Mon AAD contrarié

Arrivée de Caitlin dans le monde

Durant la nuit de mercredi 3 à jeudi 4 février 2010, je perds un liquide bizarre, de manière très intermittente… Ca ne ressemble donc à priori pas au liquide amniotique. Je trouve ça quand même louche et j’appelle Rikke, ma sage-femme. Elle me dit d’aller contrôler à Ste-Elisabeth si ça continue de couler dans la matinée.
Finalement je ne perds pas grand-chose, mais j’ai un doute affreux donc William et moi nous rendons sur place…

Je suis prise en charge par une sage-femme de l’hôpital, Emilie, qui m’annonce que le test est positif. Le ciel me tombe sur la tête : je suis coincée ici, je ne pourrai pas accoucher chez moi paisiblement. Je ne suis pas prête, dis-je ! Qui plus est, si le travail ne se lance pas naturellement pour 6h le lendemain au plus tard, ils vont le déclencher.
Horreur…
Mon col est vérifié au passage, il est totalement effacé et ouvert à deux. Bien, on peut espérer que le travail se lance naturellement.

Je me retrouve seule, William étant parti chercher la valise qui n’était bien évidemment pas prête. Je pleure à chaudes larmes, puis je commence à marcher et faire du ballon pour lancer l’histoire.
William de retour, on discute avec la gynécologue de la procédure en cas de déclenchement. J’avais expliqué à Emilie mon projet de naissance à domicile, je réitère ici. Elle me promet que je pourrai bouger, même si je serai sous monitoring constant. Argh, prions pour que le travail se lance…

Nous sommes transférés dans la chambre. La nuit passe assez vite, même si aucune contraction à l’horizon.
Finalement, on choisit de se reposer un peu.

On se fait réveiller à 5h45 par une sage-femme qui nous amène en salle d’accouchement pour lancer la perfusion d’ocytocine. Ca y est… ça craint officiellement ! Je ne me démoralise pas, je marche et je fais du ballon.
Vers 7h, l’équipe de la veille est de retour. Ils augmentent la dose progressivement jusqu’à obtenir un résultat. Je leur demande si, lorsque le travail est lancé, il est possible d’enlever la perfusion car je me sens entravée avec le cathéter et le monito. Emilie me dit que ça risque d’être compliqué car ce n’est pas dans les habitudes de la maison, mais qu’elle va intercéder en ma faveur. Mon col est ouvert à 3.

Dans mon malheur, j’ai eu la chance de tomber sur une personne ouverte d’esprit et respectueuse. Je l’apprendrai plus tard, c’est grâce aux interventions d’Emilie auprès du reste de l’équipe que je garde un aussi bon souvenir. Elle a fait en sorte que les gens ne circulent pas dans la pièce à tord et à travers. Elle sera ma seule interlocutrice, avec l’étudiante (une autre Emilie) qu’elle m’a présentée en arrivant.

Les doses augmentent, les contractions n’arrivent pas. Finalement, à 55 mg/h, je commence à sentir des contractions sous forme de vagues mais… je ne sens rien !!! Je n’ai pas mal, même si je sens mon corps être transporté.

Vers 10h, je lui demande de vérifier le col, au cas où ces contractions seraient tout de même efficaces. Ouvert à 3,5-4. Bof bof, on stagne un peu.
Pendant tout ce temps, j’ai tenu Rikke au courant de l’avancée des choses. Elle m’a prévenue qu’elle est à un autre accouchement et que ce sera Marloes qui s’occupera de moi. Elle était aussi sensée être de la partie si j’accouchais à la maison, je l’ai déjà rencontrée une fois, je suis donc rassurée sur le fait que je ne suis pas abandonnée !

Je l’appelle et je lui explique le topo. Ce coup de téléphone est ce que j’appelle le « coup de fil magique ». Marloes me fait comprendre avec les mots qui touchent que je suis trop cérébrale et que j’empêche le travail de se lancer en refusant encore d’être à l’hôpital !
Message reçu, je me laisse aller. Et là, tout s’emballe ! Je commence à avoir de plus en plus mal.
Entre 10h et midi mon col s’ouvre jusqu’à 8 !!!!!

Mais je commence sérieusement à douiller. La chance est encore et toujours avec moi, car la maman que Rikke accompagnait est transférée ici, deux salles plus loin.
J’ai trop mal, je commence à perdre pied. J’exige qu’on m’enlève le monito et la perfusion. Je soupçonne Emilie de demander à Rikke de me raisonner.
Je me résigne, mais je réclame un bain. Aussitôt dit, aussitôt fait, je passe dans la baignoire. Ca me soulage un peu, mais les contractions s’emballent.
Je perds les pédales, je n’arrive plus à gérer les contractions. Rikke reste près de moi et essaie de me sortir la tête hors de l’eau, au figuré. Au propre, c’est William qui s’en occupe…

La poche des eaux se rompt dans le bain, ça me fait une drôle de sensation… Pendant ce temps, Marloes est arrivée, elle prend le relais de Rikke qui retourne dans l’autre pièce.
Il est temps de pousser, on me fait sortir de l’eau car vu que c’est une prématurée, ce n’est pas permis de rester là.
Je me mets sur le lit. La gynécologue veut que je me couche sur le dos, mais je refuse, je veux tenter d’être plus ou moins accroupie sur le lit. Elle n’a pas l’air ravie mais je ne négocie pas trop sur le coup ! Elle s’en va superviser l’autre accouchement.
Lorsqu’elle revient, elle me dit d’une voix forte « Bon madame, je ne suis pas très contente ! » Je demande ce que j’ai fait de mal, elle me dit que ce n’est pas ma faute mais la situation. Le bébé n’avance pas et son cœur est un peu faiblard.
Ok ! je passe sur le dos et tant pis pour mon périnée alors !
Là de longues, longues poussées commencent, c’est épuisant mais ça ne fait plus trop mal.

Une fois que les cheveux commencent à être visibles, tout le monde me demande si je veux voir avec un miroir. Je refuse, persuadée que ça va casser mon groove.
Je dis à Marloes : « Ne laisse personne me couper ». Pas d’épisiotomie pour moi !!
La gynéco essaie quand même de me la proposer, elle me dit que ça manque un peu de place en bas, je lui réponds « non, je préfère être déchirée » ! Elle respecte mon choix, merci.

La tête de la petite finit par passer, puis les épaules dans un dernier effort.
Caitlin est née à 14h11. Elle est posée sur mon ventre. J’apprends par la suite que Emilie, encore et toujours, a intercédé pour qu’elle y reste.
Elle est clampée direct, malheureusement, et la gynéco semble pressée, on appuie sur mon ventre pour faire sortir le placenta plus rapidement. Marloes le fait aussi, donc je ne dis rien.
Et… périnée intact, à peine deux éraillures.

La pédiatre arrive, je la renvoie pour garder la petite !
Tout le monde s’en va alors, sauf Marloes et William. Elle s’occupe des premiers soins et m’aide avec patience pour la première tétée.
La pesée annonce 2kg860, youpie, elle évite le service néonatologie et reste près de moi.
La pédiatre finit par revenir bien plus tard, je lui parle directement de rentrer rapidement à la maison si tout va bien. Elle est compréhensive et paraît d’accord si tous les paramètres sont bons.

Finalement, on rentrera le lendemain vers 15h, après une prise de sang. Pour un bébé prématuré et déclenché, j’ai eu de la chance !