Il y a un an j'étais en plein travail.
Cela fait quelques mois que j'ai commencé à écrire le récit de mon accouchement, j'ai envie aujourd'hui de le partager avec vous.
(bon j'ai écris le récit de façon assez crû alors âmes sensibles....)
Nous sommes le 26 novembre 2013. La DPA est demain. Depuis quelques jours j'ai la pression. Je commence à flipper à l'idée de devoir aller à l'hôpital pour un déclenchement. Ma mère vient me chercher et on part en ville nous promener, faire les magasins. On marche et on monte pas mal. "ça va? tu n'es pas trop fatiguée de monter?" demande t'elle. Je lui réponds que non, pendant que nous on monte, le bébé descend. Et on rigole. Ma sage-femme (E) m'a laissé un message disant que si le travail ne commence pas d'ici demain je devrai aller à l'hôpital faire un monito, c'est le protocole. F**k le protocole...mais bon s'il faut j'irai.
Peu après je remarque que je suis entrain de perdre le bouchon muqueux, ouf, c'est bon signe!
J'ai beau avoir passé une journée dehors à beaucoup marcher (et monter) je ne m'endors pas avant 23h.
1h du matin, une contraction me réveille. Je vais aux WC. Beaucoup de choses se passent dans ma tête, et j'ai beau me raisonner (il faut que tu dormes, tu vas avoir besoin de force pour la suite) je n'arrive pas à me rendormir.
A 4h j'envoie un message à E. Les contractions deviennent régulières, rapprochées.
A 7h je "vire" mon chéri du lit, je ne supporte plus le sentir bouger à mes côtés. Entre temps j'ai pris un bain, espérant ainsi me détendre suffisament pour me rendormir. J'ai mal au ventre, je suis nauséeuse et j'ai la diarrhée.
Je reste au lit, tentant de rendormir, me disant qu'au moins mon corps se repose d'être allongé. Je n'arrive pas à manger. Même boire me fous mal.
En attendant la sage-femme j'essaye de lire, regarder un film, marcher dans la maison. Je n'ai pas envie de sortir dans le froid, de voir des gens, de voir l'exterieur, non.
E. arrive vers 11h. Elle me demande si j'ai dormi, comment je me sens. Me rassure. Bébé va bien, son coeur bat comme il faut.
Avant qu'elle ne parte je lui demande de m'examiner, j'a besoin de savoir.
1...dilaté à 1....je suis déçu, un peu blasé, je me dis que ça va être long..."Reposes toi" me dit E. "Si tu arrives à dormir un peu se serait génial". Elle reviendra en fin d'après-midi (ou avant si besoin)
On appelle ma mère pour qu'elle vienne prendre le relais auprès de moi. Mon homme a besoin de souffler un peu, sortir promener les chiens...Certaines contractions me font des crampes ultra douloureuses dans les jambes. J'ai besoin de broyer la main de quelqu'un pour tenir le temps que ça passe.
Ma mère arrive à 16h. Je n'ai toujours pas dormi malgré l'ambiance calme, la musique douce, l'homéopathie. Rien n'y fait, mon esprit est trop alerte! Parce que ça y est, on y est! après 9 mois d'attente nous y voici au jour J! Ben en fait non, je ne le sais pas encore mais le jour J c'est le lendemain.
E. revient vers 18 ou 19h. Ma mère est toujours là, on a discuté, ça m'a fait du bien. Je me sens toujours nauséeuse et j'ai encore un peu la diarrhée. Je n'ai quasiment rien mangé de la journée.
Examen du col...4! seulement 4! Elle me fait un monito avec la grosse machine. Ma mère s'en va. J'ai du mal à être seule dans la chambre. Les contractions sont douloureuses. "Maintenant il faut que ça s'intensifie" dit E. (je ne sais plus si c'est à moi ou mon homme qu'elle s'adresse, je commence à partir dans un autre monde).
Je décide subitement de prendre un bain. Besoin de me retrouver seule, face à moi-même. Dans la baignoire je trouve une technique me permettant de bien supporter les contractions. J'ai l'impression d'être un bateau surmontant d'énormes vagues lors d'une tempète. Une contraction plus forte me fait flanché. Baisse d'énergie. Je demande à l'univers de m'aider. Et alors j'entends des chants rainbows venir à moi. Ils m'accompagnent maintenant au sommet des contractions. Je les gémis tout haut, grave, fort, aigu, doux, le temps s'arrête. J'ai soudain froid. Je sors de l'eau. Je vais me poser dans la chambre sur le ballon. J'ai froid et pourtant l'air m'oppresse.
J'ai là un trou noir. Vagues souvenirs d'essayer de me mettre sur le canapé, de m'accrocher à mon Homme en criant. De tourner sur le ballon très très vite en décrivant des cercles toujours plus grands, me retenant aux mains de mon Chéri.
Puis je n'en peux plus, je le lui dis. C'est trop dur, je n'y arriverai jamais, J'ai trop mal, il faut faire quelque chose. Il va chercher E. qui est monté se reposer. "C'est très bien tout ce que vous faites" me dit elle "c'est super". Elle vérifie le coeur du bébé, tout va bien.
Je me souviens avoir (enfin!) dormi 1/4 d'heure entre 2 contractions. Ce qui m'a fait beaucoup de bien. E. m'a proposé de retourner dans l'eau. Mais le bain n'était pas assez chaud, je me suis mise à grelotter une fois dedans. Mais l'eau me faisait du bien et E. la réchauffait avec des bouilloires. Je me souviens gueuler/gémir/pleurer, que "dire que certaines femmes ont 10 enfants, mais elles sont malaaaades!" Mon Chéri a voulu sortir quelques instants, je me souviens l'en empêcher en sanglotant, il ne m'a plus lâché jusque la fin.
Puis je suis sortie de l'eau. Les contractions étaient devenues continues. E. m'accompagnait avec des Oooooooooommmm tandis que je râlais tel un animal. J'avais trop chaud, je transpirai. Je me suis mise par terre, une jambe contre le canapé, poussant dessus. Alors E. m'a dit d'enlever mon pantalon (je l'aurai oublié moi!) et m'a proposé de me mette à 4 pattes. Mon Homme s'est fait un harnais avec l'écharpe pour que je m'y aggrippe. Et alors j'ai poussé. Les couvertures sous mes genoux glissaient à chaque fois et moi avec. Je hurlai ma force en poussant. Je ne sentais plus de contractions, "ça" poussait.
Je sentai mon bébé arriver. Mes poussées n'étaient pas toujours efficaces mais E. m'aidait bien, elle me guidait, me disant de bien "pousser en bas". Alors je pousse et je sens la tête qui descends. Je sens une boule entre mes jambes, c'est la poche des eaux. Je touche. Très étrange comme sensation, impression d'avoir des boules qui pendouilles (comme un mec!) E. regarde avec la lumière et ça me gêne. La poche se perce et le liquide tout chaud coule sur mes jambes. Je continue de pousser, de m'aggripper à mon Homme et de râler comme une bête (voir carrément hurler). Je sens la tête qui sort mais remonte. On y est presque. C'est bientôt fini, je vais bientôt pouvoir dormir...A ce moment je suis tellement épuisée que je n'ai que ça en tête, dormir! Je ne songe même plus à la rencontre imminent avec mon bébé, j'ai juste hâte que l'accouchement se termine.
Lorsque la tête sort je ressens un vague orgasme et un soulagement. Je fais l'erreur de regarder entre mes jambes. La vision me choque. E. commence une phrase "à la prochaine contraction..." elle n'a pas le temps de terminer, mon corps a poussé.
Mon bébé glisse d'un coup et attéri sur la couverture. "Mon bébé, mon bébé..." dis-je, complètement désorientée.
Je le prends dans mes bras, lui fait un énorme baiser sur le front. E. me guide contre mon Homme. J'ai maaaal. Les contractions sont encore très douloureuses et j'en ai marre. Le placenta sort rapidement. Le cordon est vite coupé. Mon périné est intact. On m'aide à m'installer dans mon lit avec mon bébé. E. nettoie tout. Mon homme vient se blottir contre moi. L crie et cherche le sein. Et là, lorsqu'il le trouve c'est comme si j'attérissai (enfin en partie) Comme si je prenais enfin conscience de sa présence. Il tète! C'est la chose la plus merveilleuse que j'ai vu au monde! Il tète! C'est incroyable!
Nous buvons un coup à notre santé, à la naissance!
Je ne me rappel que vaguement les 2 ou 3 heures qui ont suivies. E. a peser le bébé (déjà très tonique a-t-elle dit) après avoir attendu un bon moment qu'il lâche le sein. Et moi j'ai vite sombrée dans le sommeil.
Au final, notre fils est né à 5h09, soit 28h après les premières contractions.
Nous avons dormi jusqu'à 11h ou on s'est réveillé tous les trois dans le lit, couvert de méconium
C'est là qu'on a vraiment fait la rencontre avec ce petit bonhomme! Et ce fut merveilleux