Naissance de Constance

Nous avons rendez-vous à la maternité à 10:00 pour faire un contrôle. La sage-femme de garde me pose le monitoring et plaisante avec nous, tu n’es pas pressée, tu as 10 jours de « retard ». Tout va bien, ton coeur bat normalement, il y a assez de liquide amniotique et mon col est totalement fermé. Il est donc décidé que l’accouchement sera déclenché ce soir. On me demande de me présenter à la maternité à minuit, avec toutes mes affaires.
Le dimanche après-midi nous allons nous balader, il fait beau. Le soir, nous cuisinons ensemble et nous regardons une série. Nous sommes mi-impatients, mi-anxieux.
Il est 23h30, nous partons pour la maternité, à pied. Elle est située à 10min de la maison. L’accueil est royal, je suis installée dans une chambre seule, on m’apporte à boire, on m’invite à me mettre en pyjama et la sage-femme de garde vient me poser un monitoring. Elle propose à ton papa de rentrer se reposer et de revenir demain matin pour suivre l’avancée des choses.

Vers 1h du matin, après le monitoring, la sage-femme de garde me pose la première tablette d’hormones pour déclencher l’accouchement et m’explique qu’elle reviendra vers 7h pour m’examiner et me poser une seconde tablette. En réalité, c’est l’élève sage-femme qui s’occupe de moi. Je connais déjà la sage-femme de garde et son élève, je les ai vues lors d’un précédent contrôle à la maternité. Elles sont calmes, attentives et sereines. Elles m’invitent à dormir pour me reposer avant le grand jour. Je m’endors vers 1h30.
Vers 4h du matin, je suis réveillée par une contraction dans les reins. La douleur est très supportable mais je comprends que c’est le début du travail. Les sages-femmes m’ont prévenue : cela peut durer très longtemps, un déclenchement dure parfois 24h ou plus ! Il va falloir prendre mon mal en patience…. Jusqu’à 5h j’aurai ce type de contraction dans le bas des reins. La douleur s’intensifie et je ressens le besoin de me lever pour essayer de me soulager. Je vais aux toilettes plusieurs fois, je pense que c’est plus un prétexte pour marcher qu’une réelle envie. Vers 6h, la douleur a doublé en intensité. Je ne sais plus comment faire pour me soulager. Je pense à la péridurale et je ne sais pas à quel moment j’aurai le droit de la demander. J’appelle la sage-femme et lui pose la question, elle me répond qu’il va falloir que je sois courageuse car cela va certainement durer jusqu’au soir. J’insiste, les contractions se rapprochent et sont vraiment douloureuses. Elle m’amène une bouillotte et un thé. Je ris intérieurement « ma pauvre, un thé, j’ai trop mal, un thé ne me soulagera jamais ! ». A 6h30, j’envoie un SMS à ton papa lui demandant de venir au plus vite, j’ai besoin de lui pour gérer la douleur, elle devient insupportable à chaque contraction. Au même moment, la sage-femme me prévient que c’est la fin de sa garde, la nouvelle équipe viendra m’examiner à 7h. Je patiente. Je gère les contractions comme je peux mais je sens que je perds un peu pied. Personne ne m’avait prévenu ! Ca fait trop mal ! Comment vais-je faire pour tenir jusqu’au soir ou même plus longtemps ? Cependant, je ne cède pas à la panique, je pense de nouveau à la péridurale qui finira bien par arriver un jour.
A 7h, la nouvelle sage-femme de garde vient se présenter, elle va m’examiner, faire un monitoring et me poser la seconde tablette d’hormones. Elle est brune, grande et sa voix est douce. Elle aussi est accompagnée d’une élève sage-femme, blonde aux yeux bleus. Elle s’installe, examine mon col et ses yeux s’écarquillent : « ah madame, vous êtes à 7/8 ! Vous avez bien travaillé ! ». Immédiatement je vois la péridurale me passer sous le nez et je comprends que le travail est déjà bien avancé. Elle m’explique que l’on va m’amener en salle de naissance, elle me demande si mon homme arrive car il ne faudrait pas qu’il tarde.
A 7h20, je suis transférée en salle de naissance, au même moment ton papa arrive et tombe des nues. Je souffre beaucoup, je me tiens au lit pendant chaque contraction et je ne sais pas comment me soulager. J’ai du mal à travailler sur ma respiration. Nous arrivons en salle de naissance, tout est prêt. La sage-femme et son élève me proposent d’aller dans l’eau, je dis non. Je sens que je n’aurai pas le temps, c’est trop tard. Immédiatement je m’accroche à la liane qui pend au milieu de la salle. Chaque contraction est un calvaire, je ne peux pas me retenir de crier. Tant pis, je suis sûre que les sages-femmes sont habituées. Ton papa se sent un peu perdu, il ne sait pas comment m’aider. J’attrape la main de l’élève sage-femme et elle m’accompagne dans ma respiration. Je la sens un peu impressionnée par la situation mais elle gère merveilleusement bien et m’accompagne avec douceur. Est-ce que c’était un de ses premiers accouchements ?
Rapidement, la sage-femme me demande si j’ai envie de pousser. Je ne me sens pas tellement connectée avec mon corps à ce moment là et je peine à vraiment analyser la situation. J’ai juste hyper hyper mal et j’ai complètement oublié qu’il allait falloir sortir un bébé ! Elle me propose de m’installer sur le lit. C’est un grand lit de forme ronde sur lequel je me positionne d’abord à quatre pattes puis, très vite, je me couche sur le dos. Je ne suis pas à dilatation complète mais les sage-femmes m’indiquent que tu es déjà basse et bien engagée dans le bassin. Spontanément, je me mets à pousser. Je tiens toujours la main de la sage-femme. Visiblement, une gynécologue est arrivée mais elle se tient à l’écart. Ca ne m’interpelle pas plus que ça, mon esprit est ailleurs, je suis comme dans un état second que je n’explique pas. J’entends les sages-femmes parler mais je ne comprends plus ce qu’elles me disent. La gynécologue attrape mon pied droit pour que je trouve un appuie et cela m’aide, je pousse plus fort. J’entends simplement que ce que je fais est super et que le bébé descend bien. Cependant, n’étant pas à dilatation complète et tout s’étant accélérer soudainement, mon périnée est en souffrance et j’entends une sage-femme dire qu’il va falloir procéder à une épisiotomie. J’ai peur, je suis persuadée que cela va me faire horriblement mal. En réalité, je suis incapable de dire à quel moment j’ai eu l’épisio, car je n’ai rien senti. Je continue de pousser mais je ne me rends pas compte de l’avancer des choses, je suis anesthésiée par les hormones et je sens à peine le bébé descendre. Ton papa cris : elle est là, elle sort ! Ta tête est sortie, puis tes épaules, je n’ai quasiment rien senti ! Et puis enfin, ton corps tout entier, ça y est, tu es là, il est 8h15 tout pile. Petite crevette mi violette-mi rose, pas du tout sale, pas du tout fripée. On te pose sur moi et tu émets ton premier cri. Je suis encore sonnée par l’accouchement et ai du mal à réaliser. Ton papa est fou de joie et pleure. Tu essayes de ramper vers mon sein, c’est incroyable à observer.
La sage-femme m’aide à t’installer au sein, tu tètes tout de suite très bien et avec appétit, puis tu t’endors, paisiblement.
On nous propose de nous amener le petit déjeuner. C’est surréaliste, c’est génial. Ton papa me prépare les tartines, je bois mon café au lait, avec toi au creux de mes bras, contre mon sein.
On nous laisse tous les trois et ce n’est que 2h plus tard que la sage-femme viendra te peser, te mesurer et t’habiller.
A 11h, un taxi vient nous chercher pour nous emmener quelques mètres plus loin, dans la maison familiale où nous allons passer 4 jours merveilleux.
La première nuit, tu dormiras plus de 6h d’affilées. Heureusement, le personnel apaise mon stress et me demande de te laisser dormir. Tu te réveilleras quand tu auras faim.