Voilà le récit que j'ai écris pour mon fils avec quelques photos :
( Ninette ou Nina, c'est ma petite soeur, Tiboum & Manou mes parents, Denis le photographe et Stéphanie, "notre" SF )Neuf février deux milles dix… quelques rayons de lumière passe à travers les volets …il est sept heures, j’entends le verrou se fermer, ton papa part au travail…je pose mes mains sur mon ventre, « bonjour mon bébé » et je me rendors… juste quelques minutes... je me replie sur moi, en position fœtale « ouïe, ça tiraille dis donc », je sommeille encore à moitié pendant une grosse demi heure mais très vite, j’ai du mal à rester allongé, je contracte toutes les 10/12 minutes.
Je me lève, jette un coup d’œil à ton frère qui dort à point fermé à côté, il ronronne ^^
Après un tour au pipi’room et 10 minutes debout, je réalise… je le savais, je le sentais depuis la veille…c’est aujourd’hui mon amour, c’est aujourd’hui que tu vas naître !
Ninette a dormi là cette nuit, je vais doucement la réveiller pour qu’elle aille se recoucher près de mon trésor endormi, j’aimerais prendre un bain et qu’il ne réveille pas sans savoir où je suis, je lui explique aussi que c’est pour aujourd’hui, elle sourit.
Je passe un rapide coup de fil à ton papa pour le prévenir, je me retrouve 2 ans en arrière à répéter les mêmes gestes, les mêmes mots : « Chéri, c’est le grand jour, notre petit bonhomme va naître aujourd’hui » je ressens cette même excitation, ces p’tits papillons dans le ventre et mon cœur qui s’emballe quand je pense à toi mon ange.
J’appelle Manou pour la prévenir aussi que les plans ne changent pas pour ce soir, Tinou ira bien dormir chez eux comme prévu, simplement, ton papa & moi n’iront pas voir avatar au cinéma ni manger un bout au restaurant, ce soir, nous avons un autre RDV…le plus beau rendez vous du monde !
J’allume quelques bougies et plonge dans ce bain chaud, fumant, les contractions sont encore « douces » alors je m’y prélasse avec plaisir. J’enduis mes mains d’huile, je les passe inlassablement sur mon ventre rebondi, je te masse, te devine, je te parle, te raconte ce qui se passe, ce que je ressens, je reviens avec émotion sur ces 9 mois que l’on a passé ensemble, je prends de grandes bouffées d’air, je respire avec bonheur, le sourire aux lèvres, je te dis mon impatience à te rencontrer enfin…
Je te demande aussi de patienter juste encore un peu, je dois recevoir la piscine que j’ai commandé pour ta naissance avant 13h, j’aimerais beaucoup avoir le temps de la mettre en place avant que le gros travail ne commence…je visualise mon col s’ouvrir lentement, je sais que je ne lâcherais totalement que plus tard dans la journée, il me reste des choses à faire.
C’est un dernier « tête à tête », comme nous en avons eu quelques uns pendant ces longs mois, notre petit moment à nous, où tout est calme autour, où je ne pense qu’a toi.
Je contracte toutes les 10/15/20 minutes, elles se sont espacées et sont irrégulières. Entres 2 contractions, je me dis même qu’après tout ce sera peut être que pour le lendemain…mais lorsqu’elle arrive, je ne doute plus…elle monte, me chauffe, me presse, m’enlace avec force et me relâche enfin au bout d’un bon moment…aucun doute, je la reconnais, cette vieille amie.
Je profite d’un entre 2 pour appeler Stéphanie, pour lui dire que c’est pour un peu plus tard, je lui dis que je la rappellerais dans un petit moment pour la tenir au courant.
J’entends mon trésor qui se réveille, Nina & lui arrivent, je lui dis bonjour et lui explique ce qui se passe dans mon corps, comment va se passe un peu la journée, je lui rappelle que ce soir, il va faire dodo chez Manou & Tiboum…il sourit, il répète que tu vas naître, ça l’amuse bien que je ne pense pas qu’il réalise vraiment…mais il sent qu’il y a quelque chose de festif, il sent mon excitation, douce mais palpable et celle de Ninette que le sourire ne quitte pas.
Je sors de mon bain, j’ai besoin de préparer mon petit nid, de me sentir à l’aise et cocoon quelque part…non, pas quelque part, partout ! J’ai besoin de propre, de net…je vais faire ma vaisselle, du linge, je passe l’aspi, fais la poussière, j’y prends du plaisir comme rarement, je sais pourquoi je le fais…je prépare ma maison mais c’est une préparation dans ma tête aussi.
Pleins de flashs, d’images, de sons de la naissance de ton frère me reviennent, ça me fait sourire, je suis heureuse, pour la seconde fois de ma vie, je m’apprête à vivre l’indescriptible, je vais vivre la vie, je vais la donner, te la donner, mon ange !
Je tiens au courant ma famille et mes amis de ta venue toute proche, l’excitation se propage, au fur et à mesure de ces discussions, je réalise encore davantage.
Pas de blues cette fois, un immense bonheur, je me sens bien, bien et prête !
J’ai beaucoup pleuré il y a quelques jours, j’ai fais mon deuil de la grossesse que j’aime tant, ces larmes m’ont fait énormément de bien.
Je me prépare aussi, je me pomponne, me maquille pour faire quelques dernières photos…souvenirs de cette journée si particulière.
Je m’occupe aussi de baigner ton frère, mon grand bébé, je savoure ce dernier bain où il me semble encore si petit, si bébé…je sais que demain, il me paraîtra certainement tellement grand à côté de toi, si minuscule, si fragile.
Je prends mon temps, je peigne ses cheveux lentement, je le renifle, le bisouille, les larmes me montent plusieurs fois…mon tout petit homme va devenir grand frère !
Vers midi, je contracte encore fort mais très irrégulièrement, je sais que tout s’accélèrera quand j’aurais reçu ma piscine et que ton frère sera parti, pour l’instant ma tête est encore trop ailleurs, je ne suis pas encore dans l’accompagnement de ces contractions.
Je téléphone à Denis, je lui dis à lui aussi que rien ne presse mais que c’est pour aujourd’hui…
Il est 13 heures et je viens de recevoir ma piscine, je suis contente, contente, vraiment contente !!!
Tiboum arrive, il va m’aider et préparer la piscine dans la chambre à ton grand frère pendant que je file à mon RDV chez l’esthéticienne avec Manou, j’ai pensé à l’annuler, mais après tout, je me sens encore capable d’aller à ce rendez vous, alors go !
Le trajet en voiture intensifie mes contractions, toutes les 5/7 minutes…
J’entre dans le salon bio, c’est très cocoon, l’esthéticienne nous reçoit nu pied, la lumière légèrement tamisé, la pierre, j’ai l’impression d’être dans une tanière, c’est très agréable !
L’émotion de l’esthéticienne est palpable, on parle de ses accouchements, de ses enfants, de son désir d’AAD pour sa petite dernière de 10 mois…toutes les 3 à 7 minutes, une petite pause s’impose, je respire jusqu'à dans mon bassin, je la laisse doucement m’emporter, je me relâche…je profite des quelques minutes suivantes, pour admirer mon ventre rond dans le miroir en face de la table…je soupire de bonheur en voyant tes petites jambes soulever ma peau tendue et je prend à nouveau une grande inspiration quand mon ventre se raidit.
Sur le chemin du retour, mon travail s’intensifie encore, les bosses, les creux et les trous sur la route sont très désagréables…
Je suis contente de retrouver mon nid, de pouvoir m’étaler, me balancer sur la couverture étendue au sol au milieu des coussins lorsque ma contraction arrive, MA contraction, je crois que c’est vraiment là que je me l’approprie, ce n’est plus UNE ou LA contraction mais je la fais mienne, mon alliée, mon amie, je commence à réellement l’accompagner, tout est prêt, autour de moi, en moi…
Je savoure ces dernière minutes avec ton grand frère avant qu’il s’en aille avec Manou, Tiboum & Nina… je lui parle, lui réexplique ce qui se passe, ce qui va se passer dans les heures à venir…
On se câline, je lui caresse ses cheveux, il veut te câliner toi aussi, il pose sa tête près de mon ventre, passe ses petites mains sur lui, sur toi…nous nous étendons tous les 2 sur la couverture au sol, le sommeil n’est pas loin pour lui, ses petits yeux luttent pour rester ouverts…
A ce moment là, j’ai une boulle dans ma gorge, j’ai envie de pleurer, pour la première fois, je n’ai vraiment pas envie de le laisser mon grand bébé, je ravale mes larmes, je garde ce bouillon d’émotions à l’intérieur de moi…mais je sais bien qu’il faudra le sortir à un moment donné…
Les « Au revoir » s’éternisent, aucun de nous n’a envie de quitter l’autre…Mattian pour la première fois ne veut pas partir, lui qui aime tant ça habituellement…mais il n’y a rien d’habituel à ce qu’il se passe, il le sent, il le sait…il fait quelques pas vers la sortie, puis revient se coller à moi, passe dans mes jambes, tire sur mes vêtements, je me baisse, je l’embrasse très fort, je lui dis des mots d’amour et il s’en va…
Denis arrive lorsque Mattian est encore dans le hall, nous nous saluons, il entre, prépare son matériel et nous discutons entre 2 contractions et j’arrange encore quelques petites choses…
Un peu après le départ de ton grand frère, ça monte d’un cran en intensité et se régularise, je le savais, plus rien ne me retient maintenant, je lâche totalement...je sais que d’ici 30 minutes/1heure, je vais me transformer, m’animaliser, me laisser glisser profondément, me laisser emporter, sans retenu par mes contractions…
Ton papa me fait couler un bain, chaud, je le veux très chaud ! Une douce odeur d’encens flotte dans l’appartement, douce et agréable, quelques bougies dansent autour de moi…
Il est 17h30, elle est là, cette falaise, je l’observe un instant, je te parle mon amour, je soupire et je saute…je me sens bien, je me sens sereine, je passe le bout de mes doigts mouillés sur mon ventre qui se tend et se détend en rythme, je respire dans tout mon corps, je te visualise dans ta descente, je l’accepte.
Je pose les paumes de mes mains vers mes côtes et je sens tes coups une fois que la vague s’est évanouie, je souris, je t’aime, j’aime te sentir, je grave cette sensation dans ma mémoire, jamais je ne veux l’oublier.
Je la sens qui arrive, la vague, puissante, j’inspire, je l’accueille et pousse de longs râles, je me balance et je t’invite à descendre mon ange…puis elle s’éloigne, doucement, pour revenir plus intense et généreuse encore dans quelques minutes.
Stéphanie arrive à un moment…je ne sais pas lequel, il n’y a plus d’heure, le temps des autres n’est plus le mien…un sourire, un signe de la main, elle est là, assise en tailleur à l’entrée de la chambre de ton frère, sa présence est bienveillante et discrète, elle est apaisante…je l’ai vu, je la sais présente, je replonge…
Ton papa s’éclipse quelques fois, j’imagine pour s’occuper d’offrir à boire et à manger à Denis et Stéphanie…quelques fois, je le réclame, j’ai besoin de lui, présent mais sans me toucher, lorsque la vague monte, m’enlace, me soulève, emporte mon corps en douleur, le moindre effleurement semble me brûler la peau…alors il me caresse le visage, les cheveux et un court grognement suffit à y mettre fin lorsque je la sens approcher.
Je veux sortir, l’eau a tiédit, j’aimerais qu’elle soit plus chaude.
Ton papa m’aide, je jette mes avants bras sur le plan de travail pour me soutenir et je grogne, je vocalise pour accompagner cette nouvelle vague, ardente.
Mon corps me chauffe, mon bassin tire et brûle… « Vas y, fais ton travail, mon corps est ton champ »
Je reste là un petit temps et entre à nouveau dans cette eau bien chaude.
Stéphanie entre, une fois ou 2 peut être, dans notre bulle pour écouter ton cœur lorsque la vague me relâche…j’écoute avec délice le ronflement rythmé des battements de ton cœur.
Depuis le départ de ton grand frère, j’ai cette boulle qui reste dans ma gorge, je le sais, j’ai besoin de pleurer pour laisser place à la suite.
Je profite d’une pause pour dire tout haut « Je vais bien, je me sens bien, mais j’ai besoin de pleurer », Stéphanie acquiesce en souriant et je lâche, je libère ce trop plein, ce bouillon d’émotion que je contiens plus ou moins consciemment depuis quelques heures… des larmes brulantes perlent sur mes joues, je sanglote un moment et je m’arrête pour vocaliser lorsque la vague m’enveloppe, me soulève puis je reprends ensuite plus fort encore, jusqu'à que cette boulle dans ma gorge fonde et que je me sens légère, libre…
Mon corps se détend malgré la tempête et la mer se déchaine…les vagues s’enchainent, fortes, bien plus fortes, elles emmènent mon corps en travail où je suis attendue…
A présent, j’ai besoin de sortir de mon bain.
Projeter à nouveau les avants bras sur le plan de travail, je prends appui, je me dandine, me tortille.
Mon bassin me tire, je sens les vagues monter, elles arrivent du plus profond de moi dans une surprenante violence.
Stéphanie se rapproche un peu plus prêt, quelques mots pour m’encourager, juste ce qu’il faut.
Mes longs râles se transforment en gros grognements, mes balancements sont différents eux aussi, mon corps me réclament de bouger autrement, je lui obéis, je lui fais confiance.
La fin du voyage approche… je demande à ton papa de commencer à remplir la piscine à quelques pas de moi, mais je sais, je sais que tu vas naître avant…peu importe, je la veux ma piscine !
Puis une autre vague arrive…non, pas une vague, un raz de marée !
Je commence à grogner fort puis ce grognement s’éteint doucement pour descendre à l’intérieur de mon corps, je sens ma voix aspirée de l’intérieur, je me replie un peu sur moi, mes jambes fléchissent légèrement et mon corps te pousse lentement vers le monde…
L’arrivée de chaque nouvelle vague aspire ma voix, ramène ma force vers l’intérieur pour t’accompagner dans ta sortie, c’est seulement ensuite, au bout de quelques secondes que j’arrive à libérer un long cri qui me soulage.
Ma position debout n’est pas très confortable, mes jambes faiblissent, me font mal mais je ne peux plus bouger, je n’en ai pas envie, c’est là, c’est comme ça… pourquoi, comment, je n’en sais rien, je suis la première étonnée de te mettre au monde debout mais encore une fois, j’écoute mon corps et il me dit de rester comme ça.
Un moment passe, où ces vagues violentes viennent et repartent, ne me laissant qu’un court moment pour me détendre et je commence à accompagner ta descente, un peu plus fort à chaque fois, mon corps réclame ces poussées, je les lui donne, quel soulagement.
La vague s’éloigne, je me relâche et je tremble de tout mon corps.
Ces tremblements, je sais ce qu’ils annoncent…tu arrives, tu es juste là, je le sentais déjà, ils me le confirment…je tremble et me décharge des dernières tensions pour pouvoir te mettre au monde, mon amour.
Je réclame un linge chaud sur mon périnée, ça me brûle…ton papa, agenouillé à côté de moi, pose sa main avec un carré éponge chaud qui me fait beaucoup de bien.
De l’autre côté, Stéphanie m’encourage avec quelques mots, toujours très discrète.
Je perce la poche des eaux pendant une poussée mais je ne m’en rends pas compte.
Ton papa me le racontera ensuite…
La tempête est violente dans mon corps, à présent, les vagues immenses me broient, mon ventre, mon bassin et mon périnée me semblent enflammés… je hurle, pas de douleurs mais de rage, des cris de guerre, je me donne de la force.
Je passe mon main entre mes jambes lorsque ton papa rince le gant dans l’eau chaude, tu es là trésor, j’effleure mon ventre et je te parle mon bébé, je te dis combien tu te débrouilles bien, à quel point nous formons une bonne équipe, que la tempête qui nous ballottent si violemment tous les 2 sera bientôt terminée, je t’encourage… je m’encourage aussi.
D’autres vagues passent et je sens la fatigue arrivée, je m’épuise alors je prie, je hurle à l’intérieur de moi que c’est fini, je l’ai décidé, la prochaine vague sera la dernière, c’est comme ça, je veux que ça se finisse MAINTENANT ! Je veux te voir, te serrer fort, t’embrasser, te toucher.
Je la sens qui arrive, déchainée, passionnée, fracassante, bruyante…elle arrive, plus efficace que toutes, je l’accueille, je m’ouvre à elle, m’abandonne…je hurle, tu arrives, je sens ta tête faire son passage à travers mon corps, la main de ton papa prête à t’accueillir, je crie « non, non ! » à mon périnée, je le supplie de ne pas déchirer encore une fois... je sens ton corps glisser entre mes jambes.
Je tend mes mains pour te prendre, tu es tout entortillé dans ton cordon, Stéphanie te fait faire quelques galipettes pour t’en libérer et te tend vers moi.
Je te serre, te respire, mon petit prince, mon cœur, tu es tout chaud, tout glissant, ta peau et ton odeur sont si douces…bonjour mon amour, je suis ta maman, bienvenue mon petit prince, ma merveille, tu es merveilleux, merveilleux ! Bravo mon bébé, tu as été fort, tu as bien travaillé toi aussi, je suis fière de toi !
Tes petits yeux s’ouvrent sur ce monde, sur moi, sur ton papa qui nous love dans ses bras à présent.
Ton regard si profond me submerge d’émotion… tu es là, mon amour, tu es un cadeau !
Nous restons à faire connaissance un long moment dans cette même pièce où nous faisions connaissance avec ton grand frère, il y a un peu plus de 2 ans….
Ton papa coupe ton cordon un peu plus tard alors qu’il a cessé de battre et je ressens le besoin de me libérer de mon placenta, je le dis à Stéphanie et très vite, il sort, je me sens mieux, mon corps tremble et se relâche.
Ton papa te prend et à quatre pattes, je rejoins la piscine, je m’y plonge avec apaisement et te récupère tout contre moi, tu pleures mais à l’instant où je te dépose sur mes jambes dans cette eau chaude, tu t’allonges entièrement et te détend à ton tour en regardant partout autour de toi.
Tu trouves mon index près de ta bouche, le tète avec enthousiasme alors je te propose mon sein sur lequel tu te jettes et tète goulument pendant une bonne demi heure…ta première tétée, quel bonheur !
A toi mon amour, au petit garçon que tu vas être, à l’homme que tu vas devenir, je t’aime !
Ta maman