Eryne

Je pensais que ça allait mieux, que je digérais mieux, mais je me rends compte que c juste plus loin dans mon esprit...et bizarrement l'accouchement de notre chatte m'a remis dedans, je me remets à y penser tout le temps.
Et comme je ne l'ai pas raconté en partie publique, voici enfin mon récit :

Mon terme était prévu pour le 15 janvier mais j'avais vraiment hâte d'accoucher depuis....le test de grossesse ?
Mon objectif était d'atteindre 37 sa pour un AAD .
Pour moi, 37 SA tombait samedi avant Noël, pour mon dossier officiel, mardi avant Noël.
Beaucoup de choses à préparer avec ces fêtes dont le réveillon de noël chez moi avec 16 adultes (trouver un repas facile et bon, déco de la maison, cadeaux fait main, etc...).
J'avais décidé de finaliser les préparatifs de naissance dès le 25.
Le 23, je prépare le repas (5 heures quand même).
Le soir même je suis fatiguée mais enfin tout est ok, le lendemain il n'y aura plus qu'à finaliser qqes trucs. Je m'autorise même à dire à ma petite que finalement elle peut venir en décembre (on voulait janvier et j'avais toujours dit le 12).
Je crois bien avoir senti qqes contractions pas comme d'habitude avant de me coucher, j'ai préféré ne rien dire.

24 décembre 02:46 : "crac" suivi d'un tsunami dans mon vagin...je perds les eaux.
Non c'est pas possible, pas moi, pas maintenant, je dois rêver !
Je réveille ma chérie pour qu'elle me donne une protection pour aller jusque la sdb, qu'elle change les draps...
Je prends une douche, j'en sors,j'ai peur, je retourne dessous. Je ne suis pas prête, je ne veux pas accoucher. J'ai peur d'avoir mal..et si je saignais?
J'essaie de joindre la sf qui ne répond pas. Je me dis que je vais ptet devoir aller à la mat (où je bosse). L'idée ne me déplait pas.
J'essaie de faire sonner 7 fois le portable de la sf. J'ai toujours peur, et ma chérie qui fait des calculs ne m'aide pas ("alors si c comme pour aliya, à 10h30 tu as accouché !)
J'appelle ma soeur qui devait venir pour la grande mais là elle ne peut pas, pas avant le début d'aprèm.
Le travail commence doucement, c régulier, l'intensité faible ne demande qu'à monter. Mais prise de panique je demande à la contraction qui vient de s'arrêter.
Et le travail s'arrête. Oh il y a toujours qqes contractions mais c pas vraiment en route.
La sf tient quand même à venir donc vers 6h on fait le point : c pas tellement avancé mais ça je m'en doutais. Elle croit sentir encore une membrane, comme si je n'avais pas réellement rompu, mais je sais quand même que j'ai perdu les eaux ! Elle a pas vu la piscine dans le lit !
Quand elle repart, je retourne dans la salle de bain où je me sens le mieux. J'attends, je gère les rares contractions.
Au bout d'un moment, je décide de redescendre car je m'ennuie dans la sdb
Je laisse qqes mails et stt bcp de choses me travaillent : le réveillon du soir. On a mis du coup la petite chez la nounou ce matin (juste avant, une tétée pour relancer, ça a marché 1 heure!) au cas où j'accouche, ma soeur viendra vers 14h donc on ira la chercher juste avant.
Il faut que j'accouche avant le soir ! Qu'est-ce que je dois faire? Tout décommander et renvoyer tout le monde ailleurs (ils habitent à 1h de route) au risque que chérie et moi restions à la maison seules, sans travail lancé? Attendre jusqu'à quelle heure pour décommander? Et si j'accouche au moment où ils arrivent?
Je ne sais pas quoi faire. J'ai prévenu ma mère pendant la matinée qui ne comprend pas pourquoi je ne veux pas accoucher en présence de tout le monde.
Le temps passe. Je stresse, je sais que le stress ne permet pas au travail de se lancer, ce qui m'énerve encore plus.
début d'aprèm, rappel de ma mère qui s'impatiente et qui voudrait bien venir à la maison ce soir, passer le réveillon avec nous. Bizarrement, elle fini par me convaincre que je peux accoucher en présence de tout le monde (pas au même étage hein). ça me soulage. Ses mots étaient ("et puis tout le monde a déjà vu un accouchement, ça ne dérangera personne si tu cries")...J'appelle mon père pour lui demander si lui aussi s'en fiche que je crie quand il sera là. Pas de problème.
Un gros poids vient de tomber, je suis soulagée d'avoir une solution pour le soir...
...et je me mets en route. Il est à peu près 13h30.
(encore aujourd'hui je me demande comment j'ai pu accepter cette idée, accoucher devant les autres, ça va pas non? mdrr)

Les contractions sont bien ressenties, toujours à la même intensité, bien régulières, et rapprochées.
Je gère un peu dans la cuisine en soufflant, en me relaxant au max, debout penchée sur la table.
Puis je dois rejoindre la sdb.
J'essaie qqes positions, allongée c trop douloureux, sur le ballon mouais...
J'essaie le bain, mais pas trop chaud pas trop longtemps pour ne pas arrêter le travail.
La chaleur me soulage, mais pas la position dans la baignoire.
Aliya viendra me voir avec ma soeur et ma cousine; Je fais le vent comme je lui avais expliqué "houuuuuuuuu" sur la contraction. Maintenant, je leur fais signe de sortir car ça vient de monter en intensité.
Les "hou" st de plus en plus forts. Je sors de l'eau et me remets sur le ballon
"-tu veux que j'appelle la sf?"
avant la contraction "- non c bon, je gère"
après la contraction "-appelle la"
L'intensité augmente, le ballon ne me soulage plus.
J'essaie accroupie, à genou sur le matelas, puis je finis à 4 pattes, pas la force de bouger.
Je dois crier maintenant. Certaines contractions sont tellement longues que ça m'effraie un peu de faire une hypertonie.
Je crie dans le matelas, je me mets le plus en avant, quasiment à plat ventre. J'aimerais me mettre à plat ventre...ou alors grimper à une corde à la force des bras.
Je suis dans un renfoncement de la sdb, chérie ne peut mm pas passer. (je ne sais pas quand la sf arrive)
Sur la fin d'une longue contraction, je me mets à pousser.Je pousse de plus en plus à chaque contraction, jusqu'à ce que chaque contraction ne soit plus que poussée.
Je suis déçue car contrairement à la première fois, pousser ne me soulage pas. Je sens chaque millimètre de la descente, c'est très douloureux.
Alors je pousse pour qu'elle sorte au plus vite.
Vers 16h30, Eryne naît

La sf n'est pas tranquille. Je lui en veux de me déranger pendant que je découvre ma fille mais je ne sais pas que je suis en train de saigner.
ça saigne beaucoup le temps que le placenta sorte...et quand il sort, il manque un bout.
Je lui dis donc de faire la révision (geste hyper douloureux qui la faisait hésiter).
Après, les saignements se st tassés., le samu a pu m'emmener à la mat où j'avais présenté mon dossier. Je n'ai pas vu ma première avant de partir...
Ils m'ont refait un révision (sous AG), suturé la petite déchirure avec trop de points très très serrés. Ils m'ont transfusées (du coup j'étais en forme en rentrant ! )
minuit et demi, je suis enfin dans ma chambre, je découvre enfin ma fille..tiens elle a une tache sur le front.
4h, elle prend sa première tétée...

Il manque bcp de détails mais je ne voudrais pas que certaines personnes lisent ces détails, désolée.
Je suis resortie le dimanche.

Encore une fois bienvenue à Eryne!!!

J'attendais ton récit avec impatience ! Merci !
Comment te sens tu, psychologiquement d'avoir vécu un transfert ?

Sab a écrit:

Je pensais que ça allait mieux, que je digérais mieux, mais je me rends compte que c juste plus loin dans mon esprit...et bizarrement l'accouchement de notre chatte m'a remis dedans, je me remets à y penser tout le temps.

Je comprends ce que tu veux dire... Depuis la naissance d'Arthur, j'ai vécu deux accouchements de ma chatte, et chaque fois ça me met dans un drôle d'état...

Je pense tous les jours à la naissance de Pellinor. Je crois que j'ai encore besoin d'en parler.

je pense bien à toi ....

merci pour ton récit

Je ne sais pas trop que te dire, je sens ta douleur quand tu en parles... Donc c'est juste un petit mot pour te dire que je pense à toi

Merci de nous avoir fait partager ton récit.
Je ne sais pas trop quoi dire non plus
Ca doit être difficile de raconter son accouchement quand tout ne s'est pas passé comme on le souhaitait. On doit se rememorer la douleur, les moments difficilles, les décisions prises.... Se replonger dedans, revivre les choses...
Ca peut permettre de mieux accepter les évenements, de les apprivoiser, de les faire sien.

Mais je trouve ça important pour celles qui envisagent l'AAD (et qui n'y connaissent rien concretement, comme moi) d'avoir aussi ces récits. Pour faire un choix pleinement conscient, mettre des mots sur des chiffres et des stats. Pour se préparer à peut être vivre aussi un AAD avec transfert.

Pour tout cela je te remercie vraiment car ton récit m'aide dans ma préparation pour l'AAD.

Honnêtement, je ne pensais pas que le transfert serait pour moi, je me voyais bien animale qu'on ne dérange pas donc forcément que tout ira bien.
Ben non.
Je me dis que le stress d'être le 24 y est pour beaucoup beaucoup. Et bien voilà, on ne peut pas prévoir quel stress on aura à la fin, quel évènement viendra nous perturber.

Et franchement, j'ai ressenti comme une honte, au moins une grande gêne, vis-à-vis de l'hôpital qui m'accueillait (alors qu'il n'y avait pas de quoi).
Mais si ma fille avait pu nous rejoindre dès la journée ou si j'avais pu sortir quasi tout de suite je ne l'aurais pas aussi mal vécu c sûr.

Aujourd'hui, je me demande si l'hémorragie ne me fait pas peur maintenant, sur le coup je dis que non mais peut-être est-ce que je me voile la face pour ne pas dire, admettre qu'un AAD est risqué ? Mais je n'aurais certainement pas ce ressenti si le regard des autres sur l'aad n'était pas ce qu'il est actuellement.

Voilà mes réflexions si ça peut vous aider...

Je me verrais bien animale lors de mon accouchement aussi... Après, c'est sur qu'on ne peut pas prévoir comment ça va se passer, l'état d'esprit du moment, le stress...

Pour ce qui est du risque de l'AAD, je pense que oui, un AAD est risqué.
Tout comme un accouchement dans un super hosto de niveau 3 est risqué, ou qu'une césarienne toute bien programmée et avec un super chirurgien est risquée.

En fait tout accouchement est risqué, que ce soit pour la mère ou pour le bébé.
C'est pour ça qu'on dit que 80% des grosses sont "à bas risque" et pas "sans risque"
Après, les risques ne vont pas être les mêmes à l'hopital que chez soi. Et là, les statistiques sont sans appel pour les idées recues sur la "sécurité" de l'hosto. Et le regard des autres sur l'AAD est completement biaisé par cette fausse idée de la sécurité à l'hosto.

Enfin, je suis pas convaicue que les accouchements qui se sont "mal" passé à la maison, ce serait mieux passé à l'hosto. Par contre, je suis convaicue que des AAD qui se sont bien passés auraient pu mal tourné à l'hosto.

Enfin, c'est sur que l'hémoragie fait partie d'une de mes plus grande peur face à l'aad (avec la souffrance du bébé qui nécéssite une césa d'urgence).

Merci pour tes refléxion qui enrichissent ton récit

Tu sais comment je me visualise lors d'un futur accouchement ?

Dans une salle d'accouchement, accroupie dans un petit coin de la pièce, en train de faire mon petit toute seule.

Avant que je ne fasse le deuil de mon aad, je me voyais de la même manière mais chez moi. Mon cheminement m'a permis petit à petit de me visualiser dans une salle d'accouchement.

Mais comment cela se passera au final, personne ne peut le prévoir à l'avance...

Je t'embrasse fort Sab

Sab a écrit:

Honnêtement, je ne pensais pas que le transfert serait pour moi, je me voyais bien animale qu'on ne dérange pas donc forcément que tout ira bien.
Ben non.
Je me dis que le stress d'être le 24 y est pour beaucoup beaucoup. Et bien voilà, on ne peut pas prévoir quel stress on aura à la fin, quel évènement viendra nous perturber.

Et franchement, j'ai ressenti comme une honte, au moins une grande gêne, vis-à-vis de l'hôpital qui m'accueillait (alors qu'il n'y avait pas de quoi).
Mais si ma fille avait pu nous rejoindre dès la journée ou si j'avais pu sortir quasi tout de suite je ne l'aurais pas aussi mal vécu c sûr.

Aujourd'hui, je me demande si l'hémorragie ne me fait pas peur maintenant, sur le coup je dis que non mais peut-être est-ce que je me voile la face pour ne pas dire, admettre qu'un AAD est risqué ? Mais je n'aurais certainement pas ce ressenti si le regard des autres sur l'aad n'était pas ce qu'il est actuellement.

Voilà mes réflexions si ça peut vous aider...

Je comprend. J'aurais probablement été gênée moi aussi à ta place avec cette impression de débarquer "comme un cheveu sur la soupe ".
De toute façon, accoucher représente un risque, minime soit-il et ça c'est pas moi qui te l'apprendrais à toi qui est sage-femme.
Maintenant, je peux te dire que la vie elle-même est risquée. Tu peux très bien tomber dans tes escaliers, te faire renverser en traversant... Avoir une maladie grave... Le tout est d'essayer d'avancer en tenant compte de tes rêves, de tes désirs pour utiliser au mieux le temps qui t'est imparti.
Après mon AAd, je me suis sentie vidée pendant plusieurs semaines. Moi, même si tout s'est bien passé, j'ai toujours du mal à "digérer" la longueur de mon accouchement. Je pensais/espérais que j'accoucherais plus vite chez moi. Bah non. J'ai mis plus de 24h. Pour mon premier à l'hôpital : 10h. Pour le second en maison de naissance 22h.
Même si je sens que mon AAD m'a rendue plus forte, j'ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi je ne sais pas lâcher prise et je me sens encore mal à cause de ça. J'ai du mal à exprimer mon ressenti.
Sab, je t'embrasse très fort !

Je crois bien que j'avais raté le récit !...
Je suis désolée ! En retard, donc, et le mot est faible, mais merci pour ce partage !
Je n'en reviens pas non plus que tu ai accepté d'avoir tout le monde autour de toi pour ce moment !

Pour ce qui est des risques de l'aad... Bah... Manifestement, ça a bien été gèré par la sage-femme... Tu sais, je crois qu'accoucher ce n'est pas sans dangers... Et c'est bien pour ça que tu avais une sage-femme à tes côtés !

je découvre ton récit, merci

je viens de lire ton récit, il transpire(le mot est mal utilisé mais c'est ce qui me vient à l'esprit) de souffrance, j'espere que ta blessure cicatrisera

je pense for à toi

moi aussi j'avais raté le récti

juste envie de te faire un calin

j'avais pas vu vos messages !
merci à toutes...