Naissance de Anaé

Naissance de Anaé

Lundi 14 mai 2012
J’ai eu un pré-travail la semaine passée, des contractions toutes les 8 minutes, qui se sont arrêtées spontanément. J’étais tellement frustrée que j’ai lâché l’idée d’accoucher bientôt, dans ma tête, je suis partie pour un dépassement de terme (DPA au 17/06)…
J’ai commencé depuis trois jours une tisane composée de feuilles de framboisier, alchémille, achillée mille feuilles et sauge.
En réalité, A., ma deuxième SF, m’avait recommandé cette tisane avec de la mauve musquée, mais je n’avais pas noté la composition et mon inconscient, bien pressé de mettre fin à ma grossesse pénible, a remplacé celle-ci par de la sauge, qui provoque l’accouchement.

Et effectivement, mes contractions ont commencé vers 15h et se prolongeront jusqu’à minuit. Elles sont gérables au niveau douleur et ne se rapprocheront jamais plus de 7-8 minutes…
Je préviens M. que ça travaille mais que ça ne sera pas pour cette nuit.

Lorsque W. rentre du travail, je lui demande de déposer C. chez ses parents, afin que nous soyons tranquilles. Je sais que l’accouchement n’est pas pour cette nuit, mais j’ai besoin de me recentrer.

Mardi 15 mai 2012
W. a pris congé la matinée car nous avons rendez-vous avec M. pour le suivi habituel de fin de grossesse.Je lui fais emprunter une route pavée sur le trajet au cas où… Mais RAS,plus de contractions en vue depuis hier soir.
La consultation se passe comme d’habitude, tout va bien sauf que je suis au bout du rouleau, je veux que ca finisse. M. estime le bébé à 3kg300 environs.
Je partage mon sentiment que le pré-travail de hier est le bon, mais qu’il s’est mis en pause, et qu’il va reprendre bientôt. Je garde quand même cette impression que je n’accoucherai jamais…
On discute des dates, je dis que je préfère les jours pairs, elle me dit « aujourd’hui après minuit alors ? »
W. et M. se quittent sur un regard entendu : « A tout à l’heure ».
En partant, nous croisons A., à qui M. dit « elle a décidé d’accoucher aujourd’hui ».

Mon chéri en profite pour prendre congé l’après-midi

Toutes les conditions sont réunies, il ne manque que les contractions… et ma foi, car je n’y crois pas encore (et je suis bien la seule) !

Vu qu’il n’y a toujours rien sous le soleil, nous allons récupérer la grande chez Papy et Mamy, histoire de ne pas trop les surcharger (fatale erreur, ou pas).
Nous restons manger là bas, et j’ai quelques contractions mais surtout un mal constant au bassin. Vers 20-21h, je commence à devenir agressive car ma tolérance diminue : il est temps de rentrer. Mon attitude aurait dû me mettre la puce à l’oreille…

A partir de maintenant, mes souvenirs sont flous et je n’ai plus trop la notion du temps.

En rentrant j’ai de nouveau des contractions, pas bien méchantes à mes yeux et assez éloignées dans le temps, mais il reste cette douleur constante dans mon bassin.

W. couche C., qui ne fait pas de cinéma et va directement au lit.

Mercredi 16 mai 2012
Il est passé minuit.
Je prends un bain, au calme avec mon amour qui note les contractions, et la chaleur bienfaisante fait passer cette douleur lancinante. Le travail se transforme et j’identifie maintenant bien les contractions, qui vont se rapprocher toutes les 3-4 minutes vers 1h-1h30 du matin.
Je fais une « danse » couchée dans le bain, et comme le dit si bien W., je commence à « faire des bruits d’actrice porno ». C’est que c’est le moment, il appelle M.

Elle demande si l’étudiante qui était présente durant la consultation, E., peut venir à l’accouchement. Je dis ok, et après je penserai « mais qu’est ce qui m’a pris ». En réalité, elle saura se rendre très utile !

M. arrive environs 40 minutes après, je sors à l’instant du bain. Nous restons un peu dans le canapé à discuter joyeusement. Je garde la peur de l’avoir faite venir pour rien en plein milieu de la nuit, et cela transparait pas mal dans mon discours. J’ai l’impression de gérer trop bien, et que donc c’est de nouveau un pré-travail.

Nous montons tous les trois dans notre chambre, adjacente à celle de C. M., lasse de m’entendre m’excuser, m’examine pour me prouver que le travail est bien en route. Elle m’annonce 5 cm et tout ce que je trouve à lui répondre c’est « Non ? Tu dis ça pour me faire plaisir mais ce n’est pas vrai ! » Je n’ose toujours pas y croire…

E. arrive, et elle va rester en bas avec M., qui nous laisse seuls afin de ne pas ralentir le travail. Elle sent que je ne suis pas encore pleinement dedans, et que les choses se calment en sa présence. Et elle a raison, car le travail s’intensifie après son départ. Je suis sur mon ballon, heureuse.

Elle remonte me voir une demi heure ( ?) plus tard, lorsqu’elle entend que cela devient sérieux. Je me plains encore de mon bassin qui me fait souffrir, alors elle me masse le dos. Je n’ai pas l’impression que cela aide vraiment, mais j’aime qu’elle soit là…
Les contractions deviennent plus intenses, encore et encore.
Je marche, je fais du ballon, sur la fin je me mets debout le dos contre la garde-robe et finis accroupie à la fin de chaque contraction.
Je me laisse complètement immerger par mes sensations ! Je crispe tout le haut de mon corps à chaque vague, et pourtant mon bassin continue à être libre et mobilisé, permettant une avancée du travail efficace.

Elle va repartir pour nous laisser encore un peu dans notre bulle. Je continue le travail contre la garde-robe, et mon bébé m’arrache un cri de douleur intense. J’ai l’impression qu’elle a forcé la sortie, et elle a rompu la poche des eaux.
M’entendant crier, M. remonte, constate, et appelle A…

Je retourne sur mon ballon, sachant que cela va devenir de plus en plus dur. Je grogne, signe que je suis passée à une étape supplémentaire…

A. arrive, E. nous rejoint à l’étage.

Les contractions deviennent vraiment insupportables, je n’en peux plus. Je me laisse envahir par ce désespoir, pleurant « non, non je n’en veux plus » à chaque contraction, et une petite voix dans ma tête me dit « tout va bien, tu es dans la dernière phase du travail, c’est que la fin se rapproche ».

Vers 4h du matin, j’ai probablement dû être trop bruyante car C. se réveille, oups !
Elle vient dans notre chambre et voit tout le monde. Je lui propose d’aller lire un livre dans sa chambre, elle me répond d’un « Non ! » ferme et déterminé, je ne lutte pas car ce serait se battre avec le vent.
Entre deux contractions, je lui parle avec un calme olympien, chose qui me surprend encore maintenant quand j’y repense !
Pendant une contraction, je hurle, je pleure, je suis hors de mon corps, et lorsque la vague est passée, je parle à ma fille posément, lui disant « Maman va bien, Anaé va arriver aujourd’hui, ne t’inquiète pas ». Elle est sur les genoux de son père, envahie de la sérénité de la pièce, elle est très calme et vit l’évènement avec nous.

W. appelle ses parents pour qu’ils viennent chercher C., car elle n’était pas vraiment sensée se réveiller…

Je me souviens dire à un moment « j’ai maaaaaaaaal » et cela résonne chez ma fille qui dit « Maman a mal » alors je lui parle durant la contraction : « Ne t’inquiète pas ma chérie, tout va bien ». Elle ne s’inquiètera pas plus que cela.

Moi je suis seule sur un coin du lit, M. près de moi, je n’en peux plus. Une contraction plus forte me fera escalader le mur, littéralement. J’aurais voulu me voir d’un œil extérieur !

J’ai trop chaud, je me déshabille, je veux ouvrir la fenêtre mais elle est bloquée par le lit d’enfant. Je laisse exploser ma rage, balançant le mobile accroché au lit. C’est la goutte qui fait déborder le vase et je m’exclame fortement « Je m’en vais ! ».
J’ai envie de fuir cette douleur, donc je le fais ! Je quitte la pièce, nue comme un ver, déterminée à partir je ne sais où. Mais une contraction me rappelle à la réalité et je suis arrêtée en plein élan sur le palier du 1e étage. Sortir de la pièce a été un déclic, car je commence à pousser dans le couloir (je regrette vraiment de ne pas avoir pu sortir de mon corps pour savourer le comique de la situation !), une jambe sur la rambarde de l’escalier. Les contractions sont si fortes que je me suspends à l’escalier durant les poussées. W. m’a rejointe mais j’ai si mal au bassin que je l’envoie me faire couler un bain pour me soulager.

Je dis à A. qu’il me faut un bain car j’ai trop mal…

Je descends les escaliers direction la salle de bain, mais suis arrêtée à la moitié par une contraction. Je vais chercher mes dernières ressources pour finir la descente en courant, car je ne me vois pas pousser là… Par contre une petite pause sur le canapé avant d’arriver jusqu’au bain sera nécessaire.

C’est bientôt la fin, je le sens. J’arrive à la salle de bain, j’ai une contraction où je suis soutenue par M. et W.
Je vais dans la baignoire, mais à peine suis-je immergée que j’en ressors en râlant : « Je savais que cela n’allait servir à rien » (quand je vous dis comique…).
Je me mets accroupie sur le rebord de la baignoire, glisse et suis rattrapée par mes deux sauveurs habituels (bien que je ne me souvienne pas avoir glissé, je leur fait confiance sur ce point). Et en une poussée ma fille sort complètement, alors qu’à la contraction précédente, M. voyait juste les cheveux poindre hors du col ! Elle me dit d’ailleurs fortement « Doucement », tellement la poussée est forte, elle a peur pour mon périnée ! Sur son injonction, je retiendrai un peu ma fille mais c’est trop tard, elle doit sortie, je le sens !

C. est là aussi, prise en charge par E., et s’exclame « Oh ! Maman fait pipi dans le bain » (vraiment choquée par la naissance de sa sœur, héhé).

Il est 5h15, je prends Anaé dans mes bras, elle crie directement. En effet, elle avait le cordon bien serré autour du cou, raison pour laquelle elle s’est bien tassée avant de sortir comme un boulet de canon !
Le temps de remonter les escaliers jusqu’à la chambre (c’était bien la peine de descendre !), le cordon ne bat déjà plus. Anaé a fait les choses juste comme il le fallait pour éviter les complications, je suis si fière d’elle !

Les parents de W. arrivent au moment où je remonte avec Anaé dans mes bras, encore reliées par le cordon. Juste trop tard ! Ils prennent en charge la grande pendant que nous montons.

W., Anaé et moi nous allongeons dans le lit, épuisés. M. vient faire les soins, et clamper le cordon qui ne bat déjà plus. Mon périnée est intact, mis à part une mini déchirure que je ne sentirai même pas dans les jours suivants !
Je suis encore un peu dans une réalité parallèle, car au moment où M. met des gants pour inspecter l’état du chantier, je lui dis affolée « tu vas aller chercher le placenta ??? », alors qu’il n’y avait vraiment aucune raison qu’elle le fasse, il était déjà décollé…

Pour conclure, je suis vraiment comblée par cette naissance à domicile et très heureuse que mon aînée ait pu assister à la naissance de sa sœur, avec tant de sérénité. C’était une expérience extraordinaire !
J’en garde un souvenir « comique » et suis assez frustrée de ne pas l’avoir vu d’un œil extérieur, j’aurais pu bien rigoler !

j'adore ! félicitation et bienvenue a Anaé. Je suis d'accord, pour l'entourage au moment présent cela doit pas être toujours drole, mais quand on y repense, il y a certaines situations qui prete a rire quand même

waouh super accouchement dis donc . Bienvenue à Anaé
Mais quel âge a caitlin , si ce n'est pas indiscret ?

Quelle naissance merci pour ce récit

Merci pour vos petits mots

Caitlin a 2 ans et 4 mois, le récit de sa naissance (AAD contrarié car elle est née à 36 SA), se trouve dans les archives du forum ^^

Quel récit
Bienvenue à Anaé!

je m'excuse mais je rigole de ton récit en effet sa devait être comique mdrrrrrrrrrr;mais en effet beau accouchement un bon accompagnement!
et ta fille est jeune elle na pas été surprise voir choqué?de te voir avoir mal,le bébé sortir....
bienvenue Anaé(jadore se prénom)

Ne t'excuse pas, moi aussi je rigole en y repensant ^^

Ma fille n'a vraiment pas été choquée, c'est assez surprenant en réalité.
A la base, je ne voulais pas qu'elle soit présente, mais dans le feu de l'action les choses se sont faites tellement naturellement... Puis l'enfermer dans une autre pièce alors qu'elle savait pertinemment ce qui se passait, ca n'aurait servi à rien, car elle aurait fait une crise de frustration, qui m'aurait bloquée à tous les coups dans mon travail.

Pendant la grossesse, je l'ai assez bien préparée sur la naissance, avec un livre et en lui expliquant comment naissaient les bébés. Elle a même vu les premières minutes du film "Le premier cri", en venant fouiner derrière mon dos... et je crois que voir ces naissances supers hygiéniques sur un écran (on ne voit qu'une tête de bébé qui sort, le vagin n'est pas exposé et la mère ne souffre pas à l'écran), ont vachement joué sur le fait qu'elle savait très bien ce qui se passait.

A la fin elle a dit "Anaï est sortie du vencre" et "Caitlin est la grande soeur, Anaï petite soeur", tout était tellement naturel dans son attitude, que j'en suis contente...

Bienvenue petite Anae Et merci pour ce récit, une vraie rencontre avec toi même

Dis donc faut être en forme pur t'accompagner quand t'accouches toi!!!

Félicitations et bienvenue à ta puce

Moi j'espère que ma première pourra être à mes côtés (au moins à la maison quoi) pour le prochain, parce que je ne gérerai pas l'angoisse de séparation... j'espère que ma sf acceptera!

très beau récit!

j'ai bien ri en lisant je m'en vais!

Super accouchement

Ça donne envie de recommencer vite vite vite !!!

felicitation à toi


quel bonheur un accouchement tranquillle

félicitation
et j'adooore le prénom, comment ça je suis pas objective

Félicitations pour ce super accouchement

Et bienvenue à Anaé

héhé c est du sport chez vous ! lol chouette naissance, pleine de vie en tous cas avec des cris, de sautes d humeur, une grande soeur, c est génial ! je vous completement cette reaction de "je veux sortir de mon corps alors a defaut je sirt de la piece", c est genial ! et le "je dois prendre un bain" et "je savais que ca servirait a rien! " on sent tres bien le bouillonnement interne, la rage de la naissance iminente, c est drole touchant et trés solennel a la fois, j'ai beaucoup aimé ton récit !

bienvenue a la petite puce alors ! j espere que tout le monde se remet bien !

je ne sais pas si on t 'a deja posé la question, mais elle a quel age ta grande ?


bises
noé

Quel bel accouchement!!!!!
Quand je lis, il me tarde de faire un troisième enfant mais ça ne serait franchement pas raisonnable actuellement

C'est clair que c'est très comique, mais ça reste très emouvant. Et super la reaction de la grande soeur!!!

... Je l'avais lu, et j'ai dû oublier d'y répondre... Magnifique ton récit. Quel bel accouchement. Bravo.

felicitation!!!!