retrouver la lumière

ca me taraude pas mal en ce moment. De puis un moment.
J'ai été hyper heureuse d'être mère. Je pense que je fais partie des femmes pour qui c'était une évidence depuis que j'ai compris que j'étais une fille. J'ai plongé dans la maternité avec délices, et j'ai été fascinée par l'unviers des tout-petits. J'ai brassé, lu, écrit, pensé, été au contacts d'enfants beaucoup, je les ai regardé et je crois que la focale qu'ils m'ont offerte sur le monde est précieuse. c'est gràace à l'arrivée de mes enfants que je me suis positionnée fermement sur plein de choses, que j'ai regardé le monde autrement, que j'ai toujours envie de chercher, trouver, être là et penser à demain avec optimisme.

Mais le temps passant, un divorce rude, le monde qui rentre dans la cellule familiale avec ses bons et mauvais cotés, la fatigue, et puis ... l'âge ? sans doute..! je me sens plus trainante, moins en recherche de nouveau, moins extasiée... mes enfants et moi, c 'est comme un vieux couple. On s'aime toujours, on a une vraie complicité, puis avec le temps, les tempéraments qui s'affirment... non, l'enfant dont on a revé, celui qu'on a porté et allaité, n'est plus notre enfant, il ne ressemble pas du tout a quoi que ce soit qu'on aurait pu imaginer. c est une surprise sans fin, des petites découvertes, et puis le constat concret qu'on ne fera pas tout, qu'on ne sera ni responsable (mais c est c est soulageant!) de tout, ni la réponse à tout. Ca a un coté plus détendu, plus vrai, mais aussi plus ingrat.


Je me sens parfois lassée du quotidien, de trouver toujours de nouvelles choses à faire avec eux, avec leurs nouveaux besoins, les nouveaux enjaux. Je sens que je suis moins flexible et ouverte à la remise en cause, j'ai parfois la sensation d etre juste "parce que moi j'ai vécu", un peu comme les vieux cons. Je commence à sentir que je me lasse du linge, de l'intendance, des rendez-vous chez l'ostéo, dentiste, orthophoniste, psychomotricienne, allers-retour chez les copains, réunions d'école, de college, activités de chacun, ce putain de linge sale, de rangement, les plats familiaux qui deviennent trop petits, plus moyen de faire à manger pour deux repas de suite, ils bouffent tout ! papier, ménage, regles, cadre, ligne de vie, hygiene, c'est là ma place. c'est moins fun. Je voudrais parfois retrouver l'élan, ce qui me portait , quand ils etaient petits. Je n'étais jamais braquée, jamais désemparée, meme si c etait dur, les enjeux de la petite enfance. il y en a de nouveaux et je me sens moins assurée, plus fatiguable, peut etre d avoir trop été là..?

je ne retrouve plus la fougue, la certitude, le limiere qui fait qu'on trouve un sens à tout. pourtant je sais qu'il y en a toujours un, mais parfois c est plus difus, plus lointain, ca m' eclate moins dêtre là depuis des années à repeter les memes trucs, a voir qu'ils grandissent hyper vite et à la fois super lentement, sur les trics agaceant en particulier !!

je voudrais parfois retrouver la flamme, les regarder avec la meme extase que quand il étaient petits, mais je les vois plutot comme des colocs marrants et chiants. c'est surtout la tâche qu'ils representent, le technico-pratique, qui m'enleve de la joie. Eux, ils sont super. Meme si je ne m'extasie plus sur leurs cacas et leurs nouvelles habiletés, je les trouve de belles personnes en devenir, avec leurs défauts déjà marqué, leurs petits travers, leurs points forts, leurs avis qui divergent des miens, mais me font réfléchor et ne pas me rigidifier dans mes principes... mais je sens qu'il y a des niveaux ou ça frotte, pour ne pas dire frictionne.

Bref, je crois que je les aime en tant qu'individus, mais que j'ai plus de mal avec ma fonction et tout ce qu'elle comporte de contrainte, de fatigue, de posture, avec moins de place à la souplesse, au laisser vivre, aux portes ouvertes. Je sens bien malgré moi que meme en ayant commencé leur vie dans un cadre rêvé, meme en ayant eu de la liberté, meme avec des principes forts, on se laisse engoufrer dans le système, la rapidité, les plannings surcahrgés, les problématiques qui touchent au monde, à la culture, aux climat scolaire, à l'orientation, au fric... avant c'était fatiguant mais l n'y avait pas tout à faire entrer, à gerer, c 'etait un entre-soi familial. Qui ne pouvait pas durer toujours bien sur, et ce n'était pas le but, mais quand même, ça va vite et fort. Du coup ça me prend sur mes reserves de tolérence, de douceur, de CNV, de contemplation, de calme intérieur, de part d'animalité. Ca me manque.

Avant je contribuais à faire croitre des petits être, maintenant j'ai la sensation d'accompagner de futurs citoyens dans une société à laquelle je ne crois plus vraiment. Je fais des choix qui le sont par défaut, je brasse, je m'adapte, je cours derriere le temps, pour mettre mes enfants et toute mon energie dans un projet flou.

Ils sont construits, disons les bases, maintenant il faut les mettre en route vers quelque part, mais on ne sait pas quoi.. comment va aller le monde ? que sera l'école et le monde du travail dans 8 ans ? les valeurs et les choses dont je les nourris seront elles bien senties ou au contraire obsolètes ou decalées ? Aurai-je encore l'energie dans 8 ou 10 ans pour les porter ou est ce que je serai fatiguée et lassée ? Est ce que j'ai encore assez de temps à leurs cotés pour faire passer tout ce qui me semble important ? Est ce mon boulot, d'ailleurs ? est ce que ce sera un échecs si je ne leur transmets pas les valeurs que je pense juste ? et les sous, les possibles que je ne leur offre pas, questions financières que je ne me posais pas il y a 5 ans en arriere. Je ne voyais pas en quoi un enfant coutait cher, alors que j'entrevois maintenant, la necessité des activités, des soins non remboursés, des études, un jour, des objets qu'ils choisissent plus d'eux meme qu'avant...


je sens qu'on est à une période charnière, ou alors c 'est juste moi qui m'en rend compte. Je les trouve tous les trois grandis d'un coup, et moi plus fatiguée, plus extérieure, je navigue à vue. Avant j'avais un projet de vie, d'education. mais a mesure qu'ils grandissent, ca ne marche pas comme ça. On s'adapte a tout tout le temps, et en meme temps le vécu et les années font que là ou on devrait etre de plus en plus adaptable, on devient plus rigide, plus organisé, plus agacé par les petites choses qui usent. bon, j'avais déjà beaucoup vécu avant de les avoir, ca doit venir de là aussi.

Mais pffff, mes enfants nus sur une plage, fesses au vent et cheveux en pagaille, et ne rien faire ensemble, et tout faire en faisant rien, juste être là pour être là et répondre aux questions et aux chatouilles qui se présentent. Avant ils me demandaient pourquoi le ciel est bleu ou si les koala existent vraiment, ils me demandaient si on pouvait ête triste en meme temps du coeur et des yeux, ils me demandaient si on était le matin ou l'apres midi, et si je pouvais leur apprendre à faire des roulades et leurs lacets...

Maintenant ils me demandent pourquoi j'ai des capotes dans ma table de chevet, si les gens qui se suicident y pensent longtemps avant, ils ont deja connu la mort de gens proches, la séparation, les tensions, les déménagements, les tests, les angoisses scolaires, les jeux violents, l'amour, les déchirures amicales, les enjeux de la scolarité et de ses échecs, le sentiment d'être incompris ,de n'avoir pas de place, ils me posent des questions sur leur futur, sur la sexualité, sur le pétrole, sur le latin, l'anglais, la chimie, sur l'argent, interrogent mes valeurs jusqu'à la moelle pour voir si elles sont vraiment bien, et me regardent parfois comme un être faillible, déjà.

Ca passe vite. Ils sont tellement petits encore... Bien sur il y a de l'insouciance aussi, de la rigolade, du potache, de l'enfantin, de la découverte, des rires, mais ce n'est plus aussi pur, aussi leger, tout est plus ancré, tout a des conséquences directes... Je ne sais pas si je suis claire... arf..

c etait sans doute plus pour poser les bases d'une reflexion, plus que pour obtenir des réponses... meme si elles sont bienvenues, hein !!

Ce texte me touche!
Même si je ne le comprends qu'en projection, car mes petits sont encore petits (7 ans, 4 ans et... en cours de gestation!).

J'ai l'impression que la maternité aide à préciser ce que nous sommes en tant qu'individu, nous pousse dans nos retranchements, et sans doute d'autant plus que les enfants grandissent et vont titiller nos positions sur tout un tas de sujet plus ou moins profond...

C'est chouette d'avoir ton point de vue, et ton recul sur ce sujet.
J'imagine que ça doit en effet déstabiliser, bousculer, et parfois lasser. Que la forme d'évidence qu'il y a au début, à prendre soin d'eux, parce qu'on répond à leurs besoins, laisse la place à des questionnements de plus en plus complexe...
Petits enfants petits tracas, grands enfants, grands tracas, m'a toujours dit ma mère! (hyper rassurant, n'est ce pas?!!)

Le fait est.

Mais la fenêtre que je vois à ça, qui doit être de plus en plus évidente à mesure que les petits grandissent, c'est le fait que leur autonomie de plus en plus développée nous laisse la place de nous retrouver en tant que femme. De retrouver notre autonomie à nous, en quelque sorte! Là encore, c'est une projection... en ce qui me concerne, elle me parait bien lointaine, puisque mon troisième est en route! Je replonge avec délice dans cette aventure de la maternité, pour, sans doute, la dernière fois. Mais le court laps de temps entre le moment ou mon deuz a fait ses nuits, et le moment ou je suis tombée enceinte pour cette grossesse, ce moment ou j'ai pu retrouver des temps et des activités pour moi m'a aussi laissé entrevoir à quel point je serai heureuse quand je pourrais m'occuper un peu plus de moi, et un peu moins des autres!

Alors je me dis qu'avec des grands enfants, ce temps là doit être de plus en plus important, non? ( dis oui, s'il te plait!!!)
De quoi trouver de la ressource et d'autres apports que ceux que la maternité nous offre?!

oui, oui, je vais te dire que oui...!

je crois que ca dépend aussi des enfants, du contexte dans lequel on vit. Personnellement j'ai les trois à charge à temps presque complet et deux qui ont des troubles d'aprentissage. Et de petits revenus. Je pense que ça complexifie les choses et qu'il y a une usure qui ne serait pas la meme dans un autre contexte. Pour autant on vit bien, on est entourés, on rit beaucoup, la maison est vivante et souvent habitée, on part en vacances, on aime la culture (gratuite!), je me sens a la fois faire partie des populations fragiles, mais je me sens aussi être partie prenante de ma vie et bien contente de ce que j'ai.

mais pour en revenir à ta question, je crois que j'ai la sensation d'être moins prise dans mon corps, dans mes besoins vitaux, mais d'avoir moins d'espace dans ma tête. Je n'entraine plus mes enfants dans les activités qui me plaisent ou que j'estime être chouettes pour eux, ce sont eux qui ont des besoins propres et divergeants les uns des autres auxquels je m'adapte. Je dors la nuit, mais j'ai en moyenne trois rendez-vous par enfant et par semaine, que ce soit du loisir ou du paramédical. ce ne sont plus les memes contraintes. Il y a moins de charge physique et émotionelle, mais plus de charge mentale et materielle...


Oui, voilà, c est sans doute ça la difference. Moins de relationnel, plus d'organisationnel. Apres, dans les bons cotés, c est sur, j'ai plus d'espace pour ma libido, pour ma vie sociale ou je sais qu'ils trouvent aussi leur compte toute une soirée entre copains ou je ne les vois pas alors qu'on est au meme endroit. Je ne suis plus interrompue par les bobos, les pipis, les fatigues... je me sens plus d'espace pour dire "je breack!", les enfants lavent et gerent seuls leur linge, me filent un coup de main à la maison, il y a tout ça aussi qui est moins une charge quotidienne.

mais j'ai la sensation que c 'est juste différent, ça ne s'allège pas. La nature a horreur du vide, et meme si on est plus libre sur certains plans, il y a de nouvelles choses qui rentrent. Je pense notament à la charge administrative, qui était quasi-nulle quand ils étaient petits. Je sens que pour leur bien à eux, je suis obligée de gerer tout ce qui se fait en amont, et qu'ils ne peuvent pas toujours se rendre compte que le temps que je passe moins en relation directe avec eux, c est quand meme du temps pour eux. C est moins palpable.

Mais dans les bons cotés, car il y en a, je m'éclate à les voir aborder de nouveaux points de vue, à écrire des messages d'amour codés, a faire des soirées jeux avec des jeux plus complexes, à rire au second degré, a parler franc et avec moins de gants, à ce qu'ils m'apprennent des choses (informatique, musique...) à les voir se différencier, s'émanciper, prendre parti, avoir des gouts et des projets lus prononcés, quelque chose se forge, murit, c est super chouette aussi !! mais j'ai plus de mal à lever mes fesses de ma chaise quand il s'agit de quand meme aller vérifier que les dents sont bien brossées ou que les disputes ne dégénèrent pas, ça me coute plus avec le temps. Ils sont à un âge charnière ou ce ne sont plus des petits petits, mais pas encore ado non plus, c est un virage qui prend du temps !

c'est difficile à exprimer clairement, ce changement de rôle pour moi, pas si simple a trouver. ou je voudrais encore les garder petits pour certaines choses et qu'ils grandissent plus vite pour d'autres !!

merci de ta réponse en tous cas !

bises
noé

J'aime beaucoup lire tes réflexions Mamanoé (et les autres mamans!). Je trouve ça impressionnant le recul que tu arrives à prendre sur ta maternité, sur ton parcours, ton cheminement... Je n'ai clairement pas cette capacité aussi poussée!

Voir ses enfants s'affirmer, prendre de l'assurance, s'autonomiser, ça doit faire du bien d'un côté, un peu moins de charge physique et puis ils deviennent également un soutien dans les tâches du quotidien! J'imagine aussi la charge mentale que ça doit être de gérer tous ces rendez-vous pour les enfants. Déjà les rendez-vous pour les vaccins, les réunions de parents de l'école et les fêtes de crèche/école j'oublie des choses... On voulait inscrire notre grand à la psychomotricité, on a renoncé par manque d'entrain de sa part, mais aussi parce qu'on n'avait pas le courage de lever tout le monde le samedi matin pour être à 9h au cours pour 45 minutes!

Je sais bien qu'un jour on va quand même devoir franchir le cap, mais on n'est pas pressé!

Concernant les questionnements des enfants, je trouve ça tout aussi magique que les apprentissages de base des tout-petits! C'est génial que tes enfants se posent autant de questions et t'interrogent sur tous ces sujets... Je travaille avec des enfants et franchement, peu se posent autant de questions! lls n'ont pas beaucoup d'ouverture d'esprit, viennent de familles issues de l'immigration, des familles en grande difficulté financière (mais ils ont le dernier smartphone hein!). J'essaye de m'imaginer dans quelques années, quand mon grand aura une dizaine d'années... Je me doute que ça ne doit pas être facile de se rendre compte qu'ils n'ont plus besoin d'autant de câlins, qu'ils sont devenus beaucoup plus indépendants et autonomes,... J'aurais peur de me sentir inutile, même si les tâches du quotidien seront toujours présentes. Et en même temps, je me sentirai peut-être un peu plus légère qu'ils ne dépendent plus autant de moi, de mon soutien, de mes bras,... et qu'ils peuvent voler un petit peu seuls. Je suppose qu'arrivée à cette période-là, je ne parlerai plus comme ça!

Une collègue me disait, il y a quelques jours, qu'elle ne regrettait pas du tout la période bébé de sa fille (fille unique) et qu'elle était bien contente d'en avoir finit, qu'elle apprécie pouvoir discuter avec sa fille, avoir du temps pour elle (elle a besoin de beaucoup de temps pour elle... mais c'est une autre histoire). Moi j'avoue, j'aime cette période "bébé - câlins - dépendance - apprentissages de base" . Je trouve ça fascinant et très valorisant de voir à quel point ils évoluent en quelques mois/années. Mais je suis aussi très contente de voir mon grand s'affirmer et surtout prendre de l'autonomie (vêtements, bain, .... ) et pouvoir aborder des sujets plus "de grand" avec lui, lui faire découvrir de nouvelles choses... L'adolescence et ses humeurs changeantes me font encore un peu peur par contre! Je crois que tout ça est très personnel!

J'espère en tout cas que tu retrouveras la flamme et l'enthousiasme pour toutes les nouvelles découvertes que tes enfants ont encore à faire!

bon ça y est, j'ai retrouvé la lumiere ! je sens que je fais toujours beaucoup d'intendance et moins d education, ou en tous cas beaucoup plus dans le parlé, les messages et plus dans les regles a proprement parlé. Mais je sens que j'ai plus d 'espace aussi avec eux ces derniers temps, et principalement pour des choses agreables. On rit beaucoup, on se parle, on joue sans plus (trop) se préoccuper des regles et du tour de chacun, chacun file un coup de main à la maison, je n'ai plus grand choses à dire la dessus, meme si je rappelle les choses, leur part de boulot n'est presque jmais remise en cause, je sens que des choses sont ancrées pour eux. Et puis, on est plus en garde alternée, je crois que ça nous fait tous un bien fou !!!! on est plus posés, plus ancré, plus rythmés, c 'est top !!!

Je suis heureuse de lire ça! Ces périodes sereines soudent, ressourcent. Profitez!