C'est très long... Heureusement que l'accouchement a été rapide
Je m'aperçois que le ton est très différent de celui de la naissance de Louis; on voit que ce n'était pas du tout le même accouchement.
Mercredi 4 juillet
Veille du terme théorique. Je ne compte plus les contractions très nettes mais non douloureuses ces dernières semaines. Pas mal de douleurs de règles aussi, dans le ventre et le dos, mais pas de « vraies » contractions. La semaine passée, le col était ouvert à 1.5, un peu raccourci. Pendant tout le w-e, perte du bouchon muqueux, et ça continue en ce début de semaine. Ça bouge, mais je n’en vois pas le bout…
Après-midi, rdv avec une gynéco que je ne connais pas, le mien étant en vacances. Après avoir pris la peine de lire le projet de naissance qui figure dans le dossier, elle m’examine et je la vois devenir toute contente. Col à 3, très court. Elle pense que je ne passerai pas le w-e et me propose un décollement. Je refuse, préférant que bébé choisisse son moment, en me disant qu’on avisera lors du rdv de la semaine suivante, s’il n’a toujours pas pointé le bout de son nez (histoire d’éviter un déclenchement –même si on ne devra sans doute pas aller jusque-là). Elle pense aussi que le travail devrait être assez rapide, et me conseille donc de ne pas attendre si les contractions deviennent fortes ou régulières, mes parents ayant 3/4h de route pour venir garder Louis.
En rentrant, je prends une petite rue assez défoncée, c’est toujours ça de pris ;)
B. et moi sommes assez optimistes, on se dit que les choses commencent à bouger. Pendant le reste de la journée et la soirée, les douleurs de règles sont assez fortes, sans doute est-ce dû à l’examen.
Jeudi
Toujours quelques douleurs et contractions non douloureuses. Le soir, c’est Masterchef junior, on plaisante en se disant que Norbert devrait se décider maintenant. Pendant l’émission, les douleurs s’accentuent, mais toujours pas de vraies contractions. J’ai fort mal au dos, je ne sais pas comment me mettre. Je finis la soirée sur le ballon (et je loupe la fin de Masterchef, au passage) et j’ai de plus en plus mal. Quelques contractions plus fortes, mais anarchiques. Je m’accroupis, en appui sur les bras, pour faire descendre un peu le bébé. Vers 4h du matin, ça se calme et j’arrive à dormir un peu.
Vendredi
B. commence à péter un plomb. Il n’avait qu’à pas imaginer que j’accoucherais avant le terme ^^
Plus sérieusement, je suis complètement à plat, crevée par ma nuit blanche. Il emmène Louis se promener au parc, histoire que je me repose un peu. Et me prévient que le lendemain il me fera marcher, parce que « ce n’est pas en restant collée dans le canapé que ça va bouger ». Certes, mais j’ai un mal de chien à avancer, figure-toi. Et j’en ai marre d’avoir mal au dos non-stop.
Internet perd la boule et les copinettes s’emballent. Non, je n’étais pas partie accoucher ;) (sans compter les 3 messages par jour des parents demandant si ça « bouge »… Officiellement, mon col est toujours bien fermé et je n’ai pas la moindre contraction, sinon c’est double dose de valium pour maman et papa qui l’assomme)
Samedi
Mon frère s’y met et m’envoie un sms me signalant l’existence de la méthode italienne. Je ne sais pas qui de B. ou de moi est le plus mort de rire en imaginant s’y mettre. Comme il n’est pas emballé non plus par la méthode suédoise, il faut donc que je marche. Tant qu’à marcher, autant aller faire quelques soldes. Direction le centre commercial, où on ne fera que 2 magasins de vêtements pour enfants. J’ai trop de mal à marcher, ma jambe gauche me lâche tous les 10 pas. Il nous faut traîner Louis derrière nous, pas du tout motivé et qui veut rentrer. Une fois à la maison, il veut sortir. Et ce sera comme ça toute la journée : il a faim, puis non, veut tel jeu, puis un dvd… Bref, il me fait tourner en bourrique. Une copinette me propose d’aller se promener au parc, mais je renonce : trop de mal à avancer, mal au dos, et j’ai promis à Louis de pâtisser avec lui.
En fin d’après-midi, je craque. J’en ai marre d’avoir mal pour rien, de ne rien savoir faire, de voir Louis devenir dingue parce que je n’arrive pas à le suivre dans ses activités et B. s’impatienter. Je regrette d’avoir refusé le décollement et je crois que B. m’en veut pour ça. Les nuits blanches s’enchaînent et je me dis que je vais être tellement crevée le moment venu que je ne vais rien gérer du tout et serai obligée de prendre la péri tout de suite. B. me rassure comme il peut, mais je sens qu’il en a marre d’attendre. En ce qui me concerne, ce n’est pas le dépassement de terme qui me pèse : tant qu’on ne va pas jusqu’au déclenchement (et normalement ce ne sera pas le cas), ça ne me stresse pas ; c’est le manque de sommeil et les maux de dos et de ventre continuels qui me sapent le moral.
Le soir arrive et, comme jeudi, les douleurs s’accentuent, toujours sans contractions douloureuses. Zut, me voilà repartie pour une nuit blanche. Et Louis, toujours aussi énervé, refuse de dormir, ce qui n’arrange pas les choses. Vers 1h du matin, B. parvient enfin à le coucher, dans notre lit, et il se couche lui aussi. Je reste dans le salon. Le modem a planté une fois de plus, je ne peux même pas passer le temps comme ça. J’essaie de m’installer sur le ballon, mais pas moyen : c’est inconfortable, ça ne me soulage pas le dos et en prime ça me fait mal à l’entrejambe.
2h du matin : le modem redémarre, je passe dire aux impatientes que non, je n’ai toujours pas accouché.
2h10 : ah ! n’aurais-je pas senti un pic au milieu des douleurs de règles ?
2h15 : un 2ème pic. Au 3ème, je vais chercher B. pour qu’il m’aide à y voir plus clair, je ne sais pas quoi en penser. Il propose de me faire couler un bain, et me demande si j’appelle mes parents. J’hésite, il drache et je n’ai pas envie de les faire venir pour rien, en pleine nuit et par ce temps. Sur ce, il me voit enchaîner 3 contractions, renonce au bain et m’ordonne de téléphoner sans attendre. Il est 2h30. On a la même réflexion au même moment : celui qui avait tout compris avant les autres, c’est Louis, ce n’est pas pour rien qu’il a été « infernal » toute la journée.
Je vais m’habiller, et je me sens comme Hulk : l’impression que mes hanches s’élargissent de seconde en seconde et que mon pantalon va craquer. Le ballon est toujours aussi insupportable. Je suis à 4 pattes sur le canapé, B. me masse le dos pendant les contractions, va chercher la valise et le sac (dans notre chambre, sans réveiller Louis) et on y ajoute les dernières affaires. On passe notre temps à aller d’une fenêtre à l’autre en attendant mes parents. Mais qu’est-ce qu’ils font ?! Dehors, c’est le déluge, on voit à peine les voitures sur le parking, j’espère qu’ils n’ont pas eu un accident sur l’autoroute.
Je vais aux toilettes, un peu de sang, des nausées (oh non ! pas comme pour la naissance de Louis… mais ouf, ça se limitera à des nausées) et … envie de pousser. Mais qu’est-ce qu’ils fooooooont ?
3h30, mes parents arrivent, je suis à 4 pattes dans la cuisine et je leur annonce que je vais mourir. Visiblement, ça ne les inquiète pas plus que ça lol Maman me dit que ça ira vite, j’espère bien, misère que ça fait mal.
Avant de partir, je passe jeter un dernier coup d’œil à Louis. Il dort à poings fermés malgré l’agitation. Ça me rassure ; j’appréhendais beaucoup de devoir lui dire au revoir avant d’aller à la maternité : c’était vraiment dire au revoir à mon 1er bébé en sachant que j’allais retrouver un grand garçon et lui mettre un autre bébé dans les pattes…
On part, je marche en faisant des pauses à cause des contractions, je m’installe à l’arrière pour pouvoir changer facilement de position. B. ne respecte pas trop le code de la route mais ça me va comme ça lol
Il me dépose devant les urgences juste avant 4h, et va se garer. Pendant ce temps, j’envisage de défoncer la porte avant de comprendre que je dois appuyer sur le bouton (
) et je m’appuie sur ce que je trouve. Le gars qui gère les urgences vient demander quelque chose que je n’entends pas, et B. lui répond que je vais accoucher dans quelques minutes (je me dis qu’il n’est pas Marseillais pour rien… si j’avais su). Le même gars nous apporte une chaise roulante et va appeler l’ascenseur pour nous faire gagner du temps. Arrivés à la maternité (mais que c’est long, 8 étages…), la salle d’examen est occupée, mais vu ma tête, la sf m’installe directement dans la salle de naissance de mon choix, celle avec la baignoire. (bonheur d’enlever enfin ce foutu pantalon)
Elle m’examine : je suis à 5. Encore 5cm comme ça ?! Elle me fait tout de suite couler un bain et m’aide à m’y traîner. Les contractions font mal et s’enchaînent ; j’entends qu’elle dit à B. qu’il y a environ 1 minute de repos entre 2. Encore 5cm à ce rythme-là ? avec une pauvre petite minute entre 2 contractions ? Je ne vais jamais tenir le coup… Je suis à 4 pattes dans l’eau, je broie la main de B. en mordant le bord de la baignoire (ou l’inverse ?), pendant que la sf me masse le dos (ça fait un bien fou). Je ne peux pas m’empêcher de gémir puis de crier, je finis par dire que je vais faire fuir les autres mamans. Ils me demandent tous les 2 régulièrement si je veux pousser et, sur le moment, je me demande pourquoi ils m’emm****** avec ça, je ne suis qu’à 5 bon sang. Mais quand elle s’éloigne… euh… si, rappelle-la, je veux pousser. Examen : 9cm mais il reste une bande de col, je me couche sur le côté pour en venir à bout. 1 contraction, re-examen : c’est bon, elle s’est effacée. Dès la fin de la contraction suivante (c’est qu’il faut bien viser), il faudra sortir du bain. Parce qu’ils s’imaginent que je vais savoir sortir ? Bon, ils m’empoigneront s’ils le veulent.
J’arrive sur le lit, une 2ème sf arrive. Je tente de pousser à 4 pattes, mais j’ai tendance à m’enrouler autour de mon ventre, ça ne me va pas. Je m’installe sur le côté, mais la sf dit que ça ne plait pas au bébé ; je suppose que le rythme cardiaque variait trop. Me voilà sur le dos, totalement à l’ouest. J’entends la sf me dire de tirer sur mes genoux, j’ai envie de lui dire que je ne fais que ça alors qu’en fait je suis restée accrochée à la poignée sur le côté du lit en me retournant. Elle nous dit comment ça avance, si on voit la tête du bébé etc., mais je ne l’entends pas, je suis totalement submergée par la violence de ce qui se passe. Et je crie en poussant, je ne peux pas m’en empêcher. La tête sort, en même temps qu’un bras (et même ça, je ne le comprends pas sur le moment), ce qui occasionne une déchirure. La sf me propose d’attraper mon bébé pour le sortir, puis me dit de pousser une dernière fois pour faire passer ses fesses. Misère, même ses fesses, je les ai senti passer lol
Mais ça y est, Roman est sur moi, et j’ai du mal à comprendre tout ce qui s’est passé. J’ai l’impression d’avoir eu une absence, d’avoir zappé 1h ou 2. Puis je regarde l’heure et je m’aperçois que je n’ai pas zappé la moindre minute en fait. Roman est né à 4h35, un peu plus de 35 minutes après notre arrivée à l’hôpital (moins longtemps que la seule poussée pour Louis !) ; je suis passée de 5 à dilatation complète en 15-20 minutes…
Nous sommes restés longtemps en peau à peau. Roman a beaucoup pleuré avant de prendre le sein ; je suppose que pour lui aussi, ç’a été violent. On rigole en disant que je n’ai même pas eu le temps de poser une fesse sur la fameuse roue de naissance. Vers 7h30-8h, B. va téléphoner à mes parents pour les rassurer et s’assurer que Louis n’est pas trop perturbé (tu parles ! il pionce toujours), et maman s’étonne : « Déjà né ?! » Euh oui… depuis 4h35 en fait… On se dit qu’on a été bien inspiré de changer d’hôpital en cours de grossesse : je ne pense pas que je serais arrivée jusqu’à Mons (mais je suppose que le bain a dû jouer sur la rapidité du travail, non ?)
La puéricultrice vient peser Roman, et je lui demande de répéter, pensant avoir mal compris : 4kg040 ! On nous annonçait un bébé de 3kg300 à 3kg500. On le mesure : 54-55cm. Problème : le pyjama dans le sac de travail est en taille naissance, vu les mensurations attendues. Il ne le portera que 2h ;) (et B. emportera le sac de travail auquel on n’aura pratiquement pas touché : la bouteille d’eau, les fruits secs pour tenir le coup en cas de travail long (hahahaha !), le t-shirt et les chaussettes pour moi, les huiles de massage et les gouttes à prendre toutes les heures…On y a juste pioché le body et le pyjama)
On s’installe dans la chambre, puis B. va chercher Louis. Quelle émotion en le voyant arriver… Qu’il est grand, et fier d’apporter à son petit frère le doudou qu’il a choisi lui-même. Il le tient bien devant lui, tout solennel, il me donne l’impression de porter un costume… Il vient déposer le doudou juste à côté de Roman, et la ressemblance entre les 2 nous frappe encore plus qu’en salle de naissance. C’est son portrait craché, de plus en plus…