Voilà je profite du début des 4h - 4h30 de sommeil de notre petite Elfe (et accessoirement de la clé 3G de ma maman) pour venir partager avec vous le récit de sa naissance.
Attention pavé...
Mercredi 4 j'ai donc RDV à 13h45 pour un monitoring de contrôle et un examen de routine. Le tout se passe nickel, mais la SF annonce un déclenchement pour le lendemain 8h30. Un peu déçue de ne pouvoir laisser faire la nature mais sans plus j'accompagne ma maman faire quelques courses...
vers 15h je commence à ressentir des contractions différentes et surtout plus fortes, mais irrégulières. Juju (le papa) rentre le soir du boulot, comme je suis déclenchée demain il a déjà posé ses congés, tout va bien, je lui dis qu'il n'y aura pas de déclenchement, la miss s'est décidée j'en suis sûre.
La soirée se déroule, je mange, un peu, et on regarde un film en famille. à 22h30 les contractions se rapprochent, nous allons nous coucher quand même, à 22h45 elles sont espacées de 5 minutes, Juju les suit avec la régularité d'un métronome! à 23h30 je lui dis que je vais pas tarder à aller prendre une douche, pour le moment tout est gérable!
23h45: je perds les eaux. Nous nous levons, et commençons doucement à nous préparer. Je vais prévenir mes parents que nous n'allons pas tarder à partir. Ma maman se lève elle est un peu paniquée, elle a toujours perdu les eaux quelques minutes avant d'accoucher. Moi je continue de gérer.
00h15: nous arrivons à la maternité, il faut passer par les Urgences de l'hôpital, je m'y dirige à pieds en m'arrêtant régulièrement. Là miracle les Urgences sont vides (y a même pas Georges Clooney... mais je délire là
), un ambulancier (papa de la veille) me fait asseoir sur un fauteuil roulant, parce que "il adore faire ça..." il passe le court trajet à dire des sottises, je suis pliée de rire. A la maternité une SF me prend en charge, chose rigolote c'est elle que nous avons vu à l'entretien du 4è mois je me souviens qu'elle est bretonne comme moi et qu'elle est née à 10km de l'endroit ou mes grands-parents passent leurs étés.
Elle me demande si nous avons prévu quelques choses pour l'accouchement, je lui dis que nous voulons que ça soit le plus naturel possible, si possible sans péridurale. Elle a lu mon dossier et fronce le nez (elle devait avoir des dons de voyance...) elle est OK. Elle commence à m'examiner: le travail est certes commencé mais la dilatation est faible pour le moment. Elle me met sous monitoring.
Les choses s'accélèrent au fur et à mesure, les contractions deviennent vraiment douloureuses, elle me propose d'utiliser la baignoire dans la salle de pré-travail, me guide pour atténuer la douleur. Elle est encourageante, stimulante bien qu'un peu brusque. L'eau chaude me fait du bien, je me mets dans des positions agréables, z'hom me met de l'eau sur le ventre, sur les reins suivant l'endroit où je ressens du soulagement. Je ne m'en suis pas rendue compte mais il est déjà aux alentours de 4h30 et je ne le sais pas encore mais tout va partir en vrille.
vers 4h30: suis toujours dans la baignoire, quand quelque chose cloche, mon cœur part en vrille, il tachycarde, je ne contrôle plus ma respiration, c'est physique j'ai beau essayer de me calmer de trouver en moi le calme du début, mon cœur m'en empêche. Juju a appelé la SF, elle accourt, et décide qu'il faut me mettre sous péri (avec mon accord). On passe en salle d'accouchement, mon cœur est en panique, je me sens coupable de pas y arriver sans péri (je ne sais pas à ce moment là que mon cœur est la cause de tout). L'anesthésiste arrive, avec une douceur infinie il parvient à me calmer, et me fait une péri dosée à la perfection: je sens mes jambes, les contractions mais je n'ai plus de douleurs, suis ravie.
Jusqu'à 8h tout est super, Juju se repose un peu, il dort de 6h à 8h. Moi plus difficilement les contractions redeviennent douloureuses, je sens que ça cloche. La SF change, celle-ci s'appelle Céline elle est toute douce, elle parle doucement. Elle s'occupe bien de moi.
les heures passent, la péri commence à ne plus faire effet, la SF rappelle l'anesthésiste, l'infirmière vient me fait une injection plus forte, ça me soulage, elle repart. Le travail lui n'avance pas, et le scénario se répète. L'infirmière anesthésiste revient, refait une injection mes jambes s'engourdissent mais la douleur elle ne se calme pas. Cette fois elle reste dans les parages.
Une auxiliaire je ne sais plus quoi (elle s'appelle Christine) débarque à son tour, elle est là en soutien.
J'ai une nouvelle crise de tachycardie, je panique de nouveau. Z'hom me bichonne, la SF surveille, l'auxiliaire me soutient et l'infirmière anesthésiste m'encourage... leur présence est en fond, douce et rassurante. La crise part je reprends le contrôle, je discute avec Christine de ce qu'il se passe, elle est compréhensive, et super sympa.
On me propose le gaz "hilarant", j'accepte. Je vois les heures qui s'écoulent. Finalement la nouvelle arrive: la dilatation est complète! Youpi!!!!!!!!!!!!!!!!!
reste à Bébé à descendre et les contractions se succèdent sans pause ou presque...
Il est 15h30, je suis épuisée, épuisée et découragée. La SF me dit qu'elle trouve que je suis une femme très courageuse, d'autres auraient demandé la césarienne depuis longtemps. De nouveau la péri ne fonctionne plus, et mon coeur recommence à s'emballer. L'anesthésiste est appelé, ils changent de produit. ça marche bien, suis super heureuse, sauf que... au bout de 30 minutes c'est fini. et bébé descend trop doucement. à 16h15 la gynéco arrive, moi je suis en plein délire, l'épuisement, la douleur et mon coeur font que j'ai perdu totalement le contrôle, je pleure, je hurle, j'appelle ma mère au secours.
La gynéco me parle durement, je sens le regard en colère de la SF sur elle, je lui hurle dessus mais je sais qu'elle veut justement me mettre en colère pour que je reprenne le dessus. J'y parviens, elle me prend les mains elle me parle avec douceur cette fois, elle m'encourage, elle reviendra dans 1h et là il faudra que bébé naisse.
16h45: l'anesthésiste me fait une nouvelle injection, mais ça ne marche pas. Ma douleur est insupportable, j'ai envie de pousser. Je supplie qu'on m'aide, je suis au bord du gouffre. Les minutes passent, normalement je dois attendre la gynéco pour pousser, mais Céline, Christine, l'infirmière anesthésiste décident d'un commun accord de ne pas l'attendre, tant pis si elles se font "engueuler", alors je pousse mais mes réserves s'épuisent.
Je continue de délirer, je pleure, hurle, continue à appeler ma mère, j'ai l'impression d'être une toute petite fille, je n'arrive pas à pousser correctement. Et subitement mon esprit déclic, je passe en mode insticnt animal, ma poussée se fait efficace. Entre 2 contractions le délire continue, Christine me chuchote des mots doux, elle m'encourage, elle attend les contractions et pousse avec moi. Juju lui est tout amour, je le ressens qui m'entoure m'aime de tout son coeur, de toute son âme.
la gynéco arrive il est 17h30, une urgence l'a retenu me dit-elle. Elle félicite les filles de m'avoir fais pousser, Lisbeth est presque là. Entre les contractions je continue de délirer, mais je pousse avec efficacité et force. La gynéco va utiliser la ventouse pour m'aider, je le sais ils ont peur que mon coeur lâche. 2 poussées et elle sort Lisbeth il est 17h44.
j'ai mal, la petite ne pleure pas elle est sans réaction, je deviens folle. Juju coupe le cordon et elles emmènent ma fille dans une autre pièce. Dans mon délire je me souviens que normalement les bébés restent avec leur maman, quelque chose cloche. Je crois que c'est elle mais c'est moi en fait. Je me vide de mon sang, la gynéco appelle l'anesthésiste pour me faire une anesthésie générale, je sens Julien qui panique lui a vu le sang qui coule, moi je suis occupée je n'entends pas mon bébé, pourtant elle pleure lui l'entend. Quand je l'entends, je me calme je rassure Juju aussi tout ira bien. Je demande à la gynéco si elle m'a fais une épisiotomie, non mais j'ai une belle déchirure. L'anesthésiste arrive et JE panique. Je veux voir ma fille, je suis persuadée de ne jamais me réveiller je délire totalement, je ne me sens pas bien, je pars, j'ai peur de mourir sans voir ma fille.
Julien est parti, Lisbeth est en peau à peau avec lui, je ne le sais pas, tout ce que je sais c'est que je vais mourir si on m'endort.
19h30: je me réveille, tout est fini, l’anesthésiste est là souriant, on dirait un gros nounours. La gynéco me parle, j'ai fais une très grosse hémorragie, elle a l'air surprise que je sois déjà réveillée, surprise et soulagée, elle me parle de la déchirure et de l'accouchement, m'annonce qu'il n'y aura plus d'accouchement voie basse pour moi. Julien aussi arrive avec bébé. Il la pose sur moi, je suis heureuse. Christine dit à Julien qu'il peut appeler ma mère et lui dire de sonner au bloc obstétrique, elle la fera entrer. Mais chut c'est interdit normalement.
Elle donne son bain à la petite avec son papa, ils l'habillent en disant des bêtises. Christine veut la croquer, ils se chamaillent notre enfant. Ma maman arrive, elle est soulagée de me voir. Juju aussi, il a vu son cauchemar se réaliser: il m'a vu me vider de mon sang.
Enfin on me me monte dans ma chambre, la SF de nuit vient me voir. Elle me dit que la gynéco veut que je vienne la voir en consultation post-accouchement. Il faut que l'on puisse discuter de tout ça. Elle me décrit ma déchirure: mon périnée est totalement déchiré, elle a rarement vu une telle chose.
Je n'ai pas le droit de me lever seule, je suis toute endolorie mais heureuse. Lisbeth est en pleine forme, et c'est tout ce qui compte pour moi.
Voilà le récit, un peu flou, un peu raccourci, de mon accouchement un peu fou. Suis-je déçue? Non. L'accouchement dont je rêvais n'aura pas eu lieu et n'aura sans doute jamais lieu, mais je ne regrette rien, je suis allée bien au-delà de moi-même, j'ai trouvé en moi des forces dont je ne présumais rien. Courageuse moi? non, je ne crois pas, ce n'était pas du courage c'était du désespoir!
Le personnel a été formidable, tout a toujours été expliqué, rien n'a été fais sans nous avoir consulté.