L’arrivée du petit chaton… (récit très très long mais ça fait du bien de raconter l'histoire... Je vous ai mis des photos aussi...)
Mercredi… 15 jours avant la dpa – bébé toujours en siège – on ne sait toujours pas si on peut tenter la voie basse ou pas…
Les chiens nous réveillent très tôt ce matin… Ils sont surexcités, font n’importe quoi… Je me lève et prends une bonne douche chaude car j’ai des contractions un peu douloureuse. J’en ai depuis 2,3 jours quelques unes par jour mais ce matin, c’est plus fréquent… Tout au long de la journée, chacune de mes contractions sont un peu douloureuses… J’ai un pressentiment et je dis à Jo en partant : « A mon avis, tu devrais finir tout ton rapport aujourd’hui, on ne sait jamais » (il a un rapport très important à rendre pour, au plus tard, vendredi)… Il y a un je ne sais quoi dans l’air qui me dit que si ça se trouve, c’est pour aujourd’hui…
Vers 20h00, les contractions sont toujours un peu douloureuses mais supportables et se produisent fréquemment toutes les 10 minutes. Vers 23h00, je relis le passage du livre « la naissance heureuse » qui conseille quand se rendre à la maternité… Les contractions se rapprochent et arrivent plus douloureuses qu’avant toutes les 7 minutes… Je me dis que c’est pour ce soir… Jo me conseille d’aller me coucher pour me reposer entre les contractions et arriver tard à l’hôpital mais je n’arrive pas à dormir… Nous ne savons en effet pas encore si nous pouvons accoucher par VB ou pas (rdvz vendredi avec ma gynécologue) et je ne veux pas arriver trop tard à l’hôpital en ayant déjà perdu les eaux… Pendant que Jo s’endort, je prends un bain chaud mais rien ne passe et vers 1h00, je réveille Jo pour aller à l’hôpital… On ne sait jamais si le vrai travail a commencé mais je le sens au fond de moi… On fait les « OooooooM » pendant les contractions avec Jo, ça fait mal mais on gère…
Arrivé à l’hôpital, on est accueilli par une sage femme qui nous emmène dans une salle de travail… A peine couchée et déshabillée, qu’elle m’enfonce violemment ses deux doigts pour faire un TV en me déchirant la peau entre le vagin et l’anus et en m’écrasant douloureusement le clitoris… J’en pleure de douleur et de surprise de l’agression (c’est là que je comprends enfin pourquoi vous n’aimez pas les TV et que je me rends compte que ma gynécologue est super douce – je n’ai jamais rien senti). Elle me dit que mon col est postérieur et qu’elle a des petits doigts et que c’est pour ça qu’elle doit y aller en force – moi, je continue de pleurer et Jo trépigne de colère à côté de moi – ça commence bien… Col ouvert à deux et mou… Elle m’éclate deux veines en essayant de pauser une perf et se résout à appeler une collègue (merci, mon dieu !).
Elle appelle ma gynécologue qui arrive aussitôt. Elle contrôle la situation avec un TV d’une telle douceur que je ne le sens pas (c’est la meilleure ma gynéco !). On est rassuré par sa présence. Elle attend une contraction pour voir si la poche des eaux pousse correctement sur le col. L’horrible sage femme m’appuie sur le ventre car elle essaye de déclencher la contraction. Elle me fait mal et je lui dit qu’elle n’a qu’à attendre 6 minutes (c’est la fréquence des contractions) pour en avoir une (ce que ma gynéco attend patiemment)… Puis soudain, la sage femme nous dit « Mais c’est qu’il ma frappé votre bébé » - Moi et Jo, on se regarde en rigolant – et oui, il se laisse pas faire notre bébé… La contraction arrive enfin (après 6 minutes) et la poche pousse comme il faut sur le col – notre gynéco est contente. Elle nous dit aussi que j’ai un bassin de compétition et que bébé peut passer sans problème. Elle contrôle la position de bébé par une écho et essaye à nouveau de localiser le cordon, elle le voit d’un côté du cou mais n’arrive pas à voir s’il est enroulé autour…
Elle nous annonce qu’on peut tenter la VB car pour l’instant tout semble bon. Elle voudrait une péri (elle nous avait prévenu) car en cas de problème, on peut donc passer en urgence en césarienne et je resterai éveillée (pas d’anesthésie générale). On accepte et on demande une pose de péri tardive pour qu’on puisse faire avancer le travail grâce aux positions apprises lors de notre préparation affective à la naissance. Le soucis est que l’anesthésiste, qui est présent pour l’instant mais qui va bientôt partir, fait apparemment des supers péris faiblement dosées qu’on peut régler avec une pompe et que l’anesthésiste qui prendra la relève, par contre, fait de grosses péris et prends 1 ou 2 heures pour arriver après qu’on ait demander la péri… Après concertation avec notre gynéco, on se dit que c’est mieux une péri faible pour sentir la poussée. Mais mon moral commence à baisser car je ne veux pas abandonner bébé, je ne veux pas le laisser travailler tout seul… L’anesthésiste arrive ; il est super gentil et fait ça super bien, je ne sens rien… Je m’allonge (et je ne sais pas encore que je vais y rester pendant 12 heures sur ce p… de lit)… Notre gynéco s’en va en nous disant qu’elle revient vers 7h du mat’. Elle me conseille de bien accompagner affectivement bébé malgré la péri et de le visualiser descendant dans le bassin (je l’aime ma gynéco)…
La sage femme qui m’a agressé avec son TV nous plonge dans le noir et nous dit qu’il faut se reposer… Il est 2h et nous sommes seuls dans la chambre de travail – il y a des espaliers, des ballons et une belle et grande baignoire juste devant nous… Je sens encore mes jambes mais elles sont engourdies, je ne peux pas bouger – la frustration nous gagne déjà de ne pas pouvoir mettre en pratique ce que nous avons appris en préparation… La sage femme revient une heure plus tard en nous disant, de façon directive, qu’il faut qu’on dorme maintenant et que le papa n’a qu’à s’installer au bout de la pièce dans le fauteuil. Elle ajoute que lorsque j’accoucherai tout à l’heure, il me faudra des forces donc que je dois dormir ! Non, mais, je peux encore faire ce que je veux !!! Je suis entrain de tondre le gazon peut être ? Non, je suis déjà entrain d’accoucher (mais elle, elle réduit l’accouchement à la poussée celle-là) !!! Comme si le papa et moi on avait envie de dormir le jour le plus important de notre vie !!! Et l’accompagnement affectif du bébé, on l’oublie celui-là… Mais on ferme notre bec et on la laisse causer… Nous revoilà seuls…
On parle à bébé, on lui dit qu’on est là… Nos mains ne quittent pas le bas de mon ventre et bébé – C’est surtout Jo qui accompagne bébé avec ses mains car je ne sens plus mon ventre et je n’aime pas cette sensation de « peau morte » mais nos pensées ne quittent pas bébé et on lui dit qu’il peut venir et qu’on l’attend… A 4h, la sage femme revient faire un TV (mais heureusement je ne sens rien à cause de la péri – elle aura au moins servie à ça) – col médian et ouvert à 2,3 – elle nous annonce qu’elle s’en va et qu’une autre viendra à sa place – Nous sommes hyper soulagés !
La sage femme suivante et expérimentée et humaine – elle a accouché de son premier bébé en siège et nous mets en confiance… Ouf ! Elle nous annonce qu’il y aura foule à l’accouchement (gynéco, plusieurs sages femmes, anesthésiste, pédiatre, etc.) car il faut réapprendre aux gens à accoucher les sièges par VB. Nous demandons aussi la présence de notre kiné, Manuela, qui nous a fait la préparation affective à la naissance…
Nous revoilà seuls à accompagner bébé – Je sens mes jambes et je n’ai pas envoie d’appuyer sur la pompe à péri mais la sage femme nous conseille de maintenir une anesthésie faible donc je ré-appuie bien sagement. Je ne sens alors plus mes jambes et je déteste ça – c’est horrible et je commence à m’énerver d’être couchée là à attendre que bébé sorte – c’est d’une frustration intense, d’une tristesse… Je m’inquiète pour le bébé car, évidemment, mes contractions ont diminué à cause de la péri et on me met du syntocinon. Il est à faible dose mais je n’arrive pas à accepter cette médicalisation, je suis triste et frustrée… Grâce à l’insistance de Jo, je me recentre sur bébé et on ne pense qu’à lui et on essaye de l’accompagner dans sa descente. La sage femme m’ausculte et me dis qu’elle sent les fesses de bébé et puis soudainement « ah non ! Il est remonté » ! Ben oui, bébé n’aime pas qu’on le tripote comme ça… On se dit que c’est pas gagné pour la descente dans le bassin…
7h du mat’, ma gynéco revient. Col ouvert à 3,4 et bébé toujours haut – c’est lent… On continue d’attendre et d’accompagner bébé. 11h – Col ouvert à 4 mais bébé toujours haut… Notre gynéco nous dit alors que son feeling commence à changer : le travail n’avance pas assez , elle sent qu’il y a quelque chose qui, peut être, empêche le bébé de descendre… Je lui demande si c’est pas la péri et le fait de rester couchée qui fait que ça n’avance pas mais elle soutient que non car même si ça avancerait plus vite avec la gravité, normalement, sous péri, les choses avancent quand même plus vite… (elle a peut être tord mais on ne le saura jamais…je décide de la croire car j’ai toute confiance en son sentiment). Elle me dit : « A 14h30, si rien n’a changé, il faudra revoir la donne car on ne peut pas rester comme ça avec un travail si lent… ».
Le coup de massue pour moi et Jo ! A 32 sa, lorsqu’on nous a dit que bébé était en siège, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps à l’idée d’avoir une césa… Je me disais que je ne serai pas une femme accomplie si je n’accouchais pas par voie basse, que je serai blessée dans ma capacité à être une femme, une mère, que je voulais vitre cette aventure avec Jo et mon bébé et pas qu’une autre personne donne naissance à mon fils… Puis, j’ai relativisé et je m’y suis préparée. J’ai commencé à accepter l’idée. D’autant plus que bébé ne se retournait pas malgré l’ostéo et la version externe… Mais hier, lorsque notre gynéco a dit ok pour la VB, nous nous sommes mis à espérer et à y croire alors d’apprendre que ce serait finalement peut être une césa, je me suis effondrée… Je me suis mis à m’en vouloir d’avoir accepté la péri faible et à me dire qu’il aurait peut être mieux fallu attendre et à avoir une péri forte mais plus tard de manière à ce que je puisse faire progresser le travail… Je me suis mise à m’en vouloir d’infliger tout ça à notre bébé et j’étais si triste qu’il vive ces contractions tout seul… Je ne pouvais pas manger depuis la veille et je crevais de faim (heureusement, je pouvais boire). Alors, nous nous sommes mis à redoubler d’attention sur bébé et à lui dire qu’il pouvait descendre, qu’on était là. On a pensé à lui de toutes nos forces et on l’a accompagné, visualisé tant qu’on a pu…
A 14h30, le verdict tombe : col ouvert à 4. Notre gynéco est désolée mais elle ne veut pas prendre de risques. Elle nous dit que bébé a ses raisons pour ne pas descendre et qu’elle ne veut pas risquer quelque chose en perçant sa poche des eaux. Il faut faire confiance au bébé… Nous acceptons la césa car nous n’en pouvons plus d’infliger ce travail en solitaire à notre bonhomme.
Notre kiné, Manuela, arrive à cet instant et nous rassure. Elle nous dit que chaque enfant a son histoire et que notre fils a ses raisons de ne pas descendre comme il a eu ses raisons de ne pas se retourner. Il faut lui faire confiance. On ne devient pas mère en accouchant par VB mais avec tout l’amour qu’on vit avec notre enfant et elle nous dit qu’on est déjà de supers parents… Elle nous propose de nous accompagner pour la césarienne et on accepte avec joie sa présence : on avait commencé la préparation affective à la naissance avec nous, elle devait être là pour l’accouchement et elle le sera ! Nous sommes tristes de passer en césarienne mais soulagés d’arrêter ce travail inutile à notre bonhomme…
C’est alors que les choses se précipitent et qu’on est jeté dans la tourmente de la médicalisation inhumaine… Une anesthésiste arrive et m’injecte une grosse dose d’anesthésiant sans me parler ni me dire bonjour, une autre me met des bas de contention (sans me dire bonjour non plus), on me transbahute sur un autre lit, on envoie Jo s’habiller… Je commence à avoir très peur… Heureusement Manuela est là et me dit qui est qui et ce qui m’arrive (elle est aussi très choquée de voir que personne ne me parle – c’est la quatrième césa de la journée… je ne suis qu’une de plus…)… Me voilà au bloc, on me rase, me badigeonne,… j’ai froid et j’ai terriblement peur… Manuela arrive tout en bleu et reste avec moi pour continuer à me soutenir et à m’expliquer. Elle fait la liaison entre moi et Jo qui attend dans une autre pièce (il ne pourra rentrer que lorsque les champs opératoires seront mis)… Je ne peux retenir mes larmes. J’ai peur pour mon bébé… il fait si froid… On me dit que c’est normal si bébé ne réagit pas beaucoup lorsqu’il sortira et que la pédiatre doive s’en occuper tout de suite après. C’est souvent le cas lors de césa…. Je pleure, j’ai froid, j’ai peur… Manuela me dit que je peux pleurer et qu’elle est là avec moi… Je suis si contente qu’elle soit là – j’ai l’impression d’être une enfant perdue et seule… J’ai si peur… L'anesthésiste propose de prendre des photos - on accepte sans réfléchir et finalement, ces photos m'aideront à mieux vivre cet accouchement... On me dit que c’est normal si je me sens secouée car ça va être violent. Il y a une nouvelle technique d’opération plus physiologique qui respecte les muscles abdominaux : on ne les coupe pas, on écarte tout à la main… Jo arrive enfin, tout en bleu et se positionne derrière moi.
Rassurée par Jo...
Ma gynéco me dit que je devrai pousser pour les aider à faire descendre bébé et à l’extraire lorsqu’elle me dira de pousser ! Elle m’annonce qu’elle commence…
Manuela et Jo sont près de moi mais je panique complètement tellement je suis secouée de l’intérieure. Ca ne fait pas mal mais c’est hyper violent comme sensation, comme si on m’écartelait de l’intérieur… A peine 3 minutes plus tard qui m’ont semblé une éternité, ma gynéco me dit de pousser ! Je suis encouragée par Jo et Manuela et toutes les autres personnes dans la salle et je pousse comme je peux avec tous mes abdos…(j'ai quand même eu l'espace de cet instant la sensation de mettre un peu mon enfant au monde). Alors, on entend un formidable cri suivi de pleurs !!! Ca y est notre bébé est sorti et n’est pas amorphe pour un sou !
ma gynéco qui sort Elric (avec amour - je la connais depuis 10 ans et je suis contente que ce soit elle qui l'accueille).
On le met directement contre moi et il se calme un instant…
C’est une sensation à couper le souffle. J’entends Jo hyper ému me dire que c’est notre fils et qu’il est enfin là et qu’il est magnifique ! Manuela me félicite aussi comme toutes les autres personnes d’ailleurs… Moi je ne vois que mon petit lutin bleu collé contre ma bouche… Il est magnifique ! Je n’en crois pas mes yeux…je suis si émue…
Il commence à avoir froid alors on l’emmène deux mètres derrière moi pour les soins et Jo le suit. Il me dira après qu’il lui a chanté une chanson pendant qu’on l’auscultait et que le bébé a arrêté de pleurer… Jo ne le quitte pas.
Jo qui lui chante une chanson
On me recoud vite fait et on me met dans la pièce d’à côté… Jo et Elric me rejoigne immédiatement. J’attendais avec impatience la première tètée que j’imaginais magique : bébé seul, avec moi et son papa, qui renifle le sein, le lèche doucement, l’apprivoise et commence à tèter… Non, ça ne se passera pas comme ça : une femme me prends le sein et le pousse de force dans la bouche de notre fils en le maintenant par la tête. Elric finit par commencer à téter et je suis contente quand même car je me dis que mon allaitement commence bien mais je ne sais pas encore que bébé est entrain de me faire de supers suçons sur les tétons - la position n’est en effet pas idéale pour qu’il prenne aussi le mamelon …
Voilà pour l’histoire d’Elric qui débute dans la grande vie…
Je vous passe l’horrible séjour à l’hopital avec la quinzaine d’infirmières très intrusives qui savent toutes mieux les unes que les autres comment mettre au sein avec beaucoup d’erreurs – moi, toute débutante et un peu perdue en la matière + mauvais conseils + tetons hypersensible + un petit chat affamé qui « attaque » violemment le teton = crevasses sur les deux tetons en 3 jours et une maman en pleurs d’avoir mal alors qu’elle nourrit son petit chat… Heureusement, ma gynéco et une infirmière nous ont donné de bonnes positions, Jo m’a beaucoup soutenu, j’ai eu un tire-lait pour soulager momentanément mon teton droit très abimé et les compresses de lait sur les tetons ont miraculeusement guéri les blessures. J’ai encore mal à un teton mais je continue les compresses et j’essaye de varier les positions pour soulager la tension sur le sein – avec, le temps, tout va se mettre en route…
Heureusement car je n’aurais pas réussi à accepter d’arrêter mon allaitement après une grossesse et un accouchement difficile… Sinon, je récupère assez bien de la césarienne et me sent mère malgré la voix haute, cela grâce à l’allaitement au sein, à Jo et à Elric…
Maintenant, on découvre notre fils, on apprend à le connaître mais nous n’en revenons toujours pas de l’amour – grandissant - qu’on peut si vite éprouver pour son enfant… Ce n’est que du bonheur et ce n’est que le début de l’aventure ! Merci la vie…
Je ne résiste pas à mettre la photo de son papa qui l'adore...
Et d'ajouter que pour deux personnes qui n'étaient pas adeptes du cododo, on fait fort vu qu'Elric partage notre lit depuis sa naissance