Après m'être abreuvée de tous vos récits d'accouchement, qui m'ont bien aidé à envisager tous les scénarios possibles, voici le récit de mon accouchement...
On est fin décembre, encore deux semaines avant le terme... Je me sens énorme, une grosse boule de noël mais je veux tenir jusqu'en janvier, pour avoir un pti bébé de la nouvelle année. Plusieurs copains m'appellent dans la journée: alors ça y est?? Ben non, je table sur 2011, d'ailleurs je n'ai aucun signe avant coureur, je crains même de dépasser le terme!! Mon amoureux fait les derniers préparatifs dans la chambre, pour rire je lui dit que je peux accoucher, que nous n'avons rien prévu pour nouvel an, autant être occupés à la mater!
Le soir, vers 22h30, j'entends un "ploc", un peu de chaleur mouillée... Je sais déjà ce qui se passe, je vais quand même dans la salle de bain, j'avertis zhom. Pendant que je confirme, il est déjà lavé et habillé, prêt à partir! Mais moi j'ai lu plein de récits d'accouchement, la poche est juste fissurée, pas de contractions, je n'ai pas envie d'attendre dans la salle inconfortable de la mater! Je me mets à pleurer, je voulais vraiment accoucher en 2011!! Mais Zhom me remet dans la réalité: tu vas voir ton bébé!! Zhom me presse, il veut foncer, j'arrive à le ralentir, je prépare la valise, J'arrive même à lui faire changer les draps du lit, avec comme compromis "ok on change les draps mais tu téléphone à la mater!". Nous partons donc, zhom roule tout doux, me demande sans cesse si ça va... Ben oui, et j'en suis même déçue, pas de contractions, flûte, je sens bien le déclenchement!! .
A la mater, Mallaury la sage femme de garde nous accueille bien vite, nuit calme, on discute avant l'examen: puisqu'il n'y a pas de contractions, il va falloir attendre 24 heures. Elle fait le TV, et là, à minuit, "super ploc", la poche des eaux se rompt et indonde tout! Je m'excuse plein de fois, il y a du liquide partout dans la salle d'examen, Mallaury et zhom se marrent. Nous allons en salle de pre-travail, après le monito Mallaury nous conseille de dormir car l'attente va être longue, il faut prendre des forces. Comme je la trouve très sympa, je lui demande quand finit sa garde, je suis déçue, elle part à 7 heures du matin "ce n'est pas moi qui vais m'occuper de vous, en plus à 7 heures je suis en vacances!"... Dommage! Mallaury me demande si je voudrai la péri, "oh oui moi je suis trop douillette"...Zhom s'endort, je me contortionne dans le lit pour trouver une position confortable, et là,... je sens les premières contractions! Je visualise le passage du bébé, le chemin qu'il doit faire pour sortir, je l'encourage, et j'encourage mon corps à bien s'ouvrir..Le temps d'être sûre, j'attends que ça fasse mal pour ne pas le réveiller pour rien... Il me dit que si c'est le début, je dois essayer de me détendre et de dormir, bébé ne sera là que demain... mais vraiment ça fait mal très rapidement! Tout s'embrouille un peu, je me souviens que je demande d'appeller la sage femme parce que vraiment j'ai bien mal, je suis à 3, elle appelle l'anesthésiste pour la péri mais il est occupé sur une césarienne, il arrive dès qu'il peut...Je contine à douiller grave, Zhom va chercher le ballon, ça me fait du bien sur 2-3 contractions mais ensuite j'ai tellement mal que je n'arrive plus à faire des jolis sons (des "o" et des "a"), je suis obligée de crier. Mon amoureux étant très pudique et peu démonstratif, il me demande de faire moins fort, de bien respirer mais là c'est plus possible. La sage femme vient pour me calmer, elle me promet que la péri arrive, je ne sais pas pourquoi mais je n'y crois pas. A peine Mallaury repartie, j'ai vraiment très très mal, j'ai envie de pousser!! Zhom me dit "mais non tu as le temps", mais j'ai trop mal, je tape dans un mur pour me détendre, Mallaury revient, impressionnée par mes productions vocales et ma capacité à faire trembler les murs.. Quand même elle va regarder, et là, enfin, on me croit!! En une heure, je suis passée d'un col ouvert à 3 à... dilatation complète! Tout s'emballe, Mallaury garde son sang froid mais elle doit faire tout très rapidement, pas le temps de poser la perf, pas le temps pour la péri (d'ailleurs l'anesthésiste n'est toujours pas là)...
Je me dandine jusqu'en salle de naissance avec une seule idée en tête, que j'exprime d'ailleurs haut et fort: "c'est pas juste, moi je voulais la péri!! toutes mes copines elles ne la voulaient pas, et finallement elles l'ont eu, mais moi je la voulais et je l'ai pas, c'est dégueulasse!!". Pour ce qui est de la poussée, je me souviens que ça me fatigue beaucoup, que j'ai envie de tout arrêter, d'ailleurs après une contraction je préviens tout le monde que je ne pousserai pas sur la suivante pour me reposer, Mallaury me dit "ah ben non il faut en profiter pour pousser, d'ailleurs vous pourrez pas vous en empêcher", mais elle ne me connait pas la bougresse!! c'est zhom qui négocie avec elle, et effectivement je me repose à la suivante, ça fait du bien... Mallaury demande à mon amoureux si je fais du sport et c'est moi qui répond "certainement pas, c'est contraire à mon éthique" pour rigoler, même si je sens bien que si j'avais l'habitude de me dépasser j'arriverai mieux à pousser... Ensuite je pousse je pousse, je regarde mon amoureux pour me donner du courage, il me dit qu'il voit la tête, mais en fait il me ment pour me donner du courage... Désespérance, brûlure, effort au délà de tout ce qui est imaginable. Et puis... le voilà, je le sens, c'est indescriptible, on me demande de ne plus pousser et puis il glisse, il est contre moi, tout chaud... Je suis toute étonnée, je ne le vois pas mais je le sens gigoter, il fait un tout petit cri, ça m'inquiète mais tout va bien, je suis tremblante, pantelante, pendant que le placenta sort et que la SF me recoud, mais tout ça n'a plus d'importance, et je répète à Simon "c'est le tien, c'est le tien, tu te rends compte, c'est ton bébé!"... c'est mon amoureux qui me connecte avec le bébé par ses yeux ébahis, déjà plein d'amour, il me rappelle que c'est mon bébé aussi... Pendant ce temps,notre petite crevette rampe et trouve le sein, se met à téter, déjà bien vigoureux!
Au final, ce que je retiens, c'est que j'ai eu beaucoup de chance lors de toute ma prise en charge à la maternité. On nous a laissés tranquille pendant tout le pré-travail (même un peu trop seuls, mais c'était aussi notre souhait), pas de péri, pas d'épisio, pas de soins au bébé à sa naissance, un peau à peau pendant deux heures et une tétée de bienvenue... J'ai eu une belle déchirure et des hémorroïdes, mais c'est surtout dû à la rapidité de l'accouchement. J'ai croisé une multitude de soignants débordés mais humains, d'une grande gentillesse et avec beaucoup de disponibilité. Le démarrage de l'allaitement a été laborieux et j'ai abusé de leurs conseils au départ, puis j'ai fait le tri car chaque soignant avait une technique différente à proposer.
Et voilà, 8 mois 1/2 d'attente, 4 heures de travail, et enfin nous avons pu rencontrer notre petit bout! Après avoir lu tous les récits d'accouchement, le seul cas de figure auquel je n'avais pas pensé, c'était une telle rapidité!! Et, j'ai bien passé le réveillon de nouvel an à la maternité! Meilleurs voeux à vous !!