Notre Kinder surprise est arrivé !

Bonjour à toutes,

Je me lance donc dans le récit de la naissance de mon petit deuxième né hier matin.

Ca risque d'être long mais c'est un exercice intéressant à chaud pour pouvoir revenir sur les événements et comprendre un peu ce que l'on a vécu. Bonne lecture.

J’espère que personne ne trouvera ça choquant, je décris vraiment tout, dans les moindres détails un peu crus. J’aimerais ne rien oublier pour que les futures mamans qui viennent se renseigner sur l’accouchement physio sachent à quoi s’attendre parce que ce genre de témoignage m’a été précieux pour préparer cet accouchement.

Voilà, lundi matin j'ai perdu le bouchon muqueux, je ne m'en fais pas plus que ça, pour mon premier je l'avais perdu deux semaines avant d'accoucher ( mon terme est dans deux semaines donc ça colle).

Cela fait plusieurs jours que j'ai mal partout, que j'enchaine les faux travail et donc les faux espoirs, du coup je suis un peu démoralisée et je n'aime pas être comme ça. Je me remonte donc le moral à l'aide de beaux récits d'accouchements, de vos conseils et d'une bonne dose de méthode Coué.

Je passe la journée de mardi à me remotiver à bosser mes cours en me disant que je mettrais à profit les deux semaines de grossesse qui me reste à préparer mon mémoire de fin d'année. Je prends rendez-vous pour le vendredi suivant avec ma directrice de mémoire. Je suis dans une super dynamique, je ne me focalise plus sur l'arrivée de ce bébé que j'ai tant envie de rencontrer. J'arrive même à lâcher totalement prise par rapport à son poids de naissance. On m'a annoncé un bébé plus gros que mon premier (qui faisait déjà 4,2) et ça me plombait un peu le moral. Là j'arrive à me dire que je m'en fiche, enfin...

Toujours est il que cette dynamique a du plaire à mon corps.

A 3H30 du matin la nuit du 1er au 2 décembre, je me réveille pour le deuxième pipi rituel de la nuit... Et là de la glaire sanglante très liquide sur le papier toilette. Moi qui n'ait jamais de perte de sang pendant la grossesse, j'ai un pressentiment... Je me sens un peu excitée, pas prête à me rendormir. Je fais un petit tour des forums voir si d'autres parlent de ces glaires très liquides... rien de probant. Il est 4h et je commence à avoir des contractions, pas d'affolement, ça doit être dans ma tête.

Je me lance un film et je m'allonge, je commence à compter les contractions qui ne sont pas très intenses mais bien présentes. Je calcul que si j'attends et que j'ai encore des contractions dans 1h30/2h, il sera pile-poil l'heure d'appeler les grands-parents de Y. pour qu'ils viennent s'occuper de lui. En plus, sa grand-mère qui est instit. sera là puisque c'est un mercredi, ce petit frère semble très arrangeant.

J'ai peur de me faire de faux espoirs, mais j'ai ce petit pressentiment qui me taraude...

Le réveil de mon chéri sonne à 6h, je saute pour l'éteindre, je lui dis qu'il va sans doutes falloir appeler ses parents.

- T'es sûre ?
- Pas encore tout à fait, je vais prendre une douche et on verra.

On appelle bel et bien les parents parce que je perds toujours ces pertes très liquides et sanglantes donc quoi qu'il arrive, un contrôle s'impose.
On réveille Y., on lui explique que le petit frère "fait Toc-Toc" en référence à une histoire qu'on lit avec lui en ce moment.
Il demande que je lui donne sa compote, scène merveilleuse de moi sur le ballon, lui sur mes genoux, mangeant sa compote entre deux contractions !!!

On part en même temps que lui et sa mamie. Il est 7h10, l'ambiance est à la blague avec mon chéri. Je me sens bien. On révise notre projet de naissance. Les contractions sont tout à fait supportables, toutes les quatre minutes d'après l'horloge de la voiture. C'est d'ailleurs, tellement supportable que je me demande si on ne se déplace pas pour rien. Tant pis, j'ai envie d'y aller.

On arrive à la mater, il n'y a personne, entretien avec la sage-femme qui me fait un TV (3 cm, col sans épaisseur) un test pour les pertes de liquide, pas de ruptures mais les glaires sont dues à un col en travail. Monito de 30 minutes qui montre des contractions bien régulières mais pas super fortes, on nous envoi marcher et on nous dit de revenir dans une heure (en même temps que le changement d'équipe, parfait... on ne changera pas de sage femme en cours de route) On demande la salle nature, elle est dispo, chouette !!!

On part donc, toujours d'aussi bonne humeur faire le tour de la maternité, il est 8h25. Dehors, dedans, les 6 étages à pieds, le tour du service des naissances. Les contractions changent de nature. Je me suspends au cou de mon chéri, c'est bon de le sentir contre moi. On s'embrasse, on s'aime. On salue un copain dont la femme vient d'accoucher.

09h40 je lui dis qu'il est temps d'aller en salle, mes jambes fatiguent, je veux faire du ballon et me retrouver au calme. Une sage-femme nous accueille, je la reconnais, c'est la maman d'une ado avec qui j'ai travaillé il y'a deux ans dans mon ancien boulot. Ca me rassure, me met en confiance. On parle projet de naissance, on est bien sur la même longueur d'onde.

Me voilà enfin dans la salle nature. Un grand lit, un ballon, un fauteuil percé avec écharpe pour se suspendre et place pour le papa derrière, et une baignoire.
Je suis très heureuse, ne serait-ce que de pouvoir la voir. Même si je n’y reste pas jusqu’au bout, j’aurais fait un petit bout de chemin dedans.

La sage-femme me pose une catelon (obligatoire si ils ont besoin de me perfuser en urgence) et m’installe le monitoring, j’ai le droit d’être dans la position que je veux, je choisis le ballon, et c’est parti pour une demi heure, enfin seuls tous les trois.

Le papa me masse le dos (ça fait du bien), met de la musique sur son téléphone. On se pose. Le fait d’être seule amène mes contractions à se rapprocher et à gagner en intensité. Je sens que le travail se fait au dessus de mon pubis, les contractions sont fortes et je commence à vraiment dérouiller. Tout s’accélère. Je regarde l’heure, je dois tenir jusqu’à 10h.

Je chante les paroles des chansons que mon chéri à lancées, je connais cet album par cœur, tant mieux, ça m’aide énormément de me concentrer là-dessus.

Quand la sage-femme revient après la demi-heure de monitoring, je reprends à nouveau sur moi pour continuer à faire des blagues et être aimable. L’auxilliaire s’amuse en disant que j’ai l’air de bien gérer, la sage-femme lui répond que je suis juste bien élevée. Elle n’est pas dupe. Après avoir regardé le tracé, elle m’annonce que je « contracte pleine balle », je m’attendais à ce qu’elle me dise plutôt le contraire. Evidemment les contractions sont très douloureuses mais je trouve qu’entre chacune d’entre elle j’ai bien le temps de récupérer, j’arrive même à me sentir bien et détendue. Je ne me sens pas du tout dépassée.

Par contre, le tracé de bébé n’est pas top, il montre des signes de ralentissement, elle préfère laisser le monito encore 20 minutes avant de le débrancher pour de bon. L’épreuve continue. Je tiens bon. Je lui dis rapidement que je ne veux pas m’improviser sage-femme mais que j’ai l’impression que l’examen sera du col sera de bonne augure. Elle me répond que ce n’est pas s’improviser sage-femme mais bel et bien être parturiente à l’écoute de son corps et qu’elle a l’habitude de faire confiance au ressentit des femmes. Cette réponse m’encourage, je me sens bien avec elle.
Les 20 minutes suivantes sont longues mais je les gère. Vers 10h20, la revoilà. Le tracé est bon. On me débranche, elle m’examine

« -C’est brillant (c’est le mot qu’elle a utilisé et qui est resté dans ma tête comme un super encouragement sur lequel je me suis raccroché jusqu’à la fin du travail), vous êtes à 7 bon centimètre, la poche des eaux est bien intacte, on va la garder soigneusement pour ne pas trop brusquer les choses. Vous pouvez aller dans le bain, mais pas trop longtemps parce que vue la vitesse à laquelle vont les choses, on va pas tenter le diable »

Je rigole en lui disant que j’avais parié que je l’aurai dans mes bras pour midi. Elle regarde l’horloge et me dit, avec un air de ne pas trop y toucher mais qui ne doute pas trop non plus :

« - Moui c’est fort possible… »

1Oh50, le bain est prêt, je m’y glisse pendant une contraction et ça fait du bien. Tellement de bien que mon corps ne me laisse aucun répit, les contractions deviennent plus fortes.

Là, les choses deviennent vraiment sérieuses, et moi qui jusque là me félicitait de gérer, je commence à paniquer. J’ai peur de l’expulsion imminente, de ce que je vais sentir, de ce que ça va faire à mon corps. Je me dis qu’il est trop tard pour reculer, pour demander la péri. C’est l’inconnu de l’expulsion qui me fait peur. J’ai l’impression que je pourrais gérer ces contractions indéfiniment mais que la sortie est au-dessus de mes forces.

Heureusement, mon homme me recentre un peu. Il me masse le bas du dos et je sens que ça fait de la place à bébé. Il est là, tout prêt. Je commence à grogner fort pendant les contractions, à ne plus savoir comment les gérer. Aucune position ne me soulage, elles sont si rapprochées que je ne sens plus la différence entre contractions et pas-contraction. Je sens que je n’ai pas correctement vidé mes intestins ce matin et m’inquiète de faire caca au moment de pousser.

Je pense à la sage-femme qui m’a accompagné pendant la grossesse, il faut que je détende les épaules, que je me décontracte. Je dessert les mâchoires. Je pose ma tête dans le cou de mon homme, ça fait du bien cette peau chaude, ce contact. Je n’aurais jamais cru qu’il aurait pu avoir cet effet apaisant sur moi.

11h11 - Tout à coup, je ne suis plus bien du tout, l’eau qui coule dans mon dos m’agace, il faut que je sorte, tout n’est que douleur et panique, j’ai envie de m’en aller de mon corps en courant et de remettre cette rencontre à plus tard. Je me rends compte que malgré moi, je pousse à chaque contraction, que ça me soulage.

Une image marquante que je conserve de cet accouchement est l’image de mon ventre, tordus, difforme, puissamment déformé par ces dernières contractions. Sur le coup, elles m’ont fait peur. Je dis à mon homme d’appeler mais la sage-femme est déjà-là, elle avait senti que les choses iraient très vite. Elle me propose de m’examiner dès qu’elle aura fini de préparer sa table d’accouchement. Elle ressort en vitesse.

A ce moment, j’ai l’impression que je ne vois plus les gens qui m’entourent, enfin, je les vois en présence. Je sais où ils sont, je sens leurs déplacements mais je ne les regarde pas. Je sens que mon homme veut me dire quelque chose :

« - Je ne veux pas te déranger avec ça mais tu as l’air de souffrir, tu te souviens de la vidéo où la nana parle de comment elle s’était carressée pour aider à passer la douleur… »

Il est un peu gêné, il fait référence au film « orgasmic birth » dans lequel on évoque la masturbation comme aide à la gestion de la douleur pendant l’accouchement. J’espère que je ne vais choquer personne en parlant de cette méthode. Assez naturellement, je passe ma main en bas, plus en massant qu’en essayant d’obtenir le moindre plaisir. Effectivement, ça soulage et aide à bien passer la contraction. Je sens même bébé descendre un peu. J’en profite pour passer un doigt dans mon vagin, je sens tout de suite sous mon doigt, la poche bombée et plus loin la tête !!!

La contraction suivante est vraiment plus forte et l’envie de pousser aussi. La sage-femme entre à ce moment. Je lui dit que j’ai envie de pousser. Elle me dit :

- « Alors on sort vite vite ».

Je m’exécute. A ce moment, je ne suis que douleur, un dernier coup d’oeil à l’horloge, il est 11h15. Elle me demande de m’allonger pour un dernier examen.

- « Dilatation complète, c’est merveilleux… Vous voulez accoucher comment ? »
- « accroupie si possible » ma voix n’est qu’un souffle.
Je me relève, la poche des eaux se perce, il y’en a une quantité incroyable, mes jambes tremblent, je me sens douloureuses, gênée, comme si j’avais vomie, j’ai envie de m’excuser. Pas le temps, une nouvelle contraction qui me fait me sentir très mal, l’impression que ça tire entre les cuisses.
Et cette fichue envie de faire caca qui me déconcentre !

On s’approche de la chaise percée, j’essaie de m’accroupir, mais mes jambes tremblent trop fort, tous mes nerfs sont tendus et j’ai l’impression de ne plus contrôler mes mouvements.

Mon chéri est assis derrière moi, je crois qu’il essaie de m’aider à rester accroupie en mettant ses mains sur mes hanches.

Les minutes suivantes sont très floues. Je perds totalement le contrôle et je commence à crier, enfin gémir/crier.

Je cris « NON », pour que la douleur me quitte, je ne peux plus la gérer, non, je ne veux plus la gérer.

Je me sens comme un animal enfermé et paniqué.

Je crois que la sage-femme panique aussi un peu, elle demande à un collègue sage-femme qui vient d’entrer (c’est la première fois que je le vois, je ne suis pas super à l’aise de hurler devant lui) de lui amener ses gants, elle n’a pas eu le temps de les préparer :

« - je ne veux pas la lâcher, c’est imminent »

Une nouvelle contraction arrive, et ce que je redoutais arrive, je fais caca. Entre les jambes de mon homme. Pas le temps d’avoir honte, une nouvelle contraction arrive. Le nouveau sage-femme gère la situation avec pudeur, sans rien dire, il met un carré bleu stérile dessus et on n’en parle pas.
Je ne tiens plus accroupie avec mes jambes qui tremblent, j’attrape l’écharpe suspendue au plafond et me hisse debout. Ca va mieux là-haut.

Je cris un nouveau « NON ! »

L’auxilliaire passe à côté, je sens sa présence et je l’entends me dire la seule chose que je veux entendre et qui me donnera le courage de continuer :

« - votre bébé est là tout prêt, il arrive dans deux minutes »

Une nouvelle contraction, sa tête est sur mon périnée, et je sens comme du feu liquide passer entre mes jambes, la tête sors, c’est vraiment la sensation la plus désagréable que je garde de mon accouchement. Les épaules sont également douloureuses, mais ensuites, c’est la libération, je me sens tellement bien. Je souffle et soupire comme après un orgasme ! En même temps la sensation dans mon ventre en est assez proche. J’attrape mon petit bébé. Il est si petit !

11h23, je n’aurai finalement souffert le martyre que 10-15 minutes.

« - Il est tout petit ! J’ai les larmes aux yeux… »

J’ai su plus tard que mon chéri avait pleuré aussi, l’émotion de l’accouchement physio car pour mon premier accouchement aucun de nous n’avait pleuré.

Bébé semble avoir du mal à respirer, il est passé à mon homme pour qu’il essaie de stimuler pendant la délivrance.

Je retourne m’allonger sur le lit en attendant que les contractions fassent leur travail avec toujours cette sensation merveilleuse au creux de mon ventre et qui envahit tout mon corps.

Je regarde mes hommes, mon petit loup semble encore lutter, je regarde la sage-femme qui a l’air inquiète, elle reste pro et hèle l’auxilliaire :

« - emmène monsieur car je trouve ce petit bonhomme un peu grisou, il va avoir besoin d’un peu d’aide pour respirer… »

Sur le moment, je suis contente qu’il soit en de si bonnes mains, je ne m’inquiète pas du tout de la suite, je leur fait totalement confiance. Aujourd’hui, les larmes me surprennent en montant à mes yeux quand j’écris cette histoire. Le choc a mis du temps à être digéré, sur le coup, je n’étais pas du tout dans la gestion de la panique.

Chéri est parti avec notre bébé. La sage-femme m’explique que l’expulsion a sans doute été un peu rapide et que bébé n’a pas eu le temps d’évacuer tout le liquide amniotique présent dans ses poumons. Normalement c’est une lente descente dans le vagin qui permet aux poumons d’évacuer. Donc il va probablement être aspiré. Le mot qui me faisait si peur avant ne m’inquiète pas du tout, c’est pour le sauver, je m’en fiche, il est avec son père et une super auxiliaire, tout va bien.

Pendant ce temps, le placenta descends, je dois être un peu perturbée ou trop épuisée, j’ai du mal à pousser pour le sortir.

Mon périnée est très douloureux, je demande si j’ai déchiré.

« -très superficiellement, il faudra quelque points mais pas plus de quatre »

Elle examine mon placenta, je ferme les yeux, j’entends mon fils pleurer dans le couloir, je sais que c’est lui, j’imagine que c’est bon signe.

Quand je rouvre les yeux, la sage-femme a le même regard inquiet qu’avant d’envoyer mon fils en réa…
Elle me dit :

« - Je vais demander un deuxième avis car j’aimerai vraiment avoir tort et que vous ayez la fin d’accouchement physiologique dont vous rêvez, je pense que j’en ai tellement envie que je ne suis pas objective dans mon examen de votre placenta… Il me semble qu’il manque des membranes… »

Une autre sage-femme entre, son avis est sans appel :

« -non non, il te manque une grosse partie des membranes à cet endroit-là… »

A ce moment, je crois encore qu’on va me faire une petite piqure d’ocytocyne pour booster mes contractions.

Mais non, la mort dans l’âme, ma super sage-femme m’annonce que je vais devoir avoir une révision utérine sous rachis- anésthésie.

Un brancard arrive, je me lève et m’y installe docilement, elle est désolée et me dit qu’elle essaiera de rester le plus longtemps possible à mes côtés.

Dans le couloir, je passe devant la réanimation, mon homme est là, devant un lit chauffant sur lequel notre loulou est allongé tout nu, mais calme. L’auxiliaire m’annonce qu’il a joyeusement fait pipi sur son papa. Je souris. Je n’ai pas le temps de lui expliquer où je vais. Je vois qu’il s’inquiète. Je demande à l’auxiliaire qu’elle lui explique et l’on m’emmène.

Dans la petite salle d’accouchement où l’on me demande de changer de lit, il y’a plein de nouvelles têtes. Je n’ai pas envie de les voir, juste qu’ils fassent ce qu’ils ont à faire et de retrouver mon bébé. Mais je reste aimable et je fais même encore des blagues.

J’écoute chacune de leurs présentation. Les internes, les externes, l’interne de garde qui va faire la Révision, l’anésthésiste, l’infirmière anésthésiste etc…

On me branche sur toutes les constantes, ECG, saturation, tension… Tout ce à quoi j’avais échappé, les anésthésistes parlent dans mon dos pendant que l’interne m’explique avec toute la douceur dont elle est capable malgré le bruit, en quoi va consister l’intervention, je le sais déjà !
Je suis saoulée par le bruit et les gens qui sont dans cette pièce. Ils me posent la rachis, c’est très douloureux, plus que la péri dans mon souvenir. Peut être le praticien s’y est il moins bien pris.

Très vite, je sens une chaleur dans mes jambes et on m’allonge, je ferme les yeux pendant qu’on installe mes jambes dans les étriers. Le fait de voir mes jambes bouger en dehors de ma volonté me file la nausée et la tête qui tourne.

C’est partie, avec ses gants d’inséminatrice bovin, l’interne me trifouille l’intérieur de l’utérus. Je ne sens rien, sauf quand elle vient tout en haut et frotte dur sur le haut de l’utérus, ça c’est très douloureux, on m’explique que la rachis ne va pas assez haut pour m’empêcher de souffrir dans cette zone. Tant pis.

Je tremble, je suis un peu sous le choc, soudain, un contact chaud sur mon poignet et tout va mieux, c’est la sage-femme qui est revenue et qui me tient la main. Ca fait tellement de bien. Je pense qu’il faudra que je la remercie.

Ca dure… une éternité, je n’arrête pas de trembler, j’ai tellement faim et soif, je veux mon bébé et mon homme. Mais encore une fois, je prends mon mal en patience. Elle n’arrive pas à tout sortir, elle fait 6 passages avant de préférer demander l’avis d’un médeçin titulaire. Encore une personne dont je dois écouter la présentation, avec qui je dois montrer que je suis d’accord pour recevoir le soin… c’est long… Je perds le fil du temps, il n’y a pas d’horloge à porté d’yeux alors je les ferme.

Enfin, la titulaire est satisfaite. Tout ce monde sort petit à petit, je les remercie. Ils sont tous à peu près aimable alors je ne vais pas les snober quand même.

Je reste seule avec ma sage-femme, elle me recoud, on rigole quand elle me dit
« - Au moins, vous avez une sacrée anesthésie pour faire ces trois petits points de suture ! »

Elle me dit qu’elle est très contente d’avoir pu m’accoucher, que c’est pour ce genre d’accouchement qu’elle fait ce travail, que mon homme a été super et qu’il est très fier de moi.

Je lui réponds que je suis très heureuse qu’on se soit si vite comprises et que malgré la fin pas idéale, j’ai eu l’accouchement dont je rêvais. Je la remercie d’avoir tenu ma main pendant la révision. Elle semble un peu gênée et nous restons là dans une sorte d’admiration mutuelle. Un très beau moment d’échange humain.

Pendant ce temps, l’auxiliaire se démène pour m’apporter des nouvelles de mon petit et de mon homme.
Il a donc eu droit à une aspiration et à un prélèvement gastrique donc des sondes un peu partout. Un peu d’oxygène en masque. Pour le moment, il respire à nouveau bien, mais la pédiatre veut l’envoyer en néonat pour le surveiller pendant deux heures.

Là ça commence à faire beaucoup mais je suis prête à accepter.

Mais avant que je dise d’accord, l’auxiliaire me dit :

« - mais vous allez être contente, j’ai négocié pour que vous puissiez l’avoir en peau à peau avant de l’envoyer en néonat. On surveillera ses constantes pour voir si tout va bien, et si le peau à peau fait l’effet que j’ai déjà constaté sur beaucoup de bébés il n’aura même pas besoin de monter en néonat ! »

Je la remercie, elle m’annonce qu’elle va relayer mon homme qui a demandé à me voir, elle veut rester à côté du petit loup pendant ce temps là. Elle est géniale cette nana !!!!

Mon homme rentre, me redis ce que l’auxiliaire vient de me dire, il m’embrasse, me félicite. Me dit que c’est dur de rester à côté du petit loup et de le regarder souffrir sans avoir le droit de le prendre. En plus les internes en pédiatrie ne se sont même pas présentés et ont manipulé M. sans trop de ménagement. Je sens qu’il est en colère parce qu’il a eu peur principalement. Il me demande comment ça s’est passé de mon côté. On se retrouve.

Il me répète son admiration de mon courage pendant l’accouchement, il me demande à quoi je disais « non » pendant l’expulsion, on rit. Il me dit qu’il a vu le caca et qu’il s’en fiche, qu’il est juste trop fière. J’ai un homme parfait ! On se moque de nous et de notre absence de glamour total !
L’auxiliaire vient le chercher pour qu’il porte M. et me l’amène.

On me le pose en peau à peau, il est tout tendu et crispé, mon petit loup, il a l’air d’avoir tellement souffert pour ses premiers moments sur terre.

Après à peine deux secondes de peau, il se détend et passe de sa couleur rouge-gris à un jolie rose… C’est magique, ses constantes se calment et resteront constantes pendant toute la durée du peau à peau.
Il se met rapidement à lécher et tétouiller mon sein, puis à téter pour de vrai, comme un chef tout de suite d’ailleurs.

L’auxiliaire s’approche et me dit presque comme une confidence :

« - Je savais que ça marcherait, la pédiatre a voulu suivre son protocole en l’envoyant en néonat mais il n’y as pas de meilleur protocole que celui du peau à peau dans des cas comme les votre, ca fait des miracles… » Elle hésite à continuer mais se lance finalement.
« - En plus, ils ont voulu profiter du fait que votre conjoint soit avec vous pour lui donner un complément de lait artificiel, heureusement que je n’ai pas quitté votre loulou, je me suis dit que vu votre projet de naissance, vous voudriez sans doutes allaiter… »

Si j’avais pu je l’aurai embrassée sur le champ.

La pédiatre entre et vient vérifier les constantes, elles sont parfaites. Elle s’en va.

Après tous les soins, le peau à peau avec papa, l’habillage… Il est 17h et je meurs de faim !

L’attente est interminable, on finit par nous amener dans notre chambre, et c’est ainsi que commence la vie de Maloan avec nous…

Merci pour ce magnifique récit, beaucoup d'émotions et de descriptions qui serviront certainement à d'autres mamans!
Il a eu une merveilleuse naissance physio ton petit loup

Je trouve que la SF et l'auxilliaire ont été admirables dans leur accompagnement, si il pouvait y avoir plus de soignants autant à l'écoute en maternité je pense que les femmes pourraient enfin reprendre confiance en leur capacité à mettre au monde par elles-mêmes.

Félicitations et belle vie à quatre!

que d'émotions!! j'ai les larmes aux yeux en te lisant! quel bonheur d'avoir eu ces 2 femmes avec toi, qui ont su vous comprendre et vous respecter!!!!!
pour moi aussi l'angoisse de déféquer a l'accouchement était très forte et m'avait même complètement bloqué pour ma 1ere!
repose toi bien et belle vie à 4!!

Encore un récit qui me met les larmes aux yeux!
Et la sage-femme et l'auxiliaire quelle humanité en elles!
Merci pour ce partage

Oh ben voilà que je pleure moi...merci pour ce très beau récit, je suis toute émotionnée de te lire

Quel bel accouchement! Quelles chouettes sage-femme et auxiliaire!

Encore félicitations!

Moi aussi je pleure
Quel récit, quelle naissance, quelle force et quel accompagnement, les soignants mais ton homme aussi !
C'est tellement important d'être bien entourée pour vivre au mieux son accouchement.
Et c'est émouvant de lire comme tu as su écouter ton corps et comment ton homme a su parfois te guider et te soulager
Je suis vraiment heureuse pour toi

Wouah, tant de douceur et de compréhension malgré ces revers, ça fait vraiment plaisir !

Et bien... Quel bel accouchement malgré la délivrance difficile! J'espère que tu te remet bien et que tu as pu un peu digérer tout ça! En tout cas tu m'as impressionnée de continuer à faire des blagues avec les soignants!

Non mais moi aussi quand j'y repense, je me suis surprise à faire des blagues. Le fait que la sage-femme dise que j'étais bien élevée, c'était vraiment ça. J'ai eu une éducation un peu stricte et j'ai l'impression que même dans mes derniers retranchement c'est à ça que je me suis raccrochée.

A part pendant les dix dernières minutes d'expulsion où j'ai perdu le contrôle. Mon homme m'a d'ailleurs dit qu'il trouvait ça bien que j'ai osé lâcher prise, même devant lui. Ca n'arrive jamais. C'est aussi ce qui m'a le plus choqué pendant cette naissance et en même temps, ce qui m'a fait le plus de bien. Ce lâcher prise était nécessaire et je n'aurais pas voulu le vivre autrement.

Par contre, dès qu'il y'a eu danger, pour mon bébé et pour moi, je suis repassée dans un espèce de mode de protection où j'arrive à oublier mes inquiétudes et à passer au travers des épreuves par l'humour et la bienséance (autant que ce soit possible quand on vient d'accoucher ! ). On apprends beaucoup de choses sur nous pendant ce genre de moments je trouve.

J'ai lu hier ton récit et la seule chose qui m'a empêché de passer moi aussi sur la liste des celles qui ont versé des larmes en te lisant, est que ça m'a pris des heures et donc que la lecture a été très fragmentée, vu que je devais m'occuper de mon petit loup et que je devais m’arrêter fréquemment.
Très belle naissance! Et quelle chance de rencontrer les 2 femmes qui vous ont aidé, dans une telle structure comme un hôpital !
J'ai eu l'impression que malgré l’épisode difficile après l'accouchement, le moment de peau à peau avec ton bébé, vous a fait énormément de bien à vous, tous les trois.
Félicitations!

Enfin j'ai réussi à lire ton méga pavé! Trop chouette ce pavé!!!

Ton récit est vraiment bouleversant: tu n'as pas eu la naissance dont tu rêvais de A à Z, mais la SF et l'auxiliaire, par leur humanité et leur gentillesse, t'ont permis de "bien" le vivre (du moins, c'est ce qui ressort de ton récit). Parce que, quand même, la révision utérine

Quant au fait que le personnel ait voulu profiter de votre absence à tous les deux pour donner du lait à votre petit... c'est pas respectueux du tout!

Mais le peau à peau magique qui remplace les protocoles médicaux.... Wahou quoi!!!!

Bienvenue à ce petit bonhomme sur terre!!!!

Eh ben... Tout ça!!
Félicitations pour tout ce parcours, et pour la manière dont tu as pris les choses, notamment la partie moins rigolote!
Super de lire que vous avez été si bien entourés, des personnes comme celles-là devraient être plus nombreuses!
Heureuse que tu en gardes un beau souvenir!

Merci pour ce récit! En effet, l'aspect bien détaillé devrait pouvoir aider d'autres futures mamans!

Quelle belle naissance! T'as été super, et l'équipe aussi, c'est chouette!

Très impressionnante cette équipe médicale de choc ! Quel contraste avec ce que l'on peut voir ailleurs...
Je suis très heureuse que tu ai pu accoucher comme tu en rêvais malgré la suite un peu plus difficile.
Et félicitation à toi qui a su t'écouter, à ton homme super au top et à ton petit bout qui s'est bien battu dès le début.

Félicitations à toi et à ton homme aussi, vous avez vraiment été acteurs de cette naissance! Votre p'tit bout est magnifique, et le moment de peau à peau

Quel récit ! Là tu as rendu bien tout ce qui fait une naissance, un accouchement et celles qui le liront enceintes vont pouvoir imaginer non mais c'est vrai, c'est ce que tu voulais et en le lisant on se trouve parachuté dedans, on voit bien tout, vraiment émouvant !

Puis cette sage-femme que tu connaissais un peu ça a été chouette comme accompagnement
S'affranchir de plein de protocoles en vous faisant confiance car elle le sentait, c'était super de sa part et tellement bien pour vous ! Une belle chance.

Félicitations encore, tu as eu bien du courage avec cet évènement, même si tout n'a pas du être simple mais ça s'est enchainé et tu as su traverser tout avec tes envies et l'imprévu, avec le Papa qui a tenu une place bien importante, on le sent en te lisant.

Chouette photo de ton avatar, j'aime beaucoup