Cette semaine, dans la newsletter d'alternative santé :
FUTURES MAMAN : NE PRENEZ PAS DU CYTOTEC À VOTRE INSU
Saviez-vous que le Cytotec, que l’on utilise pour déclencher artificiellement des accouchements, est un anti-ulcéreux ? Encore un détournement de prescription...
Vous venez d’accoucher ? Peut-être vous en avez-vous pris sans le savoir car on ne vous le dit pas dans les maternités.
Ce comprimé contre l’ulcère gastrique n’a jamais reçu d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour son usage en obstétrique.
En 2008, la Haute Autorité de Santé (HAS) avait émis une alerte soulignant que l’innocuité du Cytotec (misoprostol) n’avait pas été suffisamment évaluée. Trois ans avant, la FDA américaine l’avait précédé en obligeant le laboratoire à inscrire dans la notice que « Des décès de mères et de fœtus ont été rapportés ».
Le mois dernier, l’ANSM, à son tour, a lancé une mise en garde auprès des gynécologues-obstétriciens. Cette mise en garde s’applique également au Gymiso (Linepharma) qui contient la même molécule que le Cytotec.
Encore utilisé au mépris de la loi
Eh bien, malgré toutes ces mises en garde, l’usage de cette prostaglandine est encore signalé dans certaines maternités françaises et même des hôpitaux publics de niveau III spécialisés dans la prise en charge des grossesses à risque !
Pour des obstétriciens peu scrupuleux, il est encore bien pratique et très intéressant car économique : 30 centimes le comprimé... 100 fois moins cher que les produits autorisés en salles de naissances....
La souffrance des bébés nés sous Cytotec mais aussi des mamans passe une fois de plus après les considérations économiques !
Selon l'association « Timéo et les Autres », trois femmes ont récemment changé de maternité en urgence pour échapper à un déclenchement au Cytotec. L’une d’elle a même préféré accoucher chez elle !
Risques graves et souffrance fœtale
Car les conséquences de l’anti-ulcéreux Cytotec en maternité sont dramatiques :
•hémorragie du post-partum,
•déchirure utérine,
•anomalies du rythme cardiaque fœtal
•décès de la mère et/ou du bébé...
Dans le meilleur des cas, ce médicament entraîne une souffrance fœtale. Que deviendra un bébé né dans ces conditions ?
Pour certains obstétriciens, ce n’est pas un problème...
Dans ses dernières recommandations sur le dépassement de terme (1), le Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF) indique, sans aucune mise en garde, que le misoprostol fait partie des procédés « utilisables sur utérus non cicatriciel ».
Pire, ce collège de spécialistes a critiqué il y a 15 jours la mise en garde de l’ANSM en jugeant que cet avis relève d’un "usage abusif du principe de précaution". Il se dit même "sérieusement préoccupé pour l'avenir" (sérieusement ?) et s’insurge qu'une agence sanitaire "ignore volontairement les professionnels" et "décrète comment la médecine doit se pratiquer".
On peut s’interroger sur les motivations de ces médecins hors-la-loi surtout quand on sait que le fabricant de ce médicament, Searle (Pfizer maintenant), a lui-même publié dès l’année 2000 une mise en garde contre cette utilisation détournée !!!
Des alternatives médicales plus sûres
La nouvelle loi du médicament (décembre 2011) est très claire : elle n’autorise l’utilisation hors AMM d’un médicament qu’en l’absence d’alternative ! Or des alternatives existent et sont heureusement privilégiées par beaucoup de gynécologues. Il s’agit principalement de l’ocytocine de synthèse injectée sous perfusion et de la dinoprostone administrée sous forme de tampon ou de gel. Ces moyens présentent des inconvénients comme tout médicament mais bien moindres.
A titre de comparaison, sachez que la demi-vie du du misoprostol est de 1,7 heure, alors que celle de l'ocytocine ou de la dinoprostone n'est que de quelques minutes. Par conséquent, en cas de mauvaise réaction maternelle ou fœtale, l'effet du Cytotec ne peut être interrompu rapidement et une césarienne en urgence est nécessaire.
Mais rien ne vaut « l’hormone de l’amour »
L’ocytocine est l’hormone naturellement secrétée par l’hypophyse de la femme au moment de l’accouchement. C’est l'ocytocine qui déclenche le travail à l’instant T. Son nom est sans équivoque : du grec « ôkus », rapide et de « tokoç », accouchement.
Mais l’ocytocine est bien plus qu’une hormone de « circonstance ». On sait maintenant qu’elle intervient dans les interactions amoureuses, la tendresse, l’altruisme, l’empathie, l’attachement. Le contact physique, les massages par exemple, vont de pair avec la sécrétion d’ocytocine.
Six autres façons d’aider au déclenchement du travail
Voici six « trucs » pour pousser bébé vers la vie sans chimie de synthèse. Même si ces méthodes sont naturelles, elles peuvent parfois présenter des inconvénients. Avant de les utiliser, il faut donc en parler avec la sage-femme.
•Marcher, changer de position fréquemment : cette méthode peut être utilisée pendant le travail si les contractions sont peu efficaces.
•Se faire masser par son compagnon. L’ocytocine va se répandre et les hormones de stress vont diminuer.
•Stimuler la poitrine à l’aide d’un tire-lait : cela permet de bénéficier de sa propre ocytocine naturelle ; à ne pas prolonger si les contractions deviennent très fortes ou très longues.
•Manger épicé : les épices stimulent la digestion donc augmentent la production de prostaglandine qui enclenche le travail.
•Prendre de l’huile de ricin : par exemple mélangée avec un jus de fruit. Cela provoque la libération de prostaglandines propices aux contractions. Inconvénient : l’huile de ricin peut entraîner des diarrhées, d’où l’intérêt d’utiliser cette méthode en accord avec la sage-femme.
•S’offrir une séance d’acupuncture : certains points sont efficaces pour déclencher des contractions.
Un secret tzigane
Pour finir, voici un « remède » de « bona fama ».Les femmes tziganes utilisent depuis toujours la feuille de framboisier sous forme d’infusion pour se préparer à l’accouchement. C’est une façon non seulement de stimuler et soutenir la production d’ocytocine jusqu’à l’instant T mais aussi de rendre le périnée plus élastique. Elles en prennent ainsi dès le 8ème mois pour favoriser et faciliter l’accouchement.
C’est quand même plus savoureux que du Cytotec non ?!
Dominique Vialard
(1) Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction Volume 40, Issue 8, December 2011, Pages 818-822.