la naissance de mon bonhomme...euh c'est long com dab!!!

Trop contrariée d'avoir été lâchée à 7 mois de grossesse pour mon aad, et ne considérant pas avoir "choisi" d'aller en structure je pense être dans la bonne catégorie, en tout cas c'est comme ça que je le ressens.

Voilà la naissance de mon pti loulou, en raccourci ( oui oui je vous assure )

Mon petit bonhomme,
Nous voilà le samedi 2 février, je me lève avec plus de peine ce matin, j’ai des contractions toutes les heures mais elles sont différentes des autres jours, je les sens intensément dans le bas du dos, et ça me gêne. Je comprends alors que tu es en train de descendre et que l’on va bientôt se rencontrer, tu es prévu pour le 12 mais je sais bien que tu ne resteras pas au creux de moi jusque là.

Je suis pleine d’entrain pour finir mes derniers achats et boucler tout ce que j’ai à faire avant ton arrivée, je décide donc que l’on part avec ta sœur et ton père faire les soldes à Dax, je me traîne, j’ai l’impression de marcher avec les jambes arquées, je souffle comme un veau, mais c’est pas grave, j’ai envie de profiter de cette dernière journée « à trois ». A midi, je propose à papa de manger au restaurant, « une dernière fois » en tête-à-tête avec notre puce qui me paraît si grande aujourd’hui. Il ne comprend pas mes allusions, il sait bien que c’est pour bientôt mais je ne veux pas le stresser…

Vers 16hOO on rentre chez nous, je déballe et range tout et me pose enfin sur le canapé pour faire un câlin à ta sœur. Les contractions ne se calment pas. Je réfléchis beaucoup, je viens de passer trois mois à me torturer l’esprit pour savoir où et comment j’allais te mettre au monde. Contrairement à ta sœur née à la maison, pour toi si je veux être assistée par notre sage-femme il faut que je me rende à la clinique à Orthez et ça m’angoisse. C’est tellement dur pour moi de me dire que tu ne naitras pas là, dans notre foyer, au coin de la cheminée. Je décide tout de même de t’accompagner dans ton travail, car j’ai vraiment hâte de te serrer contre moi, ton père m’entend souffler à chaque contraction. Il est inquiet, il me scrute du coin de l’œil en croyant que je ne le vois pas me surveiller, il est persuadé que je vais te mettre au monde chez nous, sans rien dire, sans appeler personne, parce que je suis une vraie bourrique, et même si ce n’est pas l’envie qui m’en manque j’aime trop ton père et j’ai beaucoup trop besoin de lui pour le faire paniquer comme ça.

Vers 18hOO je lui demande d’aller à la douche avec Zoé, de la mettre en pyjama et ensuite de la faire manger. Il me regarde tout bizarrement, je lui dis que j’ai besoin de prendre un petit moment toute seule avec toi, pour que nous nous connections, pour que je sois sûre de moi, de nous, et que j’accepte enfin de lâcher prise. Il est vraiment pas rassuré, je lui dis bien clairement que je gère, qu’il me fasse confiance et que non je ne vais pas te pondre pendant qu’il est sous la douche !!

Je tourne en rond dans la maison en les entendant chanter dans la salle de bains, je souris, je m’imprègne de notre maison, ses odeurs, sa chaleur, je regarde par la fenêtre, j’aimerais que tu sois déjà là, et puis l’instant d’après je songe au fait de devoir sortir dans cette nuit noire et fraîche, monter en voiture et prendre l’autoroute, voir les kilomètres défiler et se rendre à la ville… quelle hantise.


Je te visualise à chaque contraction, on ne fait plus qu’un, tous deux réunis dans l’effort, je souffle en même temps que tu te fraies ton chemin en moi, je sens l’excitation me gagner mais plus je sais que tu arrives et plus je prends peur. J’essaie de me dire qu’à la maternité ça va bien se passer, qu’il n’y aura que nous papa et la sage-femme mais au fond de moi je ressens un énorme malaise ; je sais que papa ne voudra pas que l’on emmène ta sœur et me séparer d’elle est une véritable torture. J’ai tellement besoin d’elle, son regard, ses câlins, ses petites mains qui caressent mon ventre, sa force et son énergie, elle est la seule en qui j’ai une confiance absolue, elle n’a que quinze mois et pourtant elle est mon cocon, elle ne fait pas 80 centimètres et pourtant elle est ma muraille, elle ne parle pas et pourtant elle est mon garde du corps, personne ne peut comprendre ce qu’elle m’apporte et on me prend pour une mère maladivement possessive mais ce n’est pas le cas. Je ne crains pas pour elle de la laisser, je sais bien qu’elle a toutes les ressources nécessaires pour s’adapter mais moi, je me sens tellement vide et abandonnée quand elle n’est pas là. Je pleure, des larmes énormes et chaudes roulent sur mes joues et rien n’arrivent à calmer mes sanglots.

Ils ressortent enfin tout propre, papa s’inquiète de mon état, je lui dis qu’il va bientôt rencontrer son fils et là il est comme transcendé. Comme s’il attendait une affirmation de ma part, pourtant je suis persuadée qu’il savait bien au fond de lui, peut-être attendait-il que je lui laisse une place avec nous, il prend alors les choses en main, me pressant de prévenir la sage-femme, la voisine pour garder ta sœur, voulant aller vite, trop vite, il me stresse et je disjoncte. Je lui ordonne de garder son calme et de faire manger Zoé tranquillement. J’aimerai pouvoir lui donner une dernière tétée avant de la déposer endormie chez la voisine mais il ne l’entend pas de cette oreille.
Il me demande d’appeler Muriel, notre sage-femme pour savoir si c’est jouable, je redoute de passer cet appel, et mon instinct ne me trompe pas.
Je lui explique que j’ai des contractions toutes les quatre minutes depuis deux bonnes heures mais que j’aimerais prendre du temps avec Zoé, là elle m’engueule, ne comprenant rien à ce que je lui demande, elle me dit que si je l’appelle pour la faire venir à la maison et l’obliger à m’assister là c’est hors de question, qu’elle part pour Orthez, qu’on se retrouve là-bas, à ce moment là je la déteste au plus haut point. J’ai plus que mal, je n’espérais d’elle qu’un peu de compréhension et de soutien, des paroles chaleureuses, encourageantes et rassurantes. Je pousse une gueulante avant de raccrocher.

Je suis énervée, je savais pertinemment que ça se passerait comme ça et je suis dégoûtée. J’appelle Julie la voisine, elle est en plein repas familial, je lui dis que je suis en travail (elle panique mais ça c’est Julie faut pas s’inquiéter !!), elle accepte sans problème de garder ta sœur, elle me permet de vider mon sac, m’écoutant pleurer et vociférer, elle essaie de me rassurer, plus vite je pars plus vite je reviens….. Au final ta sœur a fini de manger, moi je suis incapable d’avaler quoique ce soit, je prépare son sac, ton père lui met son manteau et je dois me résigner à la voir me quitter. J’ai mal, je pleure, elle m’embrasse tendrement et me serre bien fort, c’est la dernière fois que je sers mon bébé dans mes bras, demain elle sera une grande sœur….. Mon cœur de maman saigne abondamment…..

Papa revient, il voit que je n’ai aucune envie de partir, je pleure encore, il me serre dans les bras mais je suis en colère, et je le repousse. On part en voiture, je laisse la colère, la haine et toutes mes mauvaises ondes s’évacuer doucement. Mes larmes coulent encore, les kilomètres défilent, les contractions s’estompent, plus qu’une toutes les dix minutes, je les accompagne toujours mais je sais que je ne fais rien de très productif, je bloque le travail.
On arrive à la clinique, Muriel vient nous chercher sur le parking, elle me demande d’emblée si ça c’est bien passé pour laisser Zoé, quand ton père dit oui elle me dit que je me suis inquiétée et mise dans cet état pour rien et qu’elle n’avait pas besoin de moi. Je lui rétorque sèchement que ce n’est pas elle qui avait besoin de moi mais moi d’elle, et que si on pouvait y aller parce que je ne compte pas m’éterniser ici.

Arrivés dans la chambre elle prend les choses en main (tout ce qui me déplaisait à l’idée d’aller à la clinique !), elle installe son matériel, me demande de me déshabiller, qu’elle va m’examiner, bref ça me saoule, je me sens dépossédée, manipulée, dirigée et ça me déplait au plus au haut point. Je me renferme sur moi-même, je deviens méchante et agressive. Ton père et Muriel ont le regard braqué sur moi et je me sens comme une bête captive, j’ai envie de prendre mes jambes à mon cou et de rentrer me terrer chez moi. Au bout d’un quart d’heure je la laisse m’examiner, elle est persuadée à voir mon état de stress que je ne suis pas réellement en travail et qu’on va tous repartir tranquillement. Elle est très surprise, je lui dis que je suis sûrement dilatée à quatre et elle confirme. Elle comprend que cette naissance va être un combat entre elle et moi et que je ne la laisserai pas m’accompagner. Contrairement à ta sœur pour laquelle Muriel m’a été d’une aide et d’un soutien indispensable, pour toi je ne laisserai personne approcher.

Je souffle difficilement et puis je leur demande de sortir, j’ai besoin d’être seule. Mon regard se pose sur chaque coin de la pièce, chaque élément, chaque mobilier, tout me parait si froid, si stérile, si laid, c’est vraiment très dur d’accepter d’être là. Je n’ai pas le choix, je me résigne et finis par accepter. Je te parle, caresse mon ventre tendrement, exit les dernières larmes, je ferme les yeux et plonge dans ma bulle, seule avec toi, mon tout petit, mon fils…

Les contractions ne reviendront pas plus, une toute les dix minutes, jusqu’à l’expulsion, le travail sera rapide, à chaque contractions je me concentre je respire je te vois, tu es là tout prêt de la sortie. A leur retour je leur demande s’il est possible d’installer la piscine et je m’y plonge pour t’attendre, je tourne, je vire, la douleur n’est pas spécialement réduite et ça ne me dérange pas du tout, je l’aime cette douleur, j’apprécie de la vivre intensément, je prends sur moi avec plaisir parce que je sais qu’au bout il y a le plus beau cadeau d’une vie. Ils sortent souvent fumer, me laissant seule et c’est tant mieux, je savoure enfin notre accouchement, l’eau me permet de me mouvoir aisément et je trouve ça génial.

Vers 23h00, je me décide à parler à ton père : « quitte à être à l’hôpital autant en profiter, il y a un distributeur en bas, tu vas me chercher un Mars s’il-te plait, c’est pas pour moi c’est pour ton fils il adore ça !! ». Je vais d’ailleurs m’en délecter… et toi aussi, je te sens gigoter comme pendant ma grossesse… je crois bien que tu seras accro au chocolat mon fils….
Muriel me demande la permission de m’examiner vers 23h30 car l’eau chaude peut au bout d’un moment stopper le travail, et quand elle voit le peu de contractions que j’ai elle a de gros doutes. Une fois de plus elle est bien surprise, je lui dis que je dois être à 7, elle me dit non, à 8 ! Elle dit à papa que tu seras là avant une heure du matin et elle ressort.

Je ne sais pas du tout l’heure qu’il est, j’ai l’impression que je vais encore devoir attendre quelques heures, mais en fait tout va aller très vite. La contraction suivante me fait faire une cabriole dans l’eau, je me tourne dans tous les sens, je sens que ça s’intensifie, je me laisse porter par l’eau, mon corps est tout léger, je peux valser sans douleurs, sans gêne, sans pesanteur, c’est un régal. Puis des sons commencent à monter doucement de mon corps. Je commence à pousser des petits gémissements, j’entends ma voix qui résonne, je m’abandonne au plaisir, je suis submergée par l’intensité du moment. J’entends Muriel qui rentre dans la pièce elle sait que la poussée va attaquer.
A la contraction suivante, la poche des eaux finit par se rompre, l’envie de pousser est fulgurante, j’appelle ton père en vociférant, je pousse des rugissements de lionne et malgré le sérieux de l’instant j’ai envie d’éclater de rire quand je vois la tête de papa. On dirait qu’il va tourner de l’œil. J’avoue que mes bruits animaux me surprennent moi aussi. Je lui broie les doigts, tant pis pour lui… c’est pour la bonne cause….
Une poussée, ta tête sort, tu gigotes, tu frétilles, Muriel n’arrive pas à te tenir en place, tu te tortilles dans tous les sens, ton envie de sortir est irrépressible. Deuxième poussée, ton corps passe, j’ai l’impression que tu n’en finiras jamais de sortir de mon corps. Je t’attrape, tout comme ta sœur tu es tout rose, tu cries gentiment, tu n’as pas l’air bien stressé par ta naissance, tu es calme, serein, je t’examine sous toutes les coutures, tu es gigantesque !!

La délivrance sera plus longue, on se reposera un peu mais j’ai très envie de m’échapper de là, je veux rentrer à la maison, retrouver ta sœur et vous faire téter tous les deux alors là je me sentirai enfin entière. D’ailleurs à 6h30 ta sœur partagera son premier tétou avec toi en te dévorant des yeux et en te donnant la main bien au chaud dans notre lit, ce moment à quatre est magique… ça y est je suis heureuse, ma famille est au complet, tu es arrivé mon petit bonhomme, neuf jours avant terme, 3,750kg et 53 centimètres, le 3 février 2013 à 00h10 (heure à laquelle ta sœur s’est finalement endormie seule et sans aucun pleurs de la soirée, elle se réveillera d’ailleurs une demi-heure après notre retour et nous rejoindra de suite !).

Que ta vie soit belle et douce mon petit d’homme, je t’aime tendrement.

pfiou... j'ai pas de mots... et je chiale comme une madeleine
Très très intense ce récit!

Félicitations a toi et merci pour ce partage

Belle et longue vie a toi petit Gabin

merci pour ce récit magnifique et plein d'intensité

Wahou ! T'a été une vraie tigresse ! Une lionne !
Bravo pour cet accouchement !
Bienvenue à ton petit bonhomme
Profitez de la vie à 4 !

Merci pour ce partage. Quelle force dans ton accouchement!

waouw, que d'échos, comme je sais cette rage de devoir partir, alors que tout notre corps, tout notre coeur crie de rester....
ce récit est magnifique, très émouvant...
bravo à toi d'avoir pu revenir vers ton fils pour l'accompagner malgré la colère...
(et c'est drôle, le prénom de ton fils c'est le deuxième prénom du mien )

Oh ben moi aussi je ne peux plus m'arrêter de pleurer ... pfffiouuuuu ... quelle intensité !

Quelle force surtout je sens en toi dans ton récit ! Tu t'es respectée, tu as respecté ton fils en dépit des circonstances qui te stressaient, RESPECT !

Magnifique naissance

Je vous souhaite du bonheur, du bonheur et encore du bonheur.

Félicitations aussi à la "grande" soeur si connectée

Merci pour ce récit que je n'ai pas trouvé long du tout, en revanche passionnant et palpitant, j'aime comme tu as su respecter tes besoins malgré ces conditions qui ne te convenaient pas, j'ai l'impression que tu as réussi à te préserver au moins partiellement.
Ah, bah moi aussi j'ai pleuré

Merci les filles

Au final j'ai bien fait d'aller à la clinique vu que j'ai accouché en trois heures mais j'ai bataillé 2h30 pour sortir le placenta, j'ai failli partir au bloc mais merci mon Mars ils ne pouvaient pas m'anesthésier, ma sf m'a dit que je n'avais d'autre choix que la révision manuelle, heureusement elle m'a écouté et laissé pousser comme une forcenée sur les dernières contractions (mais punaise une toute les dix minutes c'est vraiment pas simple )
du coup elle m'a gardé en observation deux heures de plus sinon on serait rentrés chez nous beaucoup plus tôt

C'était mon dernier bébé mais une chose est sure s'il devait y avoir un troisième hors de question de me séparer de mes grands

Il est très fort ton récit, félicitations et bienvenue à ton fils

magnifique récit, bienvenue à ton petit, félicitations à ta petite grande.. ils en ont de la chance tes enfants de t'avoir comme maman

Pfiouuuuuuuuuuuuuuuu

Jess, t'es une vraie guerrière

Jess c'est dingue comme tu arrives bien à nous transmettre tes questions , et tes émotions dans ce récit .

Merci pour ce récit et ils en ont de la chance de t'avoir tes petits

Magnifique récit, superbement écrit, on y ressent tout cet amour pour tes enfants, c'est puissant ! Bravo pour cet accouchement!

magnifique récit , on est vraiment dedans
bienvenu à ton ptit

Félicitation

j'ai ressenti toute ta rage en lisant ton récit, la frustration de ne pouvoir rester chez toi, c'est poignant, quel travail sur toi tu as du faire, quel abandon, heureusement l'eau a été l'élément qui t'a permis de te retrouver

Jess
Merci pour ce partage, ce récit est puissant : plein de rage mais aussi d'amour.

Merci

Merci pour ce récit

Merci pour ce récit
Quelle force, quelle puissance tu as eu, on sent tout l'amour que tu éprouves pour tes enfants c'est tellement beau

Wow, je suis scotchée par ton récit! Tu écris de façon si intense. Je vous souhaite plein de bonheur à 4

Wow quel récit! Finalement tu as quand même eu un bel accouchement, tu es une vraie championne d'avoir géré comme une chef malgré tes réticences!
Félicitations à vous 4!