Récit de la naissance de TITOUAN :
Je prends enfin le temps de me poser pour écrire le récit de ta naissance, Titouan.
En fait tout à débuter bien avant ta conception, lorsqu’une fois déjà devenue mère à la suite de la grossesse et de la naissance de ta grande sœur Lou-Anne, j’ai commencé à m’interroger sur les conditions dans lesquelles j’avais vécu cette première expérience du devenir mère. Toutes ces réflexions ainsi que l’écoute que je portais aux besoins de ma petite Lou-Anne m’ont mené de chemins en chemins vers des lectures, des témoignages qui m’ont permis de me rendre compte que l’on pouvait choisir comment vivre sa grossesse et son accouchement.
Ainsi j’ai découvert entre autres choses qu’il était possible d’accoucher chez soi, l’idée m’a d’emblée séduite et les témoignages de mamans ayant fait un AAD m’ont vraiment fait dire que je souhaitais que mes futurs enfants naissent au sein de notre foyer.
Au départ, ton papa ne comprenait pas vraiment les raisons de l’intérêt que je portais à l’AAD je lui expliquais pourquoi mais n’insistais pas vraiment, la réflexion devait également faire son chemin de son côté… les mois avançant il était de plus en plus question (surtout de mon côté) de remettre une grossesse en route. Je conversais toujours ça et là de l’AAD avec ton papa, nous sommes alors arrivés à la solution suivante : lorsque je tomberai enceinte, nous irons faire une consultation chez la sage-femme qui pratique les AAD dans notre département ainsi ton papa pourrait poser toutes les questions qu’il le souhaite.
Puis ce jour arriva, ce jour où tu décidas de te nicher au creux de mon ventre… Quelle joie mais aussi quelle surprise ! En effet, là où nous avions du attendre 7 mois avant que je ne tombe enceinte de ta sœur, toi, tu es venu te lover dans mon giron de suite.
Je reparle alors à ton papa de cette visite chez la sage-femme qui pratique les AAD sur Rennes, il accepte… Nous rencontrons Isabelle et à la suite de ce premier rendez-vous tout est clair aussi pour ton papa : cette naissance nous la vivrons dans la chaleur de notre foyer. Je suis si heureuse !
Toute cette grossesse a été simple et sans préoccupation, je suis enceinte, pas malade. Les rendez-vous avec Isabelle nous permettent à moi et ton papa d’aborder les questions qui nous préoccupent, et nous préparons ton arrivée de mois en mois de la manière la plus naturelle qu’il soit. Nous sommes si sereins…
Les mois avancent, nous sommes le 01er décembre, ta naissance est théoriquement prévue pour le 16 mais ce jour je perds le bouchon muqueux, je sais que cela ne veut pas forcément dire que tu arriveras dans les heures à venir mais en tout cas cela montre que les choses se préparent. La journée avance et quelques contractions font leur apparition, rien de bien sérieux. Nous décidons d’emmener Lou-Anne dans un parc d’attraction avec des jeux à structure gonflable. Les heures avancent et les contractions se font de plus en plus régulières et rapprochées, je m’assois donc et regarde ta sœur jouer avec son papa dans la piscine à balle. Je dis à ton papa qu’il serait bien que nous allions à Décathlon m’acheter un vêtement pour l’après naissance car je sens que c’est pour bientôt. Les contractions continuent de se rapprocher et de s’intensifier, je suis maintenant obligée de souffler à chaque contraction… Je commence à m’inquiéter : si le travail se met en route maintenant (il est environ 19h) il se peut que tu naisses au petit matin et j’ai peur que Lou-Anne ne se réveille au même moment…
Une fois rentrés à la maison les contractions diminuent jusqu’à disparaître, nous regardons la télé avec ton papa qui me demande si je pense que c’est pour cette nuit, je lui réponds alors qu’à priori ça ne sera pas pour cette nuit. Un mélange de soulagement et de déception s’installe en moi, en nous… Nous allons nous coucher mais il m’est impossible de trouver le sommeil, je suis dans un état de veille et d’excitation qui ne me permets pas de m’endormir, je crois que tu seras bientôt parmi nous quand même…
5h du matin, nous sommes maintenant le dimanche 2 décembre, je me dis que maintenant le travail peut se mettre en route, quoiqu’il en soit nous aurons le temps d’amener Lou-Anne chez sa nounou, je suis tranquillisée. A partir de cet instant les contractions vont reprendre comme par magie, régulières elles sont d’abord plutôt espacées et largement gérables, je peux rester au lit.
5h30 : ta sœur se réveille et ne veut pas se rendormir, même dans notre lit… les contractions sont de plus en plus présentes et j’ai maintenant du mal à rester allongée. Je décide donc de me lever avec Lou-Anne, il est 6h.
A partir de cet instant je sais vraiment sans aucun doute que tu seras bientôt dans mes bras, c’est donc aujourd’hui que tu as décidé de naître… Les contractions reviennent régulièrement de plus en plus fortes et de plus en plus rapprochées, à chacune d’elle je m’appui sur le rebord de la table et je souffle, très gentiment ta grande sœur vient vers moi et souffle pour m’accompagner, je trouve ça si mignon…
7h : je vais réveiller ton papa pour lui dire de se lever, j’ai de plus en plus de mal à m’occuper de la puce et à gérer mes contractions en même temps. Je contracte environ toutes les 5 min, voire moins et l’intensité commence à monter. Je demande à ton père d’aller prendre son bain avec Lou-Anne et qu’ensuite je me plongerai dedans à mon tour pour m’assurer que les contractions ne diminuent pas… Comme je m’en doutais le travail ne s’amoindrit pas par le bain, je suis plongée dans cette eau chaude qui semble me faire du bien mais bon sang cette baignoire est trop petite à chaque contraction je suis comme immobilisée, il m’est impossible de bouger, ça n’est pas agréable… je sors.
8h : je viens de sortir du bain… J’appelle la nounou de Lou-Anne pour lui demander si papa peut l’amener maintenant, elle accepte comme cela était prévu et donc papa part avec Lou-Anne, le temps qu’il fasse l’aller-retour il sera de retour dans 50min environ… Je dis à ma pepette que je l’aime très fort et que lorsqu’elle rentrera son petit frère sera là…
Papa et Lou-Anne viennent de partir, je prends mon téléphone pour prévenir Isabelle que le travail à commencer et que ça sera pour aujourd’hui, elle me demande si je souhaite qu’elle vienne, je lui dis que pour le moment ça va mais que je la rappellerai peut-être dans une demi heure pour lui demander de venir, elle me dit qu’il n’y a aucun souci, qu’elle se prépare et qu’elle attend mon appel. Nous habitons à 40min l’une de l’autre il faut donc que je prenne ce temps en considération.
Je suis donc seule dans la maison, je me mets de la musique, c’est l’album de Yaël Naim, je l’ai écouté tout le long de ma fin de grossesse et c’est sous cette mélodie que tu naîtras quelques heures plus tard. Je suis sur mon ballon, je souffle, à chaque contraction je rentre un peu plus dans ma bulle mais bientôt l’intensité des contractions et le rythme auquel elles reviennent deviennent dur à supporter seule, j’ai besoin de la présence de ton papa, de son soutien. Je lui téléphone, il est 8h30 je lui demande où il en est parce que j’ai de plus en plus de mal à gérer les contractions seule, il me dit qu’il part de chez la nounou… il sera là dans une 20aine de minutes, le temps passe, les contractions s’enchaînent, telles des vagues elles viennent puis repartent, c’est dur, je rappelle ton papa… il sera là dans 10min. Je souhaitais attendre qu’il soit revenu pour appeler Isabelle mais je sens que le travail avance vite, je la rappelle pour lui demander de venir, il est 9h…
Au même instant papa rentre, quel soulagement de le voir ! Une contraction arrive, je lui fais signe de se rapprocher de moi, toujours sur le ballon j’enfonce ma tête dans son bas ventre et lui sert le haut des cuisses avec mes mains, je souffle et il m’accompagne, il me fait des caresses dans le dos, quel bonheur de pouvoir sentir son soutien, la douleur est toujours aussi intense mais beaucoup plus tolérable grâce à sa présence, c’est ma force, mon pilier…
Puis les contractions s’emballent de plus en plus, je sens que tu appuis sérieusement à chaque contraction et je commence à m’inquiéter : « où est isabelle ? », « qu’est-ce qu’elle fait ? », « j’espère que je ne l’ai pas appelé trop tard… ». Papa me dit qu’il n’est que 9h30, il faut que je lui laisse le temps d’arriver, mais maintenant j’ai aussi besoin d’elle…
9h45 : ça frappe, oufff c’est Isabelle… Elle rentre, vient vers moi et tout de suite m’accompagne dans la contraction qui arrive, elle est présente, douce, bref exactement comme il faut. Elle m’explique qu’elle va aller chercher ses affaires et se changer, je lui demander si elle va m’examiner après, elle me répond que oui et me propose de le faire maintenant si je le souhaite : j’accepte ! j’ai vraiment envie de savoir où j’en suis… Elle m’examine : il reste un peu de col qui s’efface à la contraction, je suis à 9cm environ. D’un coup je comprends mieux pourquoi je trouvais les contractions aussi intenses, le travail avance assez vite tout de même.
A partir de cet instant je n’ai plus aucune notion de l’heure qui passe, je suis vraiment dans ma bulle, comme envoutée, je ne suis reliée au monde qui m’entoure que part l’intermédiaire de papa et d’Isabelle, ils sont tellement géniaux !
Je m’installe d’abord sur le siège d’accouchement, ton papa derrière moi Isabelle devant, puis les contractions me font de plus en plus mal au dos, tu avais décidé de mettre ton dos à droite quelques heures avant l’accouchement, la douleur se diffusait vers mes reins et je ressens alors le besoin de me mettre à 4 pattes. La tête appuyée sur ton papa lui-même assis sur un fauteuil, Isabelle me masse le bas du dos pendant ce temps, quel soulagement. Je ressens peu à peu le besoin de faire des vocalises à chaque contraction, ça m’apaise. Puis cette position ne me convient plus, je reste à 4 pattes mais j’appuis ton le haut de mon corps sur l’assise du canapé, que commence à pousser à chaque contraction, je crie, c’est difficile, je commence à douter « en suis-je capable ? » « vais-je pouvoir mettre au monde mon bébé toute seule ? », j’ai cette sensation de vouloir aller à la selle, j’avais déjà vécu ça avec ta grande sœur, Isabelle me dit que c’est toi que je sens et que quoiqu’il arrive si il y a des selles tu les feras sortir en poussant, j’essais de lâcher prise mais ça n’est pas facile…
Je suis mal dans cette position, j’ai mal, je ne l’ai pas formulé mais Isabelle doit le sentir et comme si elle avait un 6ème sens elle me propose d’aller sur le siège d’accouchement, à chaque fois qu’elle me propose quelque chose ça me soulage c’est fou ! Je m’installe donc de nouveau sur le siège d’accouchement, Isabelle est devant moi je lui tiens les 2 mains et Seb est derrière je suis littéralement adossée contre lui la tête reposant sur son épaule il me soutient, sans lui je tombe. A chaque contraction je tire sur les mains d’Isabelle et je m’appuis sur papa de toutes mes forces, je pousse avec mes jambes ce qui fait que je suis à moitié à accroupie. Je pousse à chaque contraction et tu descends millimètre par millimètre.
Je commence à fatiguer, cela fait une éternité que je pousse à chaque contraction, j’ai l’impression que je n’y arriverai jamais, que jamais tu ne sortiras. Je le dis à Isabelle qui me rassure, papa aussi me soutien : je vais y arriver… Je demande sans cesse à Isabelle si tu descends, je trouve ça tellement long et je souffre ! Elle m’invite à vérifier moi-même où tu es, je te sens et ça me motive. Isabelle me rappelle que tu as peut-être besoin de ce temps pour sortir, tu n’es pas obligé de venir en 2 poussées, c’est toi qui choisit, ça me permet de mieux accepter que cela prenne du temps.
Le temps passe je continue à pousser, là je suis dans un état… comme en transe, les contractions se sont énormément espacées ce qui n’est pas plus mal car je peux reprendre un peu de force entre chacune d’entre elle, je regarde Isabelle, je suis exténuée, je pousse encore et encore à chaque contraction et je sens que tu descends tu es là entre mes jambes, je sens ta tête mais elle ne sort pas !!! J’ai mal mais bientôt tu seras là et bientôt je te serrerai dans mes bras mon petit bébé… Je transpire beaucoup, ton papa est absolument fabuleux je suis là dans ses bras, joue contre joue, c’est tellement fort ce qui est en train de se passer… Il me soutient, il te voit arriver, il voit tes cheveux. Isabelle et lui m’encourage, tu es presque là…
Puis après plus d’une heure à avoir poussé ta tête sort, puis tes épaules, Isabelle me demande si je veux te prendre mais je suis tellement exténuée que je ne peux pas j’ai peur de te faire tomber, tu sors enfin et elle te pose sur mon ventre. Il est 12h15. C’est magique, tu es là mon Titouan, tu es si beau et tu ressembles tellement à ta sœur !!! Ton papa est aux anges et moi aussi, c’est merveilleux… Tu pleures pendant bien 10min, tu as des choses à nous dire, tu me dis que pour toi aussi ça a été éprouvant, mais maintenant tu es là et plus rien ne compte…
Je vais ensuite m’installer sur le canapé, on attend que le cordon est fini de battre avant que ton papa ne le coupe, j’expulse le placenta : ah quel soulagement ! Tu es là posé contre moi, tu ne souhaites pas téter pour le moment, ça n’est pas grave, tu tèteras plus tard…
Isabelle te prends pour te peser : 3Kg690 !!! Je suis impressionnée, je ne pensais pas que tu serais si costaud 2 semaines avant la date théorique de l’accouchement ! (Nous saurons 2 jours plus tard que tu mesures 50cm et que tu as un PC de 36,5cm.)
Isabelle va rester pendant 2h puis partira pour revenir le lendemain.
17h : papa part chercher ta grande sœur, j’ai vraiment besoin de sa présence aussi.
Les voilà de retour à la maison, nous sommes toi et moi dans la chambre et Lou-Anne te découvre, elle est ravie « bébé ? bébé ? » je lui dis « oui mon cœur c’est ton petit frère », elle sourit. Nous sommes tous les 4 dans la chambre, mes enfants, mon mari, ma famille… je vous aime tous si fort !
Voilà pour l’histoire de ta naissance mon fils…
Je tiens à remercier tout particulièrement ton papa et Isabelle pour leur présence et leur soutien lors de l’accouchement, ils ont été parfaits et je n’y serai jamais parvenu sans eux…