Je ne partage pas Maman

Petit S grandissant (bientôt 23 mois !!!), il s'affirme de plus en plus, ce qui est chouette. Son grand frère a toujours pris beaucoup de place vu que quand petit S est né, N était encore bien petit (21 mois). Je suis donc assez contente qu'il prenne bien sa place.

Il y a juste une chose en ce moment qui me gêne un peu, et surtout face à laquelle je ne sais pas trop comment réagir. Lorsque je fais un câlin à petit S et que N veut un câlin aussi, petit S le repousse.
Alors, parfois, il peut y avoir un temps pour chacun et je demande à N de patienter.
Mais parfois, le câlin "en même temps" est justifié à mes yeux. Par exemple, quand ils se réveillent le matin et qu'ils veulent tous les deux des câlins avant d'aller prendre leur biberon (et que je suis seule, et que le temps est compté). Ou encore, quand N se fait mal et qu'il a besoin que je le console. Ou bien quand j'ai S dans les bras depuis un moment et que N veut ponctuellement un câlin. Bref, dans ces différentes situations, j'ai envie de prendre N dans mes bras, mais ça ne plait pas du tout à S qui se met à râler, crier, voire taper N (ou moi). Je lui explique pourquoi N a besoin aussi de câlins, mais ça ne fonctionne pas.
Ce matin, j'avais mal dormi (donc fatiguée). J'ai levé S, il était donc dans mes bras quand N est venu me faire un câlin-bonjour. S lui a tout de suite dit "non !!!" en essayant de le taper. Je n'ai eu aucune patience, j'ai été très ferme "je ne suis pas d'accord S, N a tout à fait le droit de venir faire un câlin, je ne veux pas que tu le tape, je vous aime tous les deux, je peux vous faire des câlins à tous les deux !". Il n'a rien dit, a laissé son frère tranquille.

Mais après-coup, je me suis demandée si je n'avais pas été trop ferme. Si je ne devrais pas essayer de trouver des solutions pour qu'il ait plus de temps avec moi (notamment à cause de ce que je disais en intro : son frère a jusqu'ici pris beaucoup de place, même si ça a tendance à s'inverser depuis quelques semaines) ? Etre plus à son écoute ?

Vous faites comment vous ?

Je ne sais trop que dire car ça me renvoie à chez nous où, au contraire, je trouve que ma grande n'a pas assez de place depuis la naissance de son petit frère.

Je ne pense pas si tu aies été trop ferme vis à vis de S. mais je pense que les mots que tu as posés sont très importants pour N.
Ici, ma grande dit souvent à son petit frère "chouchou va" (Ce que disent les frères Dalton à Averell quand il reçoit les marques de tendresse de Ma) alors j'en joue et de temps en temps je l'appelle pour lui dire "viens là que je te chouchoute ma grande fille".

J'ai envie de dire encore des choses mais je me rends compte que je transfère notre problématique contraire donc mes réponses ne sont pas adaptées...

C'est dur de trouver ce qui est juste pour chacun. J'ai tendance à trouver ma grande vachement grande comparée à son petit frère et à lui demander beaucoup. Et puis je me souviens de quand je bossais en colonie de vacances : les enfants de l'âge de ma puce étaient les plus jeunes et ils me paraissaient si petits. Tout est question de relativité...


[Pardon, je ne crois pas t'avoir aidée mais au moins tu auras une réponse et ton post reviendra en tête de liste si d'autres l'ont loupé ]

Ah moi je ne l'ai pas loupé et je voulais aussi te répondre, mais je n'ai pas pris le temps avant! Alors merci Brise Marine pour l'occasion que tu me donnes

Bon, je risque de ne pas t'aider beaucoup non plus, car, ici aussi, la situation est différente.
Chez nous, mon aîné était aussi très petit quand son frère est né (l'âge du deuxième aujourd'hui, et je ne verrais vraiment pas une autre naissance maintenant!) et rapidement, il s'est attaché à son père, qui est devenu aujourd'hui sa figure de référence. C'est tout avec Papa, et impossible pour moi de le consoler si son père est là, il hurle de plus belle si j'ose lui proposer un câlin!
Alors j'essaie de penser à lui apporter un peu d'attention exclusive, au coucher notamment, quand son frère est endormi. (et je te pique ton idée, Brise Marine, d'utiliser les mots pour appuyer le moment de tendresse) C'est un moment très court, mais fort!
Je dévie aussi donc! (et ton expérience Brise Marine me rassure au moins sur le fait que ce n'est pas uniquement dû à son jeune âge, mais que c'est un passage dans la recherche d'un équilibre nouveau)

Je ne trouve pas non plus que tu aies été dure. Tu ne l'as pas privé de son droit.

Ce qui résonne aussi ici, c'est le plus petit qui me sollicite peu, joue beaucoup seul (ce qui est super chouette pour moi, et pour lui qui prend beaucoup de plaisir à ses découvertes) et je me demandais si ce n'était pas dû à un manque de disponibilité de ma part...
Après, on fait de notre mieux mais selon nos moyens...

En te relisant, je pense à quelque chose (qui est peut-être complètement à côté!), mes garçons râlent (ou tapent, ou autre) souvent pour signifier leur mécontentement. Et parfois, (à ma grande surprise à chaque fois!) il suffit que je reformule leur frustration pour que ça passe! (mais ça ne marche pas à chaque fois, évidemment! ^^)

Bon courage!

Ah ! Merci à toutes les deux pour vos réponses ! Le forum me semble un peu désert depuis quelques temps...
Et non, vous n'êtes pas à côté du tout. Brise Marine, tu peux d'ailleurs développé avec plaisir. Je trouve que même si nos expériences sont différentes ça nous apporte forcément du recul, un autre point de vue, de la matière à réfléchir. Alors merci pour ça.

Reformuler, oui, il faut que j'y pense. J'ai du mal à le faire dans le feu de l'action, mais à force d'en parler, ça va bien finir par venir plus intuitivement.

Petit S joue aussi beaucoup seul (et semble s'éclater). Et pour le coup, je trouve vraiment que c'est un mal (manque de dispo) pour un bien (autonomie dans le jeu). On me renvoie d'ailleurs souvent que c'est le propre des "deuxièmes". Donc, je ne culpabilise pas là-dessus.

Je crois que je voudrais juste trouver les mots pour les accompagner au mieux dans la fratrie, le partage de leur parents,... Et puis moi arrêter de culpabiliser pour les premiers mois de petit S qui se faisait tellement petit.

Ah reformuler j'ai souvent du mal aussi, et parfois, j'y pense, et je suis épatée moi-même quand ça marche!
Trouver les mots, ce n'est pas simple, et pour moi aussi c'est un combat quotidien
En ce moment, je me demande comment expliquer à mon aîné que ce n'est pas sa faute quand mes émotions débordent, et que ce n'est pas à lui de me consoler, même si c'est gentil de me faire un bisou.

Et moi aussi j'entends souvent que c'est une caractéristique des deuxièmes, et je fais le même constat que toi.

Bon cheminement dans ta réflexion! Partage-le avec nous

C'est vachement dur de gérer la notion de "partage" affectif. On a souvent ce soucis avec mes deux et clairement ça joue sur leur relation. Pendant longtemps j'ai clairement "mis de côté ma grande et ça me fait beaucoup de mal de le dire mais c'était de la survie, je calmais les cris en premier lieu et ce n'étais pas juste.

Ceci dit j'ai aussi longuement expliqué que l'égalité n'était pas si juste que ça et que du coup je préférais m'adapter aux besoins de chacun (avec le dessin qui va bien et qui expliquer très simplement ce concept et qui a beaucoup parlé à mes enfants). Je les invite donc clairement à exprimer leur besoin et maintenant le câlin c'est un par un point. On peut attendre, faire chacun son tour mais c'est exclusif justement pour éviter que les frères et soeurs se chamaillent sur mes genoux.
Par contre je verbalise beaucoup plus (mon dernier est plus grand que ton S. cependant il parle difficilement donc ça rapproche les âges ^^), toi aussi tu as envie d'un câlin ? là pour l'instant j'ai ton frère ou ta soeur qui en fait, est-ce que tu veux aller choisir un jeu ou livre à faire après ?

Et en général ça désamorce plutôt bien.
Si ça ne désamorce pas, c'est qu'il y a un besoin urgent et dans ce cas je questionne celui/celle qui est sur mes genoux pour savoir s'il peut faire une "pause câlin" pour désamorcer la crise (en mettant en avant qu'un petit câlin dans le calme vaut 3 câlins sous les cris).

Pour l'instant ça marche plutôt bien, je ne sais pas si ça te parle.

Puis un câlin pour toi, parce que les grands-es ont aussi besoin de câlins

Louve a écrit:

Ceci dit j'ai aussi longuement expliqué que l'égalité n'était pas si juste que ça et que du coup je préférais m'adapter aux besoins de chacun (avec le dessin qui va bien et qui expliquer très simplement ce concept et qui a beaucoup parlé à mes enfants).

celui là ?


Je l'adore ce dessin.

Merci Louve pour tes réflexions sur le sujet.
Ca me fait bien réfléchir sur le fait de partager les câlins ou pas.
J'essaie (depuis un moment déjà) de leur consacrer un temps privilégié d'histoire puis de câlin à chacun le soir au moment du coucher. Sachant qu'ils sont dans la même chambre, ce n'est pas du tout évident pour eux de comprendre l'exclusivité dans ce cadre. Quand je fais le "dernier câlin" à N, S ne cesse de m'appeler, fait tomber ses doudous pour que je vienne les ramasser,... Et quand je fais le "dernier câlin" à S, N se mets à me raconter sa journée, m'expliquer des trucs métaphysiques de la vie,... Bref, je rabâche chaque soir "je suis avec S/N, je passe ce temps avec lui et uniquement lui, je suis avec toi avant/après...".
Donc tout ce que tu dis me parle, mais j'ai du mal à l'appliquer lorsqu'en dehors du coucher ils me réclament tous les deux des câlins. J'aimerais secrètement qu'ils apprécient les câlins à 3, mais je n'ai pas non plus envie de les dégoûter...
Mais c'est vrai, davantage verbaliser leurs ressentis est sûrement la clé.

Par contre, je ne leur ai jamais parlé de l'égalité. J'avais déjà vu le dessin que montre Doudie (mais y'a longtemps, avant que le problème ne se pose). Je l'avais trouvé très parlant. Mais aujourd'hui, j'attends de loin la petite voix de mon N me dire "mais le petit il a plus de caisses, moi aussi je veux plus de caisses pour être plus grand". Bref, ça me semble pas simple à expliquer, même avec le dessin.

oui c'est ce dessin, je l'ai surtout utilisé avec ma grande

Par contre je trouve que le fait de chercher à s'accaparer maman révèle une grande crainte de ne pas être assez aimé et là y a le dessin du coeur de maman, tu le connais ?

c'est hyper efficace avec l'aînée mais ça apaise beaucoup aussi le cadet.

Tu fais un dessin de coeur en disant que ça c'était ton coeur quand ton ainé est né : que ça représente comment tu l'aimais quand il était tout seul.
Tu lui demande comment ton coeur a changé quand le cadet est né

A tout les coups, les enfants divisent le coeur en deux : ce qui veut dire pour eux que comme il y a un enfant en plus il y a moins d'amour pour chacun. (purée quand ma grande m'a fait le coup j'ai failli pleurer, bref !!!)

Et là tu leur refais ton coeur de départ et tu expliques en dessinant que lorsque les parents attendent un autre enfant, leur coeur ne se divise pas, il s'agrandit (et tu dessines un graaaannnnnnd coeur autour du premier), il est deux fois plus grand parce que tu les aime autant, pas forcément de la même manière car ils sont tous les deux différents mais que tu les aimes chacun d'eux aussi fort que s'ils étaient tout seul.

ça permet de poser beaucoup de mots et d'apaiser le côté anxiogène du partage de maman.
ça te parle ?

Merci pour ces dessins! Ils sont très parlants je trouve, et je ne les connaissais pas!

Ces jours, je pense bien à toi, Zest!
Ici, c'est "je ne partage pas Papa". Mon deuxième est un peu malade et profite donc un peu plus des bras de son père quand j'ai besoin des miens. Et à chaque fois, il n'est pas encore monté que l'aîné rapplique en gémissant parce qu'on va lui prendre "sa place"...

Dure période!

Bon, c'est pas encore gagné ici.

Scène de ce matin : je suis seule à lever les 2. J'ai petit S dans les bras, je viens me poser sur le lit de N avec lui (comme tous les matins, sauf que là, y'a pas Papa pour prendre S dans la foulée). N veut un câlin de réveil/bonjour. J'embrasse N simplement vu que S est dans mes bras. Erreur ! S tape N !
Je dis stop calmement, et dis à S que je vais le poser puisque je lui ai déjà fait le câlin du lever et que je vais en faire un à N. Qu'ensuite je le reprendrai pour aller "prendre le lait". Réponse sans concession de S : "non !". Suivi d'une râlerie.
Je fais donc un petit câlin à N en lui disant que je lui en referais un un peu plus tard (quand S aura son lait).
Au moment où je suis à nouveau disponible pour le câlin de N, N ne veut plus...

Je ne connaissais pas le dessin du cœur Louve, mais oui ça me parle bien. Je vais l'essayer avec mon grand N. S est trop petit je pense effectivement.
Je verrai ce que ça donne déjà avec lui.