Coucou!
Après nos péripéties, je prends enfin le temps d'écrire la naissance de Sanaė!
Nous sommes vendredi 23 novembre. Après de très nombreux faux travail depuis un mois, je me suis résignée å ne pas t'attendre avant le terme. J'ai des contractions en début de soirée, je n'y prête pas trop attention, me disant que ta naissance continue å se préparer tranquillement. Vers 21h30 je commence å les compter puisqu'elles me semblent un peu plus douloureuses que les fois précédentes. Je prends une douche chaude, qui ne calme pas les contractions. Elles sont régulières, toutes les 8-10minutes. Je te sens basse. Nous commençons å penser que tu vas peut être arriver en cette nuit de pleine lune! Nous sommes fébriles! Ta soeur dort, nous mangeons pou prendre des forces tout en prévenant Mélanie que Zoé va peut être les rejoindre. A 23h45 nous allons réveiller ta soeur pour l'emmener chez sa copine. Elle est heureuse de savoir que tu arrives, contente d'aller chez sa copine! Nous la sentons sereine, nous partons tous trois joyeux vers minuit! Zoé part avec Mélanie tranquillement, nous sommes rassurés, nous pouvons nous consacrer å ton arrivée désormais.
Nous faisons un aller retour maison-maternité car ton père a oubliė son sac dans la précipitation! Heureusement mes contractions ne sont pas trop fortes, je conduis sans problème!
Là sage femme nous accueille vers minuit et demi, la maternité est calme, l'ambiance tranquille. Mon col est å 2,5 doigts, guère beaucoup plus que lundi. Elle fait 30 minutes de monitoring, les contractions sont lå mais peu fortes. Elle accueille tres bien mon projet de naissance physiologique, me rassure sur la disponibilité de la salle physiologique. Je la sens en revanche sceptique sur le lancement du travail, je me demande si je n'ai pas encore mal interprété les choses...Elle me demande de noter la douleur, je lui réponds "2 sur 10", Je vois qu'elle pense que c'est un faux travail. Et en même temps, au regard de l'intensité d'une fin d'accouchement, je ne peux pas noter la douleur plus haut! J'ai le sourire, les contractions ne se lisent pas sur mon visage. Elle estembetee de nous renvoyer å la maison sachant que je conduis, elle nous propose de marcher un peu sur le parking pour voir si le travail s intensifie. Les contractions deviennent plus fortes en marchant, je suis obligée de m'arrêter. Il y a dû brouillard sur Quimper, la lune est pleine, nous sommes dehors, heureux de ton arrivée prochaine.
Vers 1h45/2h nous retournons dans la maternité pour qu'elle regarde si le col a évolué suite à cette marche. J'ai perdu un peu d'eau, un peu de sang. Mon col est å 3 ou 3,5cm. La sage femme nous confirme donc que le travail est lancé mais elle pense que nous sommes venus trop tôt, que le temps va être long avant le travail plus intense. J'ai eu beau signaler que ta soeur est arrivée vite et que je pense qu'il en sera de même pour toi,elle me dit qu'elle me trouve très souriante pour quelqu'un qui accouche! Jules me dira quelques jours plus tard avoir senti le malaise des deux sage femmes devant mes sourires! Il a lu leur incompréhension et, me connaissant, le décalage dans La situation!
Elle nous conduit en salle nature et me propose un bain. C'est une belle chambre, avec un grand lit circulaire rose-violet, une grande baignoire de la meme couleur. J'aime cet univers, la lumiere est tamisée, le matériel médical discret: l'ambiance est propice à l'aventure que nous allons vivre! Je préfère attendre un peu, me disant que j'en profiterai quand les douleurs seront plus vives car il ne faut pas y rester des heures. Elle me pose un cathéter et nous laisse nous installer. Une collègue à elle doit prendre le relais ; dommage, le contact était bien passė. Sa collègue nous rejoint vers 2h30. Elle est très jeune, nous semble froide, et j'ai l'impression qu'elle n'est pas sensible à mon projet naturel... j'évoque mes souhaits, mes craintes notamment sur le cap de la désespérance qui avait été si difficile pour Zoé. Elle me répond que c'est dans les livres mais qu'en pratique elle n'a jamais vu cette phase! Je me dis qu'elle n'a pas dû accompagner beaucoup de femmes sans péridurale... On convient Que je fais 1h de travail avant un monitoring et le bain. Comme sa collègue, elle pense que nous sommes venus trop tôt parce que je conduisais.. Vers 2h50, ton père et moi nous retrouvons seuls dans cette ambiance feutrée. L'aventure commence vraiment, nous allons bientôt te rencontrer. C'est un moment si particulier, presque surrealiste: nous t'attendons depuis des mois mais cela semble incroyable de te tenir dans nos bras dans quelques minutes!
Je dis à Jules que je suis bien, qu'il peut en profiter pour dormir un peu. Il s'endort d'ailleurs assez vite! J'essaie de m'installer comme pour ta soeur, accroupie avec les bras sur le ballon. Je ne suis pas bien, je dois trouver une autre position : je m'assoie sur le ballon, les bras sur le lit. L'intensité des contractions augmente à chacune, je laisse ces vagues m'emporter sans penser å rien. Je prends une derniere photo de toi dans mon ventre. J'essaie de me concentrer sur ta descente dans le bassin, ton appui sur le col, mais je n'y parviens pas. Je me dis que tu es peut être encore trop haute et visualise quand même mon col s'ouvrir pour t'ouvrir le chemin. Aussi quasi toutes les 5 minutes je dois aller aux toilettes, tu appuies sur m'a vessie, j'ai peur de ne pas lâcher pendant les contractions en redoutant une incontinence... Je continue à perdre du liquide å chaque fois, du sang également. Ca m'inquiète u n peu car je n'en avais pas perdu pour Zoé, mais les sage femmesm'ont dit que c'est signe que mon col s'ouvre. Je fais confiance. Ces aller retours aux toilettes doivent contribuer å faire avancer le travail, à te faire descendre. Mais je ne parviens pas à rentrer vraiment dans ma bulle. Je suis frustrée de ne pas te sentir sur le col, je me dis que finalement ta naissance sera peut être longue... Je sors le livre qui m'a préparée à vous faire naître, relis un ou deux passages comme une méthode Couė. Finalement très vite je le referme, je n'ai pas envie de lire, j'ai envie de vivre pleinement ton arrivée. Je sais, je fais confiance à la nature. Les vagues sont plus fortes, je commence å avoir vraiment mal pendant les contractions, je rapproché le ballon de ton père. J'hésite à le réveiller mais j'attends, je sens que j'ai dû mal å me placer correctement pour me soulager. Vers 3h20 je finis par le réveiller, j'ai mal, je vais appeler la sage femme pour pouvoir faire ce monitoring et filer me soulager dans l'eau chaude. Elle arrive une contraction plus tard, je souffle fort. Elle me demande depuis quand l'intensité s'accroît, je réponds une trentaine de minutes. Elle me propose de faire couler le bain pendant le monitoring. Vers 3h35/40 Elle me demande de m'allonger pour poser les capteurs, je me mets sur le côté mais elle peine å bien capter ton coeur. J'ai quelques secondes de crainte mais on finit par l'entendre au loin et puis je t'ai sentie bouger il y a peu. Elle me dit qu'elle ne parviendra pas å avoir le bon enregistrement sans que je me mette sur le dos. J'essaie, c'est impossible, la douleur est trop intense sur le dos, je me remets sur le côtė gauche, en position foetale. Je ne peux plus bouger. J'aimerais que la sage femme me masse ou me conseille, elle ne dit rien. Je dis que je te sens basse, que mon corps commence à pousser. J'ai quelques secondes de panique: je n'y arriverai jamais, les vagues sont trop fortes, pourquoi n'ai je pas pris la péridurale connaissant déjà cette douleur?! Et puis je me dis que cette peur est signé de ton arrivée imminente, que cette fois ci je ne dois pas la laisser m'envahir, que je dois épouser ces vagues pour t'accompagner vers la vie. Ce moment passe très vite. La sage femme a appelé la puéricultrice, elles préparent le matériel (qui n'était pas installė puisque je souriais trop!). Elle me dit au loin que je peux commencer å pousser. Je tiens ton père, mon roc, sa présence me rassure, je m'accroche à lui, fort, pendant les vagues (la grande vague?! Il me semble que mon corps ne cesse de pousser, que tu ne cesses de pousser). Je sens que nous sommes seuls, la sage femme ne m'aidera pas, seul Jules m'accompagne.
Je pousse, ça soulage les douleurs de te pousser si fort. C'est si intense, tout le bas de mon abdomen te pousse, dans des sensations inimaginables. Que la nature est puissante! Je crie aussi, je sens que ces vocalisations m'aident å évacuer la douleur comme å'puiser de la force pour me laisser aller å la poussée, å ne pas me laisser envahir par la douleur. J'ai demandé des compressés chaudes sur le périnee, je sens m'a demandé incongrue, elles me mettent des compresses passées å l'eau chaude, ça ne m'aide pas. Je pousse et j'entends qu'elles appellent la gynécologue. Ton coeur faiblit. Jules me dira qu'il ne s'est pas inquiėté car il revenait à la normale rapidement... moi j'ai peur de revivre une intervention médicale pour t'aider, de ne pas réussir å te faire entrer dans la vie seule. Alors je pousse, de toutes mes forces. Je presse les épaules, les bras de ton père. Je crie, je t'appelle, Sanaė, mon bébé, viens! Je demande si tu avances. Non mais je pousse correctement. La sage femme me dit "plus fort" sans m'aider davantage. Je me souviens qu'il faut s'aider de ses jambes-pieds et de ses mains. Je pousse sur la sage femme avec les pieds, je pousse sur le lit de ma main gauche et empoigne ton père de la droite. Et ta tête sort! Puis ton petit corps glisse! Ça y est, tu es lå! Il est 3h57! Elle te pose sur mon ventre, tu es là, ma toute petite. Chaude, humide. Tu poussés ton premier cri! Je te sens petite, tu ne fais pas les 3,1kg annoncés, je le sais! Tu es vive! Nous t'observons.
Malheureusement la sage femme me parle de suite du placenta, ne me laissant pas le temps de me remettre de cette naissance d'1h15! Ne me laissant pas le temps d'apprécier pleinement de peau å peau avec toi! Je suis sonnée, je te sens, je ne réalise pas! Je te regarde, tu es belle, tu ressembles å ta soeur, tu as les yeux de ton papa! Jules coupé ton cordon. La sage femme ne cesse de me demander de pousser en tirant sur le cordon. Elle m'agace, je tremble, elle m'opresse, je veux profiter de toi, me calmer. Elle me fait bouger plusieurs fois, commence å me parler de révision utérine. Je sens que tu poussés vers mon sein, j'ai envie de cette douce tetee de bienvenue, j'essaie de t'accompagner. Jules donne ton prénom, ton nom (Et la puéricultrice écorné ton prénom, ton bracelet est au nom de Samaė !...). La sage femme nous explique qu'elle va m'emmener pour me préparer pour une révision utérine qui aura lieu dans 30 minutes si le placenta ne se décolle pas. Je veux qu'elle nous laisse, qu'elle te laisse téter, cela aiderait au processus. Je tremble trop pour que ca marche, elle perturbe tout... Elle m'emmène au moment où tu commençais à téter. Je suis triste pour nous et frustrée. Je m'inquiète un peu, mais je sais que tu resteras contre ton papa, en peau å peau. J'aurai finalement une révision utérine, et une fois la petite suture faite je vous retrouve enfin, une heure plus tard, une heure si longue, je voyais les minutes défiler en me disant que je ratais tous ces moments avec toi et Jules... Jules est invité å me rejoindre avec toi. Il finissait par s'inquiéter, sans nouvelle depuis 1h alors que ca ne devait prendre que 10 minutes! Vous avez fait un peau å peau, tu cherchais å téter, tu l'as têtė en fait! Incroyable! On te remet enfin contre moi, tu suces tes doigts. La mise au sein est plus compliquée mais nous finissons par y parvenir, je suis heureuse! Je suis toujours sonnée, je profite de sentir ta peau douce, ta chaleur contre moi.
Il est presque 6h, il fait toujours nuit; tu es arrivée avec la pleine lune, notre petite pousse de riz sauvage, notrecadeau des mers du Sud! Nous sommes tous les trois, enfin! Et l'aventure de la vie avec toi commence!
(Ah Ah je me rends compte qu'on peut en écrire des lignes pour une naissance si rapide!
)