Mon accouchement était prévu en maison de naissance. J'ai vécu une grossesse merveilleuses et sereine à l'idée d'accoucher naturellement dans ce cocon avec une sage-femme de confiance...
Mais au 9e mois, ma sage-femme m'annonce qu'il faut refaire une prise de sang car mes plaquettes sanguines sont anormalement basses. Mon gynécologue n'y a pourtant jamais porté attention. Malheureusement elles chutent beaucoup et il y a risque en cas d'hémorragie. Mon rêve tombe à l'eau, je fais le tour, et finalement je me dis que je peux aussi avoir un accouchement naturel en milieu hospitalier. C'est une période un peu stressante car on doit contrôler régulièrement mon sang et à chaque fois on menace de me garder pour déclencher ou pire si ça descend trop bas, la césarienne.
10.12.11
Ce matin, j'ai une fuite de liquide amniotique au réveil. Nous descendons pour vérifier à la maternité. On décide de me garder et de déclencher. Je suis contente car je vais bientôt rencontrer mon bébé. Je n'ai aucune idée comment se déroule un déclenchement. On me demande de patienter 12 heures avant de commencer. Je m'imagine qu'on me mettra l'ovule et que le travail se mettra en route.
19h00 On me met l'ovule, monito... pas de contractions en vue. Mon mari rentre dormir. On avait prévu ensuite un ovule tout les 6h, mais on me met en attente car il y a d'autres accouchement, je n'ai pas la priorité... sympa... mais je reste compréhensive...
11.12.11
Le matin, l'anésthésiste vient me voir. Je n'aurai pas de péridurale, à cause (grâce:) !!) à mon taux de plaquettes trop bas (risque d'hématome et de paralysie). Je lui dis que j'y suis préparée mais il me dit que j'aurai vraiment très mal, et que si nous devons faire la césarienne ça sera sous anesthésie générale.
On me remet une ovule, je me promène, mon mari est revenu assez tôt. Nous prenons l'air, je n'arrête pas de pleurer... j'ai peur... toutes ses appréhension qui n'existait pas jusque là. Je ressens enfin des contractions. Je suis contente. J'ai déjà vu beaucoup de personnel, mais les sages-femmes sont gentilles. Le col ne bouge pas... c'est décourageant. Je ne comprend pas pourquoi c'est si long. Mon mari me quitte encore pour la nuit.
12.12.11
Avec mon mari nous commençons à comprendre que bébé n'arrivera pas tout de suite. Le gynécologue en chef vient me voir. Je ne le connais pas, jamais vu. Il effectue sans prévenir un décollement... Je suppose... Il m'a fait bien mal. J'en ai pleurer! J'ai un souvenir horrible de ce moment... Le médecin s'en va sans un mot, sans aucune explication, je ne le reverrai jamais.
13h: On branche le synto. Très vite les contractions sont là toutes les deux minutes. Heureusement, je suis libre de mes mouvements, et je marche, mon mari me suit avec la perf, je fais du ballon, je suis tout le temps en mouvement et être debout me soulage le plus. La sage-femme nous laisse. Les doses sont augmentées progressivement jusqu'au maximum. Ca devient très dure, et mon précieux mari m'est d'une aide inestimable. Lorsque je me crispe, je lui sers les mains, il me parle "détend toi, ne te crispe pas" et je me détend, que ça m'a aidé!!! Malgré les contractions, rien ne se passe. On a déjà percé la poche des eaux pour tenter de faire bouger les choses, on m'a refait un décollement, très douloureux aussi, mais cette fois on m'a prévenu et j'ai pu gérer.
A 21 heures, je suis épuisée, on contrôle mon col, toujours à 2 doigts. Je craque. Je m'effondre en larme. Je n'y arriverai pas! La gynéco de service propose d'arrêter. On m'injecte un puissant calmant et on m'envoi au lit. Je veux continuer, je veux voir mon bébé, mais je suis à bout moralement. Je ne veux pas quitter mon mari, il craque à son tour et je m'endore pour une heure. Puis je me réveil, j'ai de fortes contractions. On ne peut rien faire pour moi alors je passerai la nuit a errer dans l'hôpital pour me soulager. Puis je m'installe à genoux pour tenter de me reposer pour demain.
13.12.11
Ce matin, la sage-femme me dit "aujourd'hui, vous aurez votre bébé madame" et moi je n'y crois plus... "encore une supposition" "mais non enfin, on ne va pas vous laisser comme ça, si ça ne va pas, on fera la césarienne." J'ai peur, je pleure et en même temps je suis contente, c'est pour aujourd'hui, dernière ligne droite. Pourquoi j'y arriverais aujourd'hui alors qu'hier je n'y suis pas arriver? Comment je vais pouvoir affronter ces contractions n'ayant ni manger ni dormi?
Mon mari me rejoint, à 8h on branche le synto. C'est reparti... Mon col travaillé cette nuit. il est à 4 cm. Ca me donne du courage. Les heures passe, le col est à 5. Ca me donne une force, je gère tant bien que mal les contractions toujours dans ma bulle, avec mon mari. A midi, on vérifie l'avancer du col. Il est à 7cm. Je suis heureuse. J'y arriverai, tant que ça avance, je gère.
Une autre sage-femme arrive. toute énervée, mettez vous sur le côté je vais vous masser. Elle jète mon mari dehors. Allez manger monsieur, il refuse mais elle insiste. Il sort. Elle me masse les hanches. Nesrine - la sage-femme qui nous suit depuis le début - insiste sur le fait que je veux choisir ma position durant l'expulsion. Mais Mme R. s'écrie "laissez moi faire! J'ai un truc vous allez voir!" Nesrine n'a pas l'air contente. Sur le moment je comprend pas. Puis je ne sais pas ce qu'elle m'a fait mais j'ai eu vraiment vraiment très très mal. J'hurlais et mon mari derrière la porte a perdu tout ces moyens. Je supplie la sage-femme d'arrêter cette torture puis elle se recule et me dis "ce n'est pas moi madame, c'est votre bébé qui vous fait mal, vous allez voir la prochaine contraction." en effet, ça recommence. Bébé traverse mon bassin, ça y est, on va enfin se rencontrer. Je réclame mon mari, Nesrine va le chercher et lui redonne le courage, vraiment une super sage-femme! Mon mari est a mes côtés, je pleure je crie, je ne vais pas y arriver "mais bien sûr que si!" La douleur est intense, je ressens un besoin de pousser incontrôlable. Nesrine me dis "non ne poussez pas vous allez tout déchirer" mais je ne peux vraiment pas retenir.
Mme R. me place sur le dos, je panique de plus belle! On ne me met même pas d'appui pour mes pieds. Je m'énèrve, Mme R. me crie dessus "écoute moi madame, c'est n'importe quoi ce qu'on vous a appris, vous aller tenir vos cuisse avec vos mains et sortir ce bébé" mais moi je n'y arrive tout simplement pas. Je n'ai pas la force de garder les jambes ainsi en l'air, encore moins de me redresser pour les attraper... mais quelle idée! A chaque contraction je crie "à l'aide" et on doit venir m'aider pour attraper mes cuisses... Heureusement pour nous, bébé arrive vite, je pousse de toute mes forces, je veux voir mon bébé, encore quelques fois et le voilà sorti, il est 12h54. Je pleure toujours mais de joie cette fois. On l'a dépose directement sur moi, elle ne pleure pas, elle a l'air déjà toute bien.
Après quelque minute, mon mari regarde le sexe, c'est une fille, je l'a prend tout contre moi, quelle sensation. La gynéco doit me recoudre, déchirure partielle du périné et déchirure du sphincter. Elle ne peut le faire que sous AG ou a vif. Le choix est vite fait, mais je ne peux garder Lucie sur moi car je dois me concentrer à ne pas me crisper pendant qu'on me recoud, je demande a mon mari de la prendre, en me disant que ça sera son moment à lui. Il se met torse nu et cajole la petite. Ca a bien durée 45 minutes puis je récupère ma fille dans mes bras pour une première tétée.
Nous avions fait un projet de naissance, Nesrine a été super et prenait bien le temps d'expliquer les choses et de nous laisser prendre des décisions. Mme R. Quant à elle n'a rien respecter du tout, ça m'a un peu gâcher le truc mais finalement, tout s'est si bien passer que je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Je vais présenter mon projet dans la rubrique appropriée, je me suis déjà pas mal étalée là...