourit avec compassion. Je n'ai plus honte de rien !
K. me demande si on demande la salle nature ou pas, je lui répond que je veux savoir à quelle stade de la dilatation j'en suis avant de décider. Si je suis à 3 je veux attendre, sinon on verra.
20h30 on nous accueille aux urgences mater, heureusement il n'y a pas grand monde, là ça devient terrible pour moi, je n'arrive plus à gérer, je n'ose pas chanter pour me détendre car je suis dans un couloir avec plein de passage. Je sens que ça tire entre mes cuisses pendant les contractions, la tête de bébé déjà ?
La sage femme de garde me demande de faire un test urinaire, je tente mais il m'est impossible de m'asseoir sur les toilettes. Les contractions sont au moins à toutes les minutes.
Je dis à la sage femme que j’espère que ce n'est pas un faux travail. Elle sourit et me dit que ça n'a pas l'air d'en être un ! Quand j'y repense maintenant je me demande comment j'ai pu croire ça !
21h Après une attente abominable dans ce couloir où je ne pouvais rien faire pour me soulager (K. essaie un peu d'hapto mais il essaie juste au moment où je n'ai pas de contractions ! pas de pot !), on passe enfin en salle d'auscultation. Je préviens la sage femme qu'il va falloir choper le moment où il n'y a pas de contractions car j'ai trop mal pour m'allonger. Je lui dit que je sens un poids entre mes cuisses à chaque contraction.
Entre deux contractions je me jette sur la table d'examen en criant "MAINTENANT !"
Je trouve encore le moyen de rigoler, malgrés la douleur je suis juste trop heureuse !
Elle me regarde avec surprise en me demandant si c'est mon premier. Là je suis à un bon 5 centimètre, col bien effacé et le poids que je sens à chaque contractions c'est la tête de mon bonhomme qui appuie très fort et commence à s'engager.
21H15 -" on va vous passer en salle d'accouchement madame !!! " La question de la salle nature se pose alors à nouveau. Je fait rapidement le bilan, la douleur est très intense, je n'arrive plus à prendre le dessus à me calmer, ce fichu couloir m'a empêché de me détendre... je suis fière d'avoir tenu jusqu'à 5 cm seule avec les méthodes que l'on m'a donné. Présentement je n'ai qu'une envie, c'est profiter de mon accouchement calmement, pouvoir renouer avec mon homme, la douleur m'en empêche.
21h30- je demande la péri, mon homme est inquiet et me demande si je ne veux pas attendre, si je ne vais pas regretter. Les contractions ne me laissent aucun répit mais je tente de lui expliquer le bilan que je viens de faire dans ma tête. Je lui dit que si il m'avait laissé j'aurai pu accoucher dans la baignoire !
22h la péri est posée, je croyais avoir mal, j'avais très peur mais ça va.
je me disais que je ne ressentirais plus rien, en fait avec le système de poire pour doser soi même je me laisse la possibilité de souffrir encore un peu pour tout ressentir.
23h je suis à 7 cm la sage femme semble avoir cerné nos attentes, elle me dis d'elle même, je ne fait pas d'épisio, me parle d'installation pour accoucher quasi accroupie et me propose de mettre un miroir pour que je puisse tout voir.
K. demande si il pourra accueillir le petit à la sortie, elle est complètement ok.
23h30 se pose à nouveau la question du prénom, c'est K. qui tranche, en ma faveur ce sera Yaël.
Je suis tellement heureuse d'être là, je n'ai peur de rien !
00h dilatation complète la SF me perce la poche des eaux. Je m'attend à ce qu'on pousse. Elle me dit qu'elle préfère proposer d'attendre que les contractions fassent leur travail et que bébé fasse son chemin tranquille dans le bassin. Elle m'aide à m'installer sur le coté pour faciliter la descenteet nous donne rendez vous dans 2 h.
pendant ce laps de temps K, et moi on fait de l'hapto on réalise, mon frère nous téléphone. Je garde un souvenir magnifique de ces moments où je sentais le bébé descendre dans mon bassin tout doucement, à chaque contraction, comme un dernier calin de l'intérieur avant la grande séparation.
Ces deux heures m'ont permit de bien réaliser, de me rendre compte sereinement de la fin de ma grossesse qui arrivait.
2h20 je dis à K. de regarder sous le champs car j'avais l'impression qu'il était là, il ne voit rien. La SF arrive à ce moment là et nous dit en effet qu'il n'est pas loin de la sortie.
Elle redresse mon dossier et m'installe des cales pieds pour que je puisse être presque accroupie.
2h30 je commence à pousser, en une poussée je vois mon vagin s'ouvrir doucement, encore une et je vois un peu de cheveux, à la poussée suivante sa tête est dégagée, je découvre lentement son visage c'est ce qui me surprend le plus, je ne m'attendait pas à ça, ce bébé qui n'était qu'un bébé jusqu'alors devient mon fils Yaël avec ses propres traits, son propre visage. Je suis émue par ce tout petit visage qui émerge. Encore une poussée, la SF dégage les épaules et c'est K qui prend le relais, il attrape
le petit, je suis fière de K. de son implication dans cette naissance.
Je sens un transfert magique de ce poids de dans mon ventre à sur mon ventre, je me sens légère, heureuse.
K. le pose sur moi, Yaël me regarde, il a un regard surpris, profond, puissant, à partir de là je ne souviens de pas grand chose.
La SF me complimente sur ma poussée, et est impressioné par la rapidité du travail pour un premier.
elle demande à K. qui m'a préparé à l'accouchement, et elle s'exclame "ah un accouchement comme on en rêve en tout cas ! "
Je me souviens de K. qui me regarde, qui nous regarde, Yaël pleure à peine et cherche à téter tout de suite, je suis fière du courage dont fait preuve ce petit bonhomme.
A 2h46 j'étais devenue maman.
Et pour la petite histoire, Yaël avait été annoncé à 3.2kg, il en faisait 4.140 kg !!!!
Merci à celles qui auront eu le courage de me lire jusqu'au bout. Et encore merci à toutes pour le soutien que vous m'accordez quand je sous marine sur ce forum pas comme les autres !
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