bon je vais essayer mais je sais pas si j'aurais le temps de tout raconter.
La sf de nuit vient se présenter. Elle me dit d'entrée de jeu :" on m'a dit que vous vouliez un accouchement naturel? Alors dites moi un peu ce que vous voulez et je ferai mon possible."
Je lui parle de l'ocytocine, elle me soutient. Magnifique, enfin, on ne me prend plus pour une débile!
Elle ne me prend pas non plus pour une maso quand je lui dis que je ne veux pas de péri.
C'est génial. Elle a travaillé dans plusieurs maisons de naissance en Belgique.
Je lui parle un peu aussi de mon ex projet d'aad et elle connait ma sf. Elle la connait parce qu'elle fait du chant prénatal et puis elle avait fait une intervention dans son école de sf en Belgique aussi.
La je dis à bébé "c'est avec elle qu'il faut qu'on accouche"
Je finis par m'endormir vers 10h30. J'ai toujours des contractions, espérons qu'elles soient encore là à mon réveil.
Je me réveille à 2h20, en pleine forme, et quelque chose me dis que c'est pas normal.
10 minutes plus tard, je sens une contractions un peu plus longues que les autres.
Puis une autre et encore une autre, toutes les 8 ou 9 minutes.
Elles commencent à se faire sentir alors je décide d'appeler la sf.
Comme elles sont encore bien espacées, elle décide d'attendre encore une demi-heure. Si dans une demi-heure, elle sont encore douloureuses, je dois l'appeler et elle m'examinera.
Une demi-heure plus tard, les contractions commencent vraiment à être douloureuses et longues mais toujours espacées de 8 minutes environ. Je souffle, je me mets sur le côté gauche ou à 4 pattes. J'essaye de récupérer un max entre chaque.
Moi qui me disait que j'oserais jamais faire ça, je me mets à faire des sons graves. Des "o". Ca m'aide à évacuer la douleur en même temps.
A ce moment là, j'en ris presque. Ca commence enfin, je suis contente. Mais je vais pas rire longtemps.
La sf arrive donc. Elle m'examine: col à 4. Elle me dit d'appeler mon mari.
Elle m'aide un peu en massant le bas de mon dos pendant une contraction, mais elle repart.
J'appelle Yohann (mon mari). A ce moment, une grosse contraction arrive, impossible de parler. Il m'entend à côté en train de galérer. Je finis par réussir à lui parler " il faut que tu viennes, j'ai besoin de toi, mais prend ton temps, surtout ne roule pas trop vite"
J'aurais dû éviter le "prend ton temps"
A ce moment, j'ai envie d'aller au toilette et c'est pas le bébé, je le sais. "non! pas maintenant! pas ça!"
Bon vaut mieux maintenant pendant que les contractions soient encore espacées.
Et là, grand moment de solitude.
Seule sur les toilettes, j'arrive à faire ce que j'ai à faire entre 3 contractions qui me font un mal de chien et comme par hasard qui s'accélèrent à ce moment là.
Et là, je peste et je pense qu'à une chose " pourvu que j'ai le temps de finir".
J'y arrive malgré tout.
Et d'un seul coup, les contractions s'accélèrent. Je n'ai plus de répis entre chaque.
Je me retrouve à 4 pattes, par terre dans les toilettes. Je ne contrôle plus rien. Je suis toute seule, je me demande où peut bien être mon mari. Ca fait trop mal, c'est horrible, faut que ça s'arrête, n'importe quoi pour que ça s'arrête.
Il faut que j'arrive à atteindre cette sonette. Il faut que j'appelle cette sf, elle saura m'aider.
J'ai l'impression que je vais mourir, j'ai froid, la tête me tourne, j'ai des nausées et je ne peux plus rien faire, c'est mon corps qui a pris les commandes.
J'ai envie de tout abandonné, je ne peux pas. Alors j'ai envie de pleurer mais je ne peux pas non plus. Y'a plus rien qui marche, ce n'est plus moi qui décide.
Une des contractions diminue en intensité, j'arrive à atteindre le lit et la sonette. Je suis maintenant à 4 pattes sur le lit, je crie, ça fait trop mal.
Une femme arrive, je lui dis "la sf! appelez la sf!"
Elle panique "euh! oui! euh! tout de suite"
3 femmes arrivent, je ne les vois pas, j'ai les yeux fermés. On me dit de me calmer. Ben oui facile à dire.
Une des femmes me dit de ne pas crier. Je reste poli et je lui dis que je ne peux pas. La sage-femme me masse le bas du dos, ça marche, les contractions diminuent, j'arrive à me mettre sur le dos pour qu'elle m'ausculte.
Elle me dit "votre mari, vous ne l'avez pas appelé?" "si si, il arrive, je sais pas ce qu'il fait"
Elle répond "parce que là, vous êtes en train d'accoucher"
Là, y'a juste un truc qui me passe par la tête, c'est "cool, c'est bientôt fini".
Et puis ça recommence, je suis obligée de me remettre à 4 pattes, la tête dans l'oreiller, y'a que comme ça que j'arrive à gérer.
Je sens que ça pousse et cette fois-ci c'est la bonne.
Là tout le monde se met à paniquer. On ramène un brancart. Mais ils sont fous, comment ils veulent que je me mette là-dessus, c'est pas possible. J'entend la voix qui me disait de ne pas crier me dire: "mais vous n'allez quand même pas accoucher ici" et pourquoi pas. Encore une fois, je reste polie et je ne dis rien.
J'arrive à me mettre sur le brancart à 4 pattes toujours. Je leur crie "emmenez moi, c'est bon"
Elles ne veulent pas, faut qu'en plus je me retourne. Mais on veut ma mort!!!!!
Je sens que ça pousse encore, j'y peux rien.
(en plus, entre nous, ça devait être le stress aussi pour elles que j'accouche dans le couloir, elles auraient été plus tranquilles de me laisser là. Un jour, peut-être elles comprendront)
Ok j'arrive à me mettre sur le dos. Mais alors là, je hurle carrément, tampis, ça fait trop mal, c'est vraiment pas la bonne position.
J'entend encore la voix :" vous n'avez pas une robe de chambre? elle est où votre robe de chambre?" et je crie "on s'en fou, non! j'en n'ai pas, on s'en fou"
(faut dire que à ce moment, rien à foutre d'être à poil dans les couloirs de la maternité)
Ils m'emmènent enfin, je sens le vent sur mon visage, ça fait du bien. Et encore cette voix qui me dis: "arrêtez de crier, vous allez faire peur à votre bébé et aux autres femmes" alors là, j'ai eu vraiment du mal à rester polie, je rassemble toutes mes forces pour lui criez: "taisez-vous, ça suffit, laissez moi crier si j'en ai envie!"
Enfin on arrive dans la salle d'accouchement. Je vois la table et là je me dis "c'est pas vrai, faut encore que je me mette sur cette table à la c.."
Là ça pousse et je sens la tête du bébé qui descend. Ca brûle! Pendant ce temps, ils ont un problème avec la table d'accouchement, elle descend pas.
Rien à foutre, moi j'accouche là et c'est tout. Je mets ma main instinctivement, je sens la tête du bébé.
Et puis cette brûlure qui s'ajoute aux contractions, c'est plus possible. Ah non, y'a pas moyen que ça dure comme ça des heures.
Je sens que ça repousse pendant qu'elles m'aident je ne sais plus comment à me mettre sur cette table d'accouchement qu'ils ont réussi à descendre.
Dans le même temps, la poche des eaux explose et la tête sort.
Je poste et je continue