Récit de ma fausse-couche

C'est arrivé brutalement, sans aucun signe annonciateur. A 13 sa + 5 jours, au moment même où l'on peut espérer que les risques sont dernières nous, où j'avais commencé à respirer. Certes, à 44 ans, le risque de FC est très élevé. Certes, le risque zéro n'existe pas, pour personne. Certes, on a toutes une amie, une voisine, une grand-mère qui a fait un jour une FC. Mais pas nous. A nous, cela ne nous arrivera pas. Non, aux autres oui, mais pas à nous.

Ces 3 premiers mois de grossesse se sont très bien passés. Je n'avais pas eu du tout de nausées (attention... ce n'est pas un signe prémonitoire de FC, il y a 30% de femmes qui n'ont pas de nausées durant leur grossesse et tout ce passe bien pour elles), donc pas de nausées mais des écœurements, beaucoup, beaucoup de fatigue, des seins très sensibles. Zéro saignements, très peu de très légères crampes (style règles) qui passaient très vite et qui ne m'ont pas du tout inquiétées (il parait que c'est tout à fait normal). Bref, un début de grossesse en or.

Tout à commencé un dimanche après-midi. J'ai remarqué des tâches marron sur le papier de toilette en m'essuyant. Légère panique, mais sans plus. Les pertes brunes indique du vieux sang. Donc tant que ça reste des traces et que je n'ai pas mal au ventre, je suis tranquille. Je me suis quand même couchée toute l'après-midi pour mettre toutes les chances de mon côté. Le soir, vers 21h, j'ai commencé à avoir légèrement mal au ventre. Un sensation assez diffuse, entre la mini-crampes style règle et dérèglement de l'intestin. Là je m'inquiète un peu plus, surtout que les pertes marrons n'avaient pas stoppées. Je prends un bain chaud et vais me coucher, en priant très fort.

Vers 3 heures du mat, après avoir peu dormi, je ressens clairement des contractions. Pas des crampes. Des vraies contractions. Je mets une serviette hygiénique taille XXL en prévision du pire. Je me re-couche et parle à mon bébé. J'ai toujours de l'espoir car je n'ai toujours pas de vrai sang. Les contractions ne sont pas douloureuses, juste des sensations qui montent par vague. Et puis, peu à peu, elles s'intensifient (bon, je suppose que c'est puissance 1 sur l'échelle de richter d'un vrai accouchement) et avec la dernière je sens distinctement mon col s'ouvrir et là c'est les chutes du Niagara. Je perds "les eaux". Ma serviette est détrempée.

A partir de ce moment-là je n'ai plus de contractions, mais après environ 5 minutes commencent les crampes "type règles" qui s'intensifient. Là c'est super douloureux (j'ai toujours eu des règles douloureuses). Et c'est non-stop. Et bien sûr je commence à perdre beaucoup de sang. On décide de partir d'urgence à l'hôpital.

L'accueil aux urgences "mère-enfant" fut admirable. J'ai été prise en charge tout de suite par une sage-femme et une auxiliaire de puéricultrice qui m'a tenu la main tout du long. Là, observation du col et échographie. Le gynéco constate que tout le "produit de la grossesse" n'a pas été évacué. Il me dit qu'il va faire une aspiration (sans curetage) sous anesthésie générale. Je ne suis pas en mesure d'accepter ou de refuser. J'ai vraiment très mal... autant physiquement que moralement. Ils me donnent enfin, par intraveineuse, du doliprane et du spasphon. Mais c'est pas très efficace. Ils n'ont rien voulu me donner tant qu'ils n'étaient pas sûr que le bébé étaient bien mort (il y aurait pu y avoir un deuxième bébé vivant... je n'avais pas fait d'écho au préalable et il était donc possible qu'il y ait eu deux bébés).

Au réveil (vers 8h), je n'ai plus du tout mal. Je peux déjà rentrer chez moi dans l'après-midi. Je n'ai plus eu de douleurs (physiques) et très peu de saignements. Juste quelques gouttes "spotting" durant environ 1 semaine.

Je ne regrette absolument pas d'avoir été à l'hosto. Cela m'a évité une trop grosse hémorragie (avec les risques d'anémie et la fatigue qui s'en suit), des pertes de sang interminables (c'est plus dur de faire son deuil tant que l'on saigne), mais surtout j'étais sûre et certaine que le bébé n'était plus dans mon ventre. Car les hormones de grossesse ne tombent pas d'un coup. L'utérus prend un peu de temps pour se remettre en place. Par conséquent on peut avoir (et c'est ce qui m'est arrivé) des symptômes de grossesse persistant après la FC. Et rien de plus troublant de savoir qu'on a fait une FC tout en sentant encore enceinte.

La seule chose que je regrette, c'est de n'avoir pas pris du doliprane avant de partir à l'hôpital. Cela m'aurait probablement éviter de salir toute notre nouvelle voiture avec mon vomi (ha, j'ai oublié de vous dire que la douleur m'a littéralement vidée... par le haut... et par le bas !!!).

Mon cycle s'est remis en place rapidement. J'ai pris ma température et observé ma glaire cervicale pour en savoir plus. Je ne suis pas sure d'avoir ovulé car je n'ai pas eu de mucus type "blanc d'oeuf" ce mois-ci et ma courbe montre juste une très, très légère montée de temp, mais qui est cependant située pile-poil 14 jours avant mon RDC. La durée de ce cycle est de 31 jours, un poil plus long que ce que j'ai l'habitude d'avoir.

Chaque FC est différente, comme chaque grossesse l'est. Ce que j'ai appris est qu'il faut profiter de sa grossesse. En tout cas, personnellement, si j'ai la chance d'être à nouveau enceinte, j'essaierai (promis, juré, craché) de ne pas me prendre la tête, de profiter de ma grossesse (ok, c'est plus facile à dire qu'à faire). Mais j'ai vu qu'il était inutile de repérer des signes annonciateurs (chez moi, il n'y en a eu aucun). Et que même si une nouvelle grossesse devait à nouveau se terminer tragiquement, il serait vraiment dommage de ne pas en profiter à 100%. Il sera assez tôt de pleurer le moment venu. Carpe Diem.

Voilà... je ne souhaite à personne ce qui m'est arrivé, mais si ce récit peut servir un jour à qqun, alors tant mieux.

gros gros gros hug.....   

  pffff  
Gros câlins

Je t'apporte tout mon soutien dans cette période difficile et douloureuse.
Tu sembles être si courageuse.
Je n'ai pas su l'être autant que toi les premières fois, je t'admire beaucoup pour ça.

Gros gros    

Bravo d'avoir su mettre par écrit une pareille épreuve. Sans nul doute que ça pourra apporter beaucoup à des futures mamans qui passent par cette situation. Merci pour elles  

Je t'embrasse fort  

     
tu fais preuve d'une force énorme, prends soin de toi

Malgré la souffrance, la douleur de perdre votre miracle, on sent en effet beaucoup de force en vous. Ton témoignage servira sans nul doute celles qui passent par là.
 

Merci de témoigner et courage pour la suite  

 

Tu as tout mon soutien  

Je t'embrasse fort

Merci à vous toutes et une pensée émue à toutes celles qui sont aussi passées par là  

Comme je le disais dans un autre post (et je le re-précise ici) nous avons mis en oeuvre de gros moyens pour nous aider : acupuncture pour faciliter le processus de deuil, réflexologie pour rétablir les hormones, massages-drainants pour libérer le stress, etc. Nous sommes parfaitement conscients que tout ceci a un coup (énorme) et que dans notre malheur nous avons la grande chance de ne pas être trop rik-rak côté finances. Je souhaiterais que toutes les femmes ayant subit une FC puissent elles aussi avoir ce soutien.

Je ne sais pas si je suis courageuse, ce que je sais c'est que j'ai été admirablement soutenu moralement par mon chéri, par ma famille, mes amis... et vous toutes ici. Ca compte énormément.

Si je devais par miracle retomber enceinte, je ne reculerai plus devant l'annonce de ma grossesse... je le dirai à toutes les personnes qui me sont chères... sachant qu'elles seront là aussi en cas de catastrophe.

je t'embrasse    

Émilienne, je suis heureuse de te lire, je guettais un peu ton retour....
Je ne sais que trop ce que c'est d'être abasourdie que ça nous arrive à nous (ma mère avait fait cinq fausses couches pourtant, j'étais "grande" donc je me souvenais très bien!), de la stupefcation de n'avoir eu aucun signe annonciateur, de la douleur de l'attente en ayant cet espoir de vie éteint en nous, du désespoirs de se sentir encore enceinte apres, du vide le lendemain...
Je te trouve très positive. J'ai pour ma part mis du temps à digérer, car mis du temps à accepter de faire ce deuil avant de repartir dans l'aventure (la première fois, la deuxième on a pris ce temps et je suis retombée enceinte très vite...), j'avais trop peur de ne pas être mère et finalement Zoé s'est installée lorsque nous avons accepté de vivre notre vie de couple d'abord...
Cette grossesse fait partie de votre histoire, vous aura donné confiance en votre capacité à concevoir. J'espère de tout cœur que très vite ce petit tant attendu s'installera.
Très amicalement.

On ressent beaucoup de force et de courage dans ton témoignage.

J'admire ta capacité à en parler de la sorte, à réussir à positiver en quelque sorte. Aide ou pas, c'est admirable.

Je vous envoie plein d'ondes positives et je pense à vous.  

Un gros hug pour toi et merci merci merci pour tes mots, qui sont précieux pour toi, l'histoire de ta grossesse et de ton bébé, et précieux aussi pour toutes les femmes qui vivent une FC. Chaque FC est unique, et pourtant il y a bien des similitudes entre nos differents vecus...

C'est si juste (et pas facile) d'aller au bout du processus, de le vivre en conscience, et ainsi permettre de se remettre du côté de la vie. Plein de pensées pour toi et ton homme, des pensées à ce bébé parti...   

Emilienne, je vois en toi une belle âme, merci pour ce témoignage si détaillé et courageux.

J'ai lu ton témoignage dans la semaine, avec pas assez de dispo pour te laisser un petit mot.
Je te trouve très courageuse de poser ça par écrit, je suis sure que ça pourra aider d'autres femmes qui vivent aussi cette épreuve dont on parle si peu  

Je ne te lis qu'aujourd'hui... Je suis touchée par ton récit, j'avais tiré des conclusions similaires de ma fausse couche (le dire quand on le sent, et profiter... même si j'ai eu du mal de profiter de mes grossesses). J'espère que d'en parler te fait du bien, à toi. Et puis je pense que c'est bien d'en parler, moi je ne savais pas ce qu'il pouvait se passer quand on a une fc.

Merci pour ton récit, et je suis heureuse de te relire par ici