La naissance de Nathan Tome 1 + T2 + T3

Voilà je suis de nouveau sur mon récit de naissance, je vous met la 1ère partie, la suite viendra bientôt mais je fais durer le suspens ;-)

Lundi 23 aout 2010 6h20 : Depuis plusieurs jours déjà je ressent des douleurs dans les seins, comme une montée de lait, j'ai des grosses fringales à n'importe qu'elle heure surtout la nuit et puis surtout, la veille au soir, j'ai failli faire un malaise alors que j'étais toute seule dans mon lit !! Une bonne frayeur et une envie très forte de savoir... J'étais certaine d'être à 11 jours de mon ovulation, le moment M, ce moment ou quelques jours avant ou Youssef avait osé prendre le risque, mais quel risque ? Après tout ça n'était qu'une fois, qu'un cycle, il y a tellement de couples qui le font tous les mois et attende indéfiniment, alors là juste une fois, et puis je me rend compte que le moment M ne correspond pas exactement, il arrive quelques jours après ce fameux risque, alors je me dis que ça ne donnera rien, même si au fond de moi j'éspère... Ces douleurs aux seins, ces fringales, ces malaises me mettent la puce à l'oreille, se passerait-il quelque chose au fond de moi ? Youssef en est certain, même si lui est indécis, il aurait préféré attendre quelques mois, mais voilà l'acte est fait, le verdict sera bientôt là.
Après mon malaise je l'ai appelé, on convient que le lendemain matin j'irai acheté un test, j'en ai déjà un à la maison mais il est de 25UI, c'est à dire peu sensible, à 11 jours de l'ovulation il risque de ne pas être fiable, je vais en acheter un 10UI qui sera bien plus fiable.
Mais voilà il est 6h15, je me réveille, je suis excitée, j'ai peur, j'hésite. J'ai mal dormi, j'ai pensé à ce test que j'ai dans mon placard, si je le fais et qu'il est négatif, j'en rachète un plus sensible, mais après tout peut être qu'il va fonctionner quand même ? Je me lève, je le prend, et je me décide, les mains tremblantes, à le faire. Je le pose sur mon lavabo, je le filme, je m'attend tellement à voir apparaître ce 2ème petit trait qui signifie tout. Une minute, deux minutes, rien ne se passe, je vais dans ma chambre, je n'y crois plus. Cinq minutes ont passé alors je retourne le voir. Je crois rêver, je le regarde, le tourne, le met en pleine lumière, enlève le petit cache, met mes lunettes !!! Est-ce mes yeux qui me font défaut ? Est-ce une impression ? Est-ce la forte envie de la voir ou est-elle vraiment là, très faible ? Les cinq minutes données dans la notice sont largement passée mais elle apparaît, doucement, surement. Je suis enceinte. J'appelle Youssef, je pleure, de joie mais aussi d'inquiétude. Je m'excuse auprès de lui, il voulait attendre, mais le verdict est là, la vie en a décidé autrement. Il a du mal à se réjouir, il ne sait pas trop mais il est heureux quand même, il ne réalise pas bien.

Jeudi 28 avril
39SA, je les ai atteintes, j'arrive au même terme que pour Chloé. Je sens au fond de moi que la fin est proche, mon corps se prépare un peu plus tous les jours à l'arrivée de mon petit, après 9 mois d'union parfaite, 9 mois à vivre au rythme l'un de l'autre, je sais que bientôt je rencontrerai ce petit être que mon corps a fabriqué, jour après jour, la chair de ma chair.

Le midi sur un forum d'amies je leur dis que je suis sereine, je profite de mes tous derniers jours de femme enceinte, cette expérience extraordinaire, ces moments uniques et tellement intenses en émotion, qui seront malheureusement très certainement les derniers de mon existance. J'ai envie de rencontrer mon fils, mais j'ai également envie que la grossesse ne s'arrête jamais, je me sens tellement bien ainsi. A vrai dire je ne réalise pas que c'est la fin, que ces 9 mois se terminent et que le grand jour est imminent.
Le matin je me disais que ce jour là serais « idéal » puisque Chloé avait une grande journée au zoo avec le centre de loisir. Mais rien ne se passe de différent. Au dîner je dis à Youssef que les soirs ou je dors chez mes parents je me sens plus sereine car je sais que Chloé ne sera pas seule, pas besoin de la réveiller, du monde pour m'emmener, alors il est possible que ça soit pour cette nuit, mais aucun signe ne me l'indique vraiment.
Dans l'après midi je fais une sieste, mon inconscient me dit que j'en ai besoin, que la nuit prochaine sera longue.
Comme tous les soirs ou Youssef travaille la nuit je vais dormir chez mes parents avec Chloé. Au moment de préparer mes affaires j'ai le sentiment profond que ça sera la dernière fois, que la prochaine fois que je reviendrai je serai différente. Je prend soin de ne rien oublier. Je monte en voiture, mon mari est à coté et discute avec des amis voisins, d'un coup je me rend compte que j'ai oublié mon ballon ! Il va me le chercher, même s'il me sert peu pour l'instant j'ai le sentiment qu'il me sera indispensable...
J'arrive chez mes parents tout est normal, je couche Chloé, on regarde la télé puis on se prépare pour aller se coucher. Dans le miroir de la salle de bain j'admire ce ventre qui bientôt aura repris sa forme, peut être une des dernières fois que je le vois.
Je monte me coucher auprès de Chloé. Je profite de ce moment de calme pour jouer un peu sur le téléphone portable. J'attend. Je ne sais quoi mais j'ai vraiment ce sentiment. Je sens mon ventre se durcir régulièrement comme habituellement, c'est pas très agréable mais je n'y prête pas attention.
Vers 1h30 bébé bouge, les contractions me gênent, je vais faire pipi aux toilettes, mais je veux prendre mon ordinateur sur mes affaires pour l'enmener avec moi, l'envie de pipi se fait pressente et je sens que ça coule tout seul, d'un coup Plof !! Je vois une grosse goutte sur ma chaussure posée par terre !! Mais qu'est ce que c'est ? Je vais faire pipi mais j'ai du mal à vider ma vessie, l'impression que j'ai pas tout vider et en forçant un peu ça coule, je m'essuie bien parce que je suis toute mouillée, puis je vais essuyer ma chaussure, ça n'est pas liquide c'est autre chose, plus épais. Ayant perdu le bouchon peu avant je ne pense pas que ça soit ça.

Je reste un peu assise sur mon ballon, ça contracte toujours doucement, mais rien de vraiment douloureux, alors je remonte me coucher, je sens qu'il se passe quelque chose, que ce soir c'est différent, mais dois-je y croire ? Je profite du pot de ma fille pour me vider entièrement la vessie, l'impression d'avoir encore envie reste si je pousse un peu. Je m'esssuie et là je vois que c rosé très très clair... Je retourne sur mon ballon, rien ne coule si je force pas, j'ai plus l'impression que ça vient de la vessie . Vers 2h Je me décide à compter la durée et l'intervalle entre les contractions.
Je sens que ça travaille bien, je vais voir au fond de moi, je n'arrive plus à reconnaître mon col par rapport à la veille, je le sens très en arrière j'ai même du mal à le toucher, il est complètement effacé, lisse, tellement que je n'arrive pas à sentir comment il est ouvert ! Sur mon ballon je fais des rotations du bassin, j'ai mal au pubis, dans le bassin, mon corps se prépare pour la naissance. Les contractions sont toutes les 4 à 6mn, une minute chacune, je les accompagne jusqu'au bout, je souffle, je parle à mon enfant, ce travail nous le faisons ensemble, je le rassure et je caresse mon ventre pour lui rappeler qu'il n'est pas seul dans ce long voyage.

Je n'ai pas envie de partir trop tôt à la maternité ni me faire renvoyer chez moi. J'attend de voir comment le travail évolue, comment mon col évolue aussi, je suis sereine, mais cette impression que j'ai depuis le matin me fais doûter, peut être que c'est dans ma tête, que je me provoque un faux travail, que tout ça n'est qu'une impression et que demain je me réveillerai comme d'habitudes.
Je décide de retourner me coucher, comme si de rien n'était.
4h30 des douleurs de règles me réveillent. Elles me prennent bien le ventre, différentes des contractions de tout à l'heure. Chloé dort paisiblement à coté de moi, pour ne pas la réveiller je descend dans le salon et je retourne sur mon ballon. J'ai plus l'impression d'avoir somnolé que dormi, dérangée par la gêne et par la faim. Je ne supporte plus la position allongée de toutes façons, je n'arrive pas à gérer les contractions dans cette position. Mon col ne c'est pas beaucoup modifié, les pertes que j'ai non plus.
Les contractions s'enchaînent, elles me rappellent un lointain souvenir, quand Chloé est née, ce sont les mêmes, cette vague qui arrive, qui me prend le ventre, m'enlaçe, puis retourne au large.
Mon papa se lève. Je lui dis que c'est le grand jour, je lui raconte brièvement ma nuit mais je ne veux pas encore prévenir ma maman, je n'ai pas envie de partir, je souhaite rester dans un environnement familier le plus longtemps possible. Si j'avais trouvé une sage femme j'y serais resté, chez moi, malheureusement ici je suis loin de tout, alors pas d'autre choix que d'aller à la maternité. Mais ça sera le plus tard possible pour ne pas devoir subir leurs examens à répétition.
Je mange un peu, pour prendre des forces, puis je vais prendre une douche pour me détendre, je profite longuement, je m'appuie au mur pour supporter la vague, je souffle, je visualise mon col qui s'ouvre, j'accompagne la douleur qui reste encore très légère et supportable.

Youssef est prévenu de l'avancement des choses, il passera chez mes parents, soit pour m'enmener à la maternité si le travail avance vite, soit il enmène Chloé au centre de loisir, rentre chez nous dormir un peu et me rejoint à la maternité ou m'aura enmené ma maman.
A 6h30 mon papa se lève définitivement. Je décide de prendre mon petit déjeuner avec lui. Je mange un peu, j'ai faim, mais j'ai mon ballon à côté et à chaque contractions je m'avachi dessus, c'est là que je supporte le mieux la douleur qui est certe légère, mais bien présente.
Vers 7h ma fille se lève, elle arrive en pleurs dans la cuisine, la peur de ne pas m'avoir vu à ses cotés dans le lit. Je lui explique que son petit frère va arriver aujourd'hui, que je me suis levée pour ne pas la réveiller.
Mon corps fait bien les choses, les contractions rallentissent, s'éspacent, j'arrive à m'occuper un peu de ma grande même si je dois parfois retourner sur mon ballon et me concentrer. Chloé est perturbée, au moment de monter dans la voiture avec son papa qui est arrivé entre temps, elle me regarde avec inquiétude, alors on essaye de la rassurer, elle se met à pleurer. Je lui fais un gros câlin, lui explque que peut être ce soir elle pourra me voir sinon me parler au téléphone. C'est dur de la laisser, de la voir partir ainsi, de savoir que la prochaine fois elle ne sera plus fille unique, mais c'est mieux ainsi, elle va être occupée toute la journée, moi je pourrai me consacrer entièrement à ce travail que je dois accomplir avec son frère.

Vers 9h20 je sens que le travail avance doucement, le col évolue, je sens bien la poche des eaux, les contractions commencent à m'irradier dans le dos. La voiture est prête à partir, alèse sur le siège au cas où, mes affaires dedans.
Depuis le début du travail mes intestins font leur nettoyage, comme pour la naissance de Chloé, ça n'est pas très agréable mais au moins je n'ai pas besoin de le faire par des médicaments pour être mieux !!
Nous partons faire une promenade dans la campagne avec ma maman vers 9h30, peut être que ça fera accelérer les choses. Il fait beau et chaud, nous discutons, c'est un moment agréable et ça me permet de moins me concentrer sur les contractions, de moins me préoccuper de se qu'il se passe en moi. Nous croisons un voisin qui était un ancien collègue à moi, nous discutons, je gère les contractions discrètement personne ne les remarque. Je lui promet de venir le voir à mon retour pour lui présenter mon fils.
Il est 11h passé quand nous rentrons. Ma maman va préparer le déjeuner pendant que je me repose sur le canapé. C'est là que je vais manger, un repas léger mais énergétique pour supporter l'épreuve sportive à venir.

Vers 13h les contractions me prennent de plus en plus en ceinture, je commence à avoir bien mal, à être obligé de me concentrer, de ne penser plus qu'à cette vague qui m'emporte toujours plus loin, plus haut. Je n'arrive plus à parler au moment le plus fort, je préviens ma maman que je souhaite bientôt partir à la maternité.
Le col, ce petit passage qui permettra à mon fils de sortir, n'est pas encore très ouvert, je le sens bien, mais j'ai peur que les 20mn de voiture fassent accélerer le travail, j'ai peur de ne pas réussir à gérer si la douleur est trop forte.

Avec ma maman on se prépare pour le grand départ, ça y est, je quitte cette maison, je sais que j'y reviendrai changée... (Youssef étant en formation toute la semaine, il part en région parisienne dans le week end, je reviendrai donc dormir chez mes parents en sortant de la maternité afin de ne pas être seule à gérer les 2 enfants).
Il est environ 13h30 quand ma maman prend le volant de ma voiture et moi je m'installe à l'arrière, si les contractions sont trop fortes il me sera plus facile de gérer et de me mettre à 4 pattes si besoin. Au moment ou je veux envoyer un message sur le portable de Youssef celui-ci m'appelle. Je le préviens qu'on part, il va nous rejoindre directement là bas.
Le trajet en voiture se passe mieux que je ne l'espérais. Ma maman conduit doucement, elle essaye de ne pas trop me secouer. Les contractions s'espacent, je trouve même qu'elles sont moins fortes. Avec ma maman nous discutons, je me sens bien, sereine. Je redoutais que Youssef ne puisse pas être présent à l'accouchement à cause de sa formation, mais je faisais confiance à mon bébé, je savais qu'il se déciderai au bon moment et puis si mon mari était parti avant la naissance ça ne me préoccupais pas, ma maman aurait été près de moi, je suis très proche d'elle alors ça aurait été une joie aussi pour moi de l'avoir à mes cotés pour ce moment unique. Ca me désole même qu'elle ne puisse finalement pas assister à la naissance de son petit fils, moment qui aurait été très riche en émotion pour elle...
Vers 14h nous arrivons à la maternité. Cet endroit ou j'aurais aimé ne pas aller, rester dans un endroit familier ou personne ne me dicte se que je dois faire, la position que je dois adopter, ne pas subir leurs protocoles, accoucher en faisant confiance à mon corps. Je compte bien m'imposer cette fois, pas comme pour ma fille ou j'ai « subit ». Ils ont mon projet de naissance, je l'ai en tête aussi et je serai franche, je vais oser cette fois !!
Nous laissons les bagages dans la voiture. Nous montons au service par les escaliers, ça me fera un peu plus d'excercice !! Je déccroche le téléphone des urgences maternité, une sage femme me répond, je lui dis « bonjour, je viens accoucher !! » en rigolant, cette phrase ils doivent l'entendre tellement de fois. La maternité est sur une aile, d'un coté les chambres de séjour, de l'autre la partie accouchement, protégée par une porte vitrée. Deux sages femmes en sortent, l'une d'elle d'un certain âge fait la moue en me voyant rire avec ma maman. Elle m'enmène dans une salle de pré-admission. J'ai le droit à une jolie réflexion : « vous avez bien le sourire pour quelqu'un qui va accoucher !! » ah oui peut être mais ça ne va pas durer, d'ici peu je ne l'aurai plus mon sourire, je le sais !
Elle repars quelques instant pour aller chercher ses appareils de mesure, monitoring, tensiomètre. Sèchement elle me pose ces questions habituelles sur l'espacement et la durée des contractions, depuis quand, etc. Je lui répond qu'elles sont toutes les 5mn depuis plusieurs heures, mais surtout que je sais que le moment est arrivé car mon col c'est modifié. Je crois que c'était le summum pour elle ! Toujours aussi sèchement elle me répond que bientôt je n'aurais pas besoin d'elle pour accoucher ! Mais oui madame, si j'avais trouvé une sage femme pour me suivre je n'aurais pas fais le déplacement ! Malheureusement dans ma campagne elles sont trop loin.
Elle s'en va sans m'examiner ni poser les appareils. Une jeune sage femme arrive à son tour (tant mieux !) elle se présente, Elise, élève sage femme, c'est elle qui va me suivre. Elle est très douce, très agréable et bien plus ouverte que l'autre.
Je répète mon petit spitch sur les contractions et l'ouverture du col, elle est surprise que je m'examine seule mais ne critique pas, je suis la 1ère qu'elle rencontre à le faire. Je la préviens tout de suite que je ne suis bien qu'à quatre pattes, que je refuse de rester longtemps sur le dos. Elle me répond que je peux me mettre comme je le souhaite, avec le ballon sur le lit si j'en ressent le besoin. Je lui rappelle un peu mon projet de naissance, pas de péridurale, pas de perfusion en continu, le minimum de médicalisation, l'envie de rester chez moi. Elle me pose le monitoring, le brassard à tension, la voie veineuse qui accueillera la perfusion au moment de l'accouchement puis m'examine, col ouvert à 3, la poche des eaux est bombée, elle constate que je ne me suis pas vraiment trompée.
Ma maman est toujours présente, elle attend l'arrivée de Youssef. Elle commence à me masser le bas du dos avec de l'huile que j'ai acheté spécialement pour l'occasion. Ses mains me font un bien fou, je savoure et je supporte bien mieux la douleur dans le dos. Les contractions sont toujours là mais plus espacées. Le coeur de bébé est régullier, tout va bien, je me sens bien, je suis à l'aise.
Youssef arrive mais repart rapidement car il n'a pas déjeuner, il a le temps d'aller dans un fast food, tant que je ne suis pas seule peu m'importe, j'ai d'autres préoccupations, tout le reste ne sont que des détails pour moi !!
Vers 15h il revient, prend le relais de ma maman pour me masser le dos.
La télé est allumée, nous avons droit au mariage du prince Charles sur toutes les chaînes, passionnant ! Puis un reportage sur la nature, je n'écoute même pas.
J'ai très envie de faire pipi, je bouge, le coeur de bébé n'est plus très bien capté et je crois que c'est à ce moment là que le tensiomètre se met en erreur. Je sonne, Elise arrive pour me retirer tout afin que je puisse aller aux toilettes. Elle m'examine, je suis à peu près ouverte à 4cm, le travail avance tout doucement. Aux toilettes je m'examine, je sens bien que tout se modifie, que la poche des eaux est encore plus présente au passage. Je reste un moment aux toilettes, les contractions me clouent sur place, je dois me mettre dans ma bulle pour gérer cette force qui m'envahi. Je retourne dans le couloir mais je dois demander aux sages femme ou est ma chambre, ouf ! J'ai bien failli entrer dans la mauvaise !!
Vers 16h30 Elise reviens, me demande de me mettre sur le dos pour m'examiner à nouveau. C'est un moment très éprouvant pour moi, j'ai hâte de pouvoir repasser à quatres pattes. Je suis ouverte à 4cm et demi, le travail se fait tout en douceur. Une contraction se pointe, je passe rapidement dans ma position favorite, sur le dos me donne la nausée. Elle me parle de transfert dans ma chambre de la maternité, le travail avançant doucement et ne voulant pas de péridurale, ils ont besoin de la salle... Je suis surprise, ma maman aussi, nous l'avons prévenu que ça risque d'aller vite une fois que ça va démarrer, ça n'a pas l'air de l'inquiéter.
Ma maman va partir peu après pour aller chercher Chloé au centre de loisir.
Je traverse le couloir, je vois la pendule au mur indiquant 17h pile. Me voici dans ma chambre, 114 fenêtre. C'est une double mais je suis seule. Le petit lit est prêt, le coin à langer bientôt mon bébé sera là...
Youssef part chercher mes affaires, mon précieux ballon surtout. J'en profite pour aller aux toilettes. Je continu de me vider les intestins, c'est moins intense que pour Chloé mais pas très agréable quand même. Au moment de la contraction je dois me tenir, me pencher en avant, puis je retourne sur mon lit, à quatre pattes.
Youssef arrive avec mon ballon, il me le gonfle. Puis il va chercher ma valise.
Je retourne aux toilettes, je me vide encore et toujours !! Je vais sur le lit, la douleur commence à se modifier fortement, je geins, la vague est forte, la tempête arrive doucement. Au moment de la contration je me répète que ça va passer, mais aïe aïe aïe j'ai mal ! Youssef est occupé à demander la télévision. Il sonne et une personne lui répond à l'interphone qu'elle arrive. Moi je suis dans ma bulle, je le préviens que je dois faire du bruit parce que les contractions commencent à être fortes. Peut être quatre contractions après être arrivée dans la chambre, il devait être autour de 17h20, je sens un poids qui « tombe » dans mon bassin, accompagné de cette envie de pousser que je n'avais pas connu pour Chloé. Je préviens immédiatement Youssef, je lui demande de sonner. Il balbutie pour tenter d'expliquer la situation à la sage femme, moi je crie que le bébé est descendu et que ça pousse. On nous répond qu'ils vont prévenir la sage femme.
A partir de ce moment mes souvenirs sont un peu vagues. Je suis entièrement dans ma bulle, il n'y a plus que moi et ma douleur, je la gère bien mais je dois me concentrer, ne plus penser qu'à elle, me reposer entre deux pour supporter la suivante.
Youssef reprend le massage de mon dos, je gémis, je lui dis que je vais finir par accoucher là.
A 17h30 mon réveil de téléphone sonne, je l'avais programmé à ma sieste de la veille !!
On sonne à nouveau, je hurle que ça pousse vraiment !!
Je crois que l'aide soignante pour mettre la télévision arrive en même temps que Anne -Sophie, la sage femme qui va finir de me suivre (elle m'a dit après que c'est elle qui me suivait par l'intermédiaire d'Elise). Elle me demande de me mettre sur le dos pour m'examiner, je lui répond que je ne peux pas, car malgré les contractions je garde mes esprits, j'ai peur que si je passe sur le dos je ne puisse plus revenir à quatre pattes, je n'ai pas envie d'être autrement, je me sens mieux et je sais que j'accoucherai ainsi. Elle m'examine dans cette position, aucune surprise pour moi, je suis à dilatation complète. Elle demande à l'aide soignante d'appeler l'équipe pour transférer mon lit coté accouchement. On me dit de m'asseoir, j'ai les fesses à l'air, je m'en fou, je ne peux plus bouger, je suis dans mon monde, le stress monte autour de moi mais je suis ailleurs, rien ne m'atteind. Ils essayent de dégager le lit mais la pièce est trop encombrée, ça ne passe pas. Anne-Sophie me dit que je vais accoucher là, je lui répond que je m'en fou. Je ne vois que vaguement se qu'il se passe autour, c'est la panique, il y a du monde, des chariots sont ramenés précipitament, un homme me pose une perfusion sur le catéther, Anne-Sophie me préviens que je peux pousser si j'en ressent l'envie. Il me semble que la sage femme aigrie est là aussi, que c'est elle qui me répond que la poche doit être déjà percée quand je demande à se qu'on y touche pas. Je préviens aussi que je refuse l'épisitomie, préférant une déchirure. Je suis ailleurs mais toujours un peu là, attentive à se que l'on me fait. Ils me font lever les genoux pour enlever la couverture et me placer des champs stérile sur le lit. Je me maintien à la tête de lit et je commence à pousser au moment de la contraction, un liquide chaud me coule entre les jambes, la poche des eaux vient de percer, elle ne l'était pas encore, je m'en doutais. Ca n'est pas les grandes eaux comme pour Chloé, je sens que la tête de bébé arrive sur le périné, elle bloque le reste du liquide, tant mieux ça amorti la douleur. Youssef est là, à ma droite, il continu de me masser le dos, ne sachant que faire, qu'il continu, ça me fait du bien, il me permet d'oublier la douleur dans le dos, il ne me reste que cette sensation de brûlure entre mes jambes, mon ventre qui se ressert comme un étau.
A la contraction suivante je sens la tête s'engager dans l'ouverture, elle passe un peu puis s'arrête, moi je hurle de toutes mes forces, j'en ai besoin pour extérioriser cette force en moi incontrolable, Anne-Sophie me demande de pousser vers le bas mais je me retiens, la brûlure est tellement intense, je reprend mon souffle, je suis toujours accrochée à la barre de la tête de lit, je bouge mon bassin, mes genoux, je les avance, les recule. Anne-Sophie est derrière moi sur le lit, impuissante, je sens qu'elle me masse le périné. Je sens la tête qui remonte, au fond de moi je suis satisfaite, je gère, je sais qu'il en est mieux ainsi pour assouplir mon périné, préparer le passage. Je profite des quelques secondes de répis pour me reposer, une déferlante va de nouveau arriver, je le sais, mais je ne me focalise pas dessus, il n'y a que l'instant présent qui compte, je sens tout se qu'il se passe au fond de moi, je maîtrise, je suis tellement sereine malgré cette agitation autour de moi, cette panique. La vague arrive, je les préviens, je pousse en expirant dans un hurlement bestial, je sais que je dois tout donner pour que cette petite tête trouve la sortie, la tête reste dans le passage une fois la contraction terminée, elle va bientôt passer, mon bébé sera bientôt parmi nous... Les contractions s'enchaînent, je ne sais pas combien, une, deux, peut être trois, j'ai besoin de reprendre un peu de forces, je fais une pause, Anne-Sophie m'encourage mais je ne m'occupe pas de ses paroles, je reste dans ma bulle, dans le ressentis de mes sensations, je suis se que mon instinct me dicte. Puis sur une contraction je pousse de toutes mes forces toujours en hurlant, il faut que cette tête passe, la fin est proche, ça y est, la voilà, la sage femme me demande d'arrêter de pousser, elle tourne bébé pour dégager les épaules, puis à la contraction suivante je pousse longuement, je sens le petit corps chaud glisser hors de moi. Alors qu'Anne-Sophie me dit de le prendre je sens les jambes passer, mon bébé est là allongé sur le dos, sous moi, sur le lit. Il pleure tout de suite, mais avale le liquide amniotique qui termine de se vider sur lui. J'entend autour de moi qu'on dit qu'il prend la douche, j'essaye de le prendre dans mes bras, ma chemise me gêne, j'essaye de la retirer, on m'aide, je peu le prendre contre moi, il pleure doucement. Le cordon est là, entre mes jambes, nous sommes encore reliés, plus pour longtemps. Je suis à genoux sur le lit, je pleure de joie, de soulagement, Youssef m'embrasse, il est ému, je suis heureuse que la douleur soit finie, que tout soit fini, je n'ai plus cette brûlure tellement forte et surtou j'ai eu mon accouchement physiologique, très peu médicalisé, même pas du tout à part la perfusion qui ne contenait pas grand chose (du glucose ? Du serum ?).
Ils veulent clamper le cordon, je demande à se qu'ils attendent un peu, que Nathan reprenne ses esprits. Mon petit bonhomme crie, il est un peu violet mais devient vite rouge. Le cordon est clampé, Youssef le coupe.
Ils cherchent l'heure, il est 18h, il n'y a pas d'horloge dans la chambre, on ne sait pas exactement à quelle heure il est né, celle-ci sera fixée à 17h58, Youssef pense plutôt qu'il était 56, pas grave, ça n'est qu'un détail.
Ils enlève les champs stériles et je peu m'alloner. Nathan cherche le sein, je le guide pour la première tétée. Pendant ce temps la sage-femme s'occupe du placenta, elle me demande de pousser sur les contractions pour l'expulser, elle le tire doucement, j'ai mal, il sort. Elle le vérifie, je demande à le voir, il est entier.
L'homme, un infirmier sans doûte, viens me brancher une perfusion d'ocitocyne, on ne me demande pas mon avis, foutu protocole, ils n'ont pas pu la mettre au moment ou bébé est sorti, ils ont peur de l'hémarragie.
Je ne sais plus à quel moment deux aides soignantes arrivent pour changer les draps du lit, je vais m'asseoir sur le fauteuil à coté du lit, j'ai déjà la perfusion d'ocitocyne.
Je n'ai pas de déchirure, 2 légères éraflures, Anne-Sophie hésite à recoudre, elle me dit qu'il y en a une c'est surtout esthetique, je n'ai pas envie qu'elle y touche, je n'ai pas envie de resubir la douleur de la suture. Après une petite toilette à ce niveau, elle appelle le gynécologue. Entre temps je leur dis que j'ai beaucoup de contractions, l'utérus se remet, c'est la perfusion qui me fait cet effet, vraiment désagréable, j'en ai assez d'avoir mal, j'aimerais qu'on me laisse tranquille profiter de mon fils. Je le reconnais, on c'était rencontré quand j'étais venue pour des douleurs ligamentaires. Il m'examine, les points sont inutiles, je suis soulagée.
Vers 19h30 après 1h30 de peau à peau et tétées, Nathan va recevoir les 1ers soins, très légers, pesée (4kg015, à 39SA+1 il était temps qu'il sorte !!).
Mon récit se termine là, la suite n'est plus intéressante. Le soir à la fin de son service Anne-Sophie est venue me voir, je pense qu'elle avait besoin de me voir, de me parler, savoir comment j'avais vécu la chose, je lui ai répondu que pour moi c'était génial, mieux que je ne pouvais esperer pour un accouchement en maternité. Je souhaitais accoucher chez moi mais pas possible sans sage-femme mais par la force des choses je l'ai presque eu, pourtant nous avons appelé, elle a mis du temps, beaucoup de temps avant de venir, nous avions prévenu que ça risquait d'aller vite, elle n'en a pas tenu compte mais j'en suis ravie. Je lui ai dis que pour moi après coup c'était rigolo, les gens qui étaient en visite, les autres mamans qui m'ont entendu m'époumonner, ça devait être sympa ! Au moins je n'ai pas eu droit à tout leurs protocoles au moment de l'explusion, je n'ai même pas été branchée au monito, il a été ramené dans la chambre puisque j'ai trouvé les sangles sur la table le soir, mais ça n'était pas ça le plus urgent, bébé sortait, elle n'a rien fais de plus que l'accueillir finalement !!
Se que j'ai trouvé merveilleux aussi c'est que contrairement à ma fille j'ai eu le sentiment de toute gérer, j'ai senti son corps passer cm par cm, je ne peux pas dire que j'ai vraiment eu mal, à part la sensation de brûlure très forte. Je regrette encore plus mon AAD, toute cette médicalisation était inutile, j'en ai eu très peu et j'aurai eu pareil en étant plus tranquille chez moi. Leur perfusion était inutile.
Je regrette leur attitude, leur panique, moi j'étais tellement bien, dans ma bulle, avec la douleur, mais je gérais sans problème, j'étais bien, sereine du début à la fin. Par contre pour mon mari ça a été un moment très dur, il a eu peur, il m'a avoué avoir failli pleurer et faire un malaise, alors que moi j'étais si bien.
Maintenant la page se tourne pour moi, la grossesse, la découverte lors des échos, l'attente des derniers jours, fini, terminé, mon mari ne souhaite pas d'autre enfant. J'ai du mal à en faire le deuil, j'essaye de ne pas y penser pour ne pas déprimer, je me sent tellement bien enceinte, j'aime tellement ce moment, l'accouchement aussi, douloureux certe mais quel moment unique, donner la vie, la chose la plus belle au monde, surtout quand tout se passe bien. Je n'aurai jamais mon AAD, je crois que c'est une des choses les plus dur aussi pour moi...

Taromit quelle belle naissance malgré les quelques petits trucs!
Félicitations!

Quelle belle naissance naturelle

Je comprends tes gros regrets concernant l'AAD, pour ma part j'ai eu la chance de pouvoir le faire, mais si ça n'avait pas été possible.......

Gros bisous à Nathan

C'est super que tu sois arrivé à rester dans ta bulle malgré tout le bazar autour de toi
Une très belle naissance en tout cas

Félicitation!